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Le français et la diffusion du français dans la musique punk/hardcore

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par Jean-Baptiste LIVET
Université Aix Marseille - Master 2 coopération linguistique et éducative 2010
  

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INTRODUCTION

La situation de la langue française dans le monde est un sujet qui fait aujourd'hui débat dans bien des milieux autres que linguistique et dans bien des pays autre que la France. Et la question de la diffusion du français, de même, se pose tous les jours dans les milieux culturels, artistiques, sportifs, scientifiques sur les cinq continents. Les initiatives privées dans ce domaines sont très nombreuses et indissociables de la chose publique. Ainsi les politiques linguistiques ont souvent pour but de propager le français à l'étranger (notamment à travers le réseau des alliances française), alors que cette diffusion sur le territoire de France se fait en réalité le plus souvent via des évènements culturels. Ici comme à l'étranger, ces évènements n'ont lieu que grâce à la participation de personnes passionnées dont ce n'est pas le métier principal.

Parmi tous ces domaines artistiques et culturels qui participent à l'évolution et à la propagation de la langue française, il en est un qui reste éloigné des institutions officielles et des pouvoirs publics : le punk/hardcore. Mouvement musical et culturel, l'une de ses spécificités est de fonctionner en circuit fermé, au sein d'un réseau international organisé et vieux de 30 ans.

Ce mouvement culturel, comme beaucoup d'autres, fait la part belle à l'anglais : les échanges entre personnes de langue différente se font généralement en anglais pour communiquer et organiser des tournées internationales pour les groupes pratiquant ce style musical. Cependant la langue française trouve aussi sa place dans ce milieu grâce à une scène vivante, à travers des groupes et activistes reconnus, de Montréal à Genève en passant par Saint-Etienne. Toute la problématique de ce mémoire est de savoir quelle est cette place pour les francophones de ce mouvement, et notamment par rapport à l'anglais. Pour développer cette question je m'appuierai principalement sur mon expérience personnelle, et sur l'organisation d'un concert punk/hardcore 100% francophone à Saint-Etienne à l'occasion de la semaine internationale de la francophonie, le samedi 19 mars 2011. Le rapport d'activité constitue ainsi la première grande partie de ce mémoire.

Pour répondre à cette problématique, il nous faudra tout d'abord faire le point sur différentes composantes : présenter cette « scène » punk/hardcore, souvent inconnue du grand public car assez limitée en nombre de personnes, également victime de certains clichés et dont les aspects positifs ont parfois du mal à se faire connaître. Nous en ferons de même en ce qui concerne la diffusion du français. Pour cela il sera nécessaire de définir un certain nombre de mots clés de ce mémoire.

Ce n'est qu'ensuite que nous pourrons passer véritablement à l'explication du concert : comment est née l'idée, comment les groupes ont été contactés, la préparation matérielle et logistique de l'évènement, et le déroulement du spectacle à proprement parler. Ensuite viendra le bilan de cette soirée, sur différents aspects : quantitatif (public et finances), qualitatif (satisfaction des participants) et bien sûr respect et analyse de l'objectif principal : la diffusion du français. Nous ferons la part des choses entre les aspects positifs et négatifs de cette soirée.

Nous nous concentrerons en fin de première partie sur le message passé par les groupes qui ont joué ce soir là et dans le punk/hardcore en général, en guise de transition vers la partie recherche de ce mémoire.

La deuxième grande partie s'intéresse donc à la langue française dans le mouvement punk/hardcore, et s'appuie non plus sur un évènement concret mais sur les paroles des gens de cette scène : leurs textes, ce qui est dit dans les chansons, mais aussi leurs pensées, grâce à une série d'interviews. D'abord nous verrons quelle méthodologie a été utilisée pour cette recherche, puis le rapport des groupes à la langue française premièrement via leurs paroles (champs lexicaux, particularités grammaticales...) puis leurs réponses à l'interview.

Nous élargirons ensuite notre horizon en s'ouvrant vers d'autres langues que le français, pour comparer la situations de celles-ci dans le mouvement punk/hardcore : nous aborderons les cas de l'Allemagne, du Brésil et de deux langues régionales françaises : le basque et le breton. Il s'agira de démontrer comment ces langues sont diffusés grâce à ce style musical, quel message est passé et s'il correspond à celui des artistes qui chantent en français.

Enfin nous terminerons sur un retour à notre problématique, en analysant les forces et les faiblesses de ce mouvement en ce qui concerne la diffusion du français, quelles relations ces deux disciplines entretiennent ou pourraient entretenir, en quoi elles ont à voir avec les politiques linguistiques et culturelles et le Français Langue Etrangère. Une fiche pédagogique à partir d'un texte de la

formation de Rambouillet Los Tres Puntos démontrera que ce mouvement culturel et le message qu'il véhicule peut avoir sa place en classe de Fançais Langue Etrangère.

Ce mémoire était pour moi l'occasion de confronter mes activités professionnelles et artistiques de prédilection, de porter un autre regard sur celles-ci et de me poser des questions quant aux rapports qu'elles pouvaient entretenir, si je pouvais combiner les deux. En effet en ce qui me concerne la langue française au sens large (politiques linguistiques, enseignement du FLE, diffusion du français, utilisation du français dans les paroles de chansons) et le mouvement culturel punk/hardcore sont aussi importants dans ma vie et pas du tout antinomiques. Pour illustrer cela j'aimerais citer François Begaudeau, que je n'ai malheureusement pas réussi à interviewer, chanteur de feu Zabriskie Point, écrivain et palme d'or au festival de Cannes en 2008 avec « Entre les Murs » : « Je considère le punk rock comme un domaine artistique au même titre que pleins d'autres domaines. Faire du punk rock c'est faire de l'art, pas mineur, et dans mon parcours les RAMONES ont autant bouleversé ma vie esthétique que Rimbaud. »

PREMIERE PARTIE

RAPPORT D'ACTIVITE : ORGANISATION

D'UN CONCERT PUNK/HARDCORE 100%

FRANCOPHONE LE SAMEDI 19 MARS 2011

I. Le punk/hardcore et le français

Voilà un titre qui peut sembler saugrenu à première vue ! Quel rapport ces deux disciplines peuventelles entretenir ? C'est tout le sujet du présent mémoire.

Car, à y regarder de plus près, il s'agit en fait de mettre en avant le rapport qu'entretient un style de musique et un mouvement culturel avec une langue donnée. Alors, si pour le grand public le punk/hardcore n'existe plus ou alors de manière extrêmement marginale, nous verrons qu'il n'en est absolument rien pour qui s'y intéresse. Non seulement c'est un mouvement vivant, mais c'est en plus un mouvement de dimension internationale, regroupant des dizaines de milliers de personnes (et donc un certain nombre de langues) à travers la planète, pas seulement cantonné aux Etats-Unis et à l'Europe de l'Ouest.

Afin de mettre en relation le domaine d'activité qu'est le FLE et l'industrie musicale qu'est le punk/hardcore, il est capital de rappeler ce qu'est le punk/hardcore, quelles sont les racines de ce mouvement culturel et dans quelle situation il se trouve aujourd'hui. Ensuite nous verrons pourquoi il peut s'agir d'un sujet intéressant dans le domaine linguistique et celui de la diffusion du français : en effet, comme beaucoup de domaines artistiques et internationaux, c'est un milieu où l'anglais domine dans tous les échanges et la grande majorité des productions.

1) Définitions

Il paraît nécessaire à l'auteur de donner quelques définitions des mots-clés de ce mémoire pour bien situer le domaine de recherche et de quel côté de ces termes nous nous plaçons ici. Qu'est-ce que le « punk » ou le « hardcore » pour le dictionnaire ? Qu'est-ce qu'un « mouvement culturel » ? Nous parlerons beaucoup de la diffusion du français, mais qu'entendons-nous par « diffusion » ?

1.1 « Punk » et « Hardcore »


· Dans le « Trésor de la Langue Française » ou « Lexilogos », les dictionnaires en ligne, les entrées « punk » ou « hardcore » sont tout simplement introuvables... sur le site www.ledictionnaire.com, on trouve cette définition laconique :

punk : Adjectif singulier invariant en genre. Désigne un mouvement culturel et musical apparu dans les années 70. Relatif à ce mouvement.

Nom singulier invariant en genre : adepte de ce mouvement.

· Quant au site larousse.fr, on trouve une définition approchante mais un peu plus étoffée : « Se dit d'un mouvement culturel et musical apparu en Grande- Bretagne vers 1975 et dont les adeptes affichent divers signes extérieurs de provocation (crâne rasé avec une seule bande de cheveux teints, chaînes, épingles de nourrices portées en pendentifs, etc) afin de caricaturer la médiocrité de la société. »

« Le Petit Robert » n'apporte pas d'éléments plus pertinents dans ses définitions. Le mot « hardcore », dans ces mêmes références, ne donne lieu qu'à de très brèves définitions faisant référence au cinéma....

On retiendra quand même de ces courtes définitions la notion essentielle de « mouvement culturel et musical » qui reste donc la principale assertion nous intéressant, et qui concorde avec notre propos. Peut-être également la notion de « provocation » est-elle appropriée pour définir le punk/hardcore, mais elle n'entre pas en ligne de compte pour ce travail universitaire, pas plus que les styles vestimentaires liés à ce mouvement.

Ces définitions sont donc bien peu satisfaisantes quantitativement, mais comme il s'agit de deux mots anglais à l'origine, tournons nous du côté des dictionnaires bilingues français-anglais puis unilingues anglais pour avoir de plus amples informations.

Tout d'abord, les traductions :

· Selon le « Harrap's Shorter » bilingue 2004 :

punk : 1. (music fan, rebel etc) punk. 2. Am Fam Pej vaurien, crapule.

Hard-core : (reactionnary, supporter) de la tendance dure. h. loyal : fidèle absolu

Voilà des points de vue qui nous en disent plus sur l'origine de ces mots devenus des styles de musique... nous y reviendrons. Passons maintenant au dictionnaire unilingue.

· Sur le dictionnaire en ligne http://dictionary.cambridge.org :

PUNK : a culture popular among young people, especially in the late 1970s, involving opposition to authority expressed through shocking behaviour, clothes and hair, and through fast loud music. (also punk rocker) a person who wears punk clothes and likes punk music

Enfin, la seule définition intéressante de notre point de vue sur le hardcore, également celle où nous le trouvons en un seul mot, d'après le site www.thefreedictionary.com :

HARDCORE

n.

1. The most dedicated, unfailingly loyal faction of a group or organization: the hard core of the separatist movement.

2. An intractable core or nucleus of a society, especially one that is stubbornly resistant to improvement or change.

3. often hard·core A form of exceptionally harsh punk rock.

4. (Music, other) a style of rock music characterized by short fast numbers with minimal melody and aggressive delivery

5. (Music, other) a type of dance music with a very fast beat

Nous voilà désormais mieux armés pour cerner le sens de ces mots. D'abord, en ce qui concerne le mot « punk », nous savons que cela vient d'un mot plutôt insultant (toutefois en concordance avec l'attitude de nombreuses personnes se réclamant « punk ») , mais qu'aujourd'hui ce terme fait davantage référence à la musique et au style vestimentaire liés à un mouvement contestataire né dans les années 70. Puis, dans ce mouvement, un « noyau dur » (« hard core ») s'est formé, plus radical dans la contestation et dans la musique.

C'est pourquoi nous choisissons le terme punk/hardcore pour nommer la musique et les groupes dont nous parlons, dans le sens où les groupes sur lesquels nous nous basons ne sont pas la frange commerciale et politiquement correcte de la musique punk.

Enfin, il faut savoir que musicalement ces définitions sont très réductrices, le hardcore étant souvent considéré comme l'un des innombrables sous-genre du punk, comme nous l'expliquerons plus en détail en 2).

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo