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Ménages Gécamines, précarité et économie populaire

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par Didier Kilondo Nguya
Université Catholique de Louvain - Diplôme d'Etudes Approfondies 2004
  

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b. Mouvements de résistance des acteurs populaires

On observe cependant, un aspect pratique dans les années 1980-90, l'abandon des approches macro-sociales et le repli sur des micro-analyses d'actions notamment comment la pensée radicale durant cette période se concentre sur le problème de luttes contextualisées, sur le local. Ce sont des mouvements critiques qui constituent des réponses a la crise d'accumulation et de régulation. La préoccupation de Peemans notamment a travers ses analyses sur le développement réel des peuples, c'est de savoir comment les acteurs redéveloppent des stratégies séculaires d'organisation sociale face a la dégradation de leurs conditions de vie et a l'insécurisation de leur avenir.

Les populations ne sont pas restées passives durant la période de la crise de modernisation. Dans leur ouvrage <<L'empire >>, Negri et Hardt présentent les modes de résistance mis en place par la société face a la modernisation néo-libérale35. Pour eux, il s'est établi un nouvel ordre mondial sous la dénomination de <<L'empire>> a travers lequel, des logiques et de structures nouvelles du pouvoir au niveau des élites globales sont liées a une nouvelle forme de souveraineté. Contre ce nouvel ordre mondial, s'érigent des résistances des populations. ~ls font certes allusion dans leurs analyses a des résistances observables a travers des mouvements antimondialisations de la dernière décennie. Faisons toutefois observer avec Peemans, que la résistance des peuples et des gens a l'imposition de l' <<ordre des choses>> est une très longue histoire. Malheureusement, l'approche de l'histoire du développement en termes de modernisation-

35 Michael HARDT et Antonio NEGRI, Empire, EXiLS ED1TEUR, trad. Dénis-Armand Canal, Paris, 2000, pp. 3 19-328.

rattrapage a complètement négligé l'histoire persistante des myriades de petits producteurs, ruraux et urbains, dont les prouesses quotidiennes pour survivre et se maintenir, n'ont guère pesé lourd en termes d'économie de la puissance et en termes de comptabilité de la croissance36. De tout temps, les peuples ont touj ours résisté soit sous forme d'une poussée collective allant au-delà d'une simple agitation momentanée, soit sous forme des mouvements ouvriers ou de mouvements nationalistes, au sens de Wallerstein37. C'est autant dire que ces mouvements de résistance des masses populaires sont séculaires. Ils ont été quelques fois étouffés, mais ont toujours survécu sous plusieurs formes.

De ce fait, le développement concu dans la logique des processus d'accumulation peut se lire en termes de rapports de force, en termes de conflits puisque les dynamiques complexes se construisent et se déconstruisent autour d'acteurs et d'enjeux de pouvoir et de domination. Pour J.-Ph. Peemans, "l'accumulation apparaIt comme ce type de logique que certains acteurs viennent surimposer a la logique de l'économie populaire et a la logique du marché, soit en essayant de les marginaliser, soit la plupart du temps en essayant de les soumettre ou de les utiliser."38 Un grand enjeu de la pensée sur le développement, souligne Peemans, c'est de savoir renverser la perspective traditionnelle sur le rapport entre l'économie populaire et l'accumulation de type capitaliste.

La lecture de l'histoire nous rappelle certes qu'au XIXème siècle au Nord, la détérioration des conditions de vie des classes populaires a bien été endogène a une poussée de la sphère de l'accumulation et a une modification des rapports de force entre secteurs capitalistes et secteurs d'économie populaire. Mais il permet aussi de montrer que cette évolution a pu être contrée lorsque des mécanismes de sécurisation et de résistance collective ont pu être mis en place dans des contextes locaux particuliers. Il y a toujours eu des formes de gouvernance locale et domestique, attestées par des pratiques populaires séculaires, mais celles-ci se trouvent de plus en plus marginalisées. Dans les pays en développement, les masses populaires ont dü incorporer de nouvelles règles de comportement socio-économique sous l'influence de la modernisation. Elles ont su en même temps, conserver des formes de solidarité et d'organisation communautaire, dans la logique de réciprocité et de redistribution39. Cette gouvernance historique des masses populaires rejoint la réflexion de Braudel concernant la dynamique des acteurs de premier niveau dans

36 Jean-Philippe PEEMANS, Le développement des peuples face a la modernisation du monde. Les théories du développement face aux histoires du développement "réel" dans la seconde moitié du XXème siècle, Population et développement n° 10, Académia-Bruylant/L'Harmattan, Louvain-laNeuve/Paris, 2002, p. 429.

37 Cf. les mouvements anti-systémiques chez I. WALLERSTEIN, op. cit., pp. 64-65.

38 Jean-Philippe PEEMANS, Le développement des peuples face a la modernisation du monde, op.cit., p. 430.

39 Karl POLANYI, La grande transformation, op. cit., pp. 77-79; Jean-Philippe PEEMANS, Le développement des peuples face a la modernisation du monde, op. cit., pp. 439-442 et p. 459.

l'organisation des structures de leurs quotidiens. Polanyi l'a désignée par "Gouvernement populaire". Dans son entendement, le "Gouvernement populaire" constitue les corps populaires qui répondirent a l'échec du système international pendant les années 1920.

Il apparaIt donc que la spécificité de la résistance des masses populaires est qu'elle se situe dans l'action et légitime, au regard de la désarticulation du processus d'accumulation et de régulation, l'économie populaire comme une démarche de reproduction sociétale. La résistance exprime le fait des réponses des masses populaires au processus insécurisant du modèle de modernisation-accumulation. L'économie populaire est donc actuellement au c>ur du processus de développement des pays en développement.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote