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Touristicité et urbanité. Pour une évaluation de la qualité des lieux.

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par Mathieu SOMBRET
Université Paris VII - Denis Diderot - Master Géographie " Tourisme, Espace, Société" 2007
  

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Cazes G. & Potier Fr. (dir.), 1998, Le tourisme et la ville : expériences européennes, L'Harmattan, Coll. Tourisme et sociétés, Paris, 198p.

Cet ouvrage est tiré d'un colloque, « Ville et Tourisme », organisé en Novembre 1996 par l'INREST et l'ancienne équipe de recherche « Tourisme-Développement ». Le but de cet ouvrage est de dresser un état de l'art sur la question des rapports entre ville et tourisme. Il fait appel à des auteurs venus d'horizons professionnels et géographiques différents : professeur d'université, consultant, professionnel du tourisme, Néerlandais, Espagnol, Anglo-Saxon, etc.

L'ouvragere est composé de trois parties. La première intitulée « La ville dans les mobilités touristiques », tente de définir, d'évaluer et de qualifier le tourisme urbain. Georges Cazes ouvre cette partie en posant les « problématiques de recherche » sur le tourisme urbain et montre qu'à travers « la question apparemment triviale du tourisme urbain vient [se] croiser des thèmes fondamentaux de la réflexion actuelle sur la mobilité, l'urbanité, la culture, le patrimoine, la capacité d'accueil des lieux et la gestion territoriale, la recomposition des espaces et des réseaux urbains, etc., en contribuant à éclairer certaines de ces problématiques » (p.13-14). Ce premier chapitre peut être vu comme une synthèse de la pensée de l'auteur (et du Que Sais-je) sur le tourisme urbain. Il revient sur les « nouveaux tropismes » vers la ville, les stratégies urbaines pour le développement du tourisme ainsi que les surcharges touristiques en milieu urbain. Il en est de même pour la partie écrite par Françoise Potier, sur « L'affirmation du tourisme urbain » (p.33-47) qui tente, à partir d'une enquête nationale, d'évaluer l'importance des flux touristiques des Français vers la ville et de dresser un panorama des caractéristiques de ce marché.

Dans la deuxième partie, « Le patrimoine urbain à l'épreuve du tourisme », ce dernier est étudié comme une contrainte pour le patrimoine urbain. Il n'est nullement question de dire que le patrimoine peut exister grâce au tourisme ou parce qu'il y a du tourisme. Ici, le tourisme est une menace pour le patrimoine. L'intervention de Nancy Bouché est sûrement la plus marquante. Dans son texte intitulé « Tourisme et patrimoine urbain : les grandes interrogations » (pp.73-80), l'auteur se place du point de vue de la ville historique et du patrimoine. Selon elle et selon ce point de vue, le tourisme urbain « n'est qu'une activité par définition parasite, car seconde, qui ne pourrait exister sans ce patrimoine » (p.73). A cela on pourrait répondre que le patrimoine ne pourrait exister sans le tourisme, car il est une source de revenu considérable et sûrement indispensable pour la conservation et l'entretien de celui-ci8(*). La suite est une attaque constante du tourisme face au patrimoine urbain considéré comme « un espace fragile », comme certains auteurs considèrent le littoral ou la montagne comme des espaces fragiles. Mais le sont-ils vraiment ? Comment le patrimoine urbain peut il être fragile ? Pour Nancy Bouché, ce n'est pas « seulement » la pierre qui est menacée, mais « la survie des habitants » de ces villes. Elle appelle à s'interroger sur les incidences du tourisme urbain. A la fois sur les apports financiers et économiques du tourisme pour une ville et sur l'impact du tourisme sur le patrimoine urbain.

Le texte de l'universitaire Myriam Jansen-Verbeke est moins virulent, mais pose « le problème de la capacité de charge » en prenant pour exemple Bruges (Cf. précédent pour la capacité de charge). Elle aussi utilise la population locale comme argument pour l'utilisation de la capacité de charge : « embouteillages, insuffisance des places de parking, zones piétonnières encombrées [...], par-dessus tout une impression générale de surpeuplement, conduisant inévitablement à une certaine hostilité de la communauté locale à l'égard du tourisme » (p.91). Premièrement, pour un travail qui se voudrait sérieux, il est déconseillé d'utiliser une notion aussi relative que l'« impression » (chaque individu a son impression du surpeuplement). Ensuite, cette « impression générale de surpeuplement » ne conduit peut-être pas « inévitablement » à une hostilité de la part de la communauté locale. Car qu'elle est cette communauté ? Est-ce les commerçants qui vivent du tourisme ? La ville qui touche les taxes de séjours et voit des emplois créés ? Peut-être les habitants, ou tout du moins ceux gênés par les touristes et qu'y ne vivent pas de leurs venues. De plus, l'Equipe MIT a démontré qu'il n'y avait pas de tourisme « sans accord des sociétés locales » (2002, pp.191-195).

Quant à Jan Van Der Borg, dans son texte « La gestion du tourisme dans les villes touristiques » (pp.81-97), il n'hésite pas sans faire la moindre démonstration, à dire que pour « Venise, on a calculé, par un moyen simple mais efficace de projection linéaire [quelles sont les variables, le calcul ?] que la capacité de charge journalière était de 11 000 touristes résidents et 14 000 excursionnistes. » (p.102) Comment ces chercheurs ont trouvé se chiffre ? Est-il pertinent ? Ne correspond-il pas aux souhaits des chercheurs de voir Venise peu fréquenté ? Que ferions-nous des visiteurs interdits ?

C'est dans l'intervention du professeur d'université Miguel Troitino Vinuesa, que l'on trouve une réflexion plus « équilibrée » sur le tourisme dans une ville historique comme Tolède: « une vision simpliste de la question peut attribuer au tourisme l'origine de problème qui ne lui sont pas liés, comme par exemple l'expulsion de population des centres historiques ou la crise du commerce traditionnel » (p.111). Selon lui il ne faut pas considérer le tourisme comme responsable de tous les maux de Tolède : « Il faut restituer le problème dans le cadre plus général des changements qui affectent les centres historiques. Le tourisme complique le fonctionnement du centre historique car il entraîne un processus de tertiarisation qui peuvent perturber les conditions de vie » (p.120). Comme les interventions précédentes, l'auteur tente d'évaluer les impacts du tourisme « avec une méthode englobant des critères multiples » (p.121), sans dire lesquels. Il arrive au résultat que le tourisme renforce les effets négatifs de la circulation, du stationnement, de la tertiarisation ou de l'occupation de l'espace public. L'auteur en vient même à accuser l'intense circulation - c'est-à-dire les touristes - et les vibrations qu'elle provoque « d'endommager les fondations de certains monuments, mettant ainsi en danger leur conservation » (p.123). La terre tremble-t-elle vraiment au passage des touristes ? L'Equipe MIT a relaté quelques textes apocalyptiques sur le tourisme pour Prague ou Venise et pense que « laisser sous-entendre que la « dégradation de Venise » serait la conséquence de la trop forte fréquentation touristique [...] est un télescopage d'informations ne se situant pas sur le même registre, qui aboutit à une désinformation » (2002, p.55).

L'argument qui consiste à opposer le tourisme et le patrimoine urbain se retrouve dans les autres interventions et dans bien d'autres ouvrages et articles sur ce sujet.

* 8 Prenons l'exemple du musée du Louvre, qui malgré ses 7,5 millions de visiteurs en 2005, est subventionné à près de 60% par l'Etat. Le tourisme ne paye pas tout, mais il soulage sûrement les finances. Source : Rapport d'activité du musée du Louvre, 2005.

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