Influences circadiennes sur le jugement social( Télécharger le fichier original )par Sébastien Stuhec Université Libre de Bruxelles - Master en sciences psychologiques à finalité spécialisée neuropsychologie et développement cognitif 2011 |
3.5.1. Désynchronisation forcéeIl existe un paradigme qui permet de rompre le synchronisme entre les mécanismes C et S afin de déterminer l'impact de chacun de ces deux processus. Le paradigme de désynchronisation forcée consiste à isoler des sujets des indices temporels et de les soumettre à des durées de journées modifiées. Un exemple de cette technique est celui de Nathaniel Kleitman et Bruce Richardson en 1938 qui ont passé 32 jours enfermés dans une grotte du Kentucky (figure 6).
Figure 6 : Kleitman et Richardson enfermés 32 jours dans une grotte Le processus circadien ne reçoit plus d'indices temporels (variations de luminosité, activitéextérieure), il ne peut dès lors plus suivre le rythme journalier et suit son propre rythme (Schmidt et al., 2007). Cette technique très difficile à mettre en place
notamment pour des raisons de temps, de 1 http://www.archiveofsleep.com/post/4494298875/cave-experiment-by-nathaniel-kleitman-and-bruce dès lors pas utilisée. Le paradigme que nous allons utiliser (expliqué plus loin) ne permet pas de différencier entre le processus homéostatique et circadien chez nos sujets. Cependant, bien que les bases neuro-anatomiques et fonctionnelles de ces deux processus semblent différentes, ils participent tous deux à la régulation du sommeil et à la performance en éveil (Schmidt, 2009). 3.5.2. Routine constanteLe paradigme de routine constante permet de démasquer les rythmes circadiens endogènes, normalement incorporés dans le cycle veille-sommeil. Les activités quotidiennes, qu'elles soient d'origine interne ou externe ont le potentiel de masquer les « vrais » rythmes endogènes. Initialement, le paradigme de routine constante est défini par des conditions environnementales constantes. L'idée qui sous-tend ce paradigme est que la suppression des cycles périodiques extérieurs (ex : variation de la lumière) suffit pour découvrir la contribution du processus circadien. Ainsi, les études à long terme sur les animaux se font avec une lumière constante ou encore dans la pénombre de manière constante. Les études sur les humains ont révélé que le contrôle des cycles périodiques extérieurs ne suffit pas à révéler la contribution directe de l'horloge circadienne. Les protocoles incluent désormais le contrôle du comportement. Ainsi, on prive les sujets de sommeil, on contrôle la position, la prise de nourriture, les activités. Pour observer un cycle circadien complet, une routine constante doit durer suffisamment longtemps pour que les changements résiduels se dissipent. Les routines constantes durent donc plus de 24h (Duffy & Dijk, 2002). La limitation majeure de cette approche est qu'elle ne permet pas de séparer la composante circadienne du cycle veille-sommeil (Schmidt et al., 2007). |
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