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L'intégration des sources universelles sur le droit international des droits de l'homme

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par Guité DIOP
UCAD - Doctorant 2011
  

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CONCLUSION GENERALE

La déclaration universelle des droits de l'homme et le système juridique qui en découle se veulent universels, il reste que se sont des textes humains inscrits dans un contexte et une histoire particulière. Certains éléments et certaines formulations peuvent exprimer l'origine occidentale de leurs rédacteurs (l'importance de la dimension individualiste). D'autant qu'ils ont été adoptés à une époque où la plus part des pays du sud étaient encore sous domination coloniale. C'est pourquoi sont peu à peu apparus des textes régionaux : des déclarations africaines, arabes, européennes, asiatiques etc. Un texte comme la charte africaine des droits de l'homme et des peuples adoptée en 1981 intègre par exemple la notion  « de valeurs traditionnelles reconnues par la communauté » et met en avant les droits et devoirs de communauté « famille, société, nation, Etat » : dans une approche plus communautaire moins individualiste. On peut certes remettre en cause l'européocentrisme et prendre plus en considérations les spécificités culturelles et religieuses.

Les guerres les plus meurtrières de l'humanité résultaient généralement de l'idéologie prônant la supériorité d'une race par rapport aux autres races. C'est dans ce sillage que le coriace impérialiste Jules FERRY  avançait que : « les colonies sont pour les pays riches un placement de capitaux des plus avantageux ». Aussi défie-t-il le soutien de la thèse sur l'égalité, la liberté, l'indépendance des races inférieures. Ainsi commence à être renforcée la pratique de la servitude, de l'esclave dans cette mouvance de la conquête coloniale. Consciente de ces enjeux pouvant engendrer des effets néfastes à travers l'humanité, l'Assemblée Générale des nations unies adopta le 10 Décembre 1948 une déclaration universelle des droits de l'homme visant à protéger et promouvoir les droits des humains dans un cadre spatio-temporel. Ainsi la déclaration universelle des droits de l'homme posa un certain nombre de principes qui devraient être insusceptibles de violations, lesquels principes étant entre autres  « l'égalité des hommes »(art1), « la non discrimination »(art 2),  « l' interdiction de l' esclavage »(art 4), « l'interdiction de la torture »(art 5), « droit à la nationalité » ( art 15) etc.

Influencé par d'autres textes d' obédience libérale et surtout par cette Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ,la notion de droits des peuples fut théorisée au lendemain de la second guerre mondiale(1976) dans un processus de revendications nationalitaires qui devaient aboutir à la décolonisation .C `est dans ce sens que l'ethnologue français Claude Levi STRAUSS dénonçait les méfaits de l' acculturations et mettait l'accent sur la nécessité de reconnaître les droits particuliers aux minorités ethniques. On assiste, par conséquent, à des affirmations identitaires d toutes sortes, à la sclérose grandissante des Etats-nations réclamant leur indépendance voire souveraineté. En effet la souveraineté ,qui est un principe essentiel définissant un Etat qui n' est soumis à aucune autre puissance et qui exerce une autorité suprême , se fonde sur un autre principe appelé principe de l'auto-détermination qui permet à tout à disposer de lui-même et à prendre les décisions politiques qui les concernent .Ce principe général de l' auto-détermination se trouve évoqué dans la déclaration universelle des droits de l'homme en ses article 1et 15 . Delors des revendications nationalitaires se renforcèrent et aboutirent, de nos jours, à la décolonisation, lesquels mouvements de décolonisation vont gagner l'espace mondial. Ces peuples opprimés se réfugièrent derrière cet esprit humaniste de la déclaration pour revendiquer leur libération. Ce fut le cas du Congo en 1960, de l'Algérie en 1962 ; le cas du Bangladesh etc. En gros, 50 à 200 Etats souverains sont estimés à l'heure actuelle.

Toute conception des droits de l'homme possède une vocation à s'appliquer, voire à s'imposer à l'ensemble des Etats, des peuples et des individus. La déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 forme le socle sur lequel se sont construits les instruments à caractère régionaux. La déclaration universelle a inspiré une importante activité normative et a servi de modèle y compris en tant que première phase d'une dynamique conduisant à la rédaction de traités à plusieurs documents analogues qui jouent un rôle essentiel dans la construction d'espaces politiques de dimension régionales. La déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 a ainsi directement inspiré le conseil de l'Europe créé un plus tard, dans la rédaction de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, traités unique en son genre puisqu'il prévoit aussi un mécanisme de surveillance de son respect de nature judiciaire et obligatoire, la cour européenne des droits de l'homme créée peu après, la communauté économique européenne, intégré à l'union européenne en 1992 a progressivement affirmé son identité politique, notamment par l'adoption des déclarations du conseil des ministres de 1986 et du conseil européen de 1991 sur les droits de l'homme, qui ont précédé la rédaction de la charte européenne de droits fondamentaux adopté à Nice en 2000. Et en d'autre part la cour de justice des communautés européennes juridiction propre à l'union européenne a progressivement reconnu la jurisprudence de la cour européenne des droits de l'homme comme faisant parti des normes S'imposant aux états-membres.

Dans une filiation étroite avec la déclaration universelle, l'Europe dispose aujourd'hui d'un ensemble de normes relatives aux droits de l'homme dont la surveillance est assuré par des mécanismes juridictionnels éprouvés. La déclaration américaine des droits et devoirs de l'homme et l'organisation des états américains de 1948 est à l'origine de la convention interaméricaine des droits de l'homme de 1978, assortie elle aussi d'une cour de justice chargée de vérifier son respect, mais selon un principe d'adhésion facultative des états. Force est de constater que la déclaration a inspiré l'union africaine avec l'adoption de la charte africaine des droits de l'homme et des peuple adopté le 27 juin 1981 à Nairobi Kenya lors de la 18ème conférence de l'organisation de l'unité africaine entrée en vigueur le 21 octobre 1986. Les grandes conférences mondiales thématiques que l'organisation des nations unies a réunies depuis le début des années 1970 se sont, d'autre part conclus aussi par des déclarations dont certaines ont été le prélude à l'adoption de normes internationales contraignantes importantes.

Les Etats très sourcilleux sur la question de leur souveraineté peuvent organiser eux-mêmes des limites aux effets concrets des droits de l'Homme. Cela passe par la conception du droit en opposant de manière rédhibitoire le droit interne au droit international en refusant toute ingérence dans leurs affaires intérieures. Ainsi, l'Etat peut créer un espace clos dans lequel les pouvoirs publics se sentent libres d'agir à leur guise. Cela peut prendre plusieurs formes :

Il peut s'agir de la non ratification d'un traité international sur les droits de l'Homme rendant caduc de beaux textes négociés au sein d'une organisation internationale car restant sans effet. Le refus des Etats-Unis de ratifier les traités sur le statut de la CPI est un très bon exemple. L'Etat peut aussi introduire des réserves lors de la ratification des traités pour en limiter certains effets dans son pays. Même après ratification il peut freiner l'application réelle du texte ou en suspendre les effets pour des raisons discrétionnaires d'ordre public.

Cette compétence discrétionnaire de l'Etat peut se fonder sur l'article 124 de la CPI qui permet à un Etat de refuser pour une période de 7 ans la compétence de celle-ci en ce qui concerne les crimes de guerre commis par ses ressortissants. Mais aussi en vertu du principe de complémentarité, la compétence de la CPI s'exerce uniquement quand un Etat est véritablement dans l'incapacité d'engager des poursuites contre des criminels de guerre présumés relevant de sa compétence ou n'a pas la volonté de le faire. A ce titre l'exemple du Sénégal est très significatif dans la mesure où malgré les multiples pressions internationales subies, a adapté sa législation pour pouvoir juger l'ancien Président Hussein HABRE.

Par ailleurs le respect ou la protection des droits de l'homme est souvent invoqué par certains Etats pour justifier une attaque ou une mission d'inspection alors que les enjeux officiels sont, soit d'ordre politique, soit d'ordre militaire. C'est le cas par exemple de la guerre opposant les Etats Unies à l'Irak ou les objectifs humanitaires invoqués par BUSH, trouvaient leurs fondements sur le fait de libérer l'Irak de son dictateur Saddam Hussein afin qu'il devienne un pays unis stable et libre, d'appuyer la reconstruction et l'aide humanitaire , réparer les dommages causés à l'infrastructure du pays et à la population civile et de condamner Saddam Hussein pour ces crimes( violations des droits de l'homme) et de promouvoir la démocratie et le droit de la femme dans le monde musulman. Enfin les droits de l'homme sont souvent vus comme un instruments de domination de certaines grandes puissances, plutôt qu'un instrument d'humanisation progressive de la connivence nationale et internationale.

Mais la contestation de la déclaration universelle des droits de l'homme ne doit pas servir à remettre en cause sa valeur. Ces critiques ont permis l'adoption par l'assemblée générale des Nations Unies des pactes et conventions ayant un caractère contraignant contre les Etats signataires en cas de violation. Il en est ainsi de la convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale(1965), du pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels(1966), et tout récemment l'adoption par les Nations Unies, en Septembre 2007, d'une déclaration universelle des droits des peuples indigènes.

Malgré cette universalité proclamée par la déclaration elle-même, certains Etats comme la Malaisie (1997) et organisations non gouvernementales estiment qu'il faudrait réécrire la déclaration universelle des droits de l'homme pour la rendre moins tributaire de sa source occidentale et y intégrer le droit des minorités et le droit au développement et à l'environnement.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille