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Ethique déontologie et régulation de la presse écrite au Sénégal

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par Moussa MBOW
Université Bordeaux 3 - Sciences de l'Information et de la Communication 2004
  

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Les moyens de régulation de la profession

« Le journaliste n'accepte en matière d'honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l'exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre » rappelait la déclaration de Munich. Ce principe est celui défendu par la presque quasi-totalité des organisations de journalistes sénégalais. Il faut dire que le régime libéral de responsabilité suppose que « les médias s'amendent en fonction d'une déontologie qu'ils auront choisie eux-mêmes »218(*). Au Sénégal, il existe diverses organisations qui tentent de jouer ce rôle. Le syndicat des professionnels de l'information et de la communication (SYNPICS) défend les droits des journalistes et n'hésite pas à se saisir du CRED (Conseil pour le respect de l'éthique et de la déontologie) pour des manquements aux principes déontologiques qui régissent la profession. Certaines rédactions disposent de codes de déontologie, d'autres ont recours à diverses astuces pour éviter ou réparer les dérives.

I Deux organisations professionnelles : le SYNPICS et le CRED

Le Syndicat des professionnels de l'information et de la communication (SYNPICS) est l'organisation professionnelle la plus importante. Selon Alpha SALL, son secrétaire général, il regroupe environ 600 membres sur les 800 journalistes que compte le Sénégal219(*). Quant au Conseil pour le respect de l'éthique et de la déontologie (CRED), c'est le principal mécanisme de régulation dont dispose les journalistes pour moraliser davantage la profession.

Créé depuis près de trois décennies, le SYNPICS est dirigé par un bureau exécutif national. Au sein du syndicat, on trouve des journalistes travaillant aussi bien dans le secteur privé que public. Le SYNPICS tient tous les trois ans son congrès de renouvellement des instances. Totalement indépendant du pouvoir étatique, il a beaucoup oeuvré pour l'avancée des droits des journalistes. C'est grâce à cette organisation que la convention collective des journalistes a été renégociée en 1990. Dans l'affaire Madiambal DIAGNE, le SYNPICS défendit la libération du journaliste en jouant un rôle d'intermédiaire entre le pouvoir étatique et la profession. Cette organisation a également joué un rôle très important dans l'élaboration de la loi de février 1996. Comme nous l'avons montré précédemment, celle-ci a donné une avancée considérable à la liberté des journalistes. Mais, loin de ne se soucier que des droits des journalistes, le SYNPICS est aussi une sorte d'observatoire qui veille sur le bon fonctionnement du métier. A l'affût d'éventuels dérapages des confrères, le syndicat peut se saisir du CRED (Conseil pour le respect de l'éthique et la déontologie) en cas de dérives. Cela fut le cas en 2002 avec les nombreux dérapages des journalistes de la presse dite populaire que le responsable du SYNPICS qualifie d'ailleurs de « personnages inattendus » qui, de par leur pratique risquent de jeter l'opprobre sur toute la profession.

Le Conseil pour le respect de l'éthique et de la déontologie (CRED) est aussi une organisation créée par la profession. Née sous l'initiative du SYNPICS et de l'organisation Media for Democracy en 1998, le CRED a pour mission de recueillir les plaintes du public. Il est composé de treize membres qui sont des journalistes, des juristes et des membres du forum civil. Tout juste après sa création, le CRED a instauré un code de déontologie. Cette charte est inspirée de textes comme la Déclaration de Munich de 1971 ou la Déclaration des principes de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) de 1954. Elle traite, en général des droits et des devoirs qui s'imposent aux journalistes sénégalais. Ce texte s'applique aussi bien aux médias audiovisuels qu'à la presse écrite. Fort de ce code dans lequel sont définis les principes du bon journalisme, le CRED est une sorte de tribunal interne où sont traduits les journalistes accusés de manquement aux principes éthiques et déontologiques. C'est donc un organe consultatif, ses avis-verdicts n'ont pas valeurs de sanctions juridiques, mais peuvent remplacer les longues procédures judiciaires avec tout ce qu'ils peuvent comporter comme désagrément. Ainsi, dans l'affaire qui l'opposait au ministre des finances, Madiambal DIAGNE avait écopé d'un blâme devant le tribunal de ses pairs. Selon le CRED, le directeur de publication du Quotidien : « n'a pas pris la précaution élémentaire de vérifier, de recouper et de contrôler les faits avant publication afin d'éviter les erreurs, approximations et manipulations »220(*). Pour rappel, Dans une de ses livraisons, le journal Le Quotidien, par la plume de son directeur de publication et sous le titre :« Les châteaux de Abdoulaye Diop, les trésors cachés du ministre des finances », avait fait état de la possession par le ministre Abdoulaye DIOP de quatre immeubles au Canada. S'estimant diffamé, M. DIOP avait porté plainte contre Madiambal DIAGNE, auteur de l'article, devant le CRED. Le « prévenu » avait refusé de se présenter au « tribunal » de ses pairs. Ainsi, à défaut de pouvoir auditionner son auteur, les « juges » se sont fondés sur l'article incriminé. Ils ont alors décelé que « dans le corps de l'article, il n'y a aucune preuve, aucun indice pouvant confirmer les allégations contenues dans le titre ». Par ailleurs, « le CRED reproche à Madiambal DIAGNE de n'avoir pas rectifié son information relative au nombre d'immeubles, bien que convaincu que Abdoulaye Diop, en lieu et place des « quatre immeubles » annoncés dans son enquête, possède une seule maison. Il lui était également reproché de n'avoir pas donné des preuves suffisantes de son accusation concernant les malversations au préjudice du Trésor et d'avoir violé les dispositions réglementant le droit de réponse »221(*). Signalons pour terminer qu'entre le CRED et le SYNPICS, il existe une certaine symbiose, une véritable synergie. « Chaque organe peut être le gardien de la profession, en ce sens qu'il surveille la bonne pratique du métier, le respect de l'éthique et de la déontologie et qu'il veille à la protection des droits des journalistes » note Nabo SENE222(*). L'existence de ces deux organisations témoigne d'une grande avancée pour les médias sénégalais.

Outre ces deux organisations, il y en a d'autres de moindre envergure pour les questions d'éthique et de déontologie. Il s'agit du club de la presse dont les activités sont presque inexistantes de nos jours. Ce club n'accueille que les directeurs de publication des journaux, ce qui limite son rôle. L'Association des professionnelles africaines de la communication (APAC) qui regroupe des femmes journalistes et techniciennes du Sénégal. Il y a aussi des organisations sous régionales comme l'Union des journalistes de l'Afrique de l'Ouest (UJAO), crée à Dakar en 1986, elle regroupe seize Etats membres dont le Sénégal. Cette organisation est affiliée à la Fédération internationale des journalistes (FIJ) qui défend les droits et les devoirs des journalistes partout où ils sont menacés dans le monde. Nous pouvons ajouter également l'institut PANOS qui est une organisation qui s'occupe des médias en Afrique de l'Ouest, elle joue le rôle de « facilitateur » de rencontres entre professionnels et entre professionnels, gouvernants et public. L'engagement de cette organisation se traduit par la publication de plusieurs ouvrages, certains d'entre eux nous ont d'ailleurs été d'une grande utilité dans nos recherches (Cf. bibliographie). A côté de ces associations qui défendent les droits des journalistes et tentent de promouvoir des principes d'éthique et de déontologie, certaines rédactions ont établi des chartes, d'autres ont recours à diverses astuces pour moraliser la profession.

* 218 C-J BERTRAND : Les fonctions des médias, régime acteurs rôle in Médias : Introduction à la presse, radio et télévision, Ellipses, Paris 1999

* 219 Nabo SENE, Sénégal : rupture avec le griotisme, selon cet auteur, ce chiffre comprend les professionnels de l'information, les pigistes, les stagiaires et personnes sans statut appelés `apprentis' et qui ne sont pas mentionnées dans la convention collective.

* 220Site Internet Sénégal Portal, www.senportal.com

* 221 Idem

* 222 Nabo SENE, Sénégal : rupture avec le griotisme, op.cit

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery