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Problématique de l'autonomie administrative et financière des hôpitaux au Burkina Faso: cas du centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles De Gaulle

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par Daouda BANCE
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature du Burkina Faso - Administrateur des Hôpitaux et des Services de Santé 2010
  

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Paragraphe I : Analyse des résultats de l'enquête

A- Analyse du financement
1- Financement par les recettes propres

Les recettes propres du CHUP-CDG ont connu des baisses considérables sur la période 2006-2007, la faible hausse de 2008 est effacée par la baisse des recettes en 2009. Le taux d'autofinancement ainsi que la capacité d'autofinancement de la structure sont en baisse depuis 2006. Cependant, les dépenses de la structure ne font que croître d'année en année en témoigne les dépenses engagées sur les cinq dernières années.

En terme d'activité, les entrées aussi bien que le nombre de journées
d'hospitalisation ont connu par moment des baisses sensibles mais sont en
progression dans l'ensemble, le taux d'occupation des lits quant à lui n'a cessé

d'augmenter depuis 2005. Cette situation de l'activité pourrait justifier l'augmentation des dépenses sur les cinq dernières années.

La structuration de la clientèle témoigne du fait que l'hôpital reçoit de moins en moins de la clientèle en provenance des secteurs structurés et de plus en plus de la clientèle venant du secteur informel et du secteur rural (graphique 4).

Le secteur informel et le secteur rural au Burkina Faso sont moins développés, ce qui pourrait permettre de conclure que cette population, majoritairement cliente du CHUP-CDG peine à payer les soins.

Aussi la durée de séjour à l'hôpital de plus en plus longue n'épuiserait t-elle pas financièrement cette population pauvre en quête de soins ?

2-Subventions de l'Etat

Les subventions qui nous ont intéressé sont des subventions de l'Etat. Ces subventions constituent la grande part du budget du CHUP-CDG et couvrent parfois plus de 70% des dépenses de ladite structure. Ces subventions accordées au CHUP-CDG sont en baisse depuis 2007 et stagnent sur la période 2007-2009 à 719 663 000 fcfa.

Pourtant les dépenses du CHUP-CDG sont en évolution. Il est donc évident que les subventions de l'Etat sont insuffisantes pour un meilleur fonctionnement du CHUPCDG

En guise de conclusion, vu les éléments présentés qui confirment les résultats de l'enquête, nous pouvons conclure que le CHUP-CDG souffre d'une insuffisance de crédit qui entrave son bon fonctionnement.

B- Analyse de la procédure des marchés publics

En théorie, avant la publication et la livraison, plusieurs étapes sont exécutées. En effet, les durées présentées au graphique 11 devront tenir compte des réalités qui suivent. Les dossiers d'appel d'offre de toutes natures sont initiés par le gestionnaire de crédit de la structure, le DAF et transmis à la Direction Générale des Marchés Publics (DGMP) pour avis et publication. Quel que soit le type de dossier la DGMP dispose de dix (10) jours pour porter ou non son approbation avant publication.

Après la publication, les soumissionnaires disposent de trente (30) jours calendaires
pour les appels d'offre et de dix (10) jours pour les demandes de prix écrites, le

dépouillement se fait en sept (7) jours pour les appels d'offre et un (1) jour pour ce qui est des demandes de prix.

Les résultats sont ensuite envoyés à la DGMP, pour publication. La DGMP dispose de dix (10) jours pour contrôler la validité des résultats. Après publication des résultats, les soumissionnaires disposent de huit (8) jours pour les contestations, après quoi, les contractants disposent de deux (2) jours pour l'approbation des contrats puis d'une journée pour la signature des contrats.

Ainsi la phase administrative absorbera soixante huit (68) jours pour les appels d'offre et quarante deux (42) jours pour les demandes de prix.

Cette estimation théorique donne le nombre de jours qui séparent la date de l'initiation du dossier à la date de signature des contrats en cas d'absence d'erreur ou tout autre évènement susceptible de retarder la procédure.

Cette procédure assez rigoureuse vise certes, la rationalisation des ressources financières des EPE en général et des EPS en particulier. Cependant cette procédure demeure assez longue si l'on considère les urgences auxquelles sont parfois confrontées les EPS et la particularité de leurs activités.

Si il a été crée la catégorie d'EPS, c'est justement pour adapter certaines mesures qui doivent être appliquées aux EPS conformément à cette particularité qui leur est reconnue. Il n'y a donc pas de raison que l'on ne puisse pas revoir les textes des marchés publics dans leurs applications aux EPS.

