UNIVERSITE RENNES 2
HAUTE BRETAGNE
Pour l'obtention du Master 2 L.L.C. EUROPE
Des transferts sont-ils possibles de la didactique du
français (FLE/FLS) à la didactique de l'amazighe (berbère)
dans le contexte sociolinguistique marocain ?
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Mémoire réalisé par
Lahcen NACHEF
Sous la direction de
M. Philippe Blanchet
Année universitaire : 2005 / 2006
DEDICACE
A
Naima, ma femme et Malika, ma fille.
A
Toute ma famille et à tous mes amis.
REMERCIEMENTS
Ils vont tout naturellement à tous ceux qui nous ont
aidé, de loin ou de près, à la réalisation de ce
modeste travail :
q Tout particulièrement au professeur
Philippe BLANCHET pour avoir accepté de diriger ce
travail et pour n'avoir ménagé aucun effort - tant humain de
généreuse disponibilité qu'intellectuel de
précieuses orientations - et, enfin, pour avoir soutenu de bout en bout
cette réflexion.
q Mais aussi à tous nos
professeurs-encadreurs et aux membres du
jury.
q A Monsieur Ahmed Boukous, doyen de l'IRCAM,
pour ses encouragements, pour son accord de principe pour une éventuelle
co-direction de notre thèse et enfin pour la riche documentation qu'il a
mise gracieusement à notre disposition.
q A Mesdames et Messieurs les responsables des
différents départements de l'IRCAM pour le chaleureux
accueil qu'ils nous ont réservé lors de la visite de l'Institut,
pour les inestimables conseils qu'ils ont bien voulu nous prodiguer, pour avoir
répondu au questionnaire qui leur a été destiné et
enfin pour nous avoir permis d'assister à toutes les sessions de
formation sur la langue amazighe qu'ils ont animées dans la
région : M. Mehdi IAZZI, Mme Fatima
AGNAOU, M. Jilali SAIB, Mme
Meryem DAMNATI, M. Belaid BOUDRISS, M.
Abdellah BOUMLIK, M. AFOULAY, M.
BELLOUCH, ...
q A Messieurs les inspecteurs et Mesdames et
Messieurs les professeurs de l'enseignement primaire qui ont
bien voulu répondre à notre questionnaire.
q A Madame Hafida DERKAOUI, pour nous avoir
permis d'observer dans sa classe le déroulement de deux séances
en amazighe.
q A Monsieur Mohamed JAHDOU pour sa
précieuse participation à la laborieuse tâche de
dépouillement.
Enfin, que tous ceux qui se seront reconnus
ici, et dont les noms ne sont pas explicitement mentionnés,
trouvent dans notre allusion le reflet de notre sincère gratitude.
PRESENTATION
Le présent mémoire est une modeste
réflexion qui s'inscrit dans le cadre du concept de la didactique
intégrée. Il tente de montrer si des transferts sont possibles,
opérables de la didactique du français langue
étrangère ou seconde (désormais FLE/FLS) -
confirmée dans le contexte éducatif marocain - à la
didactique, naissante, de la langue amazighe.
Il comporte deux parties principales. La première,
composée de deux chapitres, retrace de manière très
schématique le parcours historique des rapports établis entre
l'amazighe comme langue vernaculaire d'une grande proportion de la population
marocaine et les langues qui ont été d'usage et/ou qui continuent
de l'être dans le paysage linguistique marocain. Cela constitue
l'essentiel du premier chapitre.
Le second chapitre examine, avec un peu plus de
détails, les rapports qu'avait et continue d'avoir cette langue avec la
langue française. Ces interactions seront analysées dans divers
domaines tels que l'histoire, la politique, les mondes des médias et de
l'édition mais aussi et surtout les contextes socioculturel et
économique, les secteurs de l'éducation, de la pédagogie
et de la didactique.
La deuxième partie, à caractère
plutôt pratique, constitue l'essentiel de notre étude. Elle tente,
en se fondant sur une enquête sur le terrain, de:
· Faire l'état des lieux de l'enseignement de
l'amazighe récemment introduit dans l'école marocaine ;
· Vérifier l'hypothèse selon laquelle la
didactique adoptée par les enseignants de cette langue s'inspirerait,
didactique intégrée oblige, de la didactique des autres langues
en présence, notamment de celle du FLE/FLS.
INTRODUCTION GENERALE
L'introduction de la langue amazighe dans le contexte scolaire
marocain, initiée d'abord par la plus haute autorité de l'Etat
puis concrétisée par le Ministère de l'Education
Nationale, constitue un tournant dans la politique linguistique et
éducative du Maroc.
En effet, considérée depuis très
longtemps comme langue minoritaire, essentiellement orale, socialement et
économiquement sans valeur ajoutée, la langue amazighe
était le dernier souci des concepteurs de programmes de
développement tant au niveau des gouvernements successifs qu'au niveau
des partis politiques.
Seuls quelques militants associatifs et une poignée
d'intellectuels s'intéressaient à la question de la langue et de
la culture amazighes.
Aujourd'hui, avec le développement des droits humains
et la réhabilitation des diversités culturelles, ethniques et
linguistiques, en vertu d'une ouverture voulue par tous, gouvernants et
gouvernés, sous l'égide des instances internationales et
grâce aux pressions internes (associations et autres mouvements
revendiquant la spécificité culturelle), le Maroc, à
l'instar des autres pays qui connaissent ces phénomènes de
pluralité, finit par admettre la langue amazighe comme une composante
indissociable de l'identité marocaine et comme un patrimoine
séculaire susceptible de constituer une richesse supplémentaire
de la culture et de la civilisation nationales.
En témoignent, entre autres, la création d'un
institut royal de la culture amazighe (désormais IRCAM), l'institution
(en projet) de filières de langue et de littérature amazighes
dans certains départements des universités marocaines, l'adoption
officielle de l'alphabet amazighe (le tifinaghe), l'autorisation de la
création de dizaines d'associations amazighes, l'autorisation de la
tenue du Congrès Mondial Amazighe (à Nador) pour la
première fois au Maroc en juillet 2005.
Aussi, l'amazighe est reconnu constitutionnellement comme
langue nationale. Les défenseurs de cette langue revendiquent
actuellement qu'elle soit l'autre langue officielle du pays à
côté de l'arabe, qu'elle soit enseignée obligatoirement
dans les écoles marocaines et devienne la langue de communication dans
les divers domaines et secteurs d'activités socioéconomiques tels
la justice, les médias, les services publics, etc.
Dans cette mouvance, un besoin pressant d'aménagement
de la langue amazighe se fait sentir dans les milieux éducatifs et
universitaires. Néanmoins, si de grands efforts ont été
faits sur le plan de l'aménagement linguistique, il reste beaucoup
à faire au niveau de la didactique de l'amazighe. L'IRCAM, auquel
incombe la responsabilité de la promotion linguistique et culturelle de
cette langue ne rechigne point à l'ouvrage : les publications
foisonnent1(*), les
colloques et rencontres se multiplient, les manuels scolaires paraissent tous
les ans depuis 2003, date du démarrage de l'introduction de l'amazighe
dans l'enseignement, les sessions de formation du personnel éducatif
s'organisent régulièrement, ....
Toutefois, sur le plan didactique, l'IRCAM tente de parer au
plus pressé en faisant appel aux compétences disponibles. Mais
jusqu'à présent, il n'y a pas encore eu de recherches
scientifiques dignes d'intérêt pour que soit établie une
didactique spécifique de l'amazighe. Il est vrai que de nombreuses
tentatives sont en cours ces dernières années mais elles ne
semblent pas répondre aux besoins des enseignants. Ces derniers, comme
d'ailleurs leurs inspecteurs voire les concepteurs de matériel
didactique eux-mêmes (nous le verrons dans la partie pratique), se
contentent de recourir souvent à des pratiques empruntées soit
à la langue arabe soit à la langue française.
Et, c'est ce qui motive particulièrement la
présente recherche qui vise dans un premier temps de faire l'état
des lieux de cette réalité et dans un second temps de mesurer les
emprunts effectués aux autres didactiques tout en mettant en exergue
l'hypothèse selon laquelle l'apport de la didactique du français
(FLE/FLS) demeure prépondérant. Toute la partie pratique vise la
confirmation de ladite hypothèse.
P R E M I E R E P A R T I E
|
"Le Berbère est fier d'avoir combattu,
à chaque époque, avec les armes et l'esprit de l'époque,
pour ce qu'il a pensé être le vrai et le juste; il ne
diffère en rien dans ce point de la totalité des êtres
humains. Mais son destin a voulu qu'il préservât, contre vents et
marées, son identité, sa spécificité,... et sa
langue, laquelle est tout à fait apte à se revigorer et
s'épanouir, pour autant qu'on lui en laisse la
liberté"
Mohamed CHAFIK*
_____________
*In "Pour un Maghreb d'abord maghrébin", 2000,
Centre Tarik Ibn Zyad pour les études et la recherche, Rabat.
ECLAIRAGES CONCEPTUELS ET SIGLES
Nous avons intitulé notre recherche " Des
transferts sont-ils possibles de la didactique du français (FLE/FLS)
à la didactique de l'amazighe (berbère) dans le contexte
sociolinguistique marocain ?".
Notre dessein est de nous demander, et c'est là notre
problématique, dans quelle mesure une didactique intégrée,
inévitable du reste dans un contexte de multilinguisme comme celui du
Maroc, peut contribuer à enrichir la pratique pédagogique dans un
milieu où les apprenants sont en contact avec plusieurs langues à
la fois et dès les premières années de leur
scolarité. Le vocable transfert est à comprendre
ici, d'une part, dans son sens premier comme "action de faire passer d'un
lieu dans un autre" (dictionnaire Hachette, édition 2003) sous
forme de "transfert de technologie" ou mieux encore de "savoir-faire", et
d'autre part dans le sens que lui confèrent les théories de
l'apprentissage, à savoir comme "influence d'un apprentissage sur un
autre apprentissage plus ou moins voisin. On parle de "transfert proactif"
lorsqu'il y a influence d'un apprentissage A sur un apprentissage B
postérieur et de "transfert rétroactif" lorsqu'il y a influence
d'un apprentissage B sur un apprentissage A antérieur. Qu'il soit
proactif ou rétroactif, le transfert est dit "positif" s'il y a aide,
facilitation ou consolidation".2(*)
Dans le cas qui nous concerne dans cette réflexion, il
s'agit bien d'un transfert proactif du fait que l'apprentissage de l'amazighe
est postérieur à celui de la langue française pour les
apprenants. De même qu'en didactique, la formation des enseignants comme
des inspecteurs ou encore des concepteurs de matériel didactique a
d'abord porté sur la didactique du français pour la plupart avant
de porter sur celle de l'amazighe (nous le verrons plus loin).
Il s'agira, par ailleurs, d'examiner dans le même temps
le "comment" de cette opération de transfert : déterminer les
disciplines qui s'y prêtent le plus, les procédés et les
approches les plus facilement transférables....
L'appellation l'amazighe (ou le
berbère) doit être compris, à
notre sens, comme langue vivante à part entière puisqu'elle est
parlée par plus de la moitié de la population (Boukous, 1995),
elle a son alphabet propre (le tifinaghe) et elle
vient d'acquérir le statut de langue nationale (nous y reviendrons). Le
synonyme berbère est ici usité, sans connotation
particulière, pour rassurer ceux qui n'ont connu que lui jusqu'ici. Nous
rappelons que cette langue se compose de trois variantes : le
tarifit au nord du pays, le tamazight au
centre et le tachelhit au sud. C'est sur cette dernière
variante que va porter, dans un premier temps, l'ensemble de nos
investigations, en attendant que soit standardisée l'amazighe pour
analyser globalement la question de sa didactique que nous envisageons de
traiter en profondeur dans un travail ultérieur.
Enfin, le lecteur rencontrera dans ces pages quelques sigles;
nous préférons en présenter ici les plus
récurrents.
Ø IRCAM : Institut Royal de la Culture
Amazighe, fondé par décret royal en 2003, il se charge de la
promotion de la langue et de la culture amazighes : entre autres,
l'aménagement linguistique de la langue amazighe dans l'optique de sa
standardisation.
Ø MCA : Mouvement Culturel Amazighe,
constitué de dizaines d'associations à l'intérieur comme
à l'extérieur (par la diaspora) du Maroc.
Ø CMA : Congrès Mondial
Amazighe, considéré comme la plus haute instance internationale
pour la défense et la promotion de la langue et de la culture amazighes
dans leur ère géographique la plus étendue (l'Afrique du
nord, du Maroc à Siwa en Egypte; les Iles Canaries et l'Afrique
subsaharienne des touaregs : le Mali, le Niger, le Burkina...)
Ø CFI : Centre de Formation des
Instituteurs, dans toutes les villes principales du pays; aujourd'hui, centre
de formation des professeurs du primaire (CFPP ?) car l'appellation
instituteur a cédé la place à professeur de
l'enseignement primaire, comme en France "professeur des
écoles".
Ø CPR : Centre Pédagogique
Régional, dans toutes les villes principales du pays, formant les
professeurs du premier cycle de l'enseignement secondaire (qui, depuis quelques
années, est devenu "enseignement secondaire collégial").
Ø ENS : Ecole Normale
Supérieure, surtout dans les grandes villes, formant les professeurs du
second cycle secondaire (appelé depuis peu "enseignement secondaire
qualifiant")
Ø CNFIE : Centre National de Formation
des Inspecteurs de l'Enseignement de Rabat, il accueille dans la même
enceinte les inspecteurs du primaire (trois ans de formation) et du secondaire
(formés en deux ans).
Ø FSE : Faculté des Sciences de
l'Education de Rabat où sont formés des professeurs de second
cycle secondaire et des formateurs de formateurs.
Ø AREF : Académie
Régionale d'Education et de Formation. Il en existe 16 correspondant aux
16 régions du pays. L'AREF est la première instance
éducative de la région, relevant du MEN. Elle commande un certain
nombre de délégations, variable selon les
régions; 7 délégations préfectorales ou
provinciales dépendent de l'AREF qui nous intéresse (AREF de
Souss Massa Draa) : Agadir, Inezgane-Aït Melloul, Chtouka-Aït Baha,
Ouarzazate, Taroudant, Tata et Tiznit.
Chapitre premier
Place de l'amazighe (ou berbère) dans le paysage
linguistique et culturel marocain
I N T R O D U C T I O N
Pour comprendre la spécificité du paysage
linguistique marocain, il convient dès l'abord de se représenter
la dimension historique de l'évolution des langues tant maternelles
qu'étrangères dans toute la région maghrébine et
plus particulièrement au Maroc.
Ce détour, incontournable à notre sens,
permettra de mieux cerner la complexité et la diversité
caractéristique de la région et de mieux situer l'amazighe,
composante elle-même particulière et objet de notre
réflexion, dans un contexte global hérité d'un
passé où il a été influencé par le contact
avec d'autres langues et d'autres cultures.
Ce détour nous éclairera aussi - c'est du moins
notre conviction- sur la sphère géopolitique et
socioéconomique qui a connu l'usage de cet idiome ; sphère
dont les confins dépassent le Maroc pour atteindre, nous le verrons,
ceux de toute l'Afrique du Nord voire au-delà.
Nous analyserons ensuite les caractéristiques propres
à la langue amazighe (ou berbère) dans ses rapports avec les
différentes langues en présence actuellement au Maroc. Ce qui
nous conduira nécessairement à présenter le statut de
l'amazighe d'aujourd'hui, son introduction - toute récente - dans le
système éducatif marocain et enfin les mouvements amazighes dont
la dynamique a participé largement à la réhabilitation de
cette langue. La mention de ces derniers ne sera que sommaire étant
entendu que ce point - comme certains autres d'ailleurs que nous verrons dans
le développement de cet exposé - sera largement examiné
dans le second chapitre de cette partie.
UN DETOUR HISTORIQUE
Les Maghrébins, et parmi eux les Marocains, ont connu
et ont subi l'influence de plusieurs civilisations qui se sont
succédé autour du bassin méditerranéen depuis les
périodes historiques les plus reculées3(*).
Sans rentrer dans les querelles entre historiens quant
à l'origine des premiers habitants de l'Afrique du Nord, nous dirons
avec un collectif d'historiens, sous la coordination de Michel Terrasse que
"les premiers auteurs - des Grecs- qui parlent de l'Afrique du Nord, les
appellent libyques ou numides, c'est-à-dire nomades, et que les
Carthaginois ont appris l'agriculture à ces populations indigènes
... Et, si l'on ne sait pas grand-chose sur la langue Libyque, ancêtre
des dialectes berbères, des inscriptions contemporaines de Carthage et
de Rome révèlent que les signes trouvés ressemblent au
"tifinaghe", utilisé encore aujourd'hui par les Touaregs"4(*) et adopté -après
l'avoir simplifié- par l'Institut Royal de la Culture Amazighe
(désormais IRCAM) et par plusieurs chercheurs et intellectuels
amazighes. Signalons que certains amazighophones adoptent d'autres
systèmes graphiques pour transcrire la langue amazighe : l'alphabet
latin, surtout en Algérie, et la graphie arabe ou latine au Maroc.
L'histoire du Maroc, partie intégrante de l'histoire du
Maghreb, a été mise en lumière par la présence de
traces de populations conquérantes à partir du
VIIème siècle av. JC, notamment les Phéniciens
de Tyr qui "auraient, dans leurs explorations, atteint Lixus" (près de
la ville de Larache actuelle)5(*)
Il en est de même de la civilisation romaine qui a
dominé la région ayant eu des conflits et des alliances avec les
princes berbères de l'époque, entre le 1er et le
3ème siècle av. JC. En témoignent les nombreux
vestiges encore vivants dans certains sites comme à Volubilis,
Salé, Larache, Tanger et jusqu'à Essaouira au sud. On
relève par ailleurs que " le latin des inscriptions [retrouvées]
est correct ...[même si] la langue des maîtres n'éclipse pas
l'usage du punique ou du libyque (berbère). De même que, sur le
plan religieux, les premiers habitants ont adopté les croyances des
conquérants tout en gardant les leurs propres. Les inscriptions et les
objets retrouvés lors des fouilles dans la région montrent bien
cette réalité"6(*)
Si l'on continue sur cet axe diachronique, nous constatons
qu'après une longue période appelée "siècles
obscurs" marquée notamment par l'invasion des Vandales et des Byzantins,
l'Afrique du Nord échappe à la latinité et au
christianisme occidentaux pour se rattacher vers le VIIème
siècle de notre ère à l'Orient musulman. Les Arabes
parviennent à conquérir la région et à s'y
établir pour l'islamiser avec Oqba Ben Nafiî en dépit d'une
résistance farouche dirigée par Koseila puis par la Kahina
respectivement chef de tribu et reine berbère qui, "persuadée de
sa défaite, avait demandé à ses deux fils de se convertir
à l'islam...[et peu après] les Berbères se convertirent
rapidement à l'Islam. Jamais plus, ils ne mettront en cause cette
conversion; les soulèvements ultérieurs seront anti-arabes mais
non anti-musulmans."7(*)
Mais l'avènement de l'arabisation, corollaire de
l'islamisation, fait que l'arabe remplace le latin comme langue officielle sur
les monnaies et dans l'administration. Le latin se maintient au moins comme
langue de culte chez les chrétiens. Les gens des campagnes, la
majorité, continuent à parler berbère.
Si l'on s'avise à résumer l'occupation arabe du
Maroc, nous ne pouvons pas ne pas évoquer les Idrissides,
présentés souvent comme les fondateurs du premier Etat musulman
et comme les responsables directs de l'islamisation et de l'arabisation du
pays.
Viennent ensuite les Almoravides, dynastie d'origine
berbère, au début du XIème siècle
où l'islamisation est un fait acquis. Toutefois, la
société berbère a conservé la plupart de ses traits
originels en plus d'un enrichissement apporté par la conquête de
l'Espagne qui a profité aux Marocains sur plusieurs niveaux,
l'architecture de Cordoue et de Séville entre autres.
L'espace ne nous permettra pas d'évoquer dans le
détail toute la succession des dynasties arabes ayant
régné au Maroc; néanmoins, nous signalerons les moments
les plus importants.
Après les Idrissides et les Almoravides, les Almohades
- d'origine berbère également - ont attiré et
protégé savants et poètes dans leur entourage
immédiat. Leur époque a été marquée par des
penseurs de haut rang : des médecins et philosophes comme Ibn
Toufaïl et Ibn Rochd (Averroès), des géographes comme
Idrissi et Abou Ali Al Hassan, des historiens comme Al Baïdaq et Al
Marrakchi, des poètes et des écrivains...Mais sur le plan
linguistique, là encore "si l'arabe était la langue commerciale,
intellectuelle et administrative, le berbère restait la langue commune
de la plus grande partie de la population, à tel point qu'à
Fès les Almohades ne nommaient dans les emplois de khatib
(prédicateurs) que ceux parlant berbère. Il faudra le concours
des chants et litanies en honneur dans les corporations et confréries
pour que cette culture se répande dans les couches sociales
nouvelles."8(*)
L'époque de la dynastie suivante - les Mérinides
- a connu la naissance du grand Ibn Khaldoun (vers 1332), un autre
berbère né à Tunis, d'une famille d'origine d'Andalousie,
auteur de "Kitab Al Ibar" (littéralement "livre des
morales") précédé de sa célèbre
introduction historique dite "Prolégomènes" ou "la
Moukaddima". Son histoire reste indispensable pour la connaissance du
passé du Maghreb, spécialement du XIVème
siècle.
Après la chute des Mérinides, et à
l'époque de leurs successeurs les Béni Ouattas, les Portugais
s'emparent d'Azila et de Tanger obligeant les Ouattassides à signer une
trêve de 20 ans. La pression étrangère va s'amplifier
après la chute de Grenade et après l'installation des Turcs en
Afrique du Nord. Les difficultés vont s'accroître du fait de
l'occupation par les Espagnols des ports du nord du Maroc. Ce qui fait dire au
collectif des historiens dans Histoire du Maroc que "notre histoire,
depuis le XVIème siècle, épouse les contours de
l'histoire européenne...c'est dire à quel degré les
facteurs extérieurs ont, à l'époque moderne,
déterminé notre histoire intérieure." 9(*)
La dynastie des Saadiens, qui succèdent aux
Ouattassides, sera imprégnée, malgré elle de la
civilisation turque au point qu'on parla sous le règne d'Ahmed Al
Mansour (1578-1603) "d'une véritable turquisation du Maroc"10(*). Rappelons que le pouvoir de
ce sultan s'est étendu jusqu'au Soudan, un apport civilisationnel qui
vient cette fois du Sud.
Les Alaouites arrivent enfin pour procéder à la
réunification du pays, disloqué à la fin des Saadiens, et
étendent leur pouvoir jusqu'en Afrique méridionale, Mauritanie,
Sénégal, Soudan...notamment à l'époque de Moulay
Ismaïl, nommé "le Grand bâtisseur". Après la mort de
celui-ci, l'on assiste à un grand brassage des populations dû aux
grandes migrations mues par les recherches des pâturages après le
dessèchement du pays qui s'accuse entre 1776 et 1782. Brassage qui fait
qu'aujourd'hui il est très difficile pour un Marocain de
déterminer avec précision son appartenance ethnique et à
fortiori linguistique.
Cependant, le début du XIXème
siècle connaîtra un revirement; les Berbères du Rif, du
Moyen-Atlas et du Haut-Atlas se révoltent contre le sultan d'alors
même si les chefs de ces révoltés sont souvent de fervents
religieux, voire des chefs de confréries maniant excellemment la langue
du coran en plus de la leur propre.
Pendant ce siècle, s'est faite par ailleurs la
préparation de la pénétration européenne qui se
traduit d'abord par "la signature de conventions et traités avec la
Grande Bretagne en 1856, l'Espagne en 1860, la France en 1863 posant ainsi les
bases juridiques des rapports du Maroc avec l'Europe à l'égard de
laquelle sa dépendance ne fera que s'accentuer"11(*). Les puissances coloniales,
trouvant la position géopolitique du Maroc importante, ne cachent plus
leurs rivalités d'intérêts et leurs convoitises. Ce qui,
avec la fameuse conférence de Madrid en 1880, marque la fin de
l'indépendance du Maroc. Tous les efforts des derniers sultans
alaouites, avant le protectorat français, se sont soldés par
l'échec facilitant la pénétration de la France qui a
obtenu -moyennant quelques concessions - le désistement des autres
puissances : l'Italie en 1902, l'Angleterre et l'Espagne en 1904 et plus tard
en 1911 l'Allemagne qui avait développé son influence dans la
région du Souss. Ensuite, vient la conférence d'Algésiras
dont l'Acte prévoit l'exercice de la tutelle internationale sur le Maroc
puis l'occupation progressive du pays, couronnée par le protectorat
français signé en 1912.
A cette époque, on s'y attend, la population marocaine
cohabite avec d'autres mouvements de populations. Un seul exemple, le nombre de
juifs est estimé à 200 000 en 1951"12(*). L'enseignement
dispensé se caractérise par son extrême diversité;
on en distingue plusieurs types : un enseignement traditionnel dans les
écoles coraniques, un enseignement moderne européen, un
enseignement israélite et un enseignement musulman avec des programmes
différents allant jusqu'à la mise en place par les
autorités coloniales d'un enseignement visant à séparer
les Arabes des Berbères avec la création d'un collège
franco-berbère à Azrou (ville du Moyen Atlas), ne recrutant que
dans le monde berbère et n'enseignant que le français et le
berbère. Ce qui, entres autres, a attisé le feu de la
résistance et a conduit probablement à la revendication de
l'indépendance à partir de 1944 et jusqu'à ce que celle-ci
soit recouvrée en 1956.
Il ressort de ce bref détour historique que le Maroc a
été, depuis très longtemps une terre cosmopolite dont les
habitants sont devenus de ce fait plurilingues et polyglottes. Le
berbère (ou amazighe), première langue des habitants de l'Afrique
du Nord a subi toutes sortes d'influences et a été tantôt
érigé en langue de communication, tantôt rabaissé et
étouffé au profit des autres idiomes jouissant de pouvoir
politique et/ou économique supérieur. Il n'est donc pas
étonnant que le parler des Marocains referme les traces des langues des
peuples ayant vécu ou vivant encore sur la terre des Berbères.
Mais qui sont donc ces Berbères?
Plusieurs thèses ont été
présentées par les généalogistes et les
chroniqueurs arabes et autres. Thèses qu'Ibn Khaldoun a analysées
et dont il a critiqué les textes avant de donner son opinion selon
laquelle "Les Berbères seraient des Chamites venus de
Canaan"13(*). Mais
les préhistoriens et archéologues ont réussi à
identifier, au Maroc comme en Espagne et aux Canaries, une souche très
ancienne "ibéro - maurrussienne" ou "ibéro-berbère" et
c'est sur cette souche "atlante" -membre africaine de la grande famille
néolithique occidentale- que serait venu se greffer un premier apport
Chamite parti de Canaan. Le tifinaghe, alphabet libyco-berbère
appartient à la famille des écritures chamito-sémique. Les
Berbères, ou Imazighen, ont adopté l'esprit libéral des
Phéniciens; les Carthaginois leur ont ligué l'art de
l'agriculture et de la parure. Des Romains, ils ont observé le plan de
la maison urbaine et le calendrier julien... ; la religion solaire des Atlantes
et des Cananéens, l'animisme africain et l'ésotérisme
oriental, subtilement combinés, ont profondément marqué
leurs âmes assoiffées de spiritualité. Ils ont
embrassé successivement les grands monothéismes, tout en restant
fidèles aux sources sacrées, aux rites phalliques et aux dieux
agraires. Judaïsés, puis christianisés, les Berbères
- pourtant toujours prompts à recueillir des visiteurs étrangers
les enrichissements matériels et spirituels qu'ils sont susceptibles de
leur apporter,ont mis longtemps à accepter l'Islam avant de devenir
dès le VIème siècle les ardents propagateurs de
la foi islamique, maniant l'arabe au point que cela inspira au professeur
André Adam cette image célèbre "Le Maroc serait bien un
"tuf" berbère recouvert d'alluvions arabes"14(*)
CA R A C T E R I S T I Q UE S D E L A L A N G H E
AMAZIGHE
E T S A P L A C E D A N S L E P A Y S A G E
L I N G U I S T I Q U E M A RO C A I N
Voyons à présent ce qui caractérise la
langue amazighe (berbère) dans ses rapports avec les quatre15(*) autres langues en
présence actuellement dans le paysage linguistique marocain.
La langue officielle au Maroc, d'après la constitution
est bien évidemment l'arabe et plus précisément ce qu'il
est commun d'appeler l'arabe standard. C'est aujourd'hui la
langue enseignée à tous les Marocains depuis leur première
année de scolarité. Elle est la langue d'enseignement de la
plupart des disciplines dispensées dans les écoles du pays. C'est
également la langue de l'administration, encore qu'elle soit en grande
concurrence avec le français dans beaucoup de secteurs, notamment de
l'économie, de la finance et même de la médecine. Cependant
l'arabe doit être compris ici comme une langue que seuls les personnes
cultivées, instruites ou scolarisées comprennent et manient
correctement. Il s'agit de ce qu'il est convenu d'appeler l'arabe classique, en
usage dans tout le Monde Arabe, mais que la presse chez nous, essaie, de plus
en plus, d'adapter à la réalité sociolinguistique
marocaine en la truffant d'emprunts aux autres codes existants plus
particulièrement l'arabe dit dialectal ou en arabisant
des termes français16(*); c'est ce mixage qui donnera l'arabe marocain
moderne, deuxième composante du paysage linguistique marocain.
A côté de la langue officielle et de cet arabe
modernisé, les Marocains - l'immense majorité des citadins du
moins- utilisent dans leurs échanges quotidiens, que ce soit dans la
rue, à la télévision (sauf pour quelques émissions
littéraires ou pour les J.T.) l'arabe dialectal (langue essentiellement
orale) que certains journalistes, soucieux de toucher le plus grand nombre de
lecteurs moyennement instruits, commencent à introduire dans leurs
articles destinés à un large public.
A rappeler qu'ici aussi les emprunts aux autres langues en
présence foisonnent, le français et l'espagnol notamment17(*).
Quant aux ruraux parmi la population, la langue vernaculaire
est l'arabe dialectal pour les régions "purement" arabophones ou l'une
des variantes de l'amazighe (berbère) pour les régions "purement"
berbérophones. Mais il faut signaler que même dans les villes,
l'amazighe est parlé par une grande proportion de la population. Le
pourcentage d'amazighophones varie selon les spécialistes entre 40 et
60% 18(*)parmi lesquels
"les ¾ sont bilingues amazighe-arabe marocain"19(*).
En sus des langues dites nationales, et pour des raisons
évoquées dans notre détour historique, deux langues
étrangères sont présentes au Maroc avec des statuts
différents : l'espagnol, qui reste langue étrangère bien
qu'il soit très usité au nord du pays et, dans une moindre
mesure, au sud (Sidi Ifni et région du Sahara). Le français a un
statut assez ambigu du fait de l'évolution qu'il a connue avant, pendant
et après l'indépendance pour se stabiliser depuis quelques
décennies maintenant avec le statut de "langue
étrangère privilégiée". Nous
développerons en détail le rapport du français avec les
autres langues et en particulier avec l'amazighe dans notre deuxième
chapitre.
Ces langues se disputent des rangs dans l'univers
socioculturel marocain avec chacune un statut particulier affiché et
quasi définitif, hormis l'amazighe qui ne verra le sien se
préciser effectivement que très récemment et plus
exactement depuis le 17 octobre 200120(*), même si le processus de légitimation
des langues maternelles a débuté depuis 1994 avec le discours
royal du 20 août; discours qui a permis d'intégrer l'amazighe dans
l'enseignement, en vertu de la Charte Nationale d'Education et de
Formation21(*). Mais
l'insertion de la langue amazighe dans le système éducatif ne
verra le jour qu'en septembre 2003.
De même qu'il sera mis en place des structures
universitaires de recherche sur la linguistique et la culture amazighes et des
structures de formation de formateurs et de développement des programmes
et curricula scolaires. L'IRCAM sera par ailleurs fondé et sera
"chargé de sauvegarder, de promouvoir et de renforcer la place de
notre culture amazighe dans l'espace éducatif, socioculturel et
médiatique national ainsi que dans la gestion des affaires locales et
régionales."22(*)
Toutefois, en dépit de ce statut privilégiant en
apparence la langue amazighe et semblant réjouir beaucoup d'imazighen
(berbères) du Maroc, cette langue appelle à être
aménagée et introduite dans le domaine public, l'administration
et les mass médias; d'autant que, rappelons-le, l'amazighe se
répartit en trois variantes régionales: le Tarifit au
Nord, le Tamazight au Centre et au Sud-est et le Tachelhit au
Sud-ouest et dans le Haut-Atlas. D'où, nécessité de la
standardisation de l'amazighe afin que puissent en profiter l'ensemble des
locuteurs natifs ou non et que soient normalisées ses règles et
ses structures tant au niveau de la morphosyntaxe qu'aux niveaux du lexique, de
la phonétique, ...Cette standardisation - si elle est scientifiquement
établie - profitera aussi à d'autres communautés dont
l'amazighe est la langue maternelle et qui sont éparpillées, nous
l'avons vu, dans un vaste périmètre appelé "pays de
Tamazgha" et qui s'étend des Canaries à Siwa en Egypte
en passant par le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Libye voire
jusqu'au pays des Touaregs au Niger.
C'est là un travail - celui d'oeuvrer pour la
standardisation - qui incombe à la société civile et au
pôle officiel par le biais de l'IRCAM, désormais son porte-parole
et l'exécutant par excellence de ses directives pour tout ce qui a trait
aux questions de langue et de culture amazighes. Nous reviendrons en
détail sur ce point dans les chapitres le concernant dans notre
mémoire.
Cependant, un bref aperçu sur les mouvements amazighes
s'impose, nous semble-t-il, pour comprendre cette évolution qu'a connue
le statut de cette langue. C'est en fait grâce à l'action et au
dynamisme de ces mouvements - appuyés par les pressions internationales
(droits de l'homme, droits des minorités, etc.) que l'amazighe a pu se
faire une place au soleil parmi les autres idiomes en présence dans le
paysage linguistique marocain.
Rappelons enfin que les associations et groupements
d'associations se comptent aujourd'hui par centaines. Nous n'en
évoquerons ici que les plus importants, ceux qui disposent d'organes de
diffusion de masse : bulletins, revues, journaux, ...en dépit, souvent,
d'un manque de professionnalisme et d'irrégularité de parution;
manque dû au fait que "la majorité des publications sont prises en
charge par des militants, pour la plupart sans formation"23(*).
Nous présentons brièvement dans ce qui suit les
mouvements et les particuliers les plus influents ainsi que les tribunes dont
ils se servent pour diffuser leurs convictions:
- L'Association de l'Université
d'été d'Agadir qui est, d'après l'un de ses
anciens présidents et fondateurs, la mère des associations
amazighes au Maroc. Elle publie périodiquement les actes des
universités qu'elle organise à Agadir depuis 1980. Les derniers
en date sont parus sous le titre Histoire des Amazighes : symposium
international sur l'histoire des Berbères, l'histoire ancienne, Volume
1. 24(*)
- l'AMREC ( Association Marocaine pour la
Recherche et l'Echange Culturel), basée à Rabat, avec de nombreux
comités régionaux, elle a édité depuis juillet 1974
un bulletin d'information intitulé ARRATEN (Ecrits) puis en
1976 TIDRIN, ATTABADOUL ATTAQAFI en 1978 et AMUD en
avril 1990.
- ANCAP (Association Nationale pour la
Culture et les Arts Populaires) devenue plus tard TAMAYNOUT
(La Nouvelle) avec également beaucoup de sections régionales
à travers tout le pays, sauf dans le nord. Elle a publié
notamment ANAROUZ (Espoir), Tasafut (La Braise) en 1991 et LIBYCA
en 1995.
- TILILLI (Liberté) qui a
publié IDLES en 1992.
Il faut noter que toutes ces publications sont trilingues,
arabe-français-amazighe.
Signalons aussi que Internet regorge de sites d'associations,
de mouvements amazighes et même de pages ouvertes par des particuliers.
Il suffira de taper "amazighe" ou "berbère" sur un moteur de recherche
pour s'en rendre compte.
Enfin, on n'oubliera pas de mentionner que beaucoup de
militants indépendants ont contribué soit par des écrits
fictionnels ou des essais, soit en publiant individuellement des
périodiques. Nous en citerons là encore les plus connus :
Comme Journalistes et écrivains:
Ø AMAZIGHE, 1980,
TIFINAGH, décembre 1993 et AGRAW
AMAZIGH, décembre 1995 par Ouzzin Aherdan;
Ø TIFAWT, avril 1994 par Mohane
Ajaajaa;
Ø TAWESNA, janvier 1995 par Mohamed
Mestaoui;
Ø ADRAR, novembre 1994 par Hamza
Abdellah Kassem;
Ø TASAFUT, décembre 1991 par
Hassan Idbelkacem;
Ø TAMAGUIT, janvier 1994 par M'barek
Boulguid;
Ø TAMUNT (L'Union), février
1994, Brahim Akhiyat;
Ø TAWIZA (solidarité), mai 1997
par Mohamed Boudhan;
Ø TILELLI, 1998 par Ali Harcheras;
Ø TAMAZIGHT, 1998 Ahmed Adghirni;
Ø LE MONDE AMAZIGHE, 2001 par Amina
Ibnou Cheikh; etc.
Comme écrivains (essayistes, romanciers,
poètes ...) :
Nous pouvons citer à peu près les mêmes
que précédemment qui, au même titre que journalistes,
contribuent par des écrits personnels. D'autres sont connus plutôt
par leurs apports personnels tels Akounad d'Agadir,
Iken du Moyen-Atlas, Ziani du Rif,
Safi, Azergui, Amir,
Oussous, Afoulay, Jouahdi et
Iazzi ; ces trois derniers, avec d'autres, participent en plus
aux publications de l'IRCAM (voir bibliographie). Nous reviendrons sur leurs
contributions (notamment la partie concernant la langue) dans les chapitres de
notre mémoire sur l'enseignement de l'amazighe et sa didactique.
C O N C L U S I O N
Il ressort de ce qui précède que la langue
amazighe, langue restée orale très longtemps, pour des raisons
historiques et géopolitiques, est devenue aujourd'hui dans plusieurs
pays du pourtour méditerranéen, sujet de débats et de
revendications de la part des peuples méditerranéens
(maghrébins surtout) mais aussi des peuples nord-africains et
subsahariens.
Au Maroc, après beaucoup de luttes, des intellectuels
d'abord puis des masses populaires amazighes ensuite, l'amazighe a fini par
s'imposer comme langue nationale à l'instar de l'Algérie. Plus
encore, la lutte menée aujourd'hui par les mouvements amazighes vise
l'introduction de l'amazighe dans la constitution marocaine25(*).
L'action des uns et des autres a été
facilitée par la reconnaissance de la plus haute instance de la
légitimité de cette langue comme composante essentielle de
l'identité marocaine. Son introduction dans le système
éducatif lui confère davantage de poids de sorte que tous les
Marocains sont concernés par sa promotion et son devenir.
Il reste seulement que l'amazighe, comme toute langue vivante,
sera correctement aménagé et standardisé pour que soient
unifiées ses règles au profit de tous ses locuteurs natifs et non
natifs.
Certes, il existe des promotions linguistiques dites
polynomiques, donc ne nécessitant pas en principe de
normalisation, mais l'amazighe semble avoir besoin d'être
normalisé et ce pour des raisons que nous citerons ci-après :
Rappelons d'abord que l'amazighe se représente sous la
forme de parlers et de dialectes unis par une charpente grammaticale et un
lexique fondamental communs car comme l'affirme A. Boukous, doyen de l'IRCAM,
"standardiser une langue revient in fine à uniformiser les
structures de cette langue, à gérer les différences et les
divergences de structure en son sein, en éliminant les occurrences non
fonctionnelles qui sont souvent source d'ambiguïté et de
difficulté d'intercompréhension"26(*). Par ailleurs, on peut
avancer, avec Miloud Taïfi, un autre chercheur du même institut, que
"la langue berbère est la même, malgré ses usages
variés et différents". C'est que - ajoute Taïfi -
"la mêmeté ne réside pas dans la conformité, car
une chose n'est jamais identique à elle-même, à fortiori
une langue naturelle. Ce qui assure plutôt l'identité dans le
temps, c'est l'ipséité : la permanence du fondement, la
cohésion dans le fonctionnement qui se perpétuent malgré
les avatars qui viendraient affecter quelques aspects de la
mêmeté. L'ipséité identitaire d'une langue
naturelle, c'est sa grammaire, la grammaire étant entendue ici dans son
sens traditionnel. C'est cette grammaire qu'il faudra, pour le berbère,
transposer dans l'écrit, non pas seulement dans le domaine didactique de
l'enseignement, mais dans tous les actes d'écriture. La standardisation
du berbère est à ce prix".27(*)
Ainsi les raisons de la standardisation de l'amazighe,
notamment dans le contexte marocain, peuvent se résumer comme suit :
q Pour garantir l'intercompréhension des natifs de la
même langue mais d'une langue à multiples facettes,
q Pour unifier l'outil de l'enseignement scolaire et
d'éducation des adultes,
q Pour faciliter l'accès à cette langue,
reconnue aujourd'hui comme langue nationale, aux Marocains non-locuteurs,
notamment les plus jeunes appelés à l'apprendre à
l'école,
C'est dans cette optique que nous envisageons d'entreprendre
un travail de recherche axée sur la didactique de l'amazighe; didactique
que nous percevons comme la continuité de la réflexion
menée pour la didactique d'autres langues en présence au Maroc,
notamment la didactique du français (FLE/FLS).
Chapitre deuxième
Amazighe* et francophonie,
quelles interactions ?
|
PREAMBULE
Le présent chapitre prétend apporter des
éclairages d'ordre linguistique, mais aussi historique,
sociolinguistique et culturel...sur le rapport séculaire entre la
francophonie et l'amazighité. Etant entendu qu'il sera tenu compte de la
complexité du concept de francophonie qui, depuis Onésime Reclus,
son fondateur, en passant par Léopold Sedar Senghor et jusqu'aux plus
récents chercheurs francophones, n'a cessé d'évoluer28(*).
--------------------------------
* Nous emploierons indifféremment tout au long de ce
chapitre "amazighe" ou "berbère" que nous
considérerons comme synonymes.
INTRODUCTION
Le Maroc, au même titre que plusieurs pays de l'Afrique
du Nord, a connu durant son histoire une diversité ethnique, culturelle
et partant linguistique (M. Chafik....J. Mazal 1971, A. Boukous 1995, P.
Blanchet & et Manzano op. cit.) dont les retombées continuent encore
aujourd'hui de marquer le paysage linguistique marocain.
De par sa situation géographique - souvent
désignée comme stratégique par certains historiens et
politiques - le Maroc a été et continue encore aujourd'hui
d'être le carrefour des civilisations venues de l'Occident, d'Europe
essentiellement, mais aussi de l'Orient, surtout d'Asie - Mineure et d'Afrique
du Nord et subsaharienne (M. Terrasse et alii 1994).
Ce brassage ethnique a inévitablement
créé un brassage culturel et linguistique. Ce dernier, qui nous
concerne préférablement ici, constituera l'essentiel de notre
réflexion.
Nous examinerons, en fait, les interactions entre la langue
amazighe, dite langue originelle des premiers habitants du Maroc et d'une
grande proportion des Marocains d'aujourd'hui (Boukous 1995), et les langues
qui ont existé et/ou continent d'exister dans notre paysage
linguistique.
Par ailleurs, et c'est là notre objectif terminal, nous
analyserons la cohabitation de l'amazighe et du français au Maroc dans
un cadre francophone.
Pour ce faire, nous évoquerons ces rapports dans leur
dimension historique certes, mais également linguistique et
éducative; un accent particulier sera mis sur l'apport (comme type de
rapport) de la langue française à la langue amazighe dans des
domines vitaux tels que l'enseignement, la presse, la production artistique et
audiovisuelle, le monde de l'édition et du multimédia.
RAPPORTS HISTORIQUES
Nous ne reviendrons pas sur le détail des rapports
historiques et politiques qu'a eus la langue amazighe avec les langues des
ethnies ayant vécu ou vivent encore sur le sol marocain; le chapitre
intitulé "l'amazighe dans le paysage linguistique marocain" y a
été amplement consacré29(*).
Rappelons toutefois avec J. Onrubia-Pintado qu'au-delà
des mythes ethniques fondamentaux...la question de l'identité
berbère (amazighe) est surtout une affaire de langues. Si, en effet, il
s'avère impossible de définir une "race berbère" au sein
d'une mosaïque de populations humaines aussi complexe et variée que
celle que l'on retrouve aujourd'hui en Afrique du Nord, il est à peine
facile d'y tracer des frontières ethnologiques nettes. "L'histoire
des Berbères est donc une histoire de berbérophones. La
filière de la langue berbère peut être remontée
jusqu'au XVéme-XIVème siècle
av-J.C. ".
Et, comme il est attesté que les noms de lieux
constitueraient le meilleur moyen pour reconstituer les langues anciennes, on
distingue plusieurs couches toponymiques en relation avec les langues des
populations qui se sont succédé en Afrique du Nord
(berbère ancien et moderne, phénicien, punique, latin, portugais,
français et espagnol). Par ailleurs, les données linguistiques
concordent avec le caractère conservateur du berbère et les
hypothèses qui font de l'Afrique du Nord le noyau du
chamito-sémitique.
Il en résulte que le système phonétique
berbère, dégagé à partir des données
toponymiques, ne s'oppose qu'en apparence aux systèmes phonologiques du
proto-chamito-sémitique et afro-asiatique.30(*)
L'examen de nombreux toponymes relevés en pays de
langue arabe, et que le berbère seul explique, montre que le pays tout
entier était jadis occupé par les berbérophones. Beaucoup
de villes, de villages, de rivières, etc. portent encore aujourd'hui des
dénominations berbères comme Tétouan (sources), Azemmour
(cascades), Tadla (gerbe)... Les deux montagnes qui dominent Fès, au
nord et au sud, s'appellent toujours - de leurs noms berbères - le
"Zalagh" et le "Taghat", soit le "Bouc" et la "Chèvre". De même
que Tamsna ou Azaghar (l'actuel Gharb)31(*)
Agadir (pluriel Igoudar) signifie le "grenier", Agdal,
quartier chic de Rabat signifie "le verger" en amazighe, Azrou (le rocher) est
une ville du Moyen Atlas, Berkane (le noir) et Taourirt (le petit piton) sont
deux villes situées au nord-est. On peut dire de même de Chaouen
(les cornes) et Melilla (la blanche), la liste n'est pas limitative.
Nous ne reviendrons pas non plus sur le contact plusieurs fois
millénaire qu'a eu l'amazighe avec la langue arabe qui a fini par
marquer jusqu'à l'identité des Marocains considérée
- souvent à tort selon Chafik, Adghirni, Akhyat et autres
berbéristes - comme appartenant à la sphère
arabo-musulmane.
L'arabe est certes la langue officielle au Maroc, encore que
ce soit sa variante dialectale qui est la langue vernaculaire pour la
majorité des locuteurs, même si "le Marocain moyen ne parle
plus l'arabe comme le parlait son père il y a 50 ou 60 ans. Il ne parle
plus le français non plus. Il parle un arabe plus ou moins
francisé, selon son degré d'instruction, selon que les
idées qu'il exprime sont en rapport avec la vie traditionnelle (rurale
ou urbaine) ou avec la vie moderne". Pour illustrer ces propos, M. Chami a
recueilli "sur le vif" plusieurs conversations entre locuteurs.32(*)
Cette francisation se serait ralentie depuis
l'indépendance du fait que les élites intellectuelles nationales
ont oeuvré pour la contrecarrer en encourageant le processus
d'arabisation. L'arabisation, si elle a fait qu'une frange importante de la
population "se pique" de posséder l'arabe classique, a été
la cause d'échecs scolaires et universitaires dont les
conséquences demeurent encore aujourd'hui très lourdes pour la
société marocaine. Néanmoins, une proportion non moins
négligeable de la population semble continuer à "goûter les
plaisirs de la conversation française de France", même avec un
accent marqué ou avec une prononciation défectueuse.
De plus, pour A. Allati, l'arabité marocaine semble
baigner dans une berbérité profonde qui l'imprègne de
toutes parts, l'englobe et la recouvre. "La langue marocaine n'est
arabisée que dans sa garniture, c'est-à-dire son lexique; son
soubassement et son ossature restent berbères."33(*)
Cette situation est l'aboutissement d'un long
développement sociolinguistique où la vocation religieuse a
joué le principal rôle. Le processus d'arabisation spontané
s'est poursuivi depuis plus d'un millénaire, en surface plus qu'en
profondeur. L'intermède du protectorat français est venu rompre
cette évolution par le choc économique qu'il a provoqué et
aussi par le fait qu'il a essayé d'imposer politiquement une langue
totalement étrangère et sans rapport intime avec l'Islam.
L'AMAZIGHE ET LA FRANCOPHONIE
Voyons à présent où et comment se
manifeste le rapport (ou l'apport) de la francophonie à l'amazighe.
L'apport que nous analyserons sur un plan linguistique certes mais aussi sur un
plan plus large englobant les aspects culturels et civilisationnels.
Depuis le protectorat, la France a réservé une
attention particulière à la composante amazighe de la population
marocaine. Nous nous garderons de rentrer dans la polémique des
chroniqueurs ayant relaté les événements historiques de
cette époque-là. Car, selon les convictions des uns et des autres
- nationalistes, chauvins, panarabistes, démocrates...- chacun a
tenté d'attribuer à cette attention française des raisons
qui allaient de pair avec ses propres convictions.
Il n'empêche que depuis le 16 mai 1930, avec le fameux
"Dahir Berbère", la France a cherché - après en avoir
persuadé le sultan de l'époque - de doter les Berbères du
Maroc d'une distinction que le Makhzen (le pouvoir royal) ne leur aurait jamais
si aisément concédé. Il s'agissait de permettre aux
populations amazighes de jouir de leur droit coutumier ancestral,
indépendamment de la législation française ou makhzanienne
appliquée dans les zones non berbères34(*).
A la même époque à peu près, les
autorités coloniales ont construit en pleine région
berbère (à Azrou, ville au coeur du Moyen Atlas) le non moins
fameux collège franco-berbère d'Azrou, ouvert exclusivement aux
élèves berbères et où est enseignée la
totalité des matières en français et la langue
berbère. Rappelons que de nombreuses personnalités marocaines
politiques et non politiques sont passées par ce "prestigieux"
établissement.
De plus, on pourrait affirmer sans risquer d'exagérer,
qu'aucune des civilisations étant passées au Maroc ne s'est
intéressée à la langue des autochtones comme l'ont fait
les Français. Il est vrai que certains oulémas (savants
religieux) berbères islamisés ont procédé à
la traduction en amazighe - transcrit en alphabet arabe - de versets coraniques
et de hadîts (recueil des actes et paroles du prophète
Mahomet), mais ce sont des français qui ont écrit des
traités sur l'histoire, la civilisation et la culture amazighes. Ils ont
par ailleurs écrit de nombreuses ontologies de la poésie
berbère, des ouvrages de grammaires et des manuels amazighes, etc.
Après l'indépendance, plusieurs facultés
françaises ont ouvert leurs amphis et leurs chaires aux étudiants
marocains qui désiraient mener des recherches sur leur langue
maternelle35(*). Des
centaines de mémoires et de thèses ont ainsi vu le jour et des
centaines de militants berbères - la diaspora entre autres- ont
trouvé refuge en France pour s'organiser en associations et en
porte-paroles des masses restées dans le pays et n'ayant pas encore la
même liberté de se constituer en groupes de pression capables de
faire entendre leur voix. Ce n'est que vers les années 70 - 80 que le
MCA, ou Mouvement Culturel Amazighe, a connu son plus grand essor et touchant
une grande proportion des amazighophones à travers tout le pays de
tamazgha (l'Afrique du Nord jusqu'en Egypte, une partie de l'Afrique
subsaharienne jusqu'aux pays des Touaregs, les Iles Canaries...)
D'autre part, les travaux réalisés en langues
étrangères sur le domaine amazighe ont commencé à
voir le jour à partir du XIXème siècle alors
que la majorité des travaux en langue arabe est postérieure aux
années 80. Les premiers, notamment ceux rédigés en
français, sont de loin plus nombreux que les autres. De plus, les
écrits en arabe sont généralement plus à
caractère idéologique que de nature scientifique et s'inscrivent
le plus souvent dans le débat sur la question culturelle.
L'intérêt pour l'amazighe a d'abord
été "exotique" puis politiquement orienté pour devenir un
objet scientifique en soi. Les intervenants occidentaux, dans le domaine
amazighe, viennent en effet de trois horizons : l'Eglise qui voulait
évangéliser les Berbères avec ses missionnaires,
l'armée qui avait ses officiers-interprètes et enfin
l'université qui encourageait la recherche académique, parfois
pour préparer la conquête coloniale (les fameuses missions) ou
pour renforcer celle-ci. C'est ainsi que dans certains travaux nous retrouvons
une approche européocentriste caractérisée par une forte
charge idéologique. Cependant, "beaucoup de travaux fournissent des
descriptions de la société, de la culture, de la langue et de
l'histoire qui se sont révélés utiles aux chercheurs
modernes".36(*)
La relève pour la réalisation de travaux sur
l'amazighe - tant sur les plans politique, historique, anthropologique et
socioculturel que sur les plans sociolinguistique, linguistique et, dans une
moindre mesure, pédagogique et didactique - cette relève est de
plus en plus assurée par les chercheurs et intellectuels
maghrébins (surtout algériens et marocains). Cependant, un grand
nombre parmi eux est issu d'universités européennes, notamment
françaises, ou même issus des universités
maghrébines mais relevant des départements de langue et de
littérature française ou encore menant leurs recherches en langue
française. 37(*)
D'autres domaines témoignent bien de cet apport
francophone à l'amazighe : ceux de la presse écrite et de la
production éditoriale par exemple. Nous savons -en tout cas au Maroc-
que les premiers journaux à avoir inauguré le débat sur la
question berbère ont été des périodiques
d'expression française tel Al Bayane, organe du parti du progrès
et du socialisme (PPS). Ils abordaient des sujets ayant trait à la
diversité culturelle marocaine et aux problèmes identitaires.
Puis, dans un second temps, ils réservaient des pages entières
dédiées à la question "berbère" où des
journalistes et des intellectuels amazighes, dont certains commençaient
à rédiger leurs contributions (essai, poèmes, pamphlets,
etc.) en langue amazighe transcrite en alphabet latin. Alphabet, nous ne le
répèterons jamais assez, qui a beaucoup servi cette langue avant
que les imazighen ne connaissent l'usage de leur alphabet propre.
Il a fallu attendre la percée du MCA (Mouvement
culturel Amazighe), qui a donné naissance au CMA (Congrès Mondial
Amazighe) créé et basé en France, pour voir
apparaître dans certains journaux et magazines des textes en alphabet
tifinaghe. Ainsi, la revendication de l'amazighe comme langue
nationale en Algérie puis au Maroc, la profusion de travaux
universitaires et autres sur/et en langue amazighe ont légitimé
le tifinaghe et en ont fait -au Maroc en tout cas- l'alphabet officiel
adopté non seulement par les journalistes et les écrivains mais
aussi par l'institution scolaire38(*), nous y reviendrons plus loin. Plusieurs organes de
presse (voir bibliographie) sont aujourd'hui trilingues
amazighe-français-arabe ou au moins bilingues amazighe-français.
A côté, paraissent des journaux rédigés
exclusivement en langue amazighe avec la subsistance de l'alphabet latin pour
bon nombre de périodiques.
Quant au domaine de l'audiovisuel, l'apport de la
francophonie, comme monde d'ouverture et de démocratie - notamment en
matière de diversité culturelle dont il prône la promotion-
et comme pourvoyeur de technologie et de savoir-faire techniques et
artistiques, cet apport apparaît dans la participation à la
réalisation de nombreux films amazighes. La plupart des
réalisateurs, des photographes et autres techniciens (de son, de prise
de vue,...) sont soit des francophones soit des amazighophones de la diaspora.
Pour s'en rendre compte, il suffit d'observer les génériques des
films vidéo réalisés depuis quelques décennies.
Egalement, l'apport de la francophonie à la langue et
à la culture amazighe est apparent dans l'ouverture qu'ont connue les
imazighen sur le monde des NTIC, notamment en ce qui concerne Internet. Des
dizaines de portails et de pages web sont en effet élaborés,
sinon par des collaborateurs français, par des francophones et en langue
française. Il suffit de taper "amazighe" ou "berbère" sur un des
moteurs de recherche pour découvrir cette réalité.
Un dernier domaine enfin où apparaît l'apport de
la francophonie à l'amazighe est l'enseignement.
La langue amazighe est introduite très récemment
dans le système éducatif marocain39(*). Avant cette intégration, un grand
débat "national" a été ouvert sur le choix de l'alphabet
à adopter. Certains ont préconisé le "latin" du fait
justement de cette complicité légendaire décrite
ci-dessus; mais aussi du fait qu'un cumul non des moindres a déjà
été réalisé avec cet alphabet en faveur de la
langue amazighe. D'autres ont proposé (imposé?) l'"arabe" pour
des raisons prétendument évidentes : "langue nationale
officielle, langue du coran garant de l'unité des marocains", ... Enfin
ceux qui, appuyés par l'institution royale, ont eu gain de cause en
optant pour le "tifinaghe" du fait que c'est l'alphabet originel des premiers
berbères qui l'auraient abandonné pour des raisons historiques et
politiques bien connues mais qui, apparemment, seraient aujourd'hui
révolues voire obsolètes.
Alors, grâce au travail laborieux de son équipe
constitué majoritairement de chercheurs francophones, l'IRCAM (Institut
Royal de la Culture Amazighe) a pu mettre en oeuvre un alphabet
simplifié, modernisé et scientifiquement admis. Il s'inspire
largement des règles adoptées dans l'alphabet latin : graphie de
gauche à droite, lettres indépendantes formées de voyelles
et de consonnes, géminées, cheva, absence de voyellisation comme
en arabe, etc.
Les manuels scolaires, arrivés cette année
à leur troisième fournée, sont transcrits
intégralement en tifinaghe. Il en est de même pour les guides des
professeurs, les fiches pédagogiques et de l'ensemble du
matériel didactique. Même les sessions de formation au profit des
enseignants de l'amazighe sont dispensées en langue amazighe pour tout
ce qui concerne les corpus. Il est vrai que la langue de la communication
pendant le vis-à-vis pédagogique se fait, lors de ces formations,
en arabe et/ou en français. Les raisons en sont que, d'une part, les
enseignants ne maîtrisent pas encore le métalangage didactique en
amazighe -celui-ci n'étant pas encore mis au point par les concepteurs
d'outils didactiques- et que, d'autre part, les formateurs de l'IRCAM ont
été formés soit en arabe soit - pour la plupart - en
français. Le questionnaire que nous leur avons fait remplir en dit long
sur cette question. Nous y reviendrons dans la partie réservée au
dépouillement et à l'interprétation des résultats
dudit questionnaire.
D'un point de vue purement didactique, nous avons
relevé lors de ces formations, auxquelles nous avons été
régulièrement invité, qu'en sus du métalangage
linguistique dont une bonne partie est empruntée au français, la
majeure partie des procédés didactiques et des techniques
méthodologiques relèvent des universaux didactiques
inspirés de la didactique du français. Ainsi, aussi bien des
concepts morphosyntaxiques tels que "adjectif", "état d'annexion",
"géminée", "cheva",... que des concepts didactiques tels que
"conceptualisation en classe de lecture (celle-ci perçue comme soit
globale, semi-globale ou analytique...), réemploi en activité de
langue, grammaire implicite, activités ludiques (jeux de rôles et
simulation) ... sont soit donnés directement en français soit
élucidés, aux professeurs se formant, en français.
Il est donc fort probable qu'un bon pourcentage d'enseignants,
pour conduire des séances d'apprentissage en classe d'amazighe,
s'inspire de la didactique du français FLE et FLS notamment. D'autant
plus que ces enseignants ont été formés dans les centres
de formation fréquentés40(*). Rappelons que depuis une décennie, tous les
enseignants du primaire sont recrutés en tant que bilingues, la
filière monolingue a disparu des centres de formation où une
période de deux années est consacrée dorénavant
à des cours théoriques dispensés en arabe et en
français mais aussi à des stages en situation dans les deux
langues. Or, il est communément admis dans les milieux
pédagogiques marocains que même la didactique de l'arabe emprunte
nombre de ses principes à la didactique du français. Une preuve
parmi d'autres : la traduction des appellations données aux
activités dans une progression annuelle d'un niveau d'enseignement
donné.41(*)
Une dernière remarque, enfin, sur l'apport de la
francophonie à la promotion de la langue amazighe, même si c'est
anecdotique, c'est la mise en place de cours de berbère dans certains
Instituts Français au Maroc. Très peu nombreux sont les centres
culturels étrangers qui s'intéressent à cet
enseignement.
CONCLUSION
Il ressort de ce qui précède que, en
dépit de son statut pas toujours ouvertement avoué de
première langue de la majeure partie des Marocains (Boukous 1985), la
langue amazighe a connu et continue de connaître l'influence de plusieurs
langues concurrentes. L'arabe, décrété langue officielle
du pays, ne remplit pas pour autant la fonction de langue véhiculaire
à part entière; la majeure partie des citoyens n'en utilisent que
la variante dialectale, dont la structure est très marquée par
celle de l'amazighe.
L'espagnol, notamment dans le nord et dans l'extrême
sud, au Sahara, est également présent dans le parler des
Marocains42(*). Le
français, enfin, demeure la langue étrangère qui a le plus
influencé les échanges tant oraux qu'écrits43(*). De nombreux emprunts sont
passés dans l'arabe comme dans l'amazighe. Plus est, la langue amazighe
doit, en grande partie et depuis très longtemps sa réhabilitation
à la langue française.
Après l'indépendance, ce sont les chercheurs
marocains, issus pour la plupart des universités francophones, qui ont
pris la relève et qui continuent encore aujourd'hui à travailler
dans tous les domaines du savoir concernant la langue et la culture amazighes
(voir une partie en bibliographie). L'IRCAM qui se veut aujourd'hui le
promoteur par excellence de la langue et de la culture amazighes (discours
royal du 17 octobre 2001) compte parmi ses cadres les plus productifs beaucoup
de francophones. Une grande proportion des travaux de recherches
réalisés dans les universités marocaine sur la question
berbère (histoire, langue,...) sont rédigés en
français.
Les méthodes adoptées dans l'enseignement de
l'amazighe semblent être majoritairement inspirées des nouvelles
approches44(*) qui,
mêmes si elles partagent leurs sources avec d'autres horizons, nous
viennent -par traduction ou adaptation- des aires francophones, la Belgique, le
Canada et surtout la France.
Bref, l'amazighe, comme langue qui se construit et se
réhabilite doit, dans une large mesure, sa survie et son expansion
à la diversité linguistique dans laquelle elle baigne et dont la
francophonie constitue l'une des composantes les plus fortes. Il appartient
aujourd'hui à tous ceux qui oeuvrent pour la promotion de cette langue
de ne point négliger cette réalité plurielle du locuteur
marocain. Le contact de toutes ces langues doit constituer une richesse en
faveur de chacune des langues ne présence dans un contexte donné
au milieu du grand "marché aux langues" pour reprendre cette
expression chère au sociolinguiste L.-J. Calvet.45(*)
D E U X I E M E P A R T I E
|
INTRODUCTION
Signalons dès l'abord que cette étude ne
prétend pas répondre de manière exhaustive aux exigences
statistiques fondées sur des éléments hautement
scientifiques et objectivement vérifiables. Elle s'apparenterait
davantage à un travail de recherche -action, sachant que la rigueur de
celle-ci n'est pas non plus dénuée d'intérêt.
Avant d'entamer notre enquête sur l'état des
lieux de l'enseignement de l'amazighe et sur le degré d'emprunt que font
les enseignants (notre hypothèse de départ) aux
autres didactiques en place pour enseigner la langue amazighe, nous avons
jugé nécessaire de prendre contact avec les principaux
intervenants dans cet enseignement.
Ainsi avons-nous eu des entrevues avec les inspecteurs
chargés du suivi de l`enseignement de l'amazighe dans leurs zones
respectives. Nous avons interrogé les formateurs de l'IRCAM lors des
sessions de formation qu'ils animent dans la région et auxquelles nous
avons assisté régulièrement. Nous sommes allé
observer dans quelques classes des séances d'apprentissage de l'amazighe
et avons eu des entretiens à l'issu de ces observations. Nous avons
compulsé les notes ministérielles et autres documents
administratifs sur le sujet46(*).
Par ailleurs, et pour vérifier la pertinence,
même relative, de nos questionnaires, nous les avons soumis à
notre encadreur pour validation puis nous en avons fait remplir quelques-uns
uns par un échantillon réduit d'enseignants, d'inspecteurs et de
chercheurs de l'IRCAM.
CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES
ECHANTILLONNAGE
Il est statistiquement admis que "pour définir une
population, il faut d'abord déterminer une règle qui permet
d'identifier les éléments ou unités
échantillonnales de la population; en outre, le choix d'un
échantillon optimal implique qu'on en spécifie la structure
interne, puisque ce sont les propriétés de cette structure qui
conditionnent le choix d'une méthode d'échantillonnage
susceptible d'augmenter la représentativité de
l'échantillon retenu".47(*)
Il est également admis qu'en sciences humaines la
complexité de la population est parfois tellement grande que le choix
d'un échantillon adéquat s'avère une tâche quasi
impossible. Selon De Landsheere, " échantillonner, c'est choisir un
nombre limité d'individus, d'objets ou d'événements dont
l'observation permet de tirer des conclusions (ou inférences)
applicables à la population entière à l'intérieur
de laquelle le choix a été fait" (De Landsheere, 1975, p. 251)
ECHANTILLON :
Conscient de ces considérations méthodologiques,
nous avons délimité le terrain d'investigation et consulté
la tranche de la population la plus en rapport avec l'objet de notre
enquête : l'état des lieux de l'enseignement de l'amazighe
et les emprunts possibles de la didactique de cet enseignement aux didactiques
des autres langues en présence dans le paysage
linguistique marocain, notamment le français (FLE/FLS).
Aussi avons-nous destiné nos trois types de
questionnaires aux trois acteurs principaux intervenant dans l'enseignement de
la langue amazighe : les professeurs ayant en charge
l'enseignement/apprentissage de l'amazighe, les inspecteurs
chargés de l'encadrement et du suivi et enfin les chercheurs de
l'IRCAM chargés de la conception du matériel didactique
et pédagogique (manuels scolaires, guides,...) et de la formation du
personnel éducatif et enseignant en ce qui concerne l'amazighe,
notamment sur les plans linguistique et didactique. A rappeler que les
côtés relatifs à l'organisation, à la logistique et
au déploiement des ressources humaines incombe au ministère de
l'éducation, aux académies régionales et aux
délégations provinciales du ministère de tutelle.
L'ère géographique choisie est constituée
de trois délégations du MEN relevant de l'Académie
régionale d'éducation et de formation (désormais AREF) de
Souss Massa Draa : Agadir, chef lieu de la région,
Inezgane, une jeune province à 10 Km seulement
d'Agadir, et Chtouka Aït Baha, une province à
dominante rurale).
Une fois les questionnaires affinés, nous les avons
distribués comme suit :
· Le public des questionnés a été
choisi en fonction de critères fondés sur notre connaissance du
terrain et des principaux acteurs pédagogiques de la région.
Ainsi avons-nous distribué les questionnaires aux 15 inspecteurs que
nous avons rencontrés lors des formations organisées par l'AREF
sur l'amazighe. Ces mêmes inspecteurs nous ont aidé à
déterminer l'échantillon des professeurs chargés de
l'enseignement de l'amazighe; puis, ils nous ont indiqué les professeurs
à aller visiter dans les classes. 30 questionnaires ont
été alors distribués aux enseignants mais seulement
à ceux qui parlent la langue car même officiellement ce sont les
amazighophones qui - en principe - sont désignés pour prendre en
charge cet enseignement (voir note ministérielle N°90 en annexe).
Nous verrons que, dans la pratique, cette condition n'a pas toujours
été respectée pour des raisons que nous
détaillerons ultérieurement. Enfin, nous avons saisi l'occasion
des sessions de formation pour arrêter l'échantillon des
formateurs de l'IRCAM. 10 questionnaires leurs ont été soumis,
7 seulement nous ont été rendus.
· Si pour l'IRCAM et les inspecteurs on peut affirmer
avoir une bonne représentativité, pour les professeurs, il est
difficile d'y prétendre du fait du manque de statistiques fiables quant
au nombre de professeurs amazighophones (tranche que nous avons ciblée
prioritairement).
RESULTATS DE L'ENQUETE E INTERPRETATIONS :
Tableau récapitulatif : l'effectif global
Tableau N° 1 :
|
Professeurs
|
Inspecteurs
|
Concepteurs IRCAM
|
TOTAL
|
Effectif
|
28
|
10
|
07
|
45
|
%
|
62
|
22
|
16
|
100
|
Le tableau montre les quelques défections suivantes : 2
professeurs sur 30, 5 inspecteurs sur 15 et 3 concepteurs IRCAM sur 10 n'ont
pas remis le questionnaire, soit près de 18% du total initialement
visé (55). Toutefois, l'examen d'un document de l'AREF de Souss Massa
Draa révèle que le nombre total des professeurs du primaire des
trois délégations concernées par cette étude et
ayant bénéficié de la formation sur l'amazighe ne
dépasse pas 336; ce qui nous approche de 10% de cette population,
sachant que nous avons choisi les seuls amazighophones parmi eux. Ceux-ci,
d'après l'enquête de l'Académie48(*), constitueraient 80% de
l'ensemble des professeurs chargés de l'enseignement de l'amazighe. Nous
n'avons pas par conséquent à trop nous inquiéter de la
représentativité.
Quant aux inspecteurs, ils sont 15 à assurer le suivi
du dossier de l'enseignement de l'amazighe au niveau des trois
délégations concernées. Nous les avons touchés tous
et 10 ont rendu le questionnaire.
Pour ce qui concerne les responsables de l'IRCAM, nous avons
touché la majorité des intervenants directs dans la formation et
la conception d'outils didactiques, dont les chefs de départements
(pédagogie et documentation).
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX ENSEIGNANTS :
I - IDENTIFICATION
Tableau 2 : informations personnelles
|
Sexe
|
|
Age
|
Lieu de naissance
|
|
H
|
F
|
20 à 30
|
31 à 40
|
41 à 50
|
51 et +
|
1
|
2
|
N
|
15
|
13
|
12
|
3
|
13
|
0
|
18
|
7
|
%
|
54
|
46
|
43
|
11
|
46
|
0
|
64
|
25
|
Ce tableau montre que plus de la moitié des enseignants
questionnés sont de sexe masculin même si la tendance actuelle au
Maroc est celle d'une féminisation progressive du secteur; la proportion
des jeunes (entre 20 et 30 ans) est sensiblement égale à celle
des professeurs ayant une certaine ancienneté (âgés entre
41 et 50 ans). Or, si l'on ajoute la proportion intermédiaire (entre 31
et 40 ans), on peut présager un bon avenir pour l'enseignement de
l'amazighe du fait que les jeunes -nous l'avons constaté lors des
sessions de formation- sont plus disposés à suivre des
formations et à assimiler plus facilement les cours de linguistique et
de didactique amazighes; d'autant que la majorité (64%) sont issus de
régions réputées amazighophones. Il faut noter ici que
même nés à Casablanca ou à Settat, certains peuvent
être d'origine amazighe du fait du déplacement de la population
marocaine à travers les siècles (voir notre partie
théorique), notamment du sud vers le nord.
Tableau N°3 : informations professionnelles
Ancienneté
|
Diplôme
|
Langue d'enseignement
|
Ecole
|
Milieu
|
71-80
|
81-90
|
91-00
|
01-06
|
bac
|
DEUG
|
Licence
|
Autre
|
Arabe
|
Français
|
Eco
|
Sec/Scol
|
Urb
|
Pré-Urb
|
2
|
9
|
13
|
1
|
21
|
2
|
4
|
1
|
10
|
18
|
8
|
10
|
5
|
13
|
7
|
32
|
46
|
4
|
75
|
7
|
14
|
4
|
36
|
64
|
29
|
36
|
18
|
46
|
Ce tableau montre que la majorité des professeurs sont
recrutés dans les années 90, période qui a connu l'essor
du mouvement amazighe. La plupart sont titulaires du baccalauréat
bilingue puisque 64% parmi sont francisants. Le tableau offre par ailleurs des
informations intéressantes sur le lieu d'exercice de ces enseignants.
Plus de la moitié de ceux qui ont répondu à cet item
travaillent dans des secteurs scolaires (note : groupement scolaire
situé souvent dans le monde rural ou pré-urbain, constitué
d'une école centrale et d'une ou plusieurs écoles satellites
pouvant contenir une seule classe où l'enseignement se déroule
parfois avec plusieurs niveaux dans la même enceinte, appelées
"classes à cours multiples".
Enfin, nous retenons de ce tableau la concentration des
professeurs dans les zones pré-urbaines ; serait-ce dû au
développement urbanistique que connaît le pays depuis quelques
décennies?
Tableau N°4 :
|
Informations professionnelles (suite)
|
|
Niveaux enseignés
|
Total élèves
|
Elèves amazighophones
|
|
1e année
|
2e année
|
1e +2e année
|
Autre
|
Maximum
|
Minimum
|
Moyenne
|
Maximum
|
Minimum
|
Moyenne
|
N
|
15
|
8
|
2
|
1
|
50
|
16
|
36
|
41
|
5
|
17
|
%
|
54
|
29
|
7
|
4
|
|
48
|
L'observation de l'item " niveaux enseignés "
montre que la plupart des enseignants (54% en plus des 7% ayant la
1e et la 2e année) ont en charge la 1e
année de l'enseignement primaire. Cela est dû à la
désignation, qui se fait chaque début d'année scolaire, de
nouvelles écoles accueillant l'enseignement de l'amazighe; leur nombre
dans notre Académie est passé de 54 en 2003/2004
à 226 en 2004/2005 pour atteindre 446
en 2005/2006 dont 124 dans les trois délégations
concernées par notre enquête49(*). Ces nouvelles écoles commencent naturellement
par la première année. Les autres niveaux (2e et
3e années) sont ouverts dans les écoles ayant
déjà eu les premières années. Alors que les
statistiques au niveau national sont les suivantes (extraites de la note
ministérielle N° 89 du 19 sept 2005 organisant la rentrée
scolaire 2005/2006) :
· "Enseignement de la langue amazighe : les
dernières retouches ont été effectuées en ce qui
concerne la carte scolaire des écoles où sera enseignée la
langue amazighe dans les niveaux 1e, 2e et 3e
année de l'enseignement primaire à partir du mois de septembre
conformément au plan arrêté par le ministère en
concertation avec l'Institut Royal de la Culture Amazighe. Cette carte
prévoit 344 écoles où sera enseignée cette langue
en 1e, 2e et 3e année de l'enseignement
primaire par près de 1100 professeurs; 962 écoles où sera
enseignée cette langue en 1e et 2e année
par près de 2800 professeurs; 1200 écoles où sera
enseignée cette langue pour la première fois en 1e
année de l'enseignement primaire par près de 2660 professeurs.
· L'encadrement des enseignants sera assuré par
236 inspecteurs de l'enseignement primaire, tous amazighophones, qui ont
bénéficié d'une formation donnée par les chercheurs
de l'IRCAM. Un nouveau contingent composé de 70 inspecteurs
amazighophones sera désigné.
· Par ailleurs, les AREF et les délégations
du MEN organiseront des formations en faveur des professeurs et des inspecteurs
nouvellement désignés en concertation avec l'IRCAM qui mobilisera
ses cadres en plus de près de 40 professeurs chercheurs en linguistique
issus des universités marocaines. Dans le même sens, le
ministère, en collaboration avec l'IRCAM, a organisé une session
de formation en pédagogie et en didactique de l'amazighe du 13 au 17
juin 2005 à Rabat au bénéfice de 42 formateurs des CFI
(Centre de formation des instituteurs) amazighophones en préparation
à l'intégration de modules spécifiques de la didactique de
l'amazighe dans la formation initiale dispensée par ces centres. Une
autre formation a eu lieu entre le 27 juin et le 1er juillet 2005 au
profit de 460 élèves-professeurs appelés, une fois
affectés dans leur poste, à enseigner la langue amazighe à
partir de la rentrée 2005/2006.
· Enfin, en vue de l'intégration de l'amazighe en
tant que matière à part entière dans l'enseignement
secondaire, le ministère va ouvrir en université une
filière de langue et littérature amazighes dont les
lauréats seront admis dans les centres de formation des cadres
éducatifs où ils effectueront une formation initiale en
pédagogie et didactique de l'amazighe50(*). L'item suivant (tableau N°4) nous renseigne sur
l'effectif moyen des élèves en charge qui est de l'ordre de 36
par enseignant; le maximum atteint les 50 élèves pour un
même professeur ! Ce qui nous fait douter de la qualité
escomptée. Nous retenons également ici que 48% des
élèves sont amazighophones, ce qui semble corroborer le chiffre
de 50% de la population amazighophone dans tout le pays (voir partie
théorique, page 19, note N°17).
II - FORMATION
Tableau N°5 : formation en langue amazighe
Professeurs formés
|
Journées de formation
|
02/03
|
03/04
|
04/05
|
05/06
|
Total
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Total
|
3
|
5
|
5
|
16
|
29
|
32
|
29
|
15
|
109
|
185
|
11
|
18
|
18
|
57
|
89
|
|
|
|
|
|
Ce tableau révèle l'irrégularité
de la formation suivie par les enseignants. D'une part, seulement 3 professeurs
sur 28 ont bénéficié de la formation en 2002/2003 (ce
qu'on pourrait expliquer par le fait que 2003 n'était encore que
l'année du lancement de l'opération) mais les 5 professeurs sur
28 en 2003/2004 et en 2004/2005 laissent à réfléchir. Il
faut attendre l'année 2005/2006 pour voir bénéficier un
peu plus de la moitié des professeurs de la formation en amazighe. On ne
s'étonnera donc pas des réponses négatives (tableau
N°6)) sur le degré de satisfaction des enseignants quant aux
formations. Ceci est d'ailleurs confirmé par les 185 journées de
formation dispensées en 4 ans étant entendu que ce total est
à diviser sur les 28 professeurs concernés, soit une moyenne
annuelle de moins d'une semaine de formation par personne en 4 ans, soit encore
moins de 2 journées par an alors qu'il s'agit d'un
enseignement pour lequel aucune formation initiale n'a été suivie
par les enseignants et qu'un bon nombre de ces derniers n'ont même pas
une connaissance, ne serait-ce qu'orale, de la langue qu'ils sont
appelés à enseigner !
Tableau N°6 : évaluation de ladite formation
Degré de satisfaction
|
|
En linguistique
|
En didactique
|
|
total
|
%
|
total
|
%
|
Satisfaits
|
7
|
25
|
3
|
11
|
Non satisfaits
|
18
|
64
|
21
|
75
|
Raisons de l'insatisfaction (%)
|
|
langue
|
didactique
|
Durée de la formation
|
50
|
22
|
Faible encadrement
|
13
|
28
|
Difficultés liées à la langue
|
38
|
50
|
Les deux tiers des enseignants questionnés ne sont pas
satisfaits de la formation dont ils ont bénéficié sur la
langue amazighe et ceci est dû pour la moitié d'entre eux à
la durée insuffisante de la formation ; les trois-quarts ne le sont
pas en didactique en raison cette fois, pour la moitié d'entre eux, de
difficultés liées à la langue (entre autres le fait de ne
pas maîtriser la langue suffisamment pour pouvoir communiquer ou encore
en raison de la non maîtrise de la graphie tifinaghe).
Quant aux raisons de la satisfaction exprimée par
près d'un tiers des professeurs, elles se résument en une
découverte (que sa langue ne diffère en
rien des autres langues) et un enrichissement (sur le plan
linguistique et didactique) ressentis à l'issue de la formation suivie.
Une faible proportion parle de compétence des encadreurs, ce que ne
partage pas la majorité.
Tableau N°7 : Formation en didactique
générale et de disciplines (arabe et français)
Didactique
|
(%) des bénéficiaires
|
Moyens de formation
|
Par le C.F.I
|
Lors des rencontres pédagogiques
|
Par des lectures
personnelles
|
Autres moyens
|
Générale
|
68
|
75
|
29
|
46
|
0
|
Arabe
|
82
|
82
|
36
|
39
|
4
|
Français
|
71
|
64
|
18
|
36
|
0
|
Il ressort du tableau précédent que la
majorité des enseignants ont bénéficié de formation
en didactique, soit générale, d'arabe ou de français, et
près d'un tiers (32%) des questionnés affirment ne pas en avoir
bénéficié. Ceci s'explique (de par notre connaissance du
système) par le fait qu'il existe des catégories d'enseignants
qui sont recrutés directement en cas de besoin de personnel enseignant.
Ce sont ceux qu'on appelle " les éventuels " et qui apprennent
sur le tas en attendant qu'ils passent un examen de titularisation, le CAP
(Certificat d'Aptitude Pédagogique). Les autres, d'après le
tableau N°7, ont été formés dans les CFI. Ce qui
corrobore les réponses de l'item sur les diplômes obtenus (tableau
N°3) où 75% sont titulaires du baccalauréat, diplôme
requis pour accéder aux CFI. Il est à signaler ici que lors des
rencontres pédagogiques, les professeurs (plus de 2/3) ne semblent pas
bénéficier de formation en didactique étant entendu que la
formation dans les CFI est, de l'avis de tous, très lacunaire car la
priorité y est donnée à la mise à niveau
linguistique et à la formation pédagogique des jeunes bacheliers
qui y accèdent. Heureusement qu'une proportion, même faible,
comble ce manque par des lecteurs personnelles (environ 40%).
Tableau N°8 : didactique de l'amazighe
Bénéficiaires (%)
|
IRCAM
|
IRCAM et Inspecteurs
|
Rencontres péda.
|
Lectures
|
Autres moyens
|
46
|
18
|
53
|
6
|
24
|
0
|
Les chiffres les plus parlants dans ce tableau sont les 46%
des questionnés qui affirment avoir bénéficié d'une
formation en didactique de l'amazighe. 54% enseignent alors
cette langue sans avoir reçu de formation ! 71% (53+18) parmi eux
ont bénéficié des sessions de formation organisées
par l'IRCAM en concertation avec le MEN qui contribue logistiquement et
désigne les inspecteurs de l'enseignement primaire pour participer dans
le volet pratique. Mais l'apport de ces inspecteurs se limite à leur
intervention lors des sessions de formation et rares sont ceux qui provoquent
des rencontres pédagogiques en dehors de ces moments de formation (6%
des professeurs seulement disent en bénéficier). Là encore
certains professeurs (24%) complètent leur formation par des lectures
personnelles.
Nous constatons alors que moins de la moitié des
enseignants de la langue amazighe questionnés ont
bénéficié de la formation en didactique de cette langue
alors qu'ils ont bénéficié de la formation en didactique
des autres langues dans une proportion qui approche ou dépasse selon la
langue les trois-quarts (voir tableau N°7).
III - METHODES D'ENSEIGNEMENT
Tableau N°9 : de quelle didactique celle de l'amazighe
est-elle la plus proche ?
Méthodologie proche de celle
|
Total des réponses
|
% global
|
% arabe et français
|
De l'arabe
|
7
|
25
|
25+25 = 50
|
Du français
|
10
|
36
|
36+25 = 61
|
Des deux
|
7
|
25
|
|
Sans réponse
|
4
|
14
|
|
Le tableau montre que si certains professeurs (1/4) pensent
que la méthodologie de l'enseignement de l'amazighe est plutôt
proche de celle de l'enseignement de l'arabe, la même proportion pense
qu'elle est proche de celle de l'arabe et de celle du français
réunies. On en déduit que la proportion pour qui la
méthodologie de l'enseignement de l'amazighe est plutôt proche de
celle du français est nettement supérieure, soit 61%. Ce qui
réconforte à présent notre hypothèse.
Tableau N°10 : justification
Pourquoi ?
|
Total
|
%
|
Parce qu'il s'agit des mêmes procédés
|
15
|
54
|
Parce que c'est plus facile
|
1
|
4
|
Parce qu'on a l'habitude de procéder ainsi
|
8
|
29
|
Sans réponse
|
4
|
14
|
Les réponses à la justification du choix de la
méthode la plus proche de celle de l'enseignement de l'amazighe montrent
que plus de la moitié (54%) des questionnés trouvent que les
procédés utilisés pour l'enseignement des deux langues
sont identiques ; ce que confirment les 29% qui disent qu'ils le font par
habitude dans le sens où ils s'inspirent des procédés
utilisés en arabe ou en français. Ce qui semble aller, là
encore, dans le sens de notre hypothèse, même s'il faudra tenir
compte d'une certaine concurrence de l'arabe en ce qui concerne les
méthodes utilisées par les enseignants.
Tableau N°11 : vous recourez-vous à quelle
didactique et à quelle fréquence?
Je recours à la didactique
|
Systématiquement
|
Souvent
|
Rarement
|
jamais
|
De l'arabe
|
1
|
4%
|
12
|
43%
|
8
|
29%
|
0
|
0%
|
Du français
|
4
|
14%
|
9
|
32%
|
2
|
7%
|
2
|
7%
|
Cet item vient préciser le précédent. Il
interroge, en effet, sur le choix de la didactique utilisée
personnellement par les enseignants lors des activités qu'ils conduisent
en langue amazighe. 43% des questionnés recourent souvent à la
didactique de l'arabe et 4% seulement de manière systématique.
Tandis que le recours systématique à la didactique du
français est de 14% en plus des 32% qui y recourent souvent. On peut en
déduire déjà que les deux langues se partagent quasi
également la préférence des enseignants avec une
légère supériorité du français. Si, en
effet, 7% des questionnés affirment ne recourir que rarement à la
didactique du français, 29% l'affirment pour celle de l'arabe. Un seule
réponse a été donnée sur le recours à la
didactique de la langue amazighe, ce qui paraît négligeable mais
assez pertinent pour dire que la formation dispensée aux enseignants de
l'amazighe ne se fonde pas encore sur une didactique propre à cette
langue. Nous le verrons confirmé par les formateurs de l'IRCAM qui
eux-mêmes recourent tantôt à la didactique de l'arabe,
tantôt à celle de l'anglais (une seule réponse) ou, le plus
souvent, à celle du français.
Tableau N°12 : pour quelles activités
recourez-vous à cette didactique ?
On recourt à cette didactique en
|
total
|
%
|
Lecture
|
15
|
54
|
Commun et activités orales
|
12
|
43
|
Langue (gram, ortho...)
|
4
|
14
|
Ecriture
|
17
|
61
|
Evaluation et soutien
|
0
|
0
|
Nous avons posé cette question pour voir pour quelles
activités le recours à telle ou telle didactique est plus
apparent. Les réponses données dans le tableau
précédent révèlent que c'est
l'écriture qui se taille la part du lion, suivie de la
lecture et de la communication et
activités orales. Ici, il y a lieu de signaler que ce sont les
manuels conçus pour l'enseignement de la langue amazighe qui favorisent
le recours à l'une ou à l'autre des deux didactiques, en
particulier pour la conduite de trois deux activités. En effet,
même si on n'a pas procédé à une analyse
détaillée de ces manuels (ce que nous ne manquerons pas
d'entreprendre dans un travail ultérieur), les concepteurs semblent
s'être beaucoup inspirés des manuels d'arabe et de français
lors de l'élaboration de ceux de l'amazighe. Serait-ce par souci de
commodité, d'efficacité (doit-on réinventer la
roue ?) ou tout simplement à défaut d'un mieux à
mettre en oeuvre ; c'est en tout cas ce " mieux " qui constitue
l'une des prétentions de notre travail. Une dernière remarque
enfin sur ce tableau : aucune réponse n'a été
donnée concernant l'évaluation et le soutien. Ici l'explication
la plus plausible est que la notion d'évaluation et de soutien n'est pas
encore bien maîtrisée par la majorité de nos enseignants,
tous cycles confondus. Nous pouvons l'affirmer pour avoir consacré notre
mémoire de sortie du centre national des inspecteurs de
l'éducation à la question de soutien aux élèves en
difficulté. Le travail entrepris sur le terrain nous a
révélé que les enseignants n'ont pas été
formés à la pratique évaluative et restent ainsi
très " classiques " dans la conception des tests
d'évaluation. Quant aux activités de soutien, ils les conduisent
comme de simples exercices de révision.51(*)
IV - MANUELS SCOLAIRES
TABLEAU N°13 : les manuels de l'amazighe sont-ils
faciles, difficiles ou impossibles à utiliser ?
Degré de difficulté d'utilisation des
manuels de l'amazighe
|
|
N
|
%
|
Pourquoi
|
N
|
%
|
Niveau inaccessible
|
11
|
39
|
Facile
|
7
|
25
|
Manque de formation et de doc.
|
2
|
7
|
Difficile
|
16
|
57
|
Présentation matérielle
|
4
|
14
|
Impossible
|
03
|
11
|
Sans réponse
|
9
|
32
|
La majeure partie des questionnés (57%) trouvent les
manuels de l'élève et le guide du professeur difficiles à
utiliser voire (pour 11%) d'usage impossible. La raison évoquée
pour la plupart de ceux qui ont répondu à cet item (39%) est
" le niveau élevé" de ces manuels, qui ne seraient
facilement accessibles ni pour les élèves ni pour les
enseignants. Toutefois, il est intéressant de noter quelques-unes des
raisons qui ont motivé le choix des 25% qui trouvent les manuels faciles
à utiliser : "simples et clairs ", " illustrés et
bien détaillés ", " je suis amazighophone et j'ai suivi
une formation ". On pourrait dire sans grand risque de se tromper que la
troisième justification pourrait être à la base des deux
précédentes : les professeurs amazighophones ayant
bénéficié d'une formation sont les plus à
même d'utiliser sciemment les nouveaux manuels scolaires et les
guides.
Autre constat : un bon tiers des questionnés ne
s'est pas prononcé, ce qui ne permet pas de faire de pertinentes
déductions à ce sujet.
Tableaux N°14 : quelle ressemblance entre
les deux manuels? Tableaux N°15 : sur quel(s)
plan(s)?
Y a-t-il une ressemblance entre le manuel de l'amazighe et le
manuel de l'arabe ?
|
|
total
|
%
|
Oui
|
16
|
57
|
Non
|
9
|
32
|
Sans réponse
|
2
|
7
|
Si oui, dites sur quel(s) plan(s)
|
|
total
|
%
|
Contenus thématiques
|
7
|
25
|
Approches didactiques
|
7
|
25
|
Disposition des unités didactiques
|
10
|
36
|
Présentation matérielle
|
7
|
25
|
Autre (à préciser)
|
0
|
0
|
Nous constatons ici que plus de la moitié des
questionnés pensent (57%) qu'il y a ressemblance entre le manuel de
l'arabe et le manuel de l'amazighe avec quand même plus du tiers qui
pensent le contraire ; 36% parmi eux trouvent cette ressemblance au niveau
de la disposition des unités didactiques dans les deux manuels. Les
autres critères (contenus thématiques et approches
pédagogiques) ont le même nombre de voix (25%). Il est vrai que
l'élaboration des manuels, notamment ce qui concerne la disposition des
unités de la progression annuelle, est soumise au même canevas,
dicté par le ministère et appliqué par toutes les
équipes chargées de la conception des manuels, toutes disciplines
confondues.
Nous aurions été plus déçus si la
majorité des enseignants trouvaient la ressemblance sur le plan des
approches didactiques; cela n'aurait pas réconforté notre
hypothèse.
Tableau N°16 : y a-t-il d'autres points de
ressemblance?
Autres points de ressemblance
|
|
total
|
%
|
Certaines disciplines (lect. Oral, écriture...)
|
6
|
21
|
Méthodes utilisées
|
9
|
32
|
En tout
|
1
|
4
|
Aucune ressemblance
|
3
|
11
|
Sans réponse
|
10
|
38
|
Ici, ce qui frappe c'est que plus du tiers (38%) des
questionnés ne se sont pas exprimés, comme pour dire qu'il n'y a
pas d'autres points de ressemblance entre les deux manuels. Toutefois, on
relève par ailleurs que près de la moitié trouvent une
ressemblance sur le plan des méthodes didactiques, ce qu'ils n'ont pas
fait prévaloir précédemment (25% seulement, voir tableau
N°15)
Tableau N° 17 : y a-t-il d'autres points de
différence?
Autres points de différence
|
|
total
|
%
|
Certaines disciplines (lect. Oral, écriture...)
|
9
|
32
|
Méthodes utilisées
|
4
|
14
|
En tout
|
2
|
7
|
Aucune différence
|
2
|
7
|
Sans réponse
|
11
|
39
|
Même constat que précédemment sur le
nombre des sans réponse (39%), même si 32% affirment qu'il y a des
points de différence entre les deux manuels sur le plan de certaines
disciplines. En voici quelques libellés : " il y a moins de
séances de langue en amazighe, plus de lettres sont
étudiées par séance (seulement 4 en arabe) " ou
encore " type de graphie : voyelles / consonnes " ou enfin
"l'amazighe ne profite pas des autres matières comme l'arabe (sciences,
mathématiques...). Soit, mais voyons pour le français !
Tableau N° 18 : manuel de l'amazighe et
manuel de français, quelle ressemblance? Tableau
N° 19 : et sur quel(s) plan(s)?
Y a-t-il une ressemblance entre le manuel de l'amazighe et le
manuel du français ?
|
|
total
|
%
|
Oui
|
12
|
43
|
Non
|
6
|
21
|
Sans réponse
|
10
|
36
|
Si oui, dites sur quel(s) plan(s)
|
|
total
|
%
|
Contenus thématiques
|
8
|
29
|
Approches didactiques
|
8
|
29
|
Disposition des unités didactiques
|
7
|
25
|
Présentation matérielle
|
6
|
21
|
Là aussi, les sans réponses frappent par leur
nombre (plus du tiers). Il n'empêche que la majorité de ceux qui
se sont exprimés pensent qu'il y a une ressemblance entre les deux
manuels (43%), ressemblance qu'ils ont trouvée, presque à part
égale sur les quatre plans qui leur sont proposés (contenus 29%,
approches 29%, disposition des unités 25% et présentation
matérielle 21%).
Tableau N°20 :
Y a-t-il d'autres points de ressemblance ?
|
Tableau N°21 :
Y a-t-il d'autres points de différence ?
|
Autres points de différence
|
|
total
|
%
|
Certaines disciplines (lect. Oral, écriture...)
|
5
|
18
|
Méthodes utilisées
|
2
|
7
|
En tout
|
0
|
0
|
Aucune différence
|
1
|
4
|
Sans réponse
|
20
|
71
|
Autres points de ressemblance
|
|
total
|
%
|
Certaines disciplines (lect. Oral, écriture...)
|
5
|
18
|
Méthodes utilisées
|
4
|
14
|
En tout
|
2
|
7
|
Aucune ressemblance
|
1
|
4
|
Sans réponse
|
16
|
57
|
Les deux tableaux précédents confirment les
remarques des tableaux N°17 et N°18. Plus encore,
71% des questionnés n'ont pas donné leur avis
sur les différences entre le manuel de l'amazighe et le manuel du
français ! Cela voudrait-il dire qu'il n'y en a pas ? Cela
serait l'idéal pour nous qui pensons qu'il n'y en a pas tellement. Mais
les sans réponse au niveau des ressemblances (57%) nous
inquiètent par ailleurs, bien que 7% affirment que les deux manuels se
ressemblent en tout, ce qui n'apparaît pas dans les réponse sur
les différences (0%).
Tableau N° 23 : Pourquoi ?
|
Parce que
|
Total
|
%
|
L'amazighe est une langue
vivante à part entière
|
9
|
32
|
Elle peut s'inspirer
des didactiques existantes
|
1
|
4
|
Grâce aux efforts du MEN
et de l'IRCAM
|
12
|
43
|
Sans réponse
|
6
|
21
|
V - POINT DE VUE PERSONNEL
Tableau N°22 :
Pensez-vous qu'il pourra y avoir un jour
une didactique PROPRE à l'amazighe?
|
|
Total
|
%
|
Oui
|
21
|
75
|
Non
|
2
|
7
|
Sans réponse
|
5
|
18
|
Cet item ultime a été proposé aux trois
catégories de nos questionnés dans le but de recueillir leur avis
personnel en tant que premiers concernés par la question d'une
didactique propre à la langue qu'ils sont appelés à
enseigner. Le 1er tableau montre que les ¾ des
questionnés pensent qu'il y aura un jour une didactique propre de
l'amazighe et seulement 2 personnes ont répondu par la négative
alors que 18% ne se sont pas prononcés. Doit-on alors commencer à
croire que notre hypothèse est assez fondée ou bien vaudrait-il
mieux attendre l'avis des inspecteurs et des chercheurs de l'IRCAM?
Le second tableau comporte les justifications de ces
réponses, plutôt optimistes, qu'on peut résumer comme suit
:
q La grande majorité (43%) croit aux efforts
déployés (ou "à déployer" pour certains) par les
intervenants directs dans la mise en place de cette didactique, à savoir
le MEN et l'IRCAM.
q Près d'un tiers (32%) justifient leur réponse
positive par le seul fait que l'amazighe est une langue vivante à part
entière et qu'elle "mériterait" donc sa didactique propre. Un
seul professeur a parlé de possibilité de s'inspirer des
didactiques déjà en présence dans le paysage
éducatif marocain.
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX INSPECTEURS
I - IDENTIFICATION :
Tableau N° 24 : informations personnelles
|
Sexe
|
|
Age (en ans)
|
Lieu de naissance
|
|
H
|
F
|
|
30 à 40
|
41 à 50
|
51 et +
|
Région
amazighophone
|
Région non amazighophone
|
Sans réponse
|
N
|
10
|
0
|
0
|
6
|
4
|
8
|
0
|
2
|
%
|
100
|
0
|
0
|
60
|
40
|
80
|
0
|
20
|
Tous de sexe masculin, les inspecteurs dépassent 40 ans
d'âge et sont pour la majorité (80%) amazighophones. Les 20% sans
réponse ont soit omis de répondre soit pris position quant
à la question car, pour les avoir rencontrés tous lors des
sessions de formation, nous sommes sûr qu'ils parlent tous l'amazighe.
Tableau N°25 : informations professionnelles :
Ancienneté
|
Langue
|
Nbre de profs encadrés/inspecteur
|
Milieu
|
|
- 10
ans
|
|
+ 10
ans
|
Ara
|
Fran
|
Total
|
Amazigho
phones
|
Enseignant l'amazighe
|
Urbain
|
Pré-Urbain
|
rural
|
Total
|
3
|
|
3
|
3
|
7
|
147
|
39
|
32
|
49
|
36
|
9
|
30
|
|
30
|
30
|
70
|
|
|
|
|
|
|
%
|
Ce tableau regroupe l'essentiel des informations
professionnelles intéressantes pour notre sujet. En effet, les 60% des
inspecteurs qui ont répondu à l'item sur l'ancienneté ont
pour la moitié moins de 10 ans d'ancienneté et plus de 10 ans
pour l'autre moitié. Cela montre que l'équipe de supervision
pédagogique n'est ni trop vieille ni trop jeune. 70% parmi eux ont le
français comme langue de travail contre 30% pour
l'arabe. Ils ont en charge une moyenne de 147 professeurs dont 39 sont
amazighophones et 32 enseignent la langue amazighe; ce dernier nombre est
important quand on sait qu'on est juste à la troisième
année de l'introduction de l'amazighe dans le système scolaire
marocain. Le nombre 39 est également très parlant pour montrer
que près du tiers des enseignants ont l'amazighe comme langue
maternelle; ce qui faciliterait leur formation et résoudrait, en partie
du moins, le problème de désigner les non-amazighophones pour
enseigner une langue qu'ils méconnaissent ou ne connaissent pas du
tout.
La dernière partie du tableau indique que
l'enseignement de l'amazighe se concentre encore davantage dans les
périmètres urbains et pré-urbains alors que c'est dans le
milieu rural que se trouve la majeure partie de la population amazighe au
Maroc.
II - FORMATION :
Tableau N°26 : sessions de formation suivies sur
l'amazighe
Nombre total de formés pendant 4 ans
|
Journées de formation en 4 ans
|
02/03
|
03/04
|
04/05
|
05/06
|
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Total
|
2
|
6
|
7
|
7
|
7
|
22
|
34
|
32
|
95
|
Le tableau montre clairement que la formation des inspecteurs,
comme d'ailleurs celle des enseignants (voir tableau N°5) s'est faite
d'une manière très irrégulière. Seulement 20% en
ont bénéficié en 2003, 60% en 2004 et 70% en 2005 et 2006.
Soit un total de 95 journées de formation en 4 ans pour l'ensemble des
inspecteurs, c'est-à-dire moins de 3 journées de formation par an
et par inspecteur. Ce qui, déjà, explique un peu pourquoi les
inspecteurs n'organisent guère de rencontres pédagogiques sur
l'amazighe tel que nous l'ont avoué les enseignants (voir tableaux
N°8)
Tableau N°27 : évaluation de ladite formation
Tableau N°28 : Raisons de l'insatisfaction
Degré de satisfaction
|
|
En linguistique
|
En didactique
|
|
total
|
%
|
total
|
%
|
Satisfaits
|
7
|
70
|
3
|
30
|
Non satisfaits
|
3
|
30
|
7
|
70
|
Raisons de l'insatisfaction (%)
|
|
langue
|
didactique
|
Durée de la formation
|
50
|
22
|
Faible encadrement
|
13
|
28
|
Difficultés liées à la langue
|
38
|
50
|
Plus des deux tiers (70%) des inspecteurs questionnés
sont satisfaits de la formation dont ils ont bénéficié sur
le plan linguistique; inversement, la même proportion ne l'est pas en ce
qui concerne la formation en didactique. Les raisons de leur insatisfaction
présentent la même contradiction : en linguistique, 50% les
imputent à la durée insuffisante des sessions de formation tandis
qu'en didactique la même proportion les attribue à des
difficultés relatives à la langue amazighe (pour certains
"à l'alphabet non encore maîtrisé alors que les manuels
sont intégralement transcrits en cet alphabet" et pour d'autres "au
manque d'une méthode claire").
Tableau N°29 : formation en didactique
générale et de disciplines (arabe et français)
Didactique
|
(%) des bénéficiaires
|
Moyens de formation
|
% par le C.F.I
|
% par le CPR
|
% par le CNFIE
|
% par lectures
personnelles
|
Générale
|
100
|
100
|
30
|
90
|
100
|
Arabe
|
90
|
90
|
0
|
60
|
90
|
Français
|
90
|
90
|
30
|
60
|
80
|
Amazighe
|
100
|
% par IRCAM
|
% par lect. personnelles
|
% par autres
|
|
100
|
70
|
10
|
Nos inspecteurs affirment avoir été tous
formés à la didactique générale. 90% l'ont
été en didactique de l'arabe et la même proportion en
didactique du français. Les centres pourvoyeurs de formation sont le CFI
pour la totalité, et le CNFIE pour la majorité (90%). Rappelons
que les élèves-inspecteurs admis dans ce centre sont de deux
catégories, les monolingues ou futurs inspecteurs d'arabe et
les bilingues ou futurs inspecteurs de français et/ou d'arabe.
D'ailleurs, depuis que les CFI ne recrutent plus que des
élèves-professeurs bilingues, les inspecteurs bilingues encadrent
ces deux catégories de professeurs. Ce tableau montre également
que la totalité des inspecteurs complètent leur formation
initiale par des lectures personnelles. Certaines de leurs réponses
à l'item "autre" révèlent que quelques-uns ont suivi des
stages sur la didactique au Maroc ou en France.
En ce qui concerne leur formation à la didactique de
l'amazighe, ils en ont tous bénéficié et c'est grâce
à l'IRCAM pour 100% et à leurs lectures personnelles pour 70%.
L'un d'eux -répondant à l'item "autres à préciser"
déclare en avoir bénéficié par l'AREF.
Tableau N°30 : Tableau N°31 :
Degré de satisfaction
|
|
En linguistique
|
En didactique
|
|
Total
|
%
|
Total
|
%
|
Satisfaits
|
4
|
40
|
1
|
10
|
Non satisfaits
|
5
|
50
|
9
|
90
|
TOTAL
|
9
|
90
|
10
|
100
|
Raisons de l'insatisfaction (%)
|
|
langue
|
didactique
|
Durée de la formation
|
50
|
22
|
Faible encadrement
|
13
|
28
|
Difficultés liées à la langue
|
38
|
50
|
Les inspecteurs questionnés ont tous participé
à la formation des enseignants mais 50% l'ont jugée non
satisfaisante en linguistique et 90% en didactique ( !). Ce dernier
pourcentage ne doit pas étonner quand on sait qu'on s'adresse ici
à des superviseurs pédagogiques rompus à l'observation (et
à la critique !) des séances de vis-à-vis
pédagogiques. De plus, nous en avons été témoin,
les formateurs de l'IRCAM, s'ils excellent en cours théoriques de
linguistique, ils ont parfois du mal à persuader les formés sur
le plan didactique. D'ailleurs, lors des formations, ils comptent beaucoup sur
l'aide des inspecteurs, même si ces derniers souffrent eux-mêmes de
grandes lacunes en didactique de l'amazighe voire en linguistique.
III - Méthodes d'enseignement : les trois
tableaux suivants résument l'ensemble des items de cette
rubrique.
Tableau N° 32 : Proche de
la méthode utilisée pour enseigner
|
l'arabe
|
20 %
|
le français
|
20%
|
les deux
|
60%
|
Autre
|
0%
|
|
|
Tableau N° 34 : La
didactique du français est utilisée pour les activités
de
|
lecture
|
70%
|
communication
|
70%
|
morphosyntaxe
|
70%
|
écriture
|
70%
|
évaluation
|
70%
|
La majorité des inspecteurs (60%) trouvent que les
méthodes d'enseigner l'amazighe sont beaucoup plus proches des
méthodes d'enseigner le français et l'arabe
(tableau N°32).
Ils estiment par ailleurs que les professeurs utilisent
souvent (70%) la didactique du français pour enseigner l'amazighe
(tableau N°33).
Tableau N° 33 : Recours
des profs à la didactique du français en %
|
systématiquement
|
20
|
souvent
|
70
|
rarement
|
10
|
jamais
|
0
|
Plus des deux tiers (70%) des inspecteurs estiment que les
professeurs utilisent les procédés de la didactique du
Français pour conduire toutes les activités citées
(tableau N°34).
80% des inspecteurs affirment que le manuel scolaire de
l'amazighe ressemble au manuel scolaire de l'arabe; et ce sur le plan surtout
des approches didactiques et de la présentation matérielle.
Tandis que 50% estiment que le manuel scolaire de l'amazighe
ressemble au manuel scolaire du français; et ce sur le plan surtout des
approches didactiques et de la disposition des unités didactiques. Ici,
il faut noter que la majeure partie des enseignants de l'amazighe ont en charge
les petites classes (1e et 2e année) où ils
enseignent en même temps l'arabe et en arabe utilisant bien entendu
le manuel d'arabe. Pour ce qui concerne notre hypothèse sur le
français, nous croyons qu'elle tient toujours même si l'arabe est
à ne pas perdre de vue quant à la concurrence qu'il a avec le
français. Il y a lieu de remarquer qu'aucun inspecteur n'a trouvé
de ressemblances ni de différences autres que celles proposées.
Nous nous attendions en fait aux réponses du genre « sur le
plan des illustrations » ou encore « sur le niveau de
difficulté pour les apprenants ».
Tableau N°35 : Ressemblances avec le manuel de
l'arabe
|
contenus thématiques
|
3
|
Approches didactiques
|
7
|
disposition des unités didactiques
|
4
|
présentation matérielle
|
6
|
Autre
|
0
|
Tableau N°36 :
|
|
Ressemblances avec le manuel du français
|
contenus thématiques
|
1
|
Approches didactiques
|
5
|
disposition des unités didactiques
|
6
|
présentation matérielle
|
2
|
Autre
|
0
|
IV - Manuels scolaires :
V - point de vue personnel : Y aura-t-il un
jour une didactique propre de l'amazighe ?
Tableau N° 37 :
|
Total
|
%
|
pourquoi
|
Oui
|
6
|
60
|
3
|
3
|
2
|
|
Non
|
4
|
40
|
30
|
30
|
20
|
|
60% pensent qu'il y aura un jour une didactique propre de
l'amazighe. Leurs justifications sont les suivantes :
Ø Pour 30% des optimistes, c'est parce qu'il s'agit
d'une langue vivante comme toutes les autres
Ø Pour la même proportion des pessimistes, nous
avons relevé les justifications suivantes : " parce
l'amazighe ne sera pas une langue d'enseignement" (à entendre des autres
matières comme les mathématiques etc.), ou encore " il
n'existe pas de didactique propre ". Cette dernière réponse,
même si elle est minoritaire, remet en question notre hypothèse
selon laquelle il y aurait une didactique propre à chaque discipline
même si une mutualisation des didactiques proches (des langues par
exemple) est envisageable.
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX CHERCHEURS DE L'IRCAM
I - Identification : Informations
personnelles
Tableau N°38 :
|
Sexe
|
Age (en ans)
|
Amazighophones
|
|
H
|
F
|
30 à 40
|
41 à 50
|
51 et +
|
oui
|
non
|
N
|
4
|
3
|
2
|
2
|
3
|
7
|
0
|
%
|
57
|
43
|
29
|
29
|
43
|
100
|
0
|
Entièrement amazighophone, l'équipe de l'IRCAM
est constituée de chercheurs majoritairement de sexe masculin avec tout
de même 43% de femmes; ils se répartissent selon leur âge en
3 catégories : près d'un tiers de ceux qu'on peut qualifier de
jeunes chercheurs, la même proportion de chercheurs
expérimentés et une majorité de "doyen" âgés
de plus de 51 ans dont probablement le Recteur du centre M. Ahmed Boukous.
II - Formation académique, pédagogique
et didactique :
Tableau N°40 : centre de formation
Tableau N°39 : Informations professionnelles
Forma. académique
|
Langue de rech.
|
Doc.
D'état
|
Doct/
Habilit
|
D.E.A
|
Lice
|
Ara
|
Fra
|
Ang
|
2
|
3
|
1
|
1
|
3
|
4
|
1
|
29
|
43
|
14
|
14
|
38
|
49
|
13
|
Formation pédagog.
|
Formation en amazighe
|
CPR
|
ENS
|
FSE
|
Autre
|
ling
|
péd
|
didac
|
autre
|
2
|
0
|
1
|
1
|
5
|
0
|
0
|
0
|
50
|
0
|
25
|
25
|
71
|
0
|
0
|
0
|
Plus de 2/3 des questionnés ont un doctorat ou plus.
Ils ont pour la plupart (49%) réalisé leur recherche en
français; un peu plus d'un tiers en arabe et un seul en anglais. Dans le
tableau N°40, on lit que seuls 4 personnes sur 7 ont reçu une
formation pédagogique dont la moitié par le CPR, 25% par la
faculté des sciences de l'éducation et 25% à
l'étranger. Nous leur avons demandé le titre de leur recherche.
En voici quelques-uns :
Ø "Tracy assessment of learns' needs"" (en anglais).
Ø "Apprentissage de la lecture" (en
français).
Ø "La représentation de l'avenir des
lycéens" (en français).
Ø "Les partis politiques au Maroc et leur participation
au développement" (licence de droit, en arabe)
Ø "Les unités significatives de la phrase
verbale amazighe "(en français).
Ø "Syntagme "complimentiseur" en amazighe" (en
arabe)
Ces titres nous apprennent que les centres
d'intérêt de nos chercheurs varient essentiellement entre la
sociolinguistique (1/3) dès lors qu'ils traitent des
sujets généraux et la linguistique quand il
s'agit de réflexion sur la langue amazighe (1/3).
Quant à leur formation sur l'amazighe (2e
partie du tableau N°37), 71% en ont reçu et exclusivement en
linguistique soit par l'IRCAM ou à l'université soit " en
autoformation ". Les chercheurs de l'IRCAM, pourtant premiers
concernés par la mise en place d'outils didactiques tant conceptuels que
matériels, semblent ne pas avoir été eux-mêmes au
fait de la didactique de cette langue; voilà qui justifie encore une
fois la nécessité d'un travail sérieux sur la didactique
de l'amazighe.
III - Formations animées par les chercheurs
de l'IRCAM:
Tableau N°41 : dans quel cadre et en faveur de quel
public :
Formation
|
Dans quel cadre
|
Bénéficiaires
|
Convention IRCAM/MEN
|
Privé
|
Professeurs
|
Inspecteurs
|
Etudiants
|
Privé
|
Nbre
|
6
|
7
|
2
|
7
|
2
|
1
|
1
|
%
|
86
|
100
|
29
|
100
|
29
|
14
|
14
|
Nous retenons de ce tableau que 86% des chercheurs de l'IRCAM
participent à l'animation des formations sur la langue amazighe et ce
dans le cadre de la convention de ce centre avec le MEN. Les
bénéficiaires sont prioritairement les enseignants puisque tous
les chercheurs questionnