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Des glaciers au vignoble : gestion de l'eau et stratégies d'irrigation dans les "terroirs" vitivinicoles de l'oasis de Valle de Uco (Mendoza, Argentine)

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par Joris Robillard
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 1  2008
  

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1) L'offre en eau de fonte nivo-glaciaire : une offre considérée comme suffisante mais dont la répartition temporelle n'est pas toujours en adéquation avec les besoins hydriques des cultures

Tous les usagers rencontrés au cours de l'enquête de terrain connaissent le fonctionnement hydrique de l'oasis. Ils savent exactement d'où provient l'eau qui leur sert à irriguer leur parcelle : « De la Cordillère, évidemment ! S'il ne neige pas, tu n'as pas d'eau : c'est aussisimple que cela » (Entretien n°1) ; « S'il neige beaucoup sur la Cordillère, nous avons suffisamment d'eau ; s'il neige peu, nous manquons d'eau » (Entretien n°3) ; « Plus il fait chaud,

plus les glaciers fondent et plus il y a d'eau » (Entretien n°5). Les usagers ont également conscience du réchauffement climatique actuel et de la menace qu'il fait peser sur les réserves en eau de la province : « Les glaciers fondent à cause de la chaleur » (Entretien n°5) ; « Les réserves d'eau, qui sont stockées dans les glaciers, diminuent » (Entretien n°1) ; « Chaque année, il tombe de moins en mois de neige sur la Cordillère. Or, d'après le DGI, les réserves en eau des glaciers sont à peine suffisantes pour nous permettre d'irriguer deux années sans qu'il tombe le moindre flocon. Nous en avons déjà passé une. Si jamais il ne neige pas l'année prochaine...nous allons sûrement manquer d'eau » (Entretien n°14). Cependant, ils affirment ne pas avoir noté une diminution de l'eau apportée par les cours d'eau et semblent d'avantage préoccupés par la qualité de cette dernière que par sa quantité : « Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas eu à déplorer des problèmes de contamination. Mais, si jamais l'industrie minière s'installe en amont, je crains le pire... » (Entretien n°3) ; « Pourquoi faire venir l'industrie minière ici : elle te détruit l'eau en la contaminant alors que toi tu en a besoin pour irriguer. Et tout ça au bénéfice de qui ? De quatre ou cinq, pas plus » (Entretien n°1)28.

Tous, sans exception, s'accordent pour dire qu'ils « dépendent de la nature », autrement dit du cycle de l'eau : depuis le stockage des précipitations hivernales dans les glaciers de la Cordillère, jusqu'à leur libération par la fusion glaciaire en été. Montrant le rapport entre les quantités de neige précipitées sur la Cordillère et les Coefficients Mensuels de Débits (CMD) du Río Tunuyán, les figures ci-dessous semblent leur donner raison : les années où les quantités de neige précipitées sont importantes donnent lieu à des débits estivaux plus élevés que ceux des années où les quantités de neige précipitées sont moindres. Quant à l'accentuation du pic des hautes eaux 2001-2002, il s'explique avant tout par l'évènement ENSO de 2001.

28 En novembre dernier, la présidente Cristina Kirchner posa son veto à une loi approuvée par le Parlement et qui prévoyait de protéger les glaciers andins contre les activités extractives. Depuis lors, les manifestations se multiplient pour réclamer le retrait du décret présidentiel.

Figure 14 : Accumulation neigeuse à la station nivométrique de Palomares (2 900 mètres

d'altitude), dans le bassin du Río Tunuyán entre 2000 et 2003 (source : élaboration

propre d'après le Boletín de Información Hidronivometeorológica publié par le DGI

le 23/10/2008)

Figure 15 : Coefficients Mensuels de Débits du Río Tunuyán à Valle de Uco entre 2000 et 2003 (source : élaboration propre d'après les données de Estadística Hidrológica 2004, 24/04/09)

Les usagers sont donc dépendants de l'offre en eau de fonte nivo-glaciaire stockée par les glaciers, mais aussi de sa répartition temporelle : « L'inconvénient c'est que l'eau ne nous arrive qu'en été avec la fonte des glaces. En outre, nous ne disposons pas du débit adéquat quand on en aurait le plus besoin : tout dépend de la fonte estivale » (Entretien n°14). Car, si dans le régime glaciaire la période des hautes eaux correspond effectivement à la saison végétative, il arrive qu'en dehors de celle-ci certaines cultures dont l'ail, principale culture hivernale qui se récolte entre les mois d'octobre et de novembre, manquent d'eau : « Le problème c'est que l'eau n'arrive

en quantité suffisante qu'à partir du mois de novembre tandis que l'ail commence à demander une irrigation régulière dès la fin du mois d'août » (Entretien n°3). Ainsi, parce que les cultures n'ont pas les mêmes besoins hydriques, le changement de régime hydrologique des cours d'eau et l'avancée de la période des hautes eaux profiterait essentiellement aux cultures hivernales dont la récolte s'effectue au début de la saison estivale. Cela dit, la répartition temporelle de la ressource affecte surtout les producteurs qui utilisent l'eau de petits cours d'eau : « La majorité des ruisseaux du piedmont connaissent des difficultés. Car l'eau commence à manquer dès le mois d'avril, voir la fin du mois de mars, pour ne revenir en quantité suffisante qu'à partir de la minovembre. Cela fait donc entre 6 et 7 mois pendant lesquels les cultures ne sont pas irriguées » (Entretien n°14). A l'inverse, les usagers qui utilisent l'eau des cours d'eau plus importants sont moins exposés au problème de la répartition temporelle de la ressource. Il en est ainsi de ceux irriguant leurs cultures avec les eaux du Río Tunuyán dont la taille du bassin-versant lui permet d'être alimenté par les eaux de fonte nivo-glaciaires d'une multitude de glaciers et de collecter les eaux de ruissellement issues des précipitations hivernales. Cependant, il semblerait que le volume apporté par les cours d'eau au printemps parvienne tout juste à combler les besoins hydriques des cultures qui sortent de leur repos hivernal et ce, y compris pour le Río Tunuyán (Entretiens n°9 et 12).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway