3.5.3. Chronotype
Chez les humains, les rythmes circadiens ont été
mis en évidence depuis 1939 (Kleitman, 1963 ; in Mongrain, 2006). Il y a
des personnes dites du matin (matinales), qui vont se coucher relativement
tôt et qui ont davantage tendance à être actif le matin,
d'autres personnes sont dites du soir (vespérales), elles se
lèvent relativement plus tard et privilégient donc une
activité plus tard dans la journée.
La phase circadienne se manifeste environ deux heures plus
tôt chez les sujets ayant un chronotype du matin par rapport à des
sujets vespéraux aussi bien au niveau physiologique que
comportemental.
La régulation homéostatique réagirait
également au chronotype. Les sujets matinaux dissipent plus vite la
pression homéostatique que les sujets du soir au cours du sommeil. A
l'éveil au contraire ils accumulent la pression homéostatique
plus rapidement que les vespéraux.
Ces types circadiens peuvent être identifiés par
questionnaires et fournir des informations sur les caractéristiques
circadienne et homéostatique du cycle veille/sommeil d'un sujet
(Taillard, 2009).
Dans l'état actuel des choses, deux questionnaires
prédominent la littérature dans l'étude du chronotype
(Schmidt et al., 2007), le plus populaire est le Morningness-Eveningness
Questionnaire (MEQ, Horne & Östberg, 1976), l'autre est le Munich
Chronotype Questionnaire (MCTQ, Roenneberg, Wirz-Justice, & Merrow,
2003).
Dans une perspective neuropsychologique, une limitation
majeure de l'utilisation des protocoles de désynchronisation
forcée et de routine constante réside dans la mise en place de
tâches cognitives qui doivent être administrées à
intervalle régulier. Dans cette optique, il semble que l'approche
basée sur le chronotype soit davantage appropriée à
l'étude de l'influence de l'horloge biologique sur les variations de
performance dans les fonctions cognitives de haut-niveau (Schmidt et al.,
2007).
Le questionnaire de Horne et Östberg est le plus
répandu pour mesurer le chronotype chez l'adulte. Le sujet est
interrogé sur son état de fatigue et ses moments
préférés de la journée pour la réalisation
d'activités, pour les repas ou encore son cycle/veille sommeil au
travers de 19 questions. Les scores du questionnaire vont de 16 à 86, le
sujet est considéré comme extrême du soir si son score est
en deçà de 31 et comme extrême du matin si son score est
audelà de 69.
Un nombre conséquent d'études ont
suggéré que la performance circadienne à des tests
cognitifs est largement dépendant de paramètres
spécifiques de la tâche, incluant notamment la durée et la
difficulté, la méthode d'administration et les variables
mesurées (Bonnet, 2005 ; in Schmidt, 2009). La performance cognitive ne
serait pas uniquement déterminée par l'activation des
systèmes de régulation sous-jacents mais elle serait
également modulée par des mécanismes compensatoires tels
que des facteurs motivationnels ou les attentes vis-à-vis de
l'expérience (Schmidt, 2009).
L'utilisation d'un protocole standardisé et hautement
contrôlé (routines constantes et désynchronisation
forcée) ainsi qu'une tâche de vigilance (PVT) ont permis de
quantifier l'homéostasie éveil-sommeil et les effets
dépendant des rythmes circadiens sur la cognition humaine (Blatter &
Cajochen, 2006).
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