Paragraphe II : Proposition pour une meilleure gestion des hôpitaux
au Burkina Faso

A- Propositions spécifiques au CHUP-CDG
1- Motivation du personnel

La performance se construit au quotidien avec le personnel. Le rôle du leader est de faciliter la prise de responsabilité et de développer la prise d'initiative. Ce rôle dans le public est d'avantage prioritaire si l'on considère que les valeurs du service public ne suffisent plus à motiver le personnel souffrant de non-reconnaissance.

Les dirigeants du CHUP-CDG doivent donc travailler à mieux impliquer le personnel
dans la prise de décision pour un meilleur fonctionnement de leur structure. Cette
implication doit passer par une meilleure communication au-delà des cadres de

concertations traditionnels prévus par les textes et permettre une motivation supplémentaire du personnel par la prise en compte de leurs préoccupations.

Le CHUP-CDG doit pouvoir trouver des moyens d'intéressement simples qui pourraient motiver son personnel. Nous pouvons citer dans ce cadre, la mise en place de lettres de félicitation et de décorations du personnel. « Pour moi le développement des ressources humaines consiste à concilier les intérêts de l'institution et les intérêts de l'individu. Il est nécessaire d'intégrer le plan de vie des fonctionnaires au bon fonctionnement de l'institution. Il s'agit non seulement d'organiser des formations, mais également de détecter les potentialités de chacun et de les associer à des emplois » (.Hans Edmund KUNSMANN).

2- Satisfaction des patients

La satisfaction des patients est l'élément de mesure d'une bonne gestion de service public. Une bonne fréquentation d'un service public surtout d'un hôpital est synonyme d'une bonne gestion et partant d'une meilleure qualité de service.

Pour ce qui est de la satisfaction des malades au CHUP-CDG, Il faudra veiller à une meilleure communication avec les usagers pour déceler les différents motifs d'insatisfaction. Notre enquête, nous a permis de déceler comme motif d'insatisfaction, le manque de communication entre personnel soignant et malade notamment pour ce qui concerne les résultats des diagnostics, l'indisponibilité de plus en plus fréquente de certains médicaments dans les dépôts de la pharmacie et les coûts élevés des différents actes et de l'hospitalisation.

Ces différents motifs doivent être pris en compte et corrigés par le CHUP-CDG en fonction de sa compétence.

Il est important dans ce contexte d'autonomie, de veiller à une meilleure fréquentation de sa structure à travers une prestation de qualité afin d'attirer également la marge de la population capable de payer les soins. Un service médiocre ou tout simplement acceptable sera de nature à ne satisfaire que les plus démunis soufrant d'une incapacité financière et se contentant de ce qui leur est offert.

3- proposition d'ordre organisationnelle et financière

Pour un meilleur fonctionnement, le CHUP-CDG devra travailler à réduire les ruptures de stocks qui portent un double préjudice à l'hôpital. Ces ruptures de stock entravent la bonne marche du service et donc jouent négativement sur la qualité de soins offerts aux malades, mais également constituent un manque à gagner en terme de gain pour l'hôpital. Une pharmacie mal approvisionnée, un laboratoire qui manque de réactifs, une imagerie médicale qui manque de films ou encore la panne d'un matériel médical essentiel font perdre des sommes énormes à l'hôpital et plus les délais de ruptures et les périodes de panne sont longues, plus ces pertes sont importantes.

Ainsi l'hôpital devra dans un premier temps accentuer sa politique de gestion sur la rentabilisation des services existants. La résolution du manque à gagner pourrait passer par une meilleure organisation. La mise en place d'un plan de renouvellement du matériel est essentielle car l'hôpital fonctionne depuis dix ans et le matériel pourrait souffrir aujourd'hui de vétusté et/ou d'obsolescence, qui pourraient expliquer ces pannes.

Une bonne anticipation de l'achat, prenant en compte un grand nombre de contraintes d'ordres financières ou relatives aux procédures pourrait permettre tant soit peu de freiner les ruptures de stocks ou encore de réduire les temps de rupture.

Le bon fonctionnement qui pourrait en découler ne résoudrait pas certes à lui seul les difficultés financières de l'hôpital mais pourrait influencer positivement les recettes propres, ce qui permettrait à l'hôpital de bien maîtriser une bonne partie de ces dépenses et de songer à la motivation de son personnel.

B- Propositions générales
1- Mise en place d'un contrôle de gestion

La performance ne saurait se concevoir sans une logique d'efficacité, de qualité et d'efficience. Pour ce faire une analyse des coûts, des valeurs ajoutées de toutes actions posées par les unités, les services aussi bien médicaux, paramédicaux qu'administratifs est un impératif au développement des actions pertinentes, à la maîtrise des coûts, à la mesure de l'efficience. Il est donc impératif de rendre obligatoire la pratique d'un contrôle de gestion et l'utilisation effective d'outils de contrôle de gestion tel que la comptabilité analytique. Ces outils pourraient permettre

non seulement d'appréhender les insuffisances et les forces véritables de chaque unité, de chaque service mais également situer les responsabilités en appréciant à sa juste valeur, l'apport de l'Etat par sa comparaison au coût effectif de l'acte posé. Car comme le dit H. Ballique, l'Etat doit payer la contrepartie du coût qui n'est pas facturé aux patients.

2- Augmentation des subventions et la révision des procédures de marché publics

L'augmentation des subventions de l'Etat aux hôpitaux reste une solution pour le bon fonctionnement des hôpitaux ; cependant, l'Etat devra veiller à une gestion efficace des fonds alloués pour une meilleure prise en charge des populations. De même, le montant des subventions allouées doit reposer sur des bases solides. Le nombre d'entrants, les éléments quantitatifs tels que le nombre d'actes posés n'étant pas de bonnes mesures, le contrôle de gestion s'il est bien mené pourra permettre de fournir des bases solides sur lesquelles pourront être calquées les montants des subventions de l'Etat.

Pour certains services comme la pharmacie, la différentiation contrairement au principe de l'unicité du budget pourrait permettre un meilleur fonctionnement. En un mot, leurs recettes devraient être utilisées prioritairement pour leurs fonctionnements ; toute chose qui pourrait dégager à moyen ou long terme des gains pouvant permettre de soutenir d'autres services et certaines charges de l'Etat.

Concernant le code des marchés publics, l'Etat doit assouplir son application aux EPS en tenant compte de la spécificité de leurs activités et de l'urgence de leurs actes.

3- Gestion des Ressources Humaines

Les EPS n'ont pas une gestion autonome de leur personnel. En effet, si la gestion des salaires et l'initiative de la motivation du personnel reste l'affaire des EPS, ceuxci reçoivent du personnel de l'Etat qu'ils aient ou non motivé l'intérêt.

Cette situation ne favorise pas une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) qui pourrait être source de motivation du personnel, et permettrait de faire des gains sur les charges de personnel qui représentent des charges importantes pour la structure.

Cette autonomie de gestion du personnel pourrait être la seule arme de contrainte dans les mains des dirigeants des différentes structures dont le pouvoir est réduit à néant par des confréries puissantes de médecins.

4- Perspectives

Au moment où nous écrivions ces lignes, des réflexions étaient en cours pour la mise en oeuvre de la pharmacie hospitalière et la médecine privée à l'hôpital. Deux politiques sensées améliorer la qualité de soins et rentabiliser les infrastructures hospitalières

La première, la pharmacie hospitalière pourra permettre de gérer de façon rationnelle les médicaments et réduire les dépenses médicaments.

En effet, « pour un patient hospitalisé qui fait de la fièvre, il n'est pas nécessaire de lui prescrire un paquet ou deux plaquettes de paracétamol, trois comprimés pourraient suffire à baisser cette fièvre »24. Cela réduirait non seulement la quantité de médicament que les patients emportent à la maison à leur sortie d'hôpital, certaines malversations constatées dans certaines structures mais également réduirait la facture de médicament du patient et partant du pays. Il s'agira d'adapter la prescription aux besoins du patient.

La seconde politique plus complexe, permet aux médecins de recevoir leurs patients à l'hôpital. Il s'agit de pratiquer la clinique à l'hôpital.

Cette politique pourrait avoir pour avantage de motiver plus le personnel hospitalier à condition qu'un système de redistribution correct et équitable des retombés soit trouvé pour intéresser également le personnel qui ne participe de manière direct à la pratique de cette médecine (personnel de laboratoire, de l'imagerie, personnel administratif).

Dans tous les cas, qu'il s'agisse de pharmacie hospitalière ou de médecine privée à l'hôpital, l'organisation de l'hôpital devra être amélioré pour la réussite de ces politiques. L'expérimentation dans un hôpital notamment le CHUP-CDG, hôpital pilote de la réforme est nécessaire, pour tirer les leçons des réactions et comportements des différents catégories de personnel, de corriger les imperfections avant d'élargir ces politiques aux autres EPS.

24 Exemple emprunté au Directeur Général du CHUP-CDG, lors de l'interview qu'il nous a accordé.

Dans le cas contraire, ces politiques, surtout la médecine privée à l'hôpital, pourraient engendrer des effets pervers qui entacheraient l'égalité d'accès aux soins de santé dans nos hôpitaux.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci