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La métaphore du voyage, quête et subversion de la quête chez Louis-Ferdinand Céline

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par Franck Macé
Université Paris Sorbonne - Master 1 2008
  

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C) UNE TRANSPOSITION FACONNEE PAR LE DELIRE

« Transposez ou c'est la mort »

1) Les influences artistiques

a) la littérature

La présence du délire chez Bardamu est visible tout au long du premier roman, elle est pleinement illustrée à travers le récit de voyage en Afrique lorsque les perceptions du narrateur sont déformées par la fièvre avec notamment la traversée sur l'Infanta Combitta. Céline a, à cet égard, une référence majeure en littérature, celle de Shakespeare qui eut l'extraordinaire faculté d'inventer des histoires détachées du réel et envoûtantes quant à leur puissance onirique. C'est notamment grâce à sa correspondance que nous pouvons vérifier cette filiation littéraire mettant en lumière le goût de Céline pour les légendes et la féérie. Ainsi dans une lettre adressée à Roger Nimier présente dans le recueil Lettres à la NRF il le nomme Ariel, personnage de La Tempête qui représente la figure de l'air. Nous pouvons au combien déduire ici l'importance de cette figure pour Céline qui symbolise la fluidité, la grâce de la danse par exemple et cette capacité à se détacher de la lourdeur du réel. Cet intérêt pour les légendes est visible également lors de l'incipit de Mort à crédit où le narrateur évoque son projet d'écrire la légende du Roi Krogold, variante d'un drame shakespearien car c'est là au-delà de la féérie ce qui semble le plus intéresser notre auteur: le drame qui guette l'homme et livre son existence aux manifestations criantes de l'absurdité. Il aime par conséquent paraphraser une sentence tenue dans Macbeth et en évoquant les manigances lors de la remise du Goncourt en 1957 qui le firent souffrir vingt-cinq ans plus tôt il déclare à Nimier: « le tout est d'arriver à Shakespeare...un conte idiot, bafouillé par un ivrogne, et qui n'a pas de sens, pardi20! ».

b) la peinture

Le délire en peinture fascine également Céline de par sa possibilité de transcrire l'agitation d'esprits troublés et à nouveau ses influences se retrouvent parmi des artistes issus de périodes marquées par les convulsions de l'Histoire et les tourments face à un monde instable comme Bosch ou Bruegel l'ancien ( XVIème siècle).Dans sa biographie de l'auteur Vitoux rappelle que Céline entretenant une relation avec une jeune autrichienne Cillie Pam eut l'occasion de voir au moins une toile de Bruegel à Vienne dont il parle dans une lettre adressée à Léon Daudet évoquant son premier roman: « ...vous connaissez certainement, Maître, l'énorme fête des fous de P. Brughel.[...].Tout le problème n'est pas ailleurs pour moi21. ». Il est intéressant de noter comme le rappelle Godard dans son édition de La Pléiade que Céline a rebaptisé le tableau selon sans doute l'impression qu'il lui avait faite et qu'il cherche à prolonger dans son écriture car la toile se nomme Combat de Carnaval et de Carême. Cette référence apparaît à nouveau dans un article publié en 1933, présent dans le

même ouvrage, soulignant la fascination de l'auteur pour l'imaginaire puissant développé par ces grands peintres qui transportent leur public dans une dimension toute onirique et évoquant une compagnie il précise: « Tant qu'à crever d'orgueil, je préfère que ce soit auprès des peintres: le Breughel, Gréco, Goya même, voici les athlètes qui me donnent le courage pour étirer la garce22. ». C'est bien cette puissance de déformer le réel et d'hallucinations qui plait à Céline afin d'évoquer la réalité sordide autrement et avec davantage de force. Un dernier exemple de cela se trouve à nouveau dans sa correspondance lorsqu'il s'agit pour lui de peindre le monde en lambeaux et sa propre situation au lendemain de la guerre: « Hélas! Quel avenir. Surtout où nous sommes. PrisonPoteau-Bombe atomique-misère-froid...haine et méfiance partout-Quel tableau breughelien...23 ». Une fois cette influence majeure avérée nous pouvons nous questionner quant à la place de cet onirisme au sein de la stratégie littéraire mise en place par Céline et si ce dernier ne contredit pas ce que maints critiques ont salué dans ce premier roman, la Weltanschauung: la puissance de restitution du réel à travers les sombres pages du récit de voyage qu'est la première partie de ce premier roman.

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