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L'utilité d'une coopération technique au sud du Sahara: Le cas des relations Cameroun-Unesco

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par Gérard Martial AMOUGOU
Université de Yaoundé II SOA - DEA en Science politique 2006
  

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D. DE LA PROBLÉMATIQUE

1. POSITION DU PROBLEME

Raymond Quivy affirme qu' « une recherche est par définition quelque chose qui se cherche. » (Quivy, 1995 :21) Une telle assertion pourrait se vérifier dans le cadre de notre

investigation sur les relations établies entre le Cameroun et l'UNESCO qui, nous confrontent à une réalité quelque peu ambiguë. C'est qu'aux yeux de ses principaux acteurs, (tant du Cameroun que de l'UNESCO) il ne fait aucun doute que le Cameroun et l'Institution spécialisée des Nations unies entretiennent une « coopération fructueuse ». Paradoxalement la population camerounaise semble « minorer », lorsqu'elle « n'ignore » pas simplement l'utilité de l'UNESCO au sein du territoire national. Autrement exprimé, cette coopération, de l'aveu des ses promoteurs, connaît « une faible visibilité », si ce n'est une vulgarisation assez limitée auprès des populations. Pour étayer leur argumentaires, les promoteurs notent le fait que le Gouvernement camerounais bénéficie d'un nombre assez important de projets financés sous l'égide de l'UNESCO au sein de son territoire, signe de la reconnaissance des « bons » rapports établis entre les deux institutions. (Voir supra) « Coopération exemplaire » également dans la mesure où le Cameroun contribue au fonctionnement quotidien de l'UNESCO à travers le payement de ses contributions, ainsi que par son action appréciable au sein des différents organes de l'institution spécialisée.

Ainsi, lors de son Discours d'ouverture à l'occasion de la quatrième Conférence des Commissions Nationales pour l'UNESCO de la région Afrique tenue à Yaoundé du 2 au 6 juin 2003, le Premier Ministre camerounais, Peter MAFANY MUSONGUE acclamait avec fierté la coopération avec « cette Organisation (...) concrétisée jusque-là par un grand nombre d'actions ». Sur invitation du Chef de l'État camerounais, Monsieur Koïchiro MATSUURA, Directeur Général de l'UNESCO en visite officielle au Cameroun du 15 au 17 janvier 2004, dans son discours d'ouverture ne manquera pas d'adresser ses remerciements pour la « coopération fructueuse que le Cameroun entretient de longue date avec l'UNESCO et pour son engagement personnel en faveur de la paix et d'une diplomatie de proximité ». A l'ouverture de la Conférence des Ministres de l'Éducation des États membres de la Communauté Économique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC), tenue à Yaoundé du 16 au 17 janvier 2004, le Pr. Joseph OWONA, Ministre de l'Éducation Nationale et président de la Commission Nationale de la République du Cameroun pour l'UNESCO, va à son tour dresser une ébauche de bilan de la coopération Cameroun-UNESCO : « Les relations que le Cameroun entretient avec l'UNESCO sont aussi vieilles que le Cameroun même en tant que nation indépendante. C'est en effet dès 1960 que le Cameroun a adhéré à l'UNESCO. Depuis lors, cette Organisation se tient à nos côtés, dans les domaines de sa compétence, pour aider notre pays à s'affirmer comme nation libre et responsable de son destin, mais aussi comme nation du savoir, de la science et de la paix ». Plus récemment le 23 octobre 2007 à Paris, le Chef de l'État camerounais dans son discours tenu devant la 34ème Conférence générale de

l'UNESCO, suite à « l'aimable invitation » à lui adressée par K. MATSUURA, va reconnaître que : « le Cameroun et l'UNESCO entretiennent une coopération fructueuse et exemplaire ». Autant d'exemples qui sont là pour nous révéler que des relations Cameroun-UNESCO seraient positives aux yeux de ses promoteurs institutionnels, ainsi qu'ils le mentionnent au fil des années, dans leurs discours respectifs9.

Le discours politique, bien que n'étant forcément pas « cet instrument docile et transparent grâce auquel la réalité des « choses » se laisserait percevoir. », tout au moins reste t-il producteur de sens en ceci qu'il « construit le monde social autant qu'il le reflète » (Le Bart, 1988 :3, 5). Et si « le monopole de la parole légitime, poursuit Le Bart, n'équivaut pas au droit de dire n'importe quoi », c'est parce qu'aux yeux de notre auteur, le discours signifie et fabrique une vision commune de la réalité (idem, 10 et 31). Or si l'on reste dans la perspective de la perception par le haut de la coopération Cameroun-UNESCO, il n'est pas rare d'observer des regrets provenant des mêmes personnalités qui se plaignent néanmoins de la faible appropriation de la coopération par les masses, sinon de leur insensibilité vis-à-vis de celle-ci. Aussi peut-on lire ici et là :

« Cette coopération, au-delà des structures traditionnelles de coopération, au-delà de la participation du Cameroun aux activités traditionnelles de l'Organisation a connu des faits marquants (qui)... ne sont malheureusement guère connus du grand public Camerounais », regrette le Secrétaire Général de la Commission Nationale de la République du Cameroun pour l'UNESCO, Barthélémy MVONDO NYINA. Ou encore : « Il ne reste plus qu'à sensibiliser le peuple camerounais qui n'est pas au courant de ces grandes réalisations... », renchérira cette autre autorité camerounaise habituée de la coopération internationale10. Aussi pouvons nous dire sans grand risque de se tromper que c'est fort de ce constat que les autorités camerounaises, de concert avec les partenaires financiers internationaux, vont organiser un séminaire portant entre autre sur le renforcement de la visibilité des relations Cameroun-UNESCO. Ce séminaire11, financé sous fond japonais pour l'essentiel, va s'étaler sur une semaine entière (septembre 2007) de sensibilisation du public de Yaoundé et de ses environs sur le bien fondé de cette coopération.

9 Cette vision ultra positive de cette coopération revient régulièrement dans les discours de l'actuelle ministre de l'Education de base et Présidente de la Commission camerounaise pour l'UNESCO, HAMAN ADAMA ; vision que partagent également les fonctionnaires internationaux travaillant au sein du Bureau régional de l'UNESCO, dont leur plus haut représentant Bernard HADJAD

10 Il s'agit de Henri Matip Ma Soundjok, Président du Conseil National de la Francophonie (CNF), dans une interview accordée au quotidien `Demain le Cameroun', N°009, novembre 2007, pp. 8-9.

11 Saluons à cet effet l'action discrète, mais essentielle du diplomate camerounais Charles Assamba, qui est à la base et à la mise en oeuvre de ce projet.

Ce qui précède nous laisserait légitimement penser qu'il existerait une sorte de hiatus entre les activités menées par l'UNESCO au Cameroun, et l'attitude du public qui représente la finalité, si ce n'est la raison d'être de cette coopération. Or, de l'avis du Directeur Général de l'UNESCO, « l'épreuve de vérité reste, bien entendu, ce que perçoivent concrètement les populations dans leur vie quotidienne et qui est, aujourd'hui, encore beaucoup en deçà des attentes ». Lesquelles attentes devraient être à la mesure de la mission confiée à l'Organisation dont l'action touche une panoplie de domaines dont les principaux sont relatifs à l'éducation, la communication, la science et la culture. Tandis que l'environnement et les droits de l'Homme relèvent progressivement du nouveau champ de l'UNESCO.

C'est que les pays africains n'ont pu investir suffisamment, et ce jusqu'à ce jour, dans la recherche-développement scientifique et technologique, ni dans les infrastructures humaines et institutionnelles en matière de science et de technologie12. Qui plus est, la vulgarisation de l'éducation dans tout l'étendu du territoire est une préoccupation constante des autorités camerounaises qui préexiste au forum de Dakar, et la sempiternelle question de son adéquation au contexte interne, lui même en interaction avec l'environnement international et/ou, à l'esprit du temps, garde entièrement sa pertinence.

Car l'actuelle configuration des relations internationales fait état d'une conjoncture dominée par une situation d'interdépendance complexe, où l'État, bien que demeurant un acteur primordial, doit désormais compter avec les autres acteurs non moins importants à l'instar des firmes multinationales, des Organisations Non Gouvernementales (ONG), des Organisations Internationales (OI), et même les individus. De même, il va sans dire que l'appréhension des notions telles que « l'intérêt national » et la « puissance » devrait tenir compte de cette nouvelle donne. Aussi, est-il permis d'observer cette complexité du système international dans le cadre des relations établies entre le Cameroun et l'UNESCO qui, bien que n'étant pas un bailleur de fonds et encore moins une institution opérationnelle doit « pourtant veiller à ce que l'éthique mondiale en matière de paix, de justice et de solidarité par le biais de la coopération internationale dans les domaines de l'éducation, de la science, de la culture et de la communication soit à la fois moralement observée et appliquée de manière tangible. »13 C'est dire que la coopération Cameroun-UNESCO est tenue d'atteindre les objectifs sus-mentionnés, le financement se devant de produire son impact auprès des populations cibles.

12 Ce constat est également fait par les membres de la Commission nationale camerounaise pour l'UNESCO, dans un document rédigé en 2005, portant sur les faits marquants et opportunités de cette coopération.

13 Tirée de l'allocution prononcée par K. MATSUURA lors de son investiture en 1999

Mais plus fondamentalement, au-delà de cette coopération dont le bilan semble être positif aux yeux des hauts responsables du Cameroun et de l'UNESCO, l'on parvient tout de même à s'interroger sur l'utilité de la coopération technique au sud du Sahara. Exprimé autrement, peut-on réellement concevoir que l'assistance technique proposée par l'UNESCO dans ses rapports institués avec « l'État au Cameroun », puisse véritablement contribuer au développement de la société camerounaise?

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