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Stimulants matériels, catégories marchandes et transition au socialisme à  Cuba: 1959-2009

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par Jérôme Leleu
Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine UP3 - Etudes latino américaines, spécialité économie 2010
  

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b) Réflexions sur la stratégie cubaine du SDPE

Il ne fait pas de doute qu?en raison des échecs économiques de la période de l?offensive révolutionnaire, une plus grande décentralisation des décisions, le recours plus important aux stimulants matériels et à l?utilisation de la loi de la valeur furent nécessaires. Mais le retour à des rapports de production capitalistes dans certains domaines ne fût pas appliqué. Par exemple, redonner plus d?initiative privée pour les activités artisanales et agricoles aurait pu, tout en exerçant un contrôle adéquate pour l?accumulation du secteur planifiée, accroître l?offre au sein du marché interne et peut être limiter les importations.

Nous avons vu que le SDPE n?a pas été appliqué d?une manière efficiente en raison de divers problèmes internes et externes : Bureaucratie, ralentissement économique, manque d?information et de contrôle des travailleurs eux-mêmes. Les résultats en terme de productivité et de développement des forces productives n?a donc pas été satisfaisant. Nous avons mentionné que méme la direction pouvait recevoir des primes. On se rappelle qu?en Chine, à un moment donné, les primes étaient accordées seulement aux travailleurs manuels, la direction devant servir d?avant-garde.

A travers les discours et les différents textes écrits durant cette période, nous voyons qu?il est redonné une importance forte au développement de la production. Mais contrairement à ce qu?avait observé Charles Bettelheim en Chine peu avant le grand tournant économique, nous ne pouvons pas dire que seulement le discours sur le primat des forces productives existait. La volonté de transformation de la conscience restait présente à travers la pensée de Guevara. Ceci explique peut être pourquoi Cuba n?a pas dérivé vers le type de développement chinois jusqu?à cette heure.

Evidemment, la nécessaire réimplantation de la loi de la valeur et des catégories marchandes à Cuba durant cette période rendait également nécessaire une plus forte utilisation de stimulants matériels. Mis à part le fonds de stimulation et les primes, peu de cas a été fait du salaire aux pièces qui aurait pu et aurait dû être appliqué là où cela aurait été possible. L?on peut bien sür voir ce refus dans la réticence des autorités et de la population vis-à-vis de

ce type de rémunération. Il faut également mettre en avant le fait qu?un écart s?était formé entre les élites et les masses, la conscience des contradictions de la période de transition n?était pas forcément assez importante et empéchait l?application de mesures adéquates.

Cela se voit dans le fait que la décentralisation des décisions au niveau des entreprises qui devait s?opérer ne se fit que partiellement, et les décisions revenaient surtout aux gérants de l?entreprise comme en URSS. Mais la période reste caractérisée par une forte centralisation comme le fait remarquer Dario Machado Rodriguez104.

Les erreurs dans l?application de la planification et les effets sociaux des limites du système étaient amortis durant cette période (1972-1989), par le schéma des relations économiques avec l?Europe de l?Est et l?URSS. Il y avait une assurance pour les marchés des produits cubains, et Cuba recevait à moindre coût de la technologie, des matières premières et du combustible105.

Les difficultés économiques ont joué un rôle il est vrai dans la mauvaise application du nouveau système de direction économique. En effet, durant le premier plan quinquennal (1976-1980), la productivité (valeur ajouté divisée par le nombre d?employé) diminua dans l?industrie, - 2,9%, tandis qu?elle augmentait dans l?agriculture de 6,3%106. De plus, la baisse du prix du sucre au cours du premier plan quinquennal fût importante. Cuba vendait, certes, une bonne partie de son sucre à l?URSS et aux pays du CAEM à un prix supérieur au marché mondial, prix qui augmenta durant cette période (30,40 cents la livre anglaise en 1975, 44 cents en 1980), mais la chute des prix sur le marché mondial ( 20,37 cents en 1975, 9,65 en 1979)107, diminua considérablement la rentrée de Monnaie Librement Convertible (MLC), ce qui limita les capacités d?importation du pays pour les produits que les pays du CAEM ne produisaient pas pour l?exportation. Ceci montre également les difficultés que peut entraîner la spécialisation dans un produit primaire. Des maladies frappèrent l?agriculture, comme les exploitations de tabac, et la grippe porcine sévit dans l?élevage.

104 MACHADO RODRIGUEZ, Darío, Es posible construir el socialismo en Cuba, Editora Política, La Habana, 2004.

105 Idem.

106 BRUNDENIUS, Claes, Revolutionary Cuba; the challenge of economic growth with equity, Westview press,

Boulder, 1984.

107 Idem.

Pour conclure sur la période du SDPE, nous pouvons dire que l?utilisation de la loi de la valeur et des stimulants matériels augmenta dans le cadre du calcul économique, bien que ce ne fût que dans une proportion limitée. Malgré des difficultés économiques et la non application complète du nouveau système de direction économique qui devait augmenter le rôle des catégories marchandes, le niveau des forces productives augmenta durant cette période à un rythme plus ou moins soutenu. Ce développement a été possible grâce à l?insertion de Cuba dans le CAEM qui a limité la mauvaise gestion du SDPE et l?insatisfaisante proportion de catégories marchandes. Car, en ce qui concerne les deux autres éléments déterminants, le caractère des forces productives resta faible (malgré son amélioration) et le pouvoir bureaucratique s?est consolidé (malgré la création des organes de pouvoir populaire). C?est donc l?amélioration de l?environnement internationale (élément positif) de Cuba qui lui a permis une croissance soutenue.

Malgré une amélioration au cours du deuxième plan quinquennal (1981-1985), de nouvelles difficultés frapperont Cuba au milieu de la décennie et entraineront la fin du SDPE, décidée par Fidel Castro. Le processus de la Perestroïka et de la Glasnost en URSS entraînera la désintégration du bloc de l?Est à partir de 1989 et une grave crise économique touchera Cuba. Nous allons analyser ces deux aspects maintenant avant de nous intéresser aux processus de transformation de l?économie cubaine suite à la crise économique et son implication au niveau de la politique des stimulants matériels et des catégories marchandes.

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