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Collectionneurs et Paquebots - Constitution et préservation d'un héritage patrimonial et culturel

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par Cécile Bricault
Université Lille 3 - Master 2 Pro Administration patrimoniale 2009
  

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1 Le monde du paquebot & ses amateurs

« Tout n'est que luxe, calme et volupté »8(*) me répondit un collectionneur, lorsque je lui demandais ce que représentait pour lui le paquebot9(*). Cette citation de Baudelaire, réécrite, traduit bien a postériori le souvenir ébloui que gardent les amoureux du paquebot10(*)...

Les paquebots classiques qui ont forgé la légende du paquebot sont tous aujourd'hui disparus. Mais cette perte n'empêche pas un véritable engouement de se faire jour parmi les amateurs. Le boum des croisières, la découverte du Titanic, les nombreux films sur la fin dramatique du Lusitania11(*), ont attiré une foule, avide de drames et qui a vu son comportement qualifié de « paquebot-mania ». Mais il existe des amateurs, au sens culturel du terme, des « collectionneurs du paquebot ». Qui sont-ils ? que recherchent-ils à travers les objets-restes des disparus ?

Ces dernières années, de nombreuses ventes aux enchères12(*) ont attiré un public de plus en plus nombreux, tandis que les objets de paquebots s'échangeaient, se vendaient en brocantes, chez les antiquaires ou bien sur les sites d'enchères virtuelles. A travers un objet, patiemment cherché et acquis au prix parfois de longues négociations, l'amateur tente de faire revivre le paquebot, un paquebot. Une affiche rappellera ses lointains voyages ; un sucrier de l'argenterie Christofle, le service du thé ou du café et la vie à bord. L'amateur sent, en touchant-caressant une carafe ou une tasse, d'autres mains que les siennes se servir de cet objet. Il se transpose dans un autre temps, en un autre lieu. Il transcende son passé en s'imaginant lui franchir la passerelle, et vivre au milieu de ces objets.

Chaque paquebot a un esprit différent d'un autre, une aura intrinsèque, accordée par son histoire personnelle, son usage, ses passagers... Chacun des objets-témoins et survivants évoque les individus, l'âme de son paquebot... Création d'un monde, le paquebot le transcende. Il devient le microcosme d'un univers auquel il ressemble mais duquel il diffère. Plusieurs dimensions cohabitent en lui. Pan du patrimoine européen, le paquebot écrit et participe à l'Histoire. Le paquebot symbolise ainsi plusieurs époques, styles de vie, et la plongée dans un monde imaginaire. A l'heure actuelle, le paquebot a évolué en accord avec la société. La démocratisation culturelle et la culture du loisir ont transformé les liners en navires de croisière13(*). Mais le rêve a quelque peu déserté ces nouveaux paquebots.

Les collectionneurs créent un lien avec le passé. En se spécialisant sur les paquebots d'un ancien temps, ils s'introduisent au coeur de l'histoire et par leur volonté mémorielle, nous permettent de partager cet héritage. Ils sacrifient leur bien-être et leur vie à ces navires d'un âge d'or de la Marine. Cette notion du sacrifice, développée par Krzysztof Pomian14(*), est tout à fait appropriée aux collections d'objets de paquebots, puisqu'il s'agit d'« objets naturels ou artificiels que l'on sort de la sphère des activités utilitaires pour les soumettre à une protection spéciale et les exposer au regard dans des lieux clos destinés à cet effet »15(*). Le collectionneur du paquebot est la résultante et l'avenir de ce passé social et technique européen comme international que représente le paquebot. De ce fait, il nous est apparu intéressant d'axer notre étude sur lui.

Cette étude s'est réalisée grâce à l'élaboration d'un questionnaire d'enquête16(*). Etabli avec attention, ce questionnaire ne devait surtout pas heurter les sensibilités des collectionneurs interrogés. Nombreuses sont donc les questions, parfois détournées, ouvertes ou fermées, ce qui incluait à la fois un facteur de confiance, et un risque d'essoufflement. Néanmoins plusieurs questions se recoupent, afin d'aider les collectionneurs à s'ouvrir, et à accepter de réfléchir sur eux-mêmes et leur collection. J'ai d'abord envoyé cette enquête à mes propres contacts. Grâce à ceux-ci et à l'association French Lines, j'ai pu élargir le cercle des collectionneurs interrogés. L'enquête a ainsi pu toucher quarante personnes17(*), dont sept étrangers - anglais américains, canadiens, italiens, suisses, allemands18(*). Malheureusement aucun de ceux-ci n'a répondu ou du moins répondu favorablement... Cette contrainte ne m'a donc pas donné la possibilité d'établir des comparaisons entre les différents pays. Néanmoins ce questionnaire a été reçu positivement par onze collectionneurs français, qui se sont pris au jeu et m'ont renvoyé leurs réponses. Afin de garantir leur anonymat, chaque questionnaire a reçu un code d'identification, en relation avec la date de sa réception19(*).

Le dépouillement des questionnaires a été assez difficile. En effet, les profils des collectionneurs apparaissaient très différents les uns des autres. Cependant à leur lecture, la comparaison entre toutes leurs réponses me permit de m'interroger sur les causes de ce phénomène et la valeur de cette collection exceptionnelle.

En quoi la collection d'objets de paquebots est-elle révélatrice du monde des collectionneurs privés ?

Que représente exactement le monde du paquebot dans l'esprit de ses amateurs, ces voyageurs ? Comment et pourquoi devient-on passionné de ce monde, un collectionneur au sens plein du terme ? Que revêt aux yeux d'un collectionneur la présence des ces objets de paquebots ? Comment dès lors qu'ils souhaitent collectionner, ces curieux constituent-ils leurs collections, les mettent-ils en valeur ?

1.1 Paquebot et objets

Le sujet même de cette collection, sujet de la curiosité et de la convoitise insatiable de l'amateur - collectionneur, se trouve être à la fois le paquebot - un contenant - et ses objets - le contenu. Le tout forme un ensemble complexe, tissé de mystères et de légendes. Il entremêle l'immatériel au matériel, participe de l'histoire, du patrimoine et de la mémoire.

Lors de sa conférence donnée à la faculté de Lille 3, sur la « valorisation patrimoniale des grands paquebots », Aymeric Perroy a ainsi insisté, à travers l'exemple de l'association French Lines, sur les nombreux aspects que revêtaient, aux yeux de nos contemporains, le paquebot, son mythe et ses souvenirs20(*).

L'association French Lines apparait en effet comme une symbiose intéressante entre le collectionneur public et le collectionneur privé21(*). Association Loi 1901, donc reconnue par l'Etat d'utilité publique, French Lines possède un immense patrimoine avec des réserves d'environ 3000 m2 d'objets extrêmement variés, ayant appartenu aux divers paquebots et aux diverses compagnies françaises. Cependant, à l'encontre d'autres associations dont les collections s'avèrent entrer dans le domaine public et participent de l'inaliénabilité qui leur est accordée, ou même des nombreux musées de la Marine, une partie des collections de French Lines reste aliénable. En effet, les objets conservés sont issus de la fabrication sérielle industrielle. Ainsi a été accordée à French Lines l'autorisation de vendre les objets dont certains exemplaires se trouvent déjà dans les collections inaliénables. Par exemple, sur 100 affiches, cinq seront gardées et encadrées, les 95 restantes vendues et feront ainsi le bonheur de collectionneurs privés. Cela permet ainsi d'entretenir les collections, par l'inventaire des objets présents et par des achats.

Le patrimoine conservé par French Lines, et également par les collectionneurs privés, est un patrimoine remarquable de par sa diversité, la variété de ses formes et types de collections. En effet, le paquebot - contenant et contenu - est intimement lié à l'évolution industrielle des années 1840 à nos jours22(*). Objet intrinsèquement historique et artistique, il est le fidèle reflet du progrès technique23(*). Révélateurs et présentateurs, les objets du paquebot se révèlent donc initiateurs de progrès, participateurs des avancées en tous domaines... Ambassadeur d'un pays, d'une compagnie, le paquebot était - est toujours par ailleurs - à la fois le premier maillon d'une chaîne et la ligne d'arrivée24(*).

Chaque série d'objets produite pour un paquebot particulier est reproduite en nombreux exemplaires. Il était de notoriété publique que bon nombre de pièces d'orfèvrerie sont passées par-dessus bord - soit lors d'un naufrage, soit parfois dans d'autres circonstances. Un collectionneur privé explique en effet avoir ouï dire de sa mère - qui voyageait toujours en première classe - qu'elle avait un jour vu le steward venu lui apporter un plateau en cabine ouvrir le hublot et jeter l'ensemble dans les flots afin de s'éviter de le rapporter en cuisine ! Cette anecdote - avérée - faisait dire en souriant aux témoins de la scène que s'il était possible de descendre sous les mers et de localiser tous les objets qui y reposaient, on pourrait facilement retrouver le sillage des navires français ! Ces objets ressurgissent lors d'un héritage dispersé en salle des ventes. Ils exercent encore leur attraction sur le public. Souvent argenterie, mais aussi porcelaine, cristallerie, affiches, serviettes, nappes, aquarelles, cendriers en forme des cheminées du Normandie ou fanions, drapeaux, menus, tous ces objets sont des traces. Recueillis par des collectionneurs, car « évoquer les traces, c'est se référer à ce qui subsiste d'un passé. Ces survivances, ces vestiges, ces ruines, peuvent témoigner d'un climat, d'un événement, d'une filiation, d'une activité humaine, d'une culture. Ces traces ont toujours intéressé les hommes dans la mesure où elles matérialisent ce qui a disparu, lui donnent une image, permettent de se le représenter, de l'étudier, de se souvenir, de commémorer, de montrer une évolution en remontant le temps. »25(*).

Pour les collectionneurs rencontrés, plusieurs raisons dévoilent leur engouement des objets du paquebot. Celles-ci s'interpénètrent souvent et évoquent ainsi les diverses dimensions teintées de matériel et d'immatériel du paquebot.

1.1.1 Culture de paquebot

Les objets sauvegardés par l'association French Lines ou dans des collections privées sont un reflet d'une culture du paquebot, appropriée par l'acquéreur, le voyageur, l'armateur et l'amateur.

Il existe en effet une « culture » du paquebot, des règles, des us et coutumes26(*)... En effet, le paquebot symbolise un art de vivre, le savoir-vivre, et même la grande tradition culinaire française27(*), pour les paquebots français par exemple. Le paquebot cristallise en lui nombre de visions du monde. Il en offre une nouvelle, la sienne. Le paquebot est ainsi un monde à part, où se heurtent diverses cultures, tels les marins, les officiers, les différentes catégories ou classes sociales, sans oublier les fameuses première, deuxième et troisième classes, immortalisées par les services de table, le mobilier, les cartes postales, les films d'archives et aujourd'hui par le cinéma...

Toute culture suppose des objets, qui la symbolisent et la représentent. Ainsi le paquebot, lui-même objet, désigne tous les objets qu'il contient en tant que lieu. Un lieu transgresseur, où se côtoient cultures et individus qui ne se seraient jamais croisés ailleurs, mais également un lieu fermé, sécurisé, sorte de microcosme social, enfermé dans une coquille de métal face à l'immensité océane. Un lieu ambigu, dont la culture se veut également le reflet. Un cadre magique qui cache des rêves, ou des désillusions, des drames, des morts, ou encore des surprises, médailles et récompenses. Ainsi par le phénomène inverse, un seul objet rappelle aux yeux du collectionneur sa provenance « paquebot ».

Lorsqu'à partir du lot X annoncé par le commissaire priseur, l'esprit du collectionneur évoque une image, vient non seulement celle d'un liner28(*), de l'apparence extérieure du navire, représentée par une maquette ou par nombre d'aquarelles ou de peintures. L'image s'accompagne aussi d'un parfum d'exotisme rappelé par les nombreuses destinations du navire. Elle imagine le tintement des verres, lors d'un repas de première classe, les lumières tamisées qui se reflètent sur des décors somptueux, le luxe des services, les cabines, les rires et les menus des grandes classes. Ainsi le pensait le « marketing publicitaire » de l'époque, lors de l'impression des affiches annonçant les dernières destinations mystérieuses, qui mêlent Japonaises, palais hindous et jeunes Africains, à l'instar de la publicité pour Banania. L'image que forme notre mémoire, nos souvenirs, nos envies constitue un tout, nous présente un lieu à part, presque hors du monde réel.

Le paquebot est un enjeu culturel car il est porteur d'une histoire, et même de plusieurs. Sa propre histoire en premier lieu comprend l'ébauche de ses plans, sa construction dans les chantiers navals, comme ceux de Saint-Nazaire en France, ou de Southampton au Royaume-Uni, sa décoration intérieure, fruit de tous les corps de métiers, travaillant pour la gloire du pays -ou de la compagnie - commanditaire et propriétaire du navire29(*). Son baptême, enfin, occasion d'une grandiose cérémonie qui précipite son lancement et la première fois qu'il franchira les eaux du port, le nom qui lui est donné, sous-entendant déjà tout un mythe, des légendes... Enfin il porte en lui les souvenirs des hommes, qui ont oeuvré pour lui, de ceux qui vivent par lui, et des voyageurs qui vivent sur et en lui quelques temps. Dès l'origine, le paquebot est donc porteur de nombre de mémoires, qu'il transcende en lui. Chaque paquebot est différent dès sa conception. De par le nom qui lui est donné, il acquiert une identité propre et par là une aura personnelle et différente30(*). Ainsi chacun est ambassadeur d'une culture sensiblement égale, mais néanmoins divergente. Cultures et mondes entièrement différents qui se côtoient, mais jamais ne se mêlent. Cultures plurielles et culture singulière31(*).

Symbole donc d'une culture matérielle et d'une culture immatérielle, le paquebot reflète la définition de la culture donnée par Nietzche : « l'unité du style artistique dans toutes les manifestations vitales d'un peuple »32(*). S'il existe un style paquebot, il existe un style par paquebot. La culture présuppose une communion entre la vie et l'art. Le paquebot est le lieu par excellence de cette fusion : l'art au service de la vie à bord, des créations extraordinaires dans un espace défini, qui révèlent une vision du monde, des constructions mentales et des personnalités. Certains collectionneurs se fascinent ainsi pour les décorations et le mobilier de ces paquebots de légende. Un lit, un bureau, une table, un meuble sont néanmoins des objets rares et demandent une mise financière importante ; les chaises des salles à manger ou les fauteuils des salons paraissent plus disponibles... Le paquebot façonne les artistes et les hommes qui le créent, mais aussi les hommes qui y vivent. Le paquebot est à la fois un lieu et un milieu de mémoire.

Lieu de culture, le paquebot devient aussi lieu de patrimoine. Il est lui-même intrinsèquement un patrimoine, puisque le patrimoine est « l'ensemble de tous les biens naturels ou créés par l'homme sans limite de temps ou de lieu »33(*). Alors le paquebot ainsi que tout ce qui a été créé pour lui, et par lui, appartient à un ensemble complexe culturel, mais également patrimonial. Cette dimension est d'autant plus forte que peu d'anciens paquebots ont survécu au désintérêt général de la société d'après guerre, au démantèlement des compagnies et à leur usure matérielle, et que ne restent donc que les objets créés dans un usage décoratif, domestique, commercial ou publicitaire. Ils ont perdu leur lieu d'origine et leur valeur d'usage premier. Ils changent de destination et deviennent des symboles d'un passé perdu et glorifié34(*), objets de deuil, objets de mémoire et « milieu[x] de mémoire »35(*).

* 8 BAUDELAIRE Charles, Invitation au voyage. La citation exacte est « Là, tout n'est qu'ordre et beauté,/ Luxe, calme et volupté. ». (1821-1867).

* 9 Interview de MEC5, lors de la remise du questionnaire.

* 10Selon la définition du dictionnaire PETIT ROBERT, le paquebot est d'abord « un navire de dimension moyenne, transportant passagers et courrier », et ensuite, un « grand navire de commerce principalement affecté au transport des passagers. Paquebot-mixte, transportant aussi des marchandises. Paquebot transatlantique, le paquebot `France' ». Le paquebot est donc dès l'origine, un moyen de transport, agréable, qui sera supplanté par l'aviation commerciale dans les années 1960.

Historiquement, le succès de ce transport de masse date de l'adaptation de la machine à vapeur sur les navires. Les premiers paquebots à vapeur datent donc des années 1840. Le paquebot devient ensuite synonyme en France, d'un navire de grande taille, et sert alors à désigner les navires des lignes transatlantiques jusqu'à la seconde Guerre Mondiale. La marine marchande a ainsi créé des lignes postales, lignes qui acheminaient nouvelles et fonctionnaires, ou visiteurs, dans des contrées étrangères et lointaines. Transporteurs de courrier, de passagers luxueux, d'émigrants en quête d'un meilleur, de troupes militaires également lors des guerres, les paquebots, créations occidentales, ont touché le monde entier, et ont ainsi permis de tisser des liens internationaux, et d'accroître les dialogues et les échanges interculturels.

* 11 Pour ne citer que les tragédies les plus célèbres.

* 12 Des ventes célèbres eurent lieu à la salle des ventes de Drouot à Paris, avec le thème de « Mémoires de paquebots », comme celles du 28 mars 2000, du 17 décembre 2000. La dernière en date fut la vente sur l'ex France 1962 en février 2009.

* 13 « Les paquebots ont connu une véritable révolution. Ils sont en effet passés d'un statut de moyen de transport à celui d'un lieu de destination en à peine quarante ans. Avec la disparition des lignes maritimes traditionnelles et l'explosion du marché de la croisière, les voyageurs ont laissé place aux vacanciers ». Paquebot: symbole des mutations urbaines ? vendredi 24 octobre 2003 avec: Didier BOURDIN, Chantiers de l'Atlantique, Cédric RIVOIRE-PERROCHAT, Royal Caribbean International, et Jean-Philippe ZOPPINI, architecte de l'Ile AZ.

Site www.transit-city.com/ateliers/precedentes/paquebot

* 14 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne. Introduction.

* 15 POMIAN Krzysztof, Des saintes reliques à l'art moderne. P8.

* 16 Annexe 1. Questionnaire.

* 17 Parmi elles, trois de ces contacts étaient Gérard Boucher, expert, Aymeric Perroy, responsable scientifique de French Lines, et Daniel Sicard, conservateur de l'Ecomusée de Saint-Nazaire.

* 18 Le questionnaire a été ainsi traduit en anglais et en allemand.

* 19 Ce code est composé de chiffres et de lettres. Le « M » est pour « monsieur », car je pensais ne mettre au départ que les initiales des noms. Cependant, cela ne garantissait pas assez l'anonymat des personnes qui me l'avaient demandé. Par égalité, j'ai étendu cette valeur à tous les questionnaires. La lettre suivante symbolise ainsi la date d'arrivée du questionnaire rempli. Les deux valeurs suivantes correspondent à « Collectionneur » et un chiffre qui me permet de le mieux situer (qu'une lettre) au sein du groupe de collectionneurs interrogés.

* 20 Aymeric PERROY, responsable scientifique des collections de l'association French Lines, dont le siège se situe au Havre, conférence du 22 janvier 2009, Lille 3.

* 21 Association French Lines. En 1976 a lieu la fusion entre les Messageries Maritimes et la CGT. La disparition des derniers paquebots entrainent la volonté de l'Etat de restructurer l'ensemble des compagnies. En 1995 la CGM se privatise. Le PDG sensibilise l'Etat au sujet du patrimoine collecté, reflet de 150 ans de travail. Cela demande la mise en place d'une conservation obligatoire et gérée par une seule entité et non plus par une entreprise. La mise en place d'une association Loi 1901 permet ainsi d'assurer l'indépendance du patrimoine conservé. De plus les collections entrent sous le régime de l'inaliénabilité des oeuvres tombées dans le domaine public.

6 km2 d'archives linéaires comprennent plans des navires, rapports de voyage, agences, projets d'artistes, les AG, CA, comptabilité, administration, photographies et distinctions... fond iconographique important, car les compagnies ont fait appel aux artistes contemporains en vue de la publicité des navires, tableaux, affiches et aquarelles, argenterie, vaisselles et services, décorations en fonction des classes, maquettes, tissus des pavillons ou costumes...

French Lines est également propriétaire des noms des paquebots et des compagnies et par là même de leurs marques. L'association fonctionne grâce à un budget annuel de 400000 €, les cotisations des membres, les ventes des objets aliénables ainsi que les licences des marques. Elle compte deux équipes de travail, une basée au Havre, l'autre à Marseille, et a conclu un partenariat avec le CMT de Roubaix (archives du Monde du Travail),qui prévoit la sauvegarde des archives en cas de dissolution de l'association.

Enfin un site internet permet d'améliorer la valorisation des fonds, puisque French Lines ne dispose pas de locaux pour l'exposition de ses collections. Le site propose les bases de données sur les navires, des listes nominatives ainsi que des forums de discussions et une exposition virtuelle. Le centre de documentation est ouvert au public, et permet les recherches sur place comme les demandes à distance.

Enfin l'association organise plusieurs expositions parfois itinérantes, et prête ainsi nombre de ces objets à la découverte du public. Ces expositions peuvent faire l'objet de partenariat avec les musées, comme l'exposition Histoires de paquebots. Du chantier de Dunkerque aux mers lointaines, organisée en partenariat avec l'Association des Anciens des Chantiers de France et l'Association French Lines, au Musée Portuaire de Dunkerque. www.museeportuaire.com/IMG/pdf/dossier%20de%20presse.pdf

* 22 Le paquebot apparait comme un témoin de son époque, d'une société, et ambassadeur d'un pays, en est également le reflet de ses industries et de ses talents. Il s'agit d'un objet-témoin précieux pour l'histoire des Arts décoratifs, pour celle des techniques, de la photographie, ou encore l'histoire des mentalités, l'histoire des grandes compagnies, de la Marine Marchande, l'histoire sociale contemporaine des paquebots, de l'émigration, de l'histoire européenne et mondiale même...

* 23 Electricité, réfrigération, eau chaude courante... autant d'inventions utilisées sur les paquebots avant leur diffusion dans la vie courante. Même le système social d'entraide aux marins préfigure ce qui deviendra le système des retraites de la sécurité sociale après 1945...

* 24 Chaine qui comprenait décideurs, constructeurs, décorateurs, publicitaires... Sans oublier les voyageurs de toutes catégories sociales et métiers confondus.

* 25 BOURSIER Jean-Yves, La mémoire comme trace des possibles. P1. Socio-Anthropologie. N°12-2002, Traces. http://socio-anthropologie.revues.org/document145.html

* 26 Selon la définition anthropologique de ce terme, TYLOS, La culture primitive, « la culture est un ensemble complexe, incluant les savoirs, les croyances, l'art, les moeurs, le droit, les coutumes, ainsi que toutes les dispositions ou usages acquis par l'homme vivant en société ».1871.

* 27 Des grands chefs étaient engagés pour la restauration.

* 28 Désignation anglaise pour paquebot.

* 29 Ainsi « Normandie représente l'archétype de la décoration intérieure des années 1930. Les plus grands noms de l'art avaient participé à sa décoration : Pierre Patout et Henri Pacon dessinèrent la salle à manger des premières classes, volume immense recouvert d'or et de luminaire de Lalique; Emile Gaudissard réalisa les cartons des tapisseries pour les chauffeuses basses du salon des 1ere Classe. Cette disposition d'un espace aussi grand au centre du paquebot avait été obtenue en dédoublant les conduits de fumée qui se réunissaient juste sous les cheminées. Jean Dupas dessina les panneaux de laques du fumoir et bien d'autres décorateurs participèrent à ce manifeste flottant, tant vanté par Le Corbusier, tel Maurice Daurat qui contribua en fabricant huit vases monumentaux en étain et palissandre. Jean de Brunhoff avait entièrement décoré la salle à manger des enfants sur le thème de sa création, l'éléphant Babar. Les sculptures des couloirs étaient l'oeuvre de Georges Saupique. Jean Dunand a participé à la décoration du fumoir et d'une partie du salon des premières classes.

Beaucoup des décorations de Normandie faisaient référence, directement ou non, à la province qui lui avait donné son nom. Les dessins et photos d'époque montrent de vastes salles communes décorées avec beaucoup d'élégance. La salle à manger des premières était particulièrement remarquable, non seulement par ses dimensions (93 x 14 x 8,5 m, 700 couverts), mais aussi par la richesse de sa décoration (Raymond Quibel). Afin de pallier l'absence de lumière naturelle, les décorateurs avaient installé douze « piliers lumineux » de cristal Lalique que complétaient trente-huit colonnes lumineuses murales et deux immenses chandeliers, eux aussi en cristal.

Normandie était équipé de piscines couvertes et découvertes (le second navire ainsi équipé après le paquebot italien Rex), d'une chapelle, et d'un cinéma transformable en théâtre.

De nombreux éléments de l'orfèvrerie comme les soupières avec des boules dans les poignées sont présentées à l'écomusée de Saint-Nazaire. » Source : WIKIPEDIA, article « Normandie ».

Des CP, des affiches, des albums photos témoignent de cet art de vivre somptueux.

* 30 BARBIER-GUYOT Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1 professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.

* 31 RICOEUR Paul, « Cultures, du deuil à la tradition » Article in Le Monde, 23 mai 2004.

* 32 NIETZSCHE, cité par Roland BARTHES, Culture et tragédies, 1942.

* 33 DESVALLÉES A., « Emergence et cheminements du mot patrimoine », Musées et collections publiques de France, 1995, 3, n°2008, p.6-29. Cité par Claude BADET, Benoit COUTANCIER, Roland MAY, Musées et Patrimoine, CNFPT, 1997, p.11.

* 34 Cf. BARBIER-GUYOT Alexandra, L'aura et/ou la valeur d'usage. Mémoire de Master 1 professionnel Administration patrimoniale Lille 3, 2008.

* 35 NORA Pierre. Les lieux de mémoire. Gallimard, 1997.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus