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Ecart d'à¢ge entre conjoints, polygamie urbaine et remariage à  Lubumbashi

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par Léon MISHINDO MBUCICI
Institut Supérieur de Statistique - Licence en démographie 2010
  

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0.2. Etat de la question

Il existe une littérature abondante sur le mariage en général et la polygamie et le remariage en particulier. Dans notre société, particulièrement dominée par la religion chrétienne, la polygamie est considérée comme une forme marginale de mariage c'est-à-dire interdite par les écritures sacrées et le code de la famille. C'est ainsi que le code de la famille ne fait pas cas de la polygamie et du remariage. Il se contente implicitement de reconnaître les enfants de ces 2ème, 3ème, ..., nième femme, sans pour autant reconnaître les femmes elles-mêmes.

Par ailleurs, la société ancestrale était pour la plupart polygame. Le chef du village pour consolider son pouvoir avait des femmes issues de tous les villages environnants. Aussi, pour des raisons de richesses ou économiques la personne qui avait beaucoup des femmes disposait de beaucoup des champs car chaque femme était tenue de cultiver son champ pour subsistance de son ménage. Le nombre des femmes n'était pas limité. Quand au phénomène remariage, il était presque automatique car après le décès d'un conjoint, le survivant était pris en héritage ou se remariait.

La problématique de l'écart d'âge entre conjoints n'a pas encore été traitée systématiquement à travers les écrits particulièrement dans notre société. En règle générale, le mariage se contractait à un âge très bas, surtout pour les filles. Et les hommes étaient plus âgés que leurs femmes. C'est ainsi que K. M'BAYE, cité par LOSTINA Limo affirme qu'en Afrique les coutumes ne fixaient pas l'âge du mariage. Certaines se contentaient seulement d'exiger que l'homme soit plus pubère et la femme nubile. Mais toutes les autres permettaient le mariage à n'importe quel âge, surtout lorsqu'il s'agissait de la femme. Elle pouvait même être mariée au berceau3(*). Toutefois nous retrouvons des écrits à ce sujet se rapportant à d'autres sociétés africaines et occidentales dont en voici la synthèse.

Vanderschelden dans son article intitulé « l'écart d'âge entre conjoints s'est réduit » constate qu'en France l'écart d'âge entre conjoints est passé de 2,8 ans en moyenne pour les unions formées dans les années cinquante à 2,3 ans pour celles formées dans les années quatre vingt dix4(*). Elle stigmatise particulièrement les caractères ci-après comme cause de la variation des écarts d'âges entre conjoints :

- l'âge de la mise en couple des conjoints ;

- le rang de l'union ;

- le fait que l'un des conjoints, aurait un enfant avant l'union ;

- l'activité professionnelle des femmes avant la mise en couple ;

- le niveau d'étude des conjoints ;

- les milieux sociaux ou culturels.

Nous voulons pour notre part, tout en reconnaissant la pertinence des critères ci-haut retenus, partir de la mesure de l'écart d'âge comme cause de la polygamie ou du remariage. En d'autres termes, nous abordons ici une démarche explicative où l'écart d'âge entre conjoints est pour nous la variable explicative du phénomène polygamie et remariage.

N. Hamouda dans son étude intitulé : « Age moyen au premier mariage et écart d'âge entre époux : quelles méthodes d'estimations à adopter pour le cas algérien ? » constate que contrairement aux autres phénomènes démographiques, la nuptialité est peu étudiée en Algérie. C'est même le cas de la R.D. Congo notre pays. Et pourtant son impact sur la fécondité est déterminant. Même lorsqu'elle est analysée, fait remarquer l'auteur, c'est principalement à travers des données fragmentaires. L'auteur constate également que le discours sur la transition de la nuptialité est basé sur trois indicateurs :

- l'âge moyen au mariage calculé par la méthode de HAJNAL ;

- le taux de célibat définitif ;

- l'écart d'âge entre époux, calculé indirectement par la différence d'âges moyens au mariage des hommes et des femmes. A partir de méthodes de classifications automatiques l'auteur a pu isoler au moins trois modèles pour la nuptialité des femmes et autant pour les hommes.

Nous abordons la question de la transition de la nuptialité, mais de manière indirecte ; c'est-à-dire des paramètres tels que le niveau d'instruction des conjoints et son impact sur le calendrier de la nuptialité d'un rang donné.

Nous ne nous intéressons pas ici au célibat définit.

M. Bozon dans son article intitulé : « les femmes et l'écart d'âge entre conjoints : une domination consentie » ; affirme que lorsque la pyramide des âges se modifie, les candidats au mariage voient changer les possibilités de trouver un conjoint dans les mêmes groupes d'âges qu'eux. Des modèles ont montré selon cet auteur qu'on pouvait rendre compte des variations qui en résultent dans la nuptialité en postulant que le choix des partenaires se fait au hasard, l'évolution de l'écart entre époux joue alors un rôle essentiel. Pourquoi, se demande l'auteur, les mariages conclus aujourd'hui dans des formes si différentes de celles qui prévalaient autrefois continuent-ils d'associer des époux dont la femme est en moyenne plus jeune que son mari ?5(*)

Il ne sera pas question dans notre étude, contrairement à l'approche de M. Bozon, de ressortir la structure par âge des époux, ni de dresser la pyramide des âges des hommes et des femmes. Aussi, même si nous postulons avec l'auteur sur l'impact réel de l'écart d'âge entre conjoints sur la nuptialité, dans notre travail il sera aussi question d'appuyer cette variable par d'autres facteurs tels que la profession, le niveau d'étude, ... pour essayer d'expliquer la polygamie urbaine et le remariage.

Elisabeth PETIT aborde pour sa part les questions liées aux divers problèmes rencontrés dans les couples en rapport avec l'écart d'âges des conjoints.

Dans son article intitulé thérapies comportementales et cognitives, l'auteur constate que l'apparition des premiers problèmes physiques liés à l'âge peut être source d'inquiétude ou de conflits. Selon l'auteur, l'homme plus âgé que son épouse se comporte souvent en Père qu'en mari tandis que la femme plus jeune a tendance à être moins attentionnée aux sollicitations de son mari et est souvent frustrée par son entourage.

Dans son article intitulé : « Sexualité féminine au fil de la vie » cet auteur fait remarquer que l'écart d'âge très prononcé entre conjoints est à redouter.

Nous n'abordons pas pour notre part ces questions d'ordre psychologique et sentimental car elles sont nombreuses et variées et leur saisie par des caractères (facteurs) objectifs n'est pas aisée. Nous allons, plutôt, focaliser nos recherches sur l'incidence du facteur âge et d'autres paramètres socio-économico-démographiques sur la nuptialité et particulièrement la polygamie urbaine et le remariage.

E. Kayiba dans son article intitulé : « Les causes de l'évolution de l'AMPM, de l'écart d'âge entre époux, de la dot et de la polygamie en 1967 à 2005 à Kinshasa », brosse un tableau synoptique sur les déterminants de différents facteurs ci-haut évoqués dans on titre. Sans pour autant mener une étude de causalité entre facteur, l'auteur épingle un à un en lui trouvant des explications par d'autres causes sous-jacentes ou structurelles.6(*)

C'est ainsi, parlant de la polygamie, l'auteur affirme qu'elle se perpétue même dans le milieu urbain alors que le contexte économique a changé. Elle n'a certes pas la même forme, mais elle résiste nonobstant le fait que les facteurs qui la justifient dans le milieu rural ne sont pas de mise. L'auteur estime que les raisons de sa persistance sont à rechercher dans la culture à laquelle se joignent les facteurs économiques et juridiques.

De 1967 à 2001 l'auteur constate que l'âge moyen au premier mariage n'a pas tellement changé chez les hommes kinois, environs 34 ans mais il a évolué chez les femmes passant d'une moyenne de 2à ans en 1967 à 25,8 ans en 2001. Toutefois, nous constatons que malgré ces changements on reste toujours dans la même tranche d'âge ou le taux de fécondité de la femme et partant le taux de nuptialité est très élevé.

Par ailleurs, notre travail se démarque de la démarche de cet auteur sur le plan méthodologique. Nous abordons une approche explicative plutôt que la simple description.

Ngondo dans « De la nuptialité et fécondité des polygames ; cas des Yaka de popokabaka », affirme que la précocité du mariage favorise la polygamie car les conjoints qui entrent précocement dans les mariages sont plus enclin à être polygames7(*).

Cette thèse est d'autant plus vraie dans la mesure ou le couple subsiste longtemps. C'est pourquoi, nous voulons dans la suite de notre dissertation évoquer la mortalité comme facteur perturbateur de la nuptialité car même si le mariage était précoce en cas de décès d'un conjoint le problème se posera autrement.

* 3 LOTSINA Limo, art. cit, p.295.

* 4 VANDERSCHELDEN M. ; « L'écart d'âge entre conjoints s'est réduit », Données sociales, INSEE, n°1073, Avril 2010 p 100.

* 5 BOZON M. « Les femmes et écarts d'âge entre conjoints : une domination consentie », Population, n°2 et 3 1990. p.162.

* 6 KAYIBA E. « Les causes de l'évolution de l'AMPM, de l'écart d'âge entre les époux de la dot et de la polygamie de 1967 à 2005 à Kinshasa », in XXVième congrès général de la population à Tours France du 18 au 23 juillet 2005. p. 1 - 25.

* 7 NGONDO A PITSHADENGE, « Le mariage polygamique comme stratégie de groupe : L'exemple des Yaka du kwango au Zaïre », cahiers économiques et sociaux n°8, Kinshasa 1983, p 46-60.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry