2.2 Trouver les groupes
Ensuite il a fallu trouver des groupes à faire jouer,
ce qui ne fut pas le plus facile, tout d'abord pour la simple et bonne raison
qu'il existe peu de formations de ce style chantant uniquement en
français ! Cela réduit déjà considérablement
les possibilités. J'ai d'abord cherché à faire venir au
moins une bonne « tête d'affiche », un groupe de niveau
national ou international qui, seulement sur son nom, peut remplir la salle.
Malheureusement, dans un milieu où l'amateurisme est la règle et
où peu de groupes sont intermittents du spectacle (ce qui fait aussi le
charme du punk rock), des groupes comme Brigitte Bop (d'Orléans), Garage
Lopez (de Paris) ou The Hop Là! (de Montpellier) ne pouvaient venir le
dimanche soir car ils travaillaient le lundi, et étaient
déjà pris pour un autre concert le samedi soir. Il en va de
même pour le groupe québécois Vulgaire Machins, justement
en tournée en France à cette période mais qui rentrait au
Québec le dimanche même.
Pour d'autres groupes plus connus comme PKRK (de Metz) ou
Opium du Peuple (de Bordeaux), ils auraient pu jouer le dimanche soir, mais le
problème était d'ordre financier. Ces derniers exigeaient un
cachet plus élevé, et même si, probablement le concert
eût été un franc succès avec ces formations
là, j'ai préféré ne pas prendre le risque car un
dimanche soir à Saint Etienne, rien n'est moins sûr que d'attirer
150 personnes à un concert punk dont l'entrée est à
7€ : la plupart des gens travaillent le lendemain et rechignent donc
à sortir pour voir des groupes qu'ils ne connaissent pas et 7€ est
le « seuil psychologique » à ne pas franchir afin d'
éviter l'impression de prix excessif pour un concert punk.
J'ai également cherché à contacter des
groupes belges et suisses pour faire un concert véritablement de la
francophonie et pas seulement de « punk français ». Force est
de constater que les groupes qui chantent en français dans ces pays sont
encore plus rares qu'ici ! La distance à parcourir pour venir
exprès à Saint-Etienne (c'est à dire en dehors d'une
tournée) était un obstacle de plus, car le défraiement
aurait dû être entièrement couvert par la soirée.
J'ai donc malheureusement vite abandonné cette idée.
J'ai donc revu mes ambitions à la baisse en
arrêtant la date du samedi soir pour être sûr d'avoir assez
de public, et en contactant des groupes moins connus, par
l'intermédiaire du label de la région parisienne Trauma Social.
Tados et Solidagité, qui partagent le même batteur, m'offraient
donc un bon compromis entre notoriété dans la scène punk
et un cachet abordable.
Il me fallait aussi au moins un groupe local pour
différentes raisons :
1. Un concert punk présente toujours au minimum 3
groupes, il est très rare de voir des affiches annonçant
seulement deux formations. C'est un milieu où, pour 5€, on en veut
pour son argent. Or les groupes locaux en général ne prennent que
peu voire pas du tout d'argent.
2. C'est également une « tradition » que
d'aider les groupes locaux en les faisant jouer avec d' autres de
renommée nationale ou internationale, et cela leur fait toujours plaisir
de partager la scène avec des personnes plus
expérimentées.
3. D'un point de vue pratique, les groupes locaux peuvent
plus facilement fournir du matériel si besoin est, et viennent toujours
accompagnés de quelques proches, pour grossir la foule. De même
ils peuvent aider pour l'affichage et la promotion en générale,
c'est d'ailleurs ce qui s'est passé pour ce concert.
J'ai tout de suite pensé à White Card que je
connaissais et qui sont l'un des seuls groupes stéphanois à
chanter en français. Quant au Crades Marmots, je les ai
découverts au mois de décembre lors d'un concert à
l'Assommoir justement où j'étais moi-même spectateur. Je
leur ai proposé de participer à ma soirée et ils ont tout
de suite accepté.
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