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Chroniqueur culturel à  la télévision : un journalisme de marque

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par Benjamin Walter
CELSA - Paris IV Sorbonne - Master 1 Journalisme 2010
  

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b. L'apposition du label « chroniqueur »

Mais, paradoxalement, si la sélection du chroniqueur qui deviendra marque s'effectue selon le signifiant qu'est « l'air du temps », celui-ci sera par la suite utilisé par l'émission télévisée selon un modèle de référent, un socle pour ne pas se perdre dans les tendances actuelles. Le chroniqueur devient donc un label, non en tant que spécialiste d'un sujet mais en tant que « personnalité forte »19 pour Christophe Ono-dit-Bio.

17 Le Grand journal (Canal +) : générique de mi-émission, saison 2009-2010

18 Ibid

19 Cf annexe 1, entretien avec Christophe Ono-dit-Bio, pp 41-42.

Le mot « label » est un anglicisme apparaissant en France en 1900 grâce aux travaux de Paul de Rousiers qui, analysant la vie des prolétaires américains définit le terme ainsi :

« Le label, ou étiquette, est une marque apposée par les syndicats ouvriers sur les marchandises fabriquées dans les ateliers et usines où on reconnaît leur existence ».20

Dans cette définition originelle et pragmatique du label, il y a donc l'idée que le label est une marque dès lors qu'elle est apposée. Un chroniqueur ne deviendra donc chroniqueur que si son émission choisit de lui apposer un label. Et si la télévision crée des labels, c'est en réaction à la tendance du flux médiatico-culturel. La marque du chroniqueur devient une sorte de point d'ancrage, de référent culturel pour tous les téléspectateurs, transformés dès lors en clients de la marque du chroniqueur. Christophe Ono-dit-Bio le résume ainsi :

« La télé c'est une forme de nomadisme éditorial. On a besoin de repères, on aime bien identifier une parole donnée, un personnage pour se repérer dans une masse de produits culturels [...] Je me définis comme un missionnaire de la culture. J'occupe mon temps de parole à expliquer une oeuvre qui décode l'époque. Je le fais de manière très pédagogique, j'ai été prof de lettres. Je viens avec mon projecteur pour éclairer un aspect. Ça recoupe ma mission du Point : être une sorte de casque bleu de la sphère culturelle. »21

C'est ce que Georges Lewi nomme la « marque-caution »22, dont la force est sa « signalétique » :

« elle donne un crédit aux produits [...], c'est un gage de garantie, presque un contrat ». Ce contrat, c'est la solution au paradoxe posé plus haut : si la marque-chroniqueur doit se conformer avec l'air du temps, elle en est aussi un guide. Le chroniqueur en tant que marque s'inscrit alors dans ce que

20 ROUSIERS (de) Paul, La vie américaine : l'éducation et la société, Firmin-Didot et cie, Paris, 1900, p312.

21 Cf annexe 1, entretien avec Christophe Ono-dit-Bio, pp 41-42.

22 LEWI Georges, La marque, Vuibert, 2003, pp 68-69.

Lewi nomme un « double branding »23 : « une marque-produit innovante et une marque-caution rassurante ».

Reste alors à savoir si le discours de cette marque nouvelle va changer par rapport à celui d'origine du chroniqueur ou si, au contraire, il n'y aura qu'un transfert vers la sphère télévisée d'un discours similaire. C'est là toute la question de l'identité propre revendiquée par le chroniqueur qui se pose, derrière le label apposé par l'émission.

23 LEWI Georges, La marque, Vuibert, 2003, pp 68-69.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld