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Des glaciers au vignoble : gestion de l'eau et stratégies d'irrigation dans les "terroirs" vitivinicoles de l'oasis de Valle de Uco (Mendoza, Argentine)

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par Joris Robillard
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 1  2008
  

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2) Des « acteurs conquérants » de par leur stratégies d'irrigation

Á leur arrivée dans la province de Mendoza, ces acteurs issus de la mondialisation du vin et de son goût se mirent à la recherche des terres les plus favorables à la production d'un vin de qualité. Grâce à des stratégies d'irrigation leur permettant d'optimiser la ressource en eau, ils purent repousser la frontière agricole sur le piedmont andin et mettre en valeur de nouvelles terres.

a) L'investissement dans un « capital hydraulique propre »

L'exploitation de l'eau souterraine n'est pas un fait nouveau à Mendoza. L'eau du soussol y fut toujours utilisée pour compléter l'eau dérivée des cours d'eau lorsque les débits de ces derniers étaient insuffisants. Il y aurait aujourd'hui plus de 2 000 perforations dans l'Oasis de Valle de Uco. La majorité d'entre elles furent creusées entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1970, période qui vit se succéder trois sécheresses hydrologiques : 1968, 1969 et 1976. Lors de la dernière, le débit annuel du Río Tunuyán diminua de -36,5 %, passant de 1 016 hm3 en 1975 à 645 hm3 en 197654. C'est à cette époque, en 1974, que furent votées les lois régissant l'exploitation de l'eau souterraine (Ley de Aguas Subterráneas). Pour exploiter l'eau du sous-sol, il faut préalablement avoir obtenu un permis d'exploitation (permiso de exploitacion)

54 Cf. Figure 10

qui est « concédé », au même titre que les « droits à l'irrigation » par le DGI. La figure cidessous retrace l'évolution du nombre de permis d'exploitation concédés par le DGI entre 1960 et 2008 dans l'Oasis de Valle de Uco.

Figure 27 : Évolution du nombre de perforations dans l'Oasis de Valle de Uco entre 1960 et 2008 (source : élaboration propre d'après les données fournies par le DGI)

Les années 1960 et 1970 correspondent, en effet, à une augmentation du nombre de perforations. Devant la diminution des eaux apportées par le R½ o Tunuy«n, de nombreux producteurs se tournèrent vers l'eau souterraine pour sécuriser leur approvisionnement en eau. Les plus petits d'entre eux s'associèrent pour faire face aux coûts élevés de la perforation : « Nous étions onze en tout pour financer la construction du puit. Aujourd'hui, il ne reste plus que nous. Les autres se sont retirés car cela coûtait trop cher » (entretien avec Ricardo Appon). D'autres utilisèrent le permis d'exploiter l'eau souterraine pour augmenter la taille de leurs parcelles de vignes. Ce comportement spéculatif, encouragé par le groupe Greco qui rachetait de nombreuses bodegas avec l'appui des militaires, porta la superficie viticole de la province à son maximum historique, 252 928 hectares en 1978 (BUSTOS R., TULET J.-C., 2005). Toutefois, l'effondrement des prix du vin entre 1981 et 1982, en provoquant la chute de Greco qui représentait alors 1/5ème du marché du vin en vrac (PREVÔT-SCHAPIRA M.-F., BUNEL J., 1994), mit un terme à la spéculation autour de l'eau souterraine. Tout au long de la crise, le nombre de perforations resta stable, tandis que la superficie viticole de la province diminuait avec

185 000 hectares en 1988, 143 700 en 1998 et 141 000 en 2000 soit 112 000 hectares de moins qu'en 1978. Il fallut attendre le milieu des années 1990 et l'arrivée des acteurs de reconversion du vignoble pour voir le nombre de perforations augmenter de nouveau.

D'après la carte 14, les perforations creusées au cours des années 1990, furent utilisées pour mettre en cultures des espaces situés en périphérie de l'oasis, sur le piedmont, là où la nappe est la plus profonde55.Quant à la carte 15, qui représente l'occupation des sols, elle montre qu'au début des années 2000 ces espaces sont largement recouverts par de la vigne.

Carte 14 : Localisation des perforations creusées au cours des années 1990 dans l'Oasis de Valle de Uco (source : élaboration propre d'après les d o n n é e s f o u r n i e s par l e D G I )

Carte 15 : Lien entre les perforations creusées au cours des années 1990 et l'occupation des sols (source : élaboration propre d'après les données fournies par le DGI et la carte « Cultivos por grupos » réalisée par le SIPH sur la base du recensement effectué par l'INA en 2002)

55 Cf. Carte 10

Le regain de la vigne dans la superficie cultivée de l'oasis au cours des années 1990, tel qu'il a été mis en évidence dans la première partie de ce mémoire, s'explique donc par l'investissement des acteurs de la reconversion du vignoble dans un « capital hydraulique propre » afin de pouvoir irriguer leurs cépages fins avec de l'eau souterraine. Ainsi, entre 1996 et 1999, alors que la vigne augmentât de 5 points dans la superficie cultivée de l'oasis, passant de 15 à 20 %56, la superficie cultivée exclusivement avec de l'eau superficielle diminuait au profit de la superficie cultivée exclusivement avec de l'eau souterraine ainsi que la superficie cultivée avec de l'eau superficielle et de l'eau souterraine (usage mixte).

Tableau 6 : Évolution de la superficie cultivée selon les sources d'approvisionnement en eau entre 1996 et 1999 dans l'Oasis de Valle de Uco (source : CHAMBOULEYRON, J.L., 2002)

 

Années

1996

1999

V
A

Superficie cultivée totale

ha

54 370

54 082

L

 

%

100

100

L

Sup. cultivée exclusivement avec de l'eau superficielle

ha

21 899

20 010

E

 
 
 
 

%

40

37

 
 

D

Sup. cultivée exclusivement avec de l'eau souterraine

ha

18 773

19 470

E

 
 
 
 
 
 

%

35

36

U
C

Sup. cultivée avec de l'eau superficielle ET de l'eau

ha

13 696

14 602

souterraine (usage mixte)

O

 

%

25

27

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery