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La métaphore du voyage, quête et subversion de la quête chez Louis-Ferdinand Céline

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par Franck Macé
Université Paris Sorbonne - Master 1 2008
  

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2) Le climat

Cet élément correspond à l'axe vertical de la topographie célinienne et représente en cela le danger qui s'élance du ciel et fond sur l'homme, réduit à subir ces nouvelles plaies d'Égypte. Le climat chaud et cauchemardesque participe aussi à généraliser le thème de l'eau sale à travers ces passages de voyage car sous ses effets atroces tout se décompose, se liquéfie. C'est ce que rappelle Juan Manuel Gomez Bernal dans sa thèse sur les lieux céliniens en indiquant que l'élément liquide suggère par analogie la décomposition, la pourriture d'un monde précaire, friable. La chaleur est le premier aspect de la radicalité climatique lors des voyages qui souligne la petitesse de l'homme

17 A.-C. Et J.-P. Damour, Louis-Ferdinand Céline « Voyage au bout de la nuit », Paris, PUF, 1985, p.48.

transformé, réduit à l'état d'une masse flasque ainsi que le rappelle Bardamu: « les enfants, sorte pénible de gros asticots européens, se dissolvaient de leur côté par la chaleur, en diarrhée permanente18. ». Le second aspect tout aussi radical est la forte présence de la pluie, du déluge anglais qui s'abat sur Ferdinand. C'est la poursuite de la punition divine qui installe l'infériorité humaine en réalité intangible comme le dévoile cet extrait de Mort à crédit lorsque le narrateur décrit la pension et plus précisément des gravures murales: « il y avait l'Arche de Noé! complètement bouclée sous la pluie, qui rebondissait dans les vagues, dans les furies tout écumantes...On était comme ça, nous aussi, sur la colline à Rochester19. ». De ce fait le climat oblige à l'enfermement, à réduire considérablement son espace en vivant dans un abri: soit une case en Afrique ou l'affreuse pension en Angleterre. Ainsi en suivant les affres des narrateurs le lecteur suit le mécanisme qui l'amène de l'extérieur vers l'intérieur, de l'endroit à l'envers, du visible au dévoilé.

3) L'habitat

Afin d'étudier cette notion qui conclura notre analyse de l'aspect repoussant des lieux céliniens nous utiliserons trois refuges sordides occupés par les narrateurs face à l'adversité du monde extérieur. Ces lieux deviennent autant de « symboles épiques », outil défini par Deleuze dans son étude sur Zola qui définit un élément incarnant les grands thèmes de l'oeuvre à l'image de la chambre d'hôtel au début de L'assommoir. Le premier thème est celui de la laideur. Chez Céline elle correspond au Laugh calvin dont Bardamu précise qu'il est un « supplice esthétique ». Dans le second roman la pension est frappée du sceau de la disgrâce étant à la fois laide et peu généreuse quant à la nourriture. Au delà de l'esthétisme et à l'image du monde ces lieux sont marqués par le délabrement, le manque de confort à l'instar de la case isolée au milieu de la forêt africaine, abri des plus précaires. Ainsi l'intérieur n'est qu'un condensé de l'extérieur, il démontre que microcosme et macrocosme se rejoignent, le monde n'offrant aucune issue à l'homme en quête de renouveau. Les lieux dans le cadre du récit où la parole du narrateur est expansive sont autant de moyens d'installer avec minutie la défiance de l'auteur quant à la notion de voyage, il serait à présent utile afin de prolonger cette analyse d'établir le rôle du traitement littéraire de cette topographie et de la stratégie d'écriture mise en place par Céline afin de continuer ce travail de sape qui tend à pulvériser les fondements du voyage.

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