1.5.2. Assimiler les attributs de la cible
Lorsque nous catégorisons un individu comme appartenant
à une catégorie sociale particulière (ex : Alexandre est
paresseux), pour que le stéréotype que nous portons sur cet
individu soit modifié il est nécessaire que de l'information
contre-stéréotypique (ex : ma voisine m'a dit qu'il travaille 8
heures par jour dans une association) soit traitée. Néanmoins,
cette information est généralement ignorée lors de la
formation d'impression et ce pour deux raisons.
Comme vu ci-dessus, les stéréotypes orientent le
processus attentionnel (Fiske, 1998 ; in Waroquier & Klein, 2006). Nous
recherchons en l'autre ce que nous prévoyons de visualiser. Par exemple,
convié chez un ami d'origine maghrébine, notre choix de cadeau se
fera peutêtre davantage dans une confiserie de loukoum que dans une
fromagerie.
Mais encore, l'information qui est cohérente avec le
stéréotype serait plus facilement intégrée (ex:
Bodenhausen & Macrae, 1998 ; in Waroquier & Klein, 2006). Il semble
plus simple d'assimiler l'information suivant laquelle une femme au foyer fait
régulièrement le ménage (comportement
stéréotypique) plutôt que d'assimiler qu'elle lit des
livres scientifiques (comportement neutre) ou qu'elle consacre ses week-end
à la mécanique automobile (comportement
contre-stéréotypique). En mémoire, le groupe social et
l'attribut seraient unis par des liens de causalité (une femme au foyer
doit s'occuper de sa maison et doit donc faire le ménage, etc.),
permettant l'assimilation de l'information concordante avec le
stéréotype.
1.5.3. Interpréter le comportement de la cible
Les comportements de la cible, neutres ou mêmes
contre-stéréotypiques font fréquemment l'objet d'une
interprétation biaisée qui renforce le
stéréotype.
En 2007, Correll, Park, Judd et Wittenbrink utilisent un jeu
vidéo pour simuler des rencontres avec des cibles potentiellement
hostiles. Leur étude s'intéresse au biais racial dans une
décision tirer/ne pas tirer. L'expérience révèle
notamment que la tendance des participants à commettre une erreur (tirer
sur un noir non armé ou ne pas tirer sur un blanc armé) est
fortement augmentée lorsque ceux-ci ont précédemment lu
l'histoire d'un criminel noir.
1.5.4. Expliquer les causes du comportement de la cible
En 1977, Ross (in Riggio & Garcia, 2009)
définissait l'erreur d'attribution fondamentale comme étant la
tendance à surestimer les facteurs situationnels pour les comportements
des autres.
Cette erreur d'attribution fondamentale trouve une place de
choix dans les stéréotypes. En effet, l'erreur d'attribution
fondamentale est une double tendance, celle d'octroyer les comportements
concordants avec un stéréotype à des facteurs internes et
la tendance à interpréter les comportements
contre-stéréotypiques comme relevant de l'environnement. Ainsi,
Jacques apprend l'histoire d'un jeune, Brahim, qui a aidé une femme
blessée dans le métro. Jacques explique ce comportement par une
attribution extérieure à Brahim (Brahim est étudiant
infirmier et ses amis l'ont incité à aider la femme) plutôt
qu'à une disposition interne (Brahim est altruiste).
|