WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Crise systémique et paradigme de la décroissance : effondrement ou métamorphose

( Télécharger le fichier original )
par Billy FERNANDEZ
Université de Savoie - Master 2 Système Territoriaux, Développement Durable et Aide à  la Décision 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b. Dynamique systémique

i. Feedback climat-carbone10 : amplification du réchauffement et incertitude

Si les effets à court terme sont relativement bien connus, l'existence, mais surtout la quantification des effets de boucles de rétroactions positives inhérentes à la dynamique de réchauffement est en proie à davantage d'incertitude. Certaines de ces rétroactions ont déjà été observées lors de précédents réchauffements, à la fin d'une ère glaciaire. Citons quatre exemples de ces feedback positifs probables :

· la fonte des glaces polaires et continentales diminue l'albédo, contribuant ainsi à augmenter le réchauffement

· la fonte du pergélisol de Sibérie est susceptible de libérer les très grandes quantités d'hydrates de méthane qu'il contient, le méthane étant un GES 23 fois plus puissant que le CO2.

· l'augmentation de la température des océans diminue leur capacité à dissoudre les GES, de même que les perturbations de circulation thermo-haline.

· l'acidification de ces mêmes océans, outre de nombreux autres effets perturbateurs, induit un relargage de CO2 dans l'atmosphère.

D'autres effets, notamment le rTMle des nuages, sont soumis à de fortes incertitudes. D'autres enfin produisent des rétroactions négatives.

L'effet de serre additionnel produit ainsi deux grands types d'effets sur le système climat-carbone :

Un effet climatique direct, qui peut se traduire par une réduction de la capacité de la biosphère terrestre et des océans à absorber - à ÇséquestrerÈ le C02 du fait de l'augmentation de la température.

9 Par voie de communiqué, selon le Haut Commissaire adjoint pour les réfugié s, L. Craig JONHSTON.

10 Sources: Cox et al., 2000, Nature, Ç Acceleration of global warming due to carbon-cycle feedback È ;

Friedlingstein et al., 2006, Journal of Climate, ÇCarbon-climate cycle feedback analysis : Result from the C4MIP model intercomparisonÈ

Un effet biochimique, qui se traduit par une perturbation du cycle du carbone du fait de la modification de sa quantité

Il est ainsi crucial de prendre en compte la rétroaction climat-carbone due à l'augmentation de la concentration atmosphérique de CO2 dans les projections climatiques. Pour l'instant, les travaux portent sur la quantification de la dispersion (incertitude) du feedback climat-carbone. Il demeure ainsi une grande incertitude quand à l'amplitude de la rétroaction climat-carbone due à la sensibilité du cycle du carbone de la biosphère au changement climatique.

L'incertitude des modèles est essentiellement due à la réponse des sociétés en termes de réduction des émissions de GES.

Ainsi, la machine climatique est régie par des mécanismes complexes, certains très bien établis et d'autres laissant une forte part à l'incertitude. Mais si le sens de ces mécanismes de feedback fait débat, l'idée de <<dérèglementÈ de la machine climatique est très clairement établie, ce qui constitue de notre point de vue l'élément central.

ii. Seuils, tipping points et irréversibilité

Le terme de <<bombe à carboneÈ est souvent retenu pour qualifier les phénomènes rétroactifs décrits plus haut, mais y ajoute un caractère brusque et potentiellement irréversible. En effet, on note un fort consensus autour de l'existence de seuils, de points de basculement dans le système climatique. Toutefois, une incertitude importante demeure quant à l'endroit oü se situent ces seuils. Pourtant, un consensus a été établi au sein du GIEC pour retenir le seuil de 2°C d'augmentation de la température moyenne globale d'ici à 2100 par rapport à l'ère industrielle. Au delà de ce seuil limite, les risques de <<conséquences catastrophiques et irréversiblesÈ sont très fortement accrus. La perturbation du système climatique étant trop profonde et rapide au regard de ses capacités de résilience, des processus d'auto - organisation surviendraient, avec des conséquences mal connues mais dont tout nous laisse à penser qu'elles seront tragiques. Respecter ce seuil de 2°C correspond, toujours selon le GIEC, à une division par 2 des émissions globales de GES d'ici à 2050 par rapport au niveau de 1990. Cet objectif signifierait pour la France une division par 4 ou 5 de ces émissions pour la même échéance...

iii. Adaptation et/ou atténuation?

Partant des postulats précédent s, deux stratégies complémentaires peuvent être adoptées : l'adaptation et l'atténuation.

L'adaptation est nécessaire pour répondre aux impacts résultant du réchauffement déjà inévitable en raison des émissions passées (+ 0,6°C d'ici 2100, même si les concentrations atmosphériques en GES restaient au niveau de l'an 2000, ce qui est bien sür impossible). Une large gamme d'options d'adaptation est disponible, qu'il s'agisse d'options technologiques (protections côtières, habitat) ou de modification des modes de vie (alimentation, loisirs...), et de modes de gestion (pratiques agricoles...), politiques....

En outre, comme nous l'avons vu au plus haut, la mise en Ïuvre de mesures d'atténuation réduisant fortement les émissions de GES est indispensable pour limiter les impacts, les rétroactions et empêcher des effets de seuils. L'ampleur de cette réduction, comme nous l'avons vu plus haut, doit être au minimum une division par deux au niveau mondial des émissions d'ici à 2050 par rapport au niveau 1990, ce qui va nécessiter des modifications très profondes des sociétés, au Nord particulièrement.

iv. Controverses, débat public et lobbies

Au sein de la communauté scientifique, des controverses portent sur les causes du réchauffement climatiques, aucun scientifique ne niant à ma connaissance son existence. Un courant Çclimato- septiqueÈ s'est développé, en particulier depuis la parution en 2007 du 4ème rapport du GIEC, critiquant parfois très sévèrement les travaux dudit groupe. Outre George W. BUSH et les compagnies pétrolières, des scientifiques11 et des personnalités ont pris le parti du scepticisme, dénonçant l'orthodoxie dogmatique du GIEC et des ÇréchauffistesÈ sur la question. Ceux-ci invoquent notamment des causes astronomiques pour expliquer le réchauffement constaté. Mais ces thèses sont largement contredites par les raisonnements et les recoupements d'observations, si bien que le courant sceptique demeure ultra-minoritaire dans la communauté scientifique.

En parallèle, s'il faut rappeler que le 4ème rapport du GIEC, produit par près de 2500 scientifiques de 130 pays, a vu ses conclusions validées notamment par toutes les académies des sciences des grands pays industrialisés, on sait le poids qu'ont les lobbies en matière d'expertise scientifique. Il est ainsi permis de s'interroger sur l'ampleur de l'influence des firmes pétrolières au sein du courant Ç sceptique È, à l'instar de la requête de James Hansen en 2008.

Par ailleurs, l'échec profond de la conférence de Copenhague en décembre 2009, pourtant fondée sur des engagements très modérés et non contraignants juridiquement, démontre l'inconséquence des états et le poids des lobbies, l'inertie et l'aveuglement ou la manipulation des opinions publiques de certains grands états.

Outre des questionnements d'ordre éthique que nous développerons plus loin, il appara»t que la problématique du réchauffement climatique d'origine anthropique, par delà les incertitudes liées aux prévisions et aux mécanismes (rétroaction, points de basculement), modifie fondamentalement l'état d'équilibre dynamique endogène du système climatique. Les rythmes de réchauffement prévus (et constatés) ont et auront des conséquences majeures sur les écosystèmes, et c'est ainsi l'ensemble de la biosphère -dont nous sommes- qui sera probablement très profondément et violemment modifiée, avant d'envisager un hypothétique retour à un état stationnaire.

1 1 Marcel LEROUX, Vincent COURTILLOT, Benoit RITTAUD ou Jean-Louis Le MOUEL - contribuent parfois au débat. En revanche, nous ne commenteront pas les erreurs affligeantes et l'attitude démagogique et méprisante de Claude Allègre, pourtant le plus médiatisé des sceptiques, qui s'est d'ailleurs vu adresser une lettre ouverte signée par quelques 410 chercheurs liés à la climatologie, critiquant notamment le sérieux de ses travaux et son Ç éthique scientifique È.

Le réchauffement climatique constitue ainsi un défi absolument majeur pour la communauté de destin que constitue désormais l'humanité. Celui-ci est, on l'a vu, directement lié à la problématique des ressources.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld