CONCLUSION
Le lac Bleu est un site dont la valeur patrimoniale est
indéniable eu égard à ses caractéristiques
hydrologiques et biologiques. Cependant, ce milieu humide subit de plein fouet
les conflits d'usage essentiellement liés à l'eau.
Facteur limitant sous nos latitudes, l'eau devient un enjeu
important pour de nombreux aspects de l'activité humaine. Elle constitue
également le réceptacle de nombreux résidus de cette
activité lorsqu'elle se collectionne en de plus ou moins vastes plans
d'eau. Les dégâts que ces milieux subissent ne concernent pas
uniquement la qualité de l'eau, mais touchent également une
grande part des organismes, qui se chiffre en dizaine d'espèces, en
modifiant les caractéristiques physicochimiques de
l'élément auquel ils étaient adaptés depuis des
centaines de milliers d'années, voire plus.
Le lac Bleu n'est pas exempte de ce phénomène.
Milieu privilégié au sein d'un environnement hostile : les sables
dunaires arides ; il attire naturellement végétaux, animaux et
l'homme. Dés lors il n'est plus à l'abri d'un excès
d'utilisation au-delà d'un seuil étroitement
corrélé à la seule présence humaine.
Les études réalisées sur la faune et la
flore, ont toutes eu pour objectif de dresser l'inventaire le plus complet
possible des animaux et des végétaux que ce milieu humide,
enclavé dans les sables, a pu permettre de s'installer. Ces inventaires,
réalisés depuis une vingtaine d'années, ont tous mis
l'accent sur le caractère écologique et biogéographique
exceptionnel des organismes observés. La singularité de ces
organismes témoignait de la riche histoire biogéographique de la
région et contribuait en même temps à enrichir une
diversité biologique régionale par des espèces devenues
rares.
Les enquêtes, observations et mesures effectuées
au cours de cette étude ont mis en relief un fait inquiétant pour
l'avenir de ce site humide : la pression démographique locale ne semble
pas connaItre de ralentissement en dépit d'une pénurie de
logements, de travail, de projets de développement régionaux
à moyen et à long terme. Ceci implique que l'étang sera de
plus en plus mis à contribution pour fournir ce qu'il produit de mieux :
l'eau ; pour assurer une production agricole qui sera développée
pour assurer la subsistance de cette population locale.
Dans ce cas, les enjeux écologiques seront de peu de poids
face à la précarité d'une existence oi les besoins vitaux
de bases (nourriture, soins, éducation...) seront difficilement
satisfaits.
Dans ces conditions il sera impératif d'accompagner les
inventaires de toute sorte d'études socioéconomiques qui devront
permettre de s'attacher la contribution volontaire des riverains à une
opération durable et cotIteuse, de gestion du site concerné.
Cette contribution des riverains à la gestion du site
devra concerner aussi bien la pratique agricole : amendements, irrigation,
gestion du bétail..., que le déversement des eaux usées,
ou le dérangement des animaux. Elle nécessite une action
permanente d'information et de sensibilisation.
Les riverains doivent comprendre que la gestion et la
conservation des zones humides leurs sont non seulement utiles, pour une
utilisation durable; mais elles leur sont également nécessaire
pour éviter la perte d'une ressource vitale. Tant d'un point de vue
économique, que d'un point de vue ludique, esthétique et
culturel.
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