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Ménages Gécamines, précarité et économie populaire

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par Didier Kilondo Nguya
Université Catholique de Louvain - Diplôme d'Etudes Approfondies 2004
  

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3.3. SITUATION DE L'ENVIRONNEMENT DE LA GECAMINES

Point n'est encore besoin de rappeler le poids socio-économique et politique de l'industrie minière du Katanga sur son environnement et sur l'ensemble de la république. Depuis l'E.I.C., cette province a attiré le capital financier étranger et a été déterminante dans la poursuite de l'occupation du territoire par les colons belges. L'importance de l'apport de la province a travers l'U.M.H.K. dans le budget colonial n'est plus a démontrer. Tout comme durant toutes les républiques qui se sont succédées dans l'histoire du Congo.

L'histoire du Katanga moderne est inséparable de celle de l'U.M.H.K/Gécamines. Nous n'exagérons d'ailleurs pas lorsque nous disons que c'est l'U.M.H.K qui a façonné le paysage urbain du Katanga. Au cours de la décade 19 19-1929 qui a suivit la création de l'Union Minière du Haut-Katanga, l'essor industriel transforme le Katanga et fait éclater une puissance véritablement impressionnante. "L'essor du Katanga se manifesta par la multiplicité des sociétés industrielles et commerciales telles la Compagnie Industrielle Africaine (C.I.A.), le Bon marché, la pharmacie COPHACO, la SEDEC, la COLECTRIC, la SABENA, l'Agence Maritime Belge, la boucherie ELAKAT, les brasseries du Katanga."143 La province du Katanga était après l'indépendance du Congo, l'une des provinces la plus industrialisée du pays. Hormis l'Union Minière du Katanga et ses installations auxiliaires comme LATRECA, SOGEMIN, SOGEFOR, SOFELEC, Ateliers centraux de Panda (A.C.P.), METALKAT et Compagnie foncière, le Katanga disposait aussi en son sein d'une variété d'industries dont notamment les savonneries, les huileries, les minoteries, les cimenteries, les laiteries, etc.

L'U.M.H.K/Gécamines a fourni le stimulant initial a la commercialisation des produits agricoles destinés au marché intérieur. Son action au Katanga ne s'est pas limitée a offrir a l'économie locale une activité capable de stimuler la production agricole et industrielle pour le marché interne, mais elle allait jusqu'à l'aménagement du milieu de propagation pour faciliter la

142 Jean-Ma~ie KANKONDE LUTEKE, Massacres et déportation des kasaiens au Katanga, op. cit.; Emmanuel KAYEMBE KABEMBA, Epuration ethnique ou conflit entre les Luba: Mémoire, oubli et enjeux d'une véritable réconciliation au Katanga, Université de Lubumbashi, s.d., tiré sur http://www.fl.ulaval.ca/celat/histoire.memoire/confcapethm.htm en date du 17 mai 2004.

143 KALABA bin Sankwe, L'économie katangaise: hier, aujourd'hui et demain, La province du Katanga, Ed. Pensées du sud, Lubumbashi, 2004, p. 25.

diffusion de la croissance. C'est dans cette logique qu'il faut considérer le role joué par l'U.M.H.KlGécamines dans l'orientation de certaines voies ferroviaires qui sont allées désenclaver des régions agricoles. L'exploitation des mines de cuivre a stimulé l'expansion des complexes charbonniers et hydroélectriques qui ont facilité par la suite le développement d'un grand nombre d'activités économiques.

Toutes ces petites et moyennes entreprises pivotaient autour de l'U.M.H.KlGécamines. Une telle structure a tenu dans une stabilité relative jusqu'à ce que les mesures comme la zaIrianisation, la nationalisation et la radicalisation ainsi que les pillages des années 1990, viennent désarticuler ce tissu industriel. C'est ce qui explique la prédominance du travail salarié dans les villes du Katanga par rapport aux villes de Kinshasa ou Kisangani oü le commerce et les services sont aussi importants que le travail salarié. Dès le début de la décennie 1950, le Haut-Katanga disposait d'une classe permanente de travailleurs urbains relativement détachés de l'économie de subsistance144. Pendant cette décennie, note F. Bezy, la population active du Katanga était constituée a raison de 45 % de salariés présentant une structure aussi différenciée que celle que l'on rencontre en Europe et ne comptant dans ses rangs que 9 % seulement de la main-d'>uvre minière145.

Les complexes miniers et métallurgiques ainsi que les nombreuses entreprises auxiliaires qu'ils ont stimulées ont créé autour d'eux une concentration humaine et l'expansion de grands centres urbains. C'est ainsi que les trois grandes villes du Katanga - Lubumbashi, Likasi et Kolwezi - ont amorcé leur développement a partir des usines et des camps des travailleurs.

Nous avons assisté depuis la décennie 1980 et plus intensément dans la décennie 1990, a un démantèlement de toute la structure économique et sociale léguée par les colonisateurs. Devant cette conjoncture difficile que traverse la Gécamines conjuguée a la crise multiforme qui sévit le Congo, certaines sociétés satellites et de sous-traitance a la Gécamines sont contraintes de cesser leurs activités ou de mettre leur personnel en congé technique, entraInant par ce fait, le chomage massif en villes. Dans les villes non-minières et zones rurales de la province du Katanga, la majorité de la population doit ses moyens d'existence, directement ou indirectement, au secteur minier. La viabilité de la Gécamines est donc inextricablement liée aux perspectives de croissance, de création d'emplois et de réduction de la pauvreté.

Dans la figure 10 ci-après, nous pouvons nous rendre compte de la détérioration des conditions d'existence dans la province du Katanga a travers l'indice de pauvreté humaine. Le Katanga qui hier était la province phare du Congo sur le plan expansion économique et sociale, mène la course de la pauvreté humaine dans la décennie 1990.

146

La Gécamines a finalement suspendu, fin juillet 1999, les contrats de travail d'environ 12.000 agents sur un total de 26.000. Les villes de Likasi, Lubumbashi et Kipushi au Katanga, et la capitale Kinshasa ont été les plus touchées par la mesure. L'objectif assigné depuis avril 1999 par le comité de gestion de cette entreprise, qui a été pendant près de 60 ans la principale pourvoyeuse de recettes en devises de l'Etat (70%), est de réduire a court terme les effectifs du personnel a 10.000 travailleurs. Ce qui fait que 4.000 autres emplois sont encore mis en ballottage. Cf. Tshibambe Lubowa, Congo/R.D.C., dégraissage a la Gécamines, ANB-BIA Supplément, issue-édition n° 376 du 15 octobre 1999, tiré sur http://ospiti.peacelink.it/anb.bia-html consultée en date du 20 mai 2004.

Figure 10. INDICE DE PAUVRETE HUMAINE EN RDC PAR PROVINCE: 1996 - 1997

Source: Rapport PNTJD

Tiré de http://www.cd.undp.org/docs/New%20CCA%20rev%C2%B3.pdf En date du 16 juillet 2004.

Pour la province du Katanga, la Gécamines est un élément vital. La restructuration envisagée pour réduire les coüts d'exploitation en diminuant l'effectif du personnel et rentabiliser la Gécamines146 par exemple, s'est répercuté sur l'environnement social du Katanga. Cette restructuration a entraIné un délestage d'une partie importante du personnel. De 3 8.000 travailleurs en 1989, l'effectif du personnel est passé a 26.000 et 19.000 respectivement en 1996 et 1998. Le groupe sud de la Gécamines (Lubumbashi et Kipushi) a perdu en 1998 environ 3500 agents de son effectif total. Ces agents sont dispensés des prestations et recoivent la moitié du salaire de base sans indemnités compensatrices. Dans un environnement longtemps marqué par une gestion paternaliste de la population active, les agents dispensés de prestation des services ne bénéficient plus de ravitaillement en vivres. Pour les travailleurs encore en activité, les salaires sont payés a

tempérament. De telles portions de salaire ne permettent pas aux ménages Gécamines de faire face non seulement a leurs propres besoins vitaux mais aussi a ceux de leurs dépendants. Les membres de la famille étendue se voient ainsi privés des avantages tirés jadis des effets redistributifs des revenus payés par la Gécamines147.

Depuis cette débâcle de la Gécamines le Katanga a développé un pole dynamique d'économie populaire. Dans le secteur minier artisanal par exemple, on compte actuellement beaucoup d'actifs a l'instar des artisans de diamant de Mbuji Mayi. Il s'est créé aux alentours des usines de la Gécamines et dans des cités des fours artisanaux de traitements des déchets de cuivre qui sont ramassés dans les installations de la Gécamines ou dans les anciennes mines abandonnées par l'entreprise. Dans cette activité en effet, il faut signaler le role actif des femmes et des enfants qui ne savent plus étudier faute de moyens ou qui combinent les études avec de telles débrouilles en dehors des heures scolaires. On assiste a l'émergence de nouveaux acteurs du secteur minier au Katanga. Parmi ceux-ci, il y a des sociétés privées qui traitent avec la Gécamines dans les types de contrat joint-ventures. Au côté de ces sociétés privées, on découvre des indépendants de nationalités diverses qui entretiennent des fours de traitement minier dans des quartiers tant résidentiels qu'industriels. C'est donc une mutation profonde de l'activité économique au Katanga qui s'observe depuis l'effondrement de la Gécamines.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams