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Des glaciers au vignoble : gestion de l'eau et stratégies d'irrigation dans les "terroirs" vitivinicoles de l'oasis de Valle de Uco (Mendoza, Argentine)

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par Joris Robillard
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 1  2008
  

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2) Stocker les eaux du Río Tunuyán : le projet de barrage de retenue Los Blancos

Un projet de barrage en amont de l'oasis, le projet Los Blancos qui date du début des années 1970, serait sur le point de voir le jour, la province en étant rendu à sélectionner l'entreprise chargée de sa construction (Los Andes, 04/02/2009). Le futur barrage, qui se situera à une quarantaine de kilomètres de la ville de La Consulta, possédera une retenue à vocation hydroélectrique de 85 Hm3 grâce à laquelle il devrait réguler le débit du Río Tunuyán et ainsi remédier au problème de la répartition temporelle de la ressource. Néanmoins, la construction du barrage devra nécessairement s'accompagner d'un programme d'imperméabilisation des canaux

qui constitue le réseau d'irrigation. Le barrage risque, en effet, de retenir les sédiments contenus dans l'eau de fonte nivo-glaciaire et ainsi favoriser son infiltration qui bénéficierait à ceux qui disposent d'une perforation pour capter l'eau souterraine. En attendant la construction d'un tel barrage, les eaux du Río Tunuyán sont seulement dérivées par un barrage de dérivation, celui de Valle de Uco.

3) Dériver les eaux du Río Tunuyán : le barrage de dérivation Valle de Uco, un exemple des rapports entre irrigation et pouvoir

Le barrage de Valle de Uco est le barrage de dérivation le plus important que compte l'oasis, et pour cause : il dérive 17 % des eaux du Río Tunuyán soit 153 hm3 chaque année. Comme le montre la carte ci-dessous, le barrage structure l'essentiel du réseau d'irrigation. D'après CHAMBOULEYRON, J.L. (2002), les eaux qu'il dérive irrigueraient pas moins de 17 400 hectares de terres, soit 1/3 de la superficie cultivée de l'oasis en 1999. Ceci expliquerait que le réseau d'irrigation soit plus développé dans les départements de Tunuyán et San Carlos que dans le département de Tupungato qui n'est traversé que par un cours d'eau majeur, le Río Las Tunas, dont le débit est, du reste, inférieur à celui des principaux cours d'eau de l'oasis29. Car, l'eau s'écoulant par gravité dans les canaux, l'irrigation est avant tout une pratique de proximité. Ainsi, le réseau d'irrigation s'est d'abord développé là où l'offre en eau superficielle était suffisante pour garantir un accès équitable à la ressource. Là où elle ne l'était pas, comme dans la majeure partie du département de Tupungato, il a fallu recourir à l'eau souterraine et creuser des perforations. Il en est de même sur le piedmont où l'offre en eau des petits cours d'eau n'est pas suffisante pour y développer le réseau d'irrigation. Toutefois, certains usagers se sont organisés pour dériver, sans la moindre infrastructure, l'eau de ces petits cours et irriguer leurs cultures. Ce sont ces usagers qui sont les plus exposés au problème de la répartition temporelle de la ressource étant donné que

29 Cf. Carte 9

le volume d'eau apporté par ces petits cours d'eau ne parvient à combler les besoins hydriques des cultures qu'entre le mois d'avril et le mois de novembre (Entretien n°14).

Carte 11 : Réseau d'irrigation de l'Oasis de Valle de Uco (source : élaboration propre d'après le fond de carte « BASEUCO » de l'INA et la carte « Red de riego » réalisée par le SIPH)

Comme le rappelle la stèle sur le terre-plein central du camping de Valle de Uco, le barrage fut construit entre 1940 et 1941 et inauguré en 1942. La stèle mentionne, en effet, les noms des Gouverneurs et Vice-gouverneurs de l'époque, mais sans indiquer le nom de l'ingénieur qui a supervisé les travaux de construction du barrage. De même l'ordre dans lequel apparaissent les noms peut surprendre : sont d'abord cités les noms des Gouverneurs et Vice-gouverneurs, et

ensuite seulement le nom du Superintendant qui est pourtant à la tête du DGI, organe principal de la gestion de la ressource en eau dans la province.

Photographie 1 : Photo du Río Tunuyán prise en amont du barrage de Valle de Uco, le 20/02/2009 vers 13h30 (source : auteur)

Photographie 2 : Photo du barrage de Photographie 3 : Photo d'une stèle

Valle de Uco prise le 22/02/2009 vers dans le camping du barrage de Valle

13h30 (source : auteur) de Uco prise de 22/02/2009 vers

13h30 (source : auteur)

Plus qu'un simple monument, cette stèle se présente donc comme une démonstration de pouvoir : celle d'une société en lutte permanente contre le désert et qui assimile les ouvrages de contrôle des ressources hydriques et celles d'extension du réseau d'irrigation à des victoires lui permettant de réaffirmer son identité collective (MONTANA, E., 2003). Or, comme il l'a été démontré précédemment, l'irrigation est une pratique de proximité : les eaux du Río Tunuyán sont dérivées par le barrage Valle de Uco, s'écoulent dans des canaux jusqu'aux espaces à irriguer, puis sont récupérées par d'autres canaux, les desagües, une fois l'irrigation effectuée. Ce faisant, l'accès à la ressource dans le système d'irrigation traditionnel où l'eau s'écoule par gravité repose essentiellement sur la proximité du cours d'eau. Ainsi, la question est désormais de savoir jusqu'à quelle distance l'accès à la ressource peut-il être équitable dans un système d'irrigation gravitaire basé sur la proximité physique du cours d'eau.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci