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Les compétences statutaires des sociétés de classification

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par Pierre CHEVALIER
Université de Bretagne occidentale - Droit des espaces et des activités maritimes 2009
  

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Chapitre 2. La responsabilité pénale

Section 1. Les infractions d'imprudence comme source de la responsabilité pénale des sociétés de classification

Section 2. La répression des infractions aux règles pénales de l'environnement comme nouveau

foyer de la responsabilité CONCLUSION GENERALE

Abréviations et sigles

A.B.S. American Bureau of Shipping

A.D.M.A. Annuaire de Droit maritime et Aérien

A.D.M.A. Annuaire de Droit maritime et Océanique

A.J.D.A. Actualité Juridique, Droit administratif

Ass. plén. Assemblée plénière

B.V. Bureau Veritas

C.E. Conseil d'Etat

C.E.D.H. Cour Européenne des Droits de l'Homme

Chron. Chroniques

Circ. Circonscription

Civ. Chambre civile de la Cour de cassation

Com. Chambre commerciale de la Cour de cassation

Concl. Conclusions

Crim. Chambre criminelle de la Cour de cassation

D. Recueil Dalloz

D.M.F. Droit maritime français

D.N.V. Det Norske Veritas

E.M.S.A European Maritime Safety Agency

G.A.D.I.P. Grands Arrêts du Droit International Privé

G.A.J.A. Grands Arrêts de la Jurisprudence Administrative

GAZ. PAL. Gazettes du Palais

G.L. Germanisher Lloyd

I.A.C. S. International Association of Classification Society

I.I.D.M. Iberoamerican Institute of Maritime Law

I.S.M. International Safety Management

I.S.P.S. International Ships and Port Facility Security

J.C.P., Ed. Gen. La Semaine Juridique édition généralement

J.M.M. Journal de la Marine Marchande

J.O. Journal Officiel

J.O.C.E. Journal Officiel des Communautés Européennes

L.G.D.J. Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence

L.R.S. Lloyds Register of Shipping

L.L.R. Lloyd's Law Report

MARPOL Marine Pollution (Convention O.M.I.)

Obs. Observations

O.M.I. Organisation Maritime Internationale

Préc. Précité

P.U.A.M Presses Universitaires d'Aix-Marseille

P.U.F. Presses Universitaires de France

R.D.P. Revue de Droit Publication

Rec. Recueil Lebon

R.C.D.I.P. Revue Critique de Droit International Privé

R.D.T. Revue de Droit des Transports

R.F.D.A. Revue Française de Droit Administratif

R.S.C. Revue de Sciences Criminelles

RINA Registro Italiano Navale

S.O.L.A.S Safety of Life at Sea (Convention O.M.I.)

T.C. Tribunal des Conflits

T.J.B. Tonneaux de Jauge Brute

U.S.C.G. United States Coast Guards

INTRODUCTION

« O combien de marins, combien de capitaines Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines Dans ce morne horizon se sont évanouis!

Combien ont disparu, dure et triste fortune! Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Dans l'aveugle océan à jamais enfouis! »

Victor Hugo, Oceano Nox, juillet 1836

Cette première strophe du poème de Victor Hugo illustre le paradoxe des rapports que l'Homme entretient avec la mer. Les Hommes ont de tout temps été attirés par la mer dont l'immensité est synonyme d'inconnu et donc de découvertes et qui leur offre ses nombreuses ressources. Mais les disparitions récurrentes de ceux qui l'exploitent ou la parcourent pour le commerce notamment nous rappellent sans cesse la dangerosité de la mer.

Section 1. L'apparition de règles préventives face à l'insécurité maritime

Les espaces maritimes, que ce soit près des côtes ou plus au large, connaissent une insécurité endémique. La mer est, de tout temps, restée synonyme de dangerosité pour les personnes qui s'y aventuraient. A la piraterie qui sévissait et qui sévit encore dans de nombreuses zones s'ajoutaient les mauvaises conditions climatiques. Cette idée d'insécurité apparaît particulièrement dans les notions intéressant la navigation maritime. Les notions de chance et de fatalité sont ainsi attachées à cette navigation. La fortune de mer par exemple désigne tout événement survenu au cours d'un voyage maritime et dû à des circonstances liées à l'état de la mer et du vent1. Du fait de cette dangerosité, le terme d'aventure maritime était utilisé pour qualifier la navigation maritime et les marins étaient des aventuriers.

1 A. LE BAYON, Dictionnaire de droit maritime, PUR, 2004.

Malgré ce risque, ce péril marin, inhérent et endémique à la navigation maritime, le transport par mer s'est développé depuis l'Antiquité. Le manque de connaissance du milieu mais également le manque de développement scientifique et technique expliquent la faiblesse des navires pour affronter le mauvais temps dans l'Antiquité. Pour éviter un péril imminent, les marins avaient recours notamment à la pratique du jet. La cargaison et même les vivres étaient jetées par dessus bord pour alléger l'embarcation. Cette pratique était prévue par la Lex Rhodia de Jactu. Cette loi, empruntée aux Rhodiens2 fut nommée Rhodia.

Au Moyen Age, les premières règles préventives se développèrent et furent insérées dans des textes. Ainsi, les autorités maritimes des grands ports de la Méditerranée édictèrent des directives sévères sur le franc-bord. Cette législation était destinée à lutter contre les abus des armateurs et capitaines qui surchargeaient leurs navires pour dégager le plus de profit possible et ce, malgré le risque de perdre le navire ainsi que la cargaison qu'il transportait. Une telle réglementation apparaît à Venise au cours du XIII ème siècle. Il était interdit de dépasser le tirant d'eau marqué pour chaque navire par une croix sur la coque. Ce tirant d'eau représente le volume d'eau que déplace un navire.

Les autorités gènoises avaient, quant à elles, des règles précises pour calculer le tirant d'eau maximal de certains navires, ainsi qu'une procédure de contrôle du chargement et des sanctions en cas d'abus. Des fonctionnaires avaient pour tâche de mesurer les navires pour calculer ce tirant d'eau et d'assister à la mise en place sur la coque de fers, ancêtres des lignes de charge3.

La fin du XVIIème siècle et le XIXème siècle virent se développer des législations nationales plus ambitieuses. Les Révolutions industrielles que connurent successivement le Royaume-Uni et la France notamment, apportèrent de nombreuses innovations techniques qui favorisèrent le développement des transports maritimes. Ainsi, l'invention de la machine à vapeur révolutionna le transport en soustrayant en partie le transport maritime aux aléas du vent qui limitaient la navigation à la voile.

La recherche d'une plus grande sécurité fut conduite tout d'abord dans un cadre purement privé. Les différents opérateurs du transport craignaient qu'une intervention étatique en ce domaine soit trop étendue et mal adaptée aux réalités du commerce maritime. « L'intérêt bien compris de l'armateur ayant engagé toute sa fortune dans l'acquisition de navires, représentait finalement la

2 D. GAURIER, La Lex Rhodia de Jactu, ADMO, tome XV, 1997, pp. 185-187.

3 F. ATTOMA-PEPE, Un aperçu du franc-bord des navires au Moyen-Age, BULLETIN TECHNIQUE DU BUREAU VERITAS, janvier 1976, pp. 10-14.

meilleure garantie de la sécurité de tous »4. Cette conception libérale de la sécurité maritime fut majoritaire pendant toute la première moitié du XIXème siècle.

Il fut à cette époque considéré que toutes les personnes ayant un intérêt au transport maritime devaient assumer leur part de responsabilité face aux périls de la mer. Ainsi se développa la copropriété des navires visant par exemple à amoindrir les aléas économiques en divisant les risques. C'est également à cette époque que se développèrent les premières sociétés d'assurance maritime. Ce mécanisme consiste à faire intervenir un tiers en la personne de l'assureur, qui prend la place de celui à qui le risque incombe. Le XIX siècle vit aussi la naissance des principales sociétés de classification.

Malgré cette conception très libérale de la sécurité maritime, certaines législations nationales plus ambitieuses se développèrent. Des réglementations préventives furent mises en place ainsi que des procédures de contrôle des navires, principalement en France et en Grande-Bretagne. L'Ordonnance sur la Marine de Colbert institua les fonctions d'huissiers-visiteurs. Par la suite une déclaration royale du 17 août 1779 mis en place une double visite du navire pour les expéditions maritimes, l'une à l'aller et l'autre au retour. Pendant la Révolution, le 9 août 1791, fut votée une Loi sur la police de la navigation. Cette Loi imposait aux capitaines des navires armés au long cours de provoquer eux-mêmes la visite du navire avant armement puis avant chargement. Les inspections étaient menées par des officiers-visiteurs ou experts-visiteurs nommés par le tribunal de commerce ou à défaut par le maire de la ville. Ces inspecteurs étaient d'anciens navigateurs, constructeurs ou charpentiers qui avaient des connaissances certaines sur la navigation en mer et sur la structure des navires aptes à effectuer une telle navigation5.

La promulgation du Code de commerce n'apporta pas de modifications importantes au système mis en place par cette Loi. Par la suite, les inspections annuelles furent progressivement étendues à d'autres navires. L'embarquement et le débarquement des marchandises dangereuses furent réglementés par un décret du 2 septembre 1874.

Le système des visites fut remanié par une Loi du 17 avril 1907 qui encadrait les conditions de construction du navire, son armement et ses équipements mais également ses conditions de chargement et d'exploitation6. Cette Loi créa également le corps des inspecteurs de la navigation

4 P. BOISSON, Politiques et Droits de la Sécurité Maritime, EDITIONS BUREAU VERITAS PARIS, 1998, p. 29.

5 D. DANJON, Traité de droit maritime, LGDJ, Paris, 1910, p.100.

6 P. BOISSON, op. cit., p. 30.

chargés d'effectuer des visites préalables à l'appareillage des navires. Elle constitue la base de la réglementation française moderne en matière de contrôle des navires et elle marque la mainmise définitive des règles étatiques sur la sécurité maritime.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote