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Etude du projet de reboisement de palétuviers rhizophora en basse-casamance (sénégal) par l'ONG océanium.

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par Nicolas FAUGERE
ISTOM - Ingénieur en Agro-Développement International 2009
  

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III.3.2. Compléter le projet en créant de nouvelles activités

Le projet actuellement ne prend pas en compte la circulation de l'eau de mer et ne propose pas de plan d'exploitation de la mangrove. Ces deux points sont pourtant essentiels pour la réhabilitation des 1.000 hectares de Rhizophora plantés en 2008.

Prévoir une valorisation économique du bois

Les populations habitent en zone de mangrove et en périphérie, de manière à être proche de cette ressource. La population actuelle de la Basse-Casamance représente un fort potentiel de défriche (GAMMAGE, 1997). On dénombre 577.552 habitants en 2001 dans la région de Ziguinchor57 (CSE et al., 2001). La distance de prospection de bois est estimée actuellement à une dizaine de kilomètres (BENGA, 2000). Les villageois sont organisés en groupements, conseils et associations. Les groupes existants peuvent servir de base à la création de groupements d'intérêts économique (GIE) qui se verront confier la gestion et la maîtrise des écosystèmes de mangrove et en seront les principaux gestionnaires, utilisateurs et bénéficiaires. Pour les zones habitées où on retrouve les terroirs villageois et les périmètres d'exploitation saisonnière en mangrove on met en place des GIE villageois (GIEV). Au niveau des aires inhabitées ou peu habitées des grands massifs boisés de la mangrove, les activités sont menées par les GIE fédérés (GIEF) (ARSENAULT, 1994). Le plan d'aménagement est accompagné de crédits à l'exploitation (pour l'achat des instruments de coupe) et des concessions sont délivrées.

Le rôle d'Océanium dans le plan d'aménagement va de la conception à la signature du procès verbal établissant le bureau (président - vice président - trésorier - secrétaire). Océanium doit initier l'élan collectif au sein des villages de mettre en place le plan de gestion, de définir les capacités d'emprunts en micro-crédits. Les chefs de villages ont la présidence

57 Il y a 49.817 habitants dans le département d'Oussouye, 224.617 dans celui de Bignona et 283.118 dans celui de Ziguinchor.

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

d'honneur des GIEV. C'est le vice-président qui veille au respect du plan de gestion, à la conduite de l'aménagement sylvicole et il dirige les coupes et renseigne régulièrement ses partenaires. Le projet s'accompagne de formations techniques pour une utilisation efficiente du bois de mangrove. « Les paysans de Casamance connaissent une méthode pour accroitre la résistance du bois de mangrove, déjà dur et dense. Elle consiste à couper les branches et à les laisser plongées dans l'eau pendant 6 mois environ. A l'issue de cette période d'immersion, le bois retiré de l'eau et débité peut durer, selon les dires, plus de 20 ans » (VANDEN BERGHEN, 1999). Le projet doit s'accompagner d'un projet d'exploitation de mollusques, en veillant à ce que les femmes qui les récoltent ne coupent pas les racines échasses. La carte de la page 56 illustre que ce sont les femmes qui exploitent les mollusques de Basse-Casamance et qu'il existe un circuit de commercialisation des huîtres Crassostrea Gasar (appelé « huître de palétuvier »de Basse-Casamance).

On note que l'exploitation des huîtres se concentre surtout sur la rive droite, près du bolon d'Affiniam (IDEE Casamance, 2007). L'exploitation des mollusques est une entreprise féminine en Basse-Casamance. Ils se vendent essentiellement sur deux marchés: Bignona et Ziguinchor. Le rayon de prospection des femmes pour les huitres est de 64 km (en pirogue) et l'enfoncement de 9 km à pied (GHYSELS, 2004).

En choisissant d'intégrer un plan d'aménagement le projet doit modifier sa méthode de reboisement. Dans le cas de sylviculture, un reboisement en ligne avec un écartement régulier est recommandé pour optimiser l'expansion des arbres (UNESCO, 1986). Le projet doit donc veiller au bon respect des distances, y compris quand les reboisements se font en l'absence d'un responsable technique. Les outils employés sont le nettoiement, l'éclaircie et la coupe définitive avec réserve de semenciers et régénération naturelle assistée et artificielle selon la méthode de la coupe d'abri. Le nettoiement consiste à éliminer, sans rompre l'état de massif, les non-valeurs, les sujets mal conformés, morts, malades L'objectif est essentiellement sanitaire. Il pourrait être effectué entre 10 et 20 ans. L'âge d'exploitabilité des arbres est estimé de 50 à 160 ans(DOYEN, 1985). La durée de l'exploitabilité en Casamance est de l'ordre de 60 ans (DOYEN, 1985). Il est recommandé de faire un nettoiement à 10-20 ans de 5.000 à 3.000 pied/ha, puis un autre à 20-30 ans de 3.000 à 1.500 pied/ha, et un dernier à 40- 60 ans de 1500 à 100 pied /ha. On estime la productivité à l'état vert de 3,6m3/ha/an (DOYEN, 1985). En Malaisie, la taille normale des arbres Rhizophora abattus est de 15 à 18

m de hauteur et 45 à 75 cm de tour (HUBERMAN, 1972). Le système fondé sur une circonférence minimale d'abattage est insuffisant dans les peuplements équiennes58 arrivés à maturité, ne comptant que quelques jeunes arbres, et conserver des semenciers59 est souvent considéré comme un gaspillage et comme de peu d'utilité pour la régénération naturelle(DOYEN, 1985). Rhizophora n'atteint pas régulièrement les dimensions adéquates pour qu'il soit possible d'utiliser son bois dans la filière du sciage traditionnel malgré les qualités mécaniques dont il fait preuve. Toutefois, les billes de dimensions suffisantes pourraient trouver un usage dans le domaine de la charpente, mais dans ce cas, sa nervosité élevée impose un débit peu de temps après l'abattage pour éviter les fentes de dessiccation si préjudiciables au rendement du sciage (DOYEN, 1985). Nous recommandons que la sylviculture soit une activité complémentaire à d'autres revenus, sans être l'activité principale, de sorte à diminuer la pression sur la ressource en donnant un revenu aux populations sans inciter au prélèvement brutal.

58 De même âge.

59 Le diamètre inférieur de fructification (diamètre à hauteur de poitrine) est de 15 cm.

Carte 6 : Exploitation des mollusques en Casamance en 1985 et circuit de marchés des huîtres (CORMIER-SALEM, 1989b).

Concernant l'acquisition de la propriété légale des reboisements de mangrove, « Dans les forêts relevant des compétences des collectivités locales, l'exploitation de ces produits est théoriquement assujettie à une autorisation préalable du maire (commune) ou du président du conseil rural (communauté rurale), puis le permis d'exploitation est délivré par le service des Eaux et Forest qui doit se référer aux prescriptions des plans d'aménagement approuvés » (IDEE Casamance, et al., 2003). Le code forestier (Ministère de l'environnement du Sénégal, 1998) stipule dans son Article 1.2 : « Toutefois si des formations forestières ont été régulièrement implantées sur le domaine sous forme de plantations individuelles en plein, d'alignement ou d'abris, elles sont la propriété des personnes privées physiques ou morales, qui les ont réalisées, à l'exclusion de toute forme d'appropriation du terrain du domaine national ». « Il serait donc envisageable que des groupements villageois ou même des familles possèdent leur propres reboisements, encore faut il que ces reboisements aient été « régulièrement plantés » (IDEE Casamance, et al., 2003).

Envisager la mise en défens ne semble pas appropriée puisque les casaçais ont besoin d'utiliser la mangrove. Une solution possible pourrait être de classer les forêts de mangrove en forêt communautaire. Cependant cela ne serait pas encore une garantie contre la coupe. Nous proposons alors d'encourager une coupe raisonnée, plutôt que de l'interdire. Les communautés villageoises ont pour préoccupation la reproduction du système (REY, 2007). La durabilité est donc leur préoccupation. Le degré « possible » de risque se justifie à la fois par la préoccupation de la durabilité (baisse du risque) et par le non respect de cette préoccupations par d'autres (hausse du risque). La mise en place d'un plan d'exploitation durable des plantations de mangrove doit s'appuyer sur l'importance de l'exploitation raisonnée comme sécurisation des revenus de la riziculture. On peut aussi encourager le retour à des moyens de valorisation ancestrale de la mangrove. « Le bois de palétuvier est utilisé préférentiellement pour la fabrication de la chaux locale à base de coquilles d'huitres. L'opération consiste à amasser du bois de feu de palétuvier sur le tas de coquilles à fondre» (VANDEN BERHEN, et al., 1999). Le bois de palétuvier est aussi utilisé pour les besoins domestiques : environ 0,5kg/j ours (BENGA, 2000) soit environ 1 80kg/habitant. On estime donc qu'il faut une dizaine de pieds de Rhizophora60pour satisfaire les besoins domestiques d'un habitant. On estime que 95% des palétuviers utilisés sont des Rhizophora (BENGA, 2000). Le stère (environ 30 kg) de bois de Rhizophora se vend environ 100 FCFA (GHYSELS, 2004). L'annexe 16 montre la taille du stère de bois de Rhizophora.

Permettre à l'eau d'atteindre la mangrove

Il s'agit de lutter contre, d'une part, le manque d'approvisionnement en eau et, d'autre part, contre la salinisation. «Le paramètre « salinité », en chaque point d'un delta, est déterminé par le flux d'eau douce (lui-même dépendant de la pluviométrie dans le bassin versant) et par l'évaporation » (BLASCO, 1991). La salinité d'un lieu dépend aussi de la pénétration des marées, c'est-à-dire de leur amplitude et de la topographie locale.

Les pluies sont revenues, mais le réseau hydrique est tellement modifié que la régénération ne reprend pas (SOW, 200856, Com.Pers.). On pourrait alors creuser des canaux d'irrigation pour permettre à l'eau de mer d'atteindre les plantations de Rhizophora. Ces canaux doivent tenir compte des courants du fleuve dans sa partie maritime61. Les courants qui s'observent dans la partie maritime d'un fleuve sont les résultats des courants variables

60 Calculs effectués sur la base des chiffres de (MARIUS, 1985).

qui accompagnent l'onde de marée et du courant dû au débit fluvial (BRUNET-MORET, 1970). La salinité du flot (courant vers l'amont) est différente de celle du jusant (courant vers l'aval). Une étude approfondie du balancement du flot et du jusant permettrait d'envisager des aménagements pour lutter contre le processus de salinisation.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille