IV. Discussion
Rappel des hypothèses
L'objectif principal de ce travail a été
d'étudier le lien entre les rythmes circadiens et le jugement social.
Nous avons tenté de lier ces deux aspects au travers de l'inhibition
cognitive. Autrement dit, nous avons procédé en 3 temps : 1. Voir
s'il existe un lien entre la performance en inhibition et le rythme circadien.
2. Voir si la performance inhibitrice est liée au jugement social 3.Voir
si ces trois notions sont liées entre elles (ex : au moment non optimal
de ma journée, j'ai plus de difficultés à inhiber mes
réponses et j'active davantage mes stéréotypes).
A cette fin, nous avons recruté deux groupes de
participants sur base d'un questionnaire de chronotype : les sujets
extrêmes du soir et les sujets extrêmes du matin. Ces sujets ont
été vu au moment optimal (le matin pour les matinaux, le soir
pour les vespéraux) et non-optimal de leur journée (le soir pour
les matinaux, le matin pour les vespéraux). L'ordre de passation
(optimal puis non-optimal vs non-optimal puis optimal) a été
contrebalancé et il s'est écoulé 7 à 10 jours entre
les deux passations.
Les sujets ont été testés au travers de
quatre tâches contre-balancées, l'une d'entre elles est la
tâche de vigilance psychomotrice qui permet de s'assurer du maintien de
leur attention durant l'expérience. La tâche de GoNoGo est une
seconde tâche à laquelle les sujets ont été
confrontés, elle mesure la capacité des sujets à inhiber
la réponse à un élément dominant. La
troisième tâche est l'IAT ou tâche d'association implicite
au cours de laquelle on mesure la préférence implicite des sujets
pour une population (maghrébin/francophone). Enfin, ils ont
été testés au travers d'une échelle explicite de
préjugés afin de voir s'il existait une différence dans la
réponse exprimée au niveau implicite et explicite par les sujets
sur les mêmes populations.
Nous nous attendions dans un premier temps à ce que nos
résultats sur la tâche de vigilance indiquent un temps de
réaction plus rapide lors de la condition optimale uniquement chez les
sujets du soir. Nous nous attendions également pour cette tâche
à obtenir des temps de réaction plus rapides pour les sujets du
soir que du matin.
Là où nous nous attendions à ce que la
vigilance réagisse au facteur circadien, notre attente se portait
également sur des variations circadiennes dans les autres tâches.
Ainsi, la première de nos hypothèses est qu'au moment
non-optimal de leur journée, tous les sujets (matinaux et
vespéraux) éprouvent davantage de
difficultés à inhiber leurs stéréotypes au niveau
implicite mais non au niveau explicite. Nous nous attendons donc à ce
que nos sujets révèlent une préférence plus
importante pour la population francophone (endogroupe) que pour la population
maghrébine (exogroupe) au moment non-optimal de leur journée.
Cette préférence devrait se marquer par un score D plus important
dans la tâche d'association implicite au moment non-optimal. En revanche,
nous nous attendons à ne constater aucune différence sur
l'échelle explicite en raison d'un biais de désirabilité
sociale.
La seconde hypothèse est que l'inhibition cognitive
subirait le méme sort et que l'inhibition serait moins bonne au moment
non-optimal de la journée. Nous nous attendons ici à ce que nos
sujets appuient plus souvent lorsque cela ne leur est pas demandé (appui
intempestif) dans la condition non-optimale. Cela se traduirait par un
pourcentage d'appuis intempestifs plus importants dans la tâche
GoNoGo.
La troisième et dernière hypothèse
rejoint les deux premières et postule que l'inhibition des
stéréotypes serait influencée par l'inhibition cognitive.
Notre attente ici est que les sujets aient des performances fortement
corrélées aussi bien au moment optimal qu'au moment non-optimal
de leur journée entre la tâche GoNoGo et la tâche
d'association implicite. Ceci se traduirait par un nombre d'appuis intempestifs
et un score D congruents (moment non-optimal : nombreux appuis intempestifs,
score D élevé / moment optimal : peu d'appuis intempestifs, score
D faible).
|