3.5.4.3. Inertie de sommeil
L'inertie de sommeil est une période suivant le
réveil suivant laquelle l'attention et la performance des sujets sont
affaiblies de telle sorte que le niveau d'éveil normal n'est pas
rencontré (Balkin & Badia, 1988 ; in Silva & Duffy, 2008).
Silva et Duffy, 2008 testent des adultes âgés
(plus ou moins 65 ans) au travers d'une tâche DSST au travers d'un
paradigme de désynchronisation (13,33h d'éveil et 6,67h de
sommeil par « jour »). La tâche DSST comprend des paires de
nombres-symboles (ex: 1/+, 2/ Ë) suivi d'une liste de chiffres dans
laquelle le sujet doit compléter par le symbole correspondant. Ils
constatent que la performance des sujets s'améliore au fur et à
mesure de leur éveil.
3.6. Relation avec les fonctions cognitives
Les oscillations circadiennes semblent induire de nombreuses
variations dans les performances cognitives, c'est le cas par exemple de la
vigilance (Adam, Rétey, Khatami & Landolt, 2006), l'alerte (Van
Dongen & Dinges, 2000), la mémoire de travail (Folkard et al., 1994;
in Schmidt, 2009) ou encore la mémoire déclarative (Cajochen et
al., 1999 ; in Schmidt, 2009).
L'évaluation de l'effet du moment de la journée
sur les performances cognitives a commencé par des mesures
psychophysiologiques. Nathaniel Kleitman, pionnier dans la recherche sur les
rythmes circadiens constata une variation diurne dans la vitesse et
l'exactitude de la performance cognitive, la meilleure performance étant
l'après-midi et la plus mauvaise tôt le matin ou tard dans la nuit
(Kleitman, 1933 ; in Blatter & Cajochen, 2006). Il mit également
en évidence que ces variations sont associées au
rythme diurne de la température corporelle et qu'un changement
spontané ou induit de celle-ci engendrait un ralentissement du temps de
réaction.
Quarante ans plus tard, en 1979, Aschoff et Wever
utilisèrent le paradigme de désynchronisation forcée. Ce
fut la première mesure de la performance circadienne et la
première évidence que les rythmes circadiens et le cycle
veille-sommeil contribuent tous deux à la variation de la performance
cognitive (Blatter & Cajochen, 2006).
Une étude de Taillard, Philip, Claustrat, Capelli,
Coste, Chaumet et Sagaspe (2011) met en évidence que les sujets du soir
parviennent à maintenir une alerte optimale tout au long de la nuit
alors que les sujets du matin n'y parviennent pas. Pour les deux chronotypes,
la performance circadienne est corrélée à la somnolence
subjective.
Des variations circadiennes ont été
observées également sur la mémoire de travail. Rouch,
Wild, Ansiau et Marquié (2005) constatent que les travailleurs en
équipe qui ont des horaires de travail fluctuants ont de moins bonnes
performances dans le rappel immédiat que les travailleurs ayant des
horaires fixes. Leurs résultats suggèrent que cette baisse de
performance n'est pas tant le fruit de troubles de sommeil mais davantage d'une
désynchronisation des rythmes circadiens. Rowe, Hasher et Turcotte
(2009) comparent des sujets matinaux âgés à des sujets
vespéraux âgés dans une tâche de mémoire de
travail visuo-spatiale (empan de Corsi). La tâche leur est
présentée soit en ordre ascendant (sets de plus en plus grands)
ou descendant (sets les plus longs en premier). Dans la condition descendante,
ils observent que les matinaux âgés ont une performance bien
meilleure lorsqu'ils sont au pic de leur journée.
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