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Touristicité et urbanité. Pour une évaluation de la qualité des lieux.

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par Mathieu SOMBRET
Université Paris VII - Denis Diderot - Master Géographie " Tourisme, Espace, Société" 2007
  

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Troisième partie : Approche méthodologique

La dernière partie de ce travail tente de définir le protocole méthodologique qui doit permettre de réaliser le projet de recherche. Ce projet vise dans son ensemble à établir une méthode pour appréhender la qualité des lieux selon les notions de touristicité et d'urbanité. Les pistes que l'on présentera doivent être considérées comme « exploratoire », puisque nous utiliserons, en les croisant, différentes méthodes.

I. Le travail historique

Un travail historique semble important pour cette recherche. En effet, l'histoire du lieu, son développement, ses acteurs historiques, permet de comprendre une partie du lieu et de sa qualité actuelle. Cela fait deux siècles que Paris accueille des touristes, dont une majorité d'Anglais et d'Américains à la fin du XIXe siècle. Lors d'une intervention de Charles Rearick, historien américain de la France, j'ai pu apprendre que les salons de thé, les clubs et les sports sont entrés dans la vie parisienne grâce aux Anglais29(*). De même pour les bars, qui sont arrivés dans la capitale avec les Américains, à la fin du XIXe siècle. Imaginons un instant Paris sans ses quartiers à bar (comme la rue Mouffetard) ? La venue d'étrangers, et de touristes, influence la qualité du lieu, aussi bien dans le passé que dans le présent. Il est par conséquent intéressant de s'attarder sur cette histoire du lieu pour le comprendre.

II. Le travail statistique et cartographique

Ce travail ne consistera pas à compter le nombre d'entrées dans les musées et monuments. Nous avons déjà ces informations, parfois à des niveaux très fins, comme le propose le Louvre : Français (Parisiens, d'Ile de France, de province), étrangers (par nationalité), âge, etc. Ce sera davantage un travail qualitatif sur l'espace. Par exemple prendre par îlot, ou un quartier, le nombre de lits touristiques qu'il propose et voir l'importance de cet « habiter touristique » dans le quartier. Un lit touristique c'est aussi une personne qui habite le lieu. Ainsi, un hôtel peut être considéré comme un immeuble d'habitation. Lorsque celui-ci propose 100 lits touristiques, avec un taux d'occupation moyen de 75%, cela fait plus de 27 000 habitants temporaires par an. Soit 75 personnes en tant qu'habitants permanents. Il serait intéressant de faire un travail sur les touristes (habitants temporaires) ramenés en tant qu'habitants permanents pour une ville. Car une ville ne vit sûrement pas uniquement pour ses habitants permanents. C'est là une lacune dans les statistiques qui ne comptent que les résidants permanents. Jacques Lévy écrit que « la croissance des mobilités de tous ordres rend l'approximation de la «résidence principale« de moins en moins satisfaisante pour caractériser l'habitat d'un individu, tandis que, à l'inverse, les lieux sont habités de multiples manières par des résidants, mais aussi par des travailleurs, des promeneurs, des consommateurs ou des touristes »30(*). C'est aussi dans ce sens que le tourisme engendrerait une certaine qualité pour le lieu, en apportant davantage d'habitants venus d'ailleurs

Travailler sur les statistiques c'est bien sûr travailler sur l'espace: le nombre de commerce, le prix du m², la diversité des services proposés, l'amplitude d'ouverture des commerces, bref comment l'espace est utilisé par les acteurs.

C'est aussi travailler sur les chiffres socio-économiques, car le tourisme engendre beaucoup d'argent et créer de nombreux emplois. Même si nous ne voulons pas tomber dans une étude socio-économique classique et déjà vue pour le tourisme. Prenons le 9ème arrondissement de Paris, qui concentre le plus d'hôtels et de chambres. Avec 12,3% des hôtels (179) et 11,9% (9047) des chambres hôtelières31(*), quel rôle joue le tourisme dans la vie de cet arrondissement qui a perdu la moitié de sa population en cinquante ans32(*) ? Les arrondissements du centre de la capitale ont tous perdu au moins la moitié de leur population en cinquante ans. Le tourisme n'est-il pas un moyen de continuer à faire vivre l'arrondissement et d'entretenir des services et un patrimoine devenu cher ? Il faut donc analyser cet aspect socio-économique du tourisme et de l'espace.

Car le but de ce travail est de fournir des indices pour les notions de touristicité et d'urbanité. Ainsi il faudra récolter une série d'indices que l'on pourra ensuite synthétiser sous la notion de touristicité et d'urbanité. Nous pourrons aussi utiliser les graphiques, liant touristicité et urbanité, vus précédemment.

Enfin, un travail cartographique devra être fait pour visualiser les résultats statistiques. Nous pourrons essayer de faire une cartographie des espaces à forte touristicité et à forte urbanité (par îlot ou par iris).

III. Le travail d'observation directe

L'observation directe (« visuelle ») permettra de recouper l'information statistique et d'acquérir des connaissances que les statistiques ne fournissent pas forcément. Si l'on travaille sur un îlot particulier, il sera évident d'aller observer les pratiques touristiques, les commerces, etc. Les commerces de l'îlot sont-ils utilisés par les touristes ? Quels sont les types de boutiques (souvenir, bijoux, alimentaire) ? De telles informations ne pourront être collectées uniquement sur le terrain. Nous pourrons alors l'incorporer aux informations déjà acquises par les statistiques et fournir une cartographie plus approfondie des espaces touristiques. Car l'observation directe révèle aussi l'organisation spatiale.

De plus l'observation permet de voir l'activité et les pratiques du lieu. Rester dans une salle de bibliothèque (un d'un laboratoire de recherche !) ne permet pas au chercheur de comprendre totalement l'espace. Il est important d'aller dans le lieu, de le vivre, d'y pénétrer. « L'observation a un statut privilégié en géographie, du fait de la position volontiers empirique des géographes et de leur attachement traditionnel au monde matériel et donc à ce qui est perceptible par les sens »33(*).

IV. Le travail d'entretien

La méthode d'entretien est une méthode complémentaire aux précédentes. L'entretien se fera sur les acteurs locaux du tourisme et de l'urbanisme. Pour essayer de voir si le tourisme est considéré comme un acteur fondamental pour la ville. Est-il utilisé pour la « rénovation » urbaine ? Quel est le discours des acteurs locaux sur le tourisme ? Les spécialistes du tourisme ont-ils conscience que le tourisme n'est pas qu'une simple activité économique ? Le tourisme est-il utilisé par les spécialistes de la ville et de l'urbanisme ?

L'entretien permettra ainsi d'acquérir l'information et le discours des acteurs locaux sur le tourisme.

* 29 Le « `s » du Fouquet's et de Maxim's sont rajoutés à cette époque pour donner un air plus british, signe de prestige.

* 30 « Densité », Lévy J. et Lussault M., 2003, p. 238

* 31 Le tourisme à Paris. Chiffres clés 2006, Office du tourisme et des congrès de Paris, 2007, 32p.

* 32 De 102 000 habitants en 1954 à 55 800 en 2005, chiffres de l'INSEE

* 33 Staszak J.-F., « Observation », p. 677, in Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, ss. Dir. Lévy J. et Lussault M., 2003

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