WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Exploitation artisanale de l'or et développement en territoires de Mambasa et Wamba (province orientale, RD Congo)

( Télécharger le fichier original )
par Jean de Dieu AYBEKA KOPIKAMA
Universite Catholique du Graben - Licence en Economie de developpement 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

c) Les négociants

Nos enquêtes ont montré que ce sont les négociants ont le monopole d'achat dans les milieux étant donné l'absence des comptoirs agréés sur place. Ceci signifie qu'ils sont les seuls à fixer le prix de l'or aux exploitants artisanaux qui ne sont pas d'ailleurs organisés en associations. La plupart des négociants n'ont même pas de carte de négociant. De façon générale, tout commerçant oeuvrant dans les zones aurifères achètent de l'or.

Un autre acteur important dans les carrières d'or demeure la femme qui entreprend une multitude d'activités surtout dans le domaine de la restauration populaire et de buvettes ou « Nganda ».

d) Les femmes

Les femmes jouent de façon générale un rôle reproductif. Ce sont elles qui gèrent la production alimentaire, l'approvisionnement en combustible du foyer, en eau potable et le commerce des produits de base. Mais de plus en plus, les femmes entreprennent des activités commerciales informelles. Cet esprit d'entreprise chez les femmes est dû à leur « aspiration à l'indépendance économique et à la conquête vers l'autonomie »54(*). En effet, « entreprendre, dit Philippe DE WOOT, consiste à changer un ordre existant »55(*).

Ainsi les femmes sont aussi embauchées pour des tâches connexes à l'orpaillage comme le transport d'eau et de pierres (voir Photo N°3 en annexe). L'étude menée à Kamituga, au Sud Kivu, confirme cette situation. En effet, après la procédure de creusage, le minerai d'or doit être transporté, pilé, nettoyé et tamisé. Généralement ces taches sont réservées aux filles ou aux femmes. Le transport consiste à déplacer les roches de quartz de la mine vers l'outra. Le tamisage consiste à casser les roches de quartz en une poussière plus malléable, qui est alors nettoyée et tamisée dans les outrans environnants. Comme le font remarquer Koen VLASSENROOT et Timothy RAEYMAEKERS56(*), ce pilage quotidien - qui se fait au moyen d'une frappe répétitive de la roche dans un récipient de métal (comme l'écrasement de racines de manioc) - est surtout la prérogative de femmes.

Plusieurs femmes rencontrées dans les sites d'orpaillage travaillent comme tenancières des restaurants populaires. Elles sont ainsi appelées « mamans restaurants ». Ces « mamans restaurants » se font aider par des filles qui sont employées dans les bars et les restaurants destinés à la communauté minière. On y a trouvé même des filles, âgées de 10 à 12 ans, travaillant jusqu'à 12 heures par jour. Et dans beaucoup de cas, ce travail peut mener à la prostitution ou aux abus sexuels imposés par des clients ou des employeurs.

A propos de la qualification des femmes tenancières des restaurants populaires, nos enquêtes ont montré que sur 40 d'entre elles que nous avons rencontré, aucune n'a attestée avoir un diplôme scolaire ou académique (D4, D6, G3, L2) comme l'indique ce tableau :

Tableau N° 2 : Niveau d'instruction des tenancières des restaurants

N.

NIVEAU D'ETUDES

EFFECTIFS

%

1

Primaire 

15

37,5

2

Secondaire 

19

47,5

3

Alphabétisée

6

15

4

Diplômée (D4, D6, G3, L2)

0

0

 

TOTAL

40

100

Source : Données d'enquête de janvier 2011.

On comprend donc que les facteurs principaux de leur succès ne résident pas dans une qualification scolaire ou académique mais aussi dans leurs qualités d'entrepreneurs : la confiance en soi, la persévérance, voire la ténacité ou l'obstination face aux innombrables obstacles qui parsèment la route de l'entrepreneur, la flexibilité ou la capacité de faire évoluer son projet en fonction des contingences locales ou externes souvent imprévisibles,  leur potentiel créatif, leur enthousiasme, leur charisme, leur capacité de diriger et de gérer57(*).

Les petites entreprises gérées par ces femmes ont besoin d'un financement. L'apport personnel est en général la règle au démarrage de ces micro- entreprises. L'enquête menée sur 40 femmes donne les résultats suivants :

Tableau N° 3 : Sources de financement des tenancières des restaurants

SOURCES DE FINANCEMENT

EFFECTIFS

%

1

Apport personnel 

20

50

2

Emprunt de la famille 

9

22,5

3

Tontine

6

15

4

Crédit fournisseur

4

10

5

Epargne traditionnelle

1

2,5

 

TOTAL

40

100

Source : Données d'enquête de janvier 2011.

Au regard de ce tableau, on peut affirmer que :

- 50% des « mamans restaurants » ont démarré leur activité grâce à leur apport personnel. Cet apport personnel a parfois pour origine une décapitalisation (vente de produits agricoles ou des biens de valeur), mais plus souvent une épargne cumulée au cours des années ;

- 22,5% des ces femmes ont financé leur activité par des emprunts contractés dans la famille (mari, grand frère, oncle, cousins, etc.). Les conditions de remboursement restent floues, les prêts devenant souvent des dons qui, dans le contexte familial, sont néanmoins remboursés en nature ou en services ;

- 15% des tenancières des restaurants financent leurs micro- entreprises par une forme d'épargne collective en Afrique qu'est la tontine ;

- 10% financent leurs restaurants par le crédit fournisseur, considéré ici comme source informelle de financement car il dépend autant des relations personnelles (et du capital confiance) que des liens commerciaux classiques entre ces femmes entrepreneurs et leurs fournisseurs ; et

- 2,5% de ces entrepreneurs financent leur activité par l'épargne traditionnelle qui consiste souvent à transformer de l'argent en biens (bétail, terres, immeubles, bijoux, etc).

Ces différents acteurs que nous venons d'analyser, à savoir les services de l'Etat, les exploitants artisanaux, les négociants et les femmes, proviennent de diverses origines socio- professionnelles et sont de différents âges.

* 54 LANCELIN M., « Quelques éléments de réflexion sur les problèmes d'épargne et de crédit », in Technique financière et développement dans l'esprit d'entreprise, Ed. AUPELF - UREF, John Libbey, Paris, 1993, p.4.

* 55 HENAULT G. et M'RABET R. (sous la direction de), L'entrepreneuriat en Afrique francophone : culture, financement et développement, Ed. AUPELF - UREF, John Libbey Eurotext, Paris 1990, p. 299.

* 56 VLASSENROOT K. et RAEYMAEKERS T., Op cit., pp. 132-133.

* 57 CAMILLERI J.-L., La petite entreprise africaine. Mort ou résurrection ?, L'Harmattan, Paris, 1996, p. 209.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci