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Le français et la diffusion du français dans la musique punk/hardcore

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par Jean-Baptiste LIVET
Université Aix Marseille - Master 2 coopération linguistique et éducative 2010
  

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2.1 Les interviewés

La seconde partie du corpus sur lequel nous nous basons pour construire cette recherche est constituée de neuf interviews de groupes punk/hardcore. Les quatre groupes qui ont joué le 19 mars 2011 sont représentés (il n'y a qu'une seule interview pour les groupes Tados et Solidagité car les deux formations partagent le même batteur et sont très proches), et les six autres interviews sont celles de personnes que je connais ou que j'ai eu la chance d'interviewer en allant à leur concert. Une seule personne interviewée est également impliquée dans la sélection de paroles de chansons : il s'agit de Manu, aujourd'hui guitariste chanteur de The Hop Là! et anciennement batteur des Sheriff. Toutefois, il n'est le parolier d'aucun des deux groupes. Son avis est cependant de la plus haute importance puisqu'il fréquente cette scène punk depuis plus de vingt ans et a fait partie de la formation légendaire que sont aujourd'hui les Sheriff.

Autre personnalité, plutôt issue de la scène hardcore quant à lui, il s'agit de Reuno du groupe Lofofora, également chanteur dans Mudweiser (dans lequel il chante cette fois en anglais). De loin le groupe qui a vendu le plus de disques de tous ceux interviewés (Lofofora a sorti des albums pour Virgin Music et BMG et fait plusieurs apparitions télévisuelles comme dans la version française de l'émission « Top of the Pops).

Les Vulgaires Machins sont la seule formation non française de tout le corpus (chansons + interviews), et leur parole est donc également très importante, sachant qu'ils sont sans doute le plus populaire des groupes québécois en terme de ventes de disques et sont forts d'une expérience scénique de centaines de concerts à travers le Canada et la France principalement.

Heyoka est le groupe interviewé qui a le plus tourné à l'étranger lors de sa principale période d'activité entre 1994 et 1996. Brigitte Bop et Garage Lopez, sont deux groupes aujourd'hui assez importants et surtout très actifs de la scène punk en France, tous deux ont une discographie fournie et également une importante expérience du live.

2.2 Les réponses

Comme tous les groupes ont répondu aux mêmes questions, il est facile de dégager les points communs et les différences d'opinion.

Première chose : personne ne déclare chanter en français par obligation, autrement dit parce qu'il ne parle pas anglais. La plupart affirment avoir la possibilité de chanter en anglais mais préférer le français afin d'être plus honnête et intègre. L'autre raison est que le public le plus proche étant francophone, il doit être en mesure de comprendre tout de suite le message (« je considère que le but de la personne qui écrit des textes est que les gens qui sont en face comprennent. » pour Heyoka, « Initialement, par choix (et pour être compris par la plus grande partie du public ?!) » pour Solidagité).

On constate ensuite que l'intégralité des personnes interrogées portent une importance toute particulière à leurs paroles : lors de la composition tout d'abord, puis en les incluant dans les CD. Tous les paroliers cherchent à écrire des choses sensées, rythmées et/ou rimées (Crades Marmots : « je recherche tout le temps des sonorités spécifiques, je fais surtout attention aux rimes et à utiliser un français correct. »). Tous les groupes jugent qu'il est important d'avoir de bonnes paroles et de les rendre accessibles au public. D'ailleurs dans l'ensemble ils considèrent que le public est sensible aux paroles et s'y intéresse (voir réponses à aux questions 8 et 9). Pour illustrer cela je citerai Vérole, le chanteur des Cadavres, dans une interview donné pour le livre d'Arno Rudeboy, « Nyark Nyark ! :Fragments de la scène punk et rock alternatif en France (1976 - 1989) », Broché, 2007 : « On était en France, notre public immédiat c'était des gens que l'on connaissait, pour se faire comprendre, il valait mieux chanter dans la langue du pays. [...] Il y avait l'urgence, on avait des choses à dire, on les disait. Avec cette volonté d'avoir des textes à slogans. Si, dans une chanson, tu arrives à ce que les gens retiennent ne serait-ce qu'une phrase, et qu'elle peut les faire réfléchir, tu te dis qu'au moins tu n'as pas prêché dans le désert. »

Une première conclusion sans équivoque s'impose à nous : les punk rockers ont un message à faire passer dans presque tous leurs morceaux, et autant que faire se peut ils tentent d'y mettre la forme. Les influences citées sont souvent celles que l'on retrouve dans le corpus : Bérurier Noir, Zabriskie Point, Les Cadavres et Les Sheriff principalement. En dehors du punk, deux autres grands noms de

la chanson en français reviennent à plusieurs reprises : Noir Désir et Jaques Brel.

Quant à leur opinion sur le chant en anglais, et les groupes francophones qui l'utilisent, deux attitudes sont adoptées par les interviewés : la majeure partie d'entre eux n'y accordent aucune importance dans la mesure où chacun doit faire comme bon lui semble (« faut juste faire comme tu le sens » pour Reuno ou « chacun est libre de s'exprimer comme il l'entend. » pour Manu).D'autres en revanche sont nettement plus critiques: « Ils font n'importe quoi. » pour les Crades Marmots ou « Je n'ai aucun intérêt pour les groupes qui chantent un anglais cassé et mal écrit. » pour les Vulgaires Machins. Il est vrai que la question est quelque peu orientée avec le mot « mal » entre parenthèse, et on ne parle donc pas des groupes qui chantent en anglais en général, mais implicitement de ceux qui ne le maîtrisent pas parfaitement.

L'une des questions qui nous intéresse le plus dans le cadre de notre recherche est la question n°6 : « Y a-t-il des mots ou des thèmes qui reviennent régulièrement dans vos textes ? ». Heyoka parle du capitalisme sauvage, Reuno de la notion de pêché et de l'influence de la judéo-chrétienté sur l'inconscient des gens, Brigitte Bop, «de bistrots et de personnages qui loosent », White Card « d'injustice, de mort, d'idéologies dangereuses ... » et plus largement pour les Vulgaires Machins de « la bêtise humaine ».

Cette question avait pour but de confronter les dires des paroliers du punk/hardcore à leurs paroles, et de voir si le discours était cohérent avec les faits. Et force est de constater que c'est bien le cas ! On a vu les champs lexicaux en 1.1, ainsi la guerre est à relier avec la réponse de White Card et des Vulgaires Machins, et le capitalisme évoqué par Heyoka fait écho à l'analyse des paroles des groupes qui ont joué le 19/03/2011 à l'Assommoir (cf première partie du mémoire).

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams