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L'alternance politique au Sénégal : 1980-2000

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par Adrien THOUVENEL-AVENAS
Université Sorbonne Paris IV - Master 2 2007
  

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5. Les élections de 1983 :

5.1 Des élections plus démocratiques :

Les dirigeants socialistes s'attèlent, pendant les deux premières années de pouvoir de Diouf, à préparer les élections de 1983. Ils décident, pour montrer leur bonne foi démocratique, de reformer le code électoral et l'accès aux médias pendant la future campagne. Ces changements sont étudiés dès 1981 par l'Assemblée nationale, avant d'être votés le 3 mai 1982 21.

Dorénavant, la Cour suprême veille sur le bon déroulement des dépouillements électoraux, à présent centralisés à Dakar. "Pour favoriser la formation d'une majorité parlementaire stable", le nombre de députés est augmenté, passant de 100 à 120. Un double scrutin est instauré, copié sur le modèle ouest-allemand, très largement favorable au maintien d'une hégémonie PS. La moitié des députés est élue au niveau départemental grâce à un scrutin à liste majoritaire à un tour, tandis que l'autre moitié est désignée par l'intermédiaire d'un scrutin proportionnel au niveau national.

Concernant les médias, les socialistes prennent acte de l'ouverture politique. Après de nombreux débats parlementaires, le texte suivant est adopté : "pendant la campagne électorale, tout parti présentant des candidats en vue des élections législatives, utilisera les services de l'Office des Radiodiffusions Télévisions du Sénégal. Le temps mis à la disposition des partis politiques est divisé en deux séries égales, l'une étant affectée aux partis, appartenant à la majorité, l'autre à ceux qui ne lui appartiennent pas" 22 . Le PS dispose donc pendant la campagne électorale de 1983 - d'une durée totale de 21 jours - de la moitié du temps d'antenne alors que les treize partis d'opposition se partagent le temps restant. Pour ce qui est de l'élection présidentielle, l'article 27 de la loi fondamentale se veut toutefois beaucoup plus juste. La Cour suprême annonce qu'il y a "égalité des candidats pour l'utilisation des moyens de propagande dans les conditions déterminées par une loi organique".

L'opposition, par la voix du PDS - on rappelle que ce parti est la seule formation opposante présente place Tascher entre 1978 et 1983 - indique que ce code électoral est "une nouvelle preuve d'un antidémocratisme réel" de la part des dirigeants PS. Outre le double scrutin, la nonprésence de membres de l'opposition lors des dépouillements et l'interdiction formelle d'organiser des alliances, le PDS déplore que le ministère de l'Intérieur ait les pleins pouvoirs au sujet des inscriptions et distributions des cartes électorales, le risque de trucage étant fort prévisible. De surcroît, Wade regrette que la présence d'isoloirs dans les bureaux de vote soit facultative. Le PS, pour justifier cette absence bien peu démocratique, répond que "l'électeur sénégalais a touj ours affiché ses opinions". On sent à travers cette réflexion que le parti gouvernemental n'a pas concilié en 1983 sa volonté de démocratisation et l'application sur le terrain. Il conserve encore

21 Momar Seyni N'Diaye, "Le nouveau code électoral adopté", Le Soleil, 3 mai 1982.

22 Ibrahima Fall, "Nouvelle rédaction sur l'utilisation des médias en campagne électorale", Le Soleil, 9 juillet 1982.

des vieux réflexes de parti unique.

Si beaucoup de points portent encore à contestation, le code électoral favorise toutefois une campagne électorale beaucoup plus ouverte que les précédentes. L'accès aux médias offert à tous les partis d'opposition est un véritable progrès pour la démocratie sénégalaise. On comprend mieux les louanges adressées par les observateurs étrangers, qui se réjouissent de la très bonne tenue de "cette campagne exemplaire" 23, qui voit l'affrontement entre une opposition très affaiblie et une formation gouvernementale solidaire, mais aussi bénéficiaire, de l'action présidentielle.

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