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Des glaciers au vignoble : gestion de l'eau et stratégies d'irrigation dans les "terroirs" vitivinicoles de l'oasis de Valle de Uco (Mendoza, Argentine)

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par Joris Robillard
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 1  2008
  

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a) Les vignerons

Parmi les acteurs de reconversion du vignoble, les vignerons sont ceux dont le rapport à la vigne s'inscrit dans un héritage familial : ce sont des fils, voire des petits fils de vignerons, ascendance qu'ils ne manquent pas de rappeler pour se différencier des entrepreneurs du vin et mettre en avant leur authenticité. Dans leur bouche, l'authenticité de leur lignée devient une garantie de la qualité du vin qu'ils produisent. Ce faisant, ils font de la vigne un produit culturel et du vin un nectar dont la dégustation revient à déguster un savoir-faire transmis de génération en génération. Il est néanmoins possible de distinguer deux types de vignerons : ceux qui ont vendu les propriétés qu'ils possédaient dans leur pays d'origine pour venir s'installer à Mendoza et ceux qui les ont conservés.

Pour les premiers, l'ouverture de la province aux capitaux étrangers fut l'opportunité de faire table rase du passé et de commencer une nouvelle vie. C'est du moins que laisse à penser

l'entretien réalisé avec ce vigneron qui, à cinquante ans, décida de vendre les 120 hectares de vignes qu'il possédait en Languedoc-Roussillon pour investir sur le piedmont du département de Tupungato : « En France, je ne faisais que travailler, je n'avais pas de vie. Je travaillais comme un fou pour produire un vin de mauvaise qualité qui ne se vendait pas. Aujourd'hui c'est différent, j'ai des conditions de vie que je n'aurais jamais pu avoir en étant resté en France et je produis un vin de qualité que j'exporte dans le monde entier » (entretien avec Jean Bousquet). Quitter la France pour commencer une nouvelle vie, donc, mais aussi contourner une législation française, perçue comme contraignante : « Avant, je ne pouvais produire que ce que l'on m'autorisait. Moi, j'ai toujours rêvé de produire du champagne. En France, je ne le pouvais pas, mais ici, qui m'en empêche ? Sûrement pas les Champenois en tout cas... » (Ibid).

Pour les seconds, qui possèdent toujours des propriétés dans leur pays d'origine, l'ouverture de la province fut l'opportunité de diversifier leur production et ainsi de mieux coller aux attentes des consommateurs. Comme l'explique ce vigneron français originaire de la région de Bordeaux, dont 1/3 des propriétés se situent à l'étranger (au Japon sur le Mont Fuji, au Chili dans la région de Maipo et en Argentine, à Mendoza, dans le département de Lujan de Cuyo) : « Les amateurs de vin recherchent maintenant une singularité. Ils cherchent à faire des découvertes, à s'étonner, à avoir de nouvelles émotions. En fait, ils flattent leur ego vis-à-vis de leurs amis en montrant qu'ils ont su découvrir tel ou tel type de vin » (site internet de BFM Radio, 02/08/2009). Dès lors, investir dans la province de Mendoza revenait, pour ces derniers, à se positionner sur le marché des « Vins du Nouveau Monde ». Leur stratégie est donc une stratégie commerciale, plus proche de celle des entrepreneurs du vin que de celle des vignerons qui ont vendu les propriétés qu'ils possédaient dans leur pays d'origine pour venir s'installer dans la province.

b) Les entrepreneurs du vin

Contrairement aux vignerons, entrepreneurs du vin n'ont pas toujours la vigne dans le sang, et quand ils l'ont, elle n'est pas leur principale source de revenus loin s'en faut, mais ceci ne les empêche pas de posséder les propriétés les plus prestigieuses dans leur pays d'origine. L'auteur a conscience que la différence entre les vignerons et les entrepreneurs du vin est ténue et ne peut que renvoyer le lecteur à la vidéo réalisée par l'AFP sur Le Clos de los Siete, cette bodega de plus de 800 ha d'hectares de vignes située à Vista Flores, dans le département de Tunuyán, et qui appartient à six grandes familles françaises53. Pour ces hommes et ces femmes d'affaires, actionnaires de multinationales cotées en bourse, investir à Mendoza fut l'opportunité de « rentabiliser nos actions à l'étranger », comme en témoigne l'une des propriétaires de la bodega citée ci-dessus : « parce qu'il y a de bons terroirs, parce qu'il y a de bons vins, parce qu'il y a une diversité et parce qu'il faut que les coûts soient intéressants pour nous en prix de revient, sachant que malheureusement en France, on est toujours très haut en prix de revient » (site internet BFM Radio, 02/08/2009). Car, plus les coûts de production sont faibles, moins le coût de revient est élevé et plus grande est la possibilité de faire des bénéfices et ainsi rentabiliser une mise de fonds qui s'élèverait pour cette bodega à plus de 50 millions de dollars (RICHARD-JORBA R.A., 2006). Dès lors, si la vigne est une passion, comme ils aiment se le répéter, cette passion doit avant tout être rentable et ne peut être apprécié qu'à l'aune de leur stratégie purement industrielle qui consiste à tirer profit des faibles coûts de production pour faire un maximum de bénéfices.

c) Les « flying winemakers »

Pour les oenologues, l'ouverture de la province aux capitaux étrangers fut l'occasion d'apporter leur caution à la reconversion du vignoble vers un vin de qualité. Les plus renommés, mais aussi les plus critiqués d'entre eux, les « flying winemakers » (NOSSITER, J., 2004), jouèrent un rôle actif dans la prise de décision d'investir dans la province en vantant auprès de leurs réseaux la qualité des « terroirs » mendocins. Leurs signatures apposées sur l'étiquette des

53 Cf. Filmographie

bouteilles de vin est devenue un gage de qualité et leurs apparitions répétées dans les médias contribuent à créer un « paradigme de la qualité » (GOLDFARB, L.I., 2007). Interrogé par un périodique mendocin sur les dangers du succès que connaît le vin argentin, le « plus grand oenologue du monde », comme il se fait appeler, répond : « Je pense, en effet, que le succès du vin argentin comporte des dangers. Pour les éviter, la première chose à faire est de continuer à produire un vin de qualité » (Los Andes, 21/06/2009). Cependant, derrière ces oenologues les plus en vogue, se cachent de nombreux anonymes, Argentins pour la plupart, qui partent de plus en plus faire leurs études à Bordeaux, à Montpellier ou en Californie pour parfaire leur formation.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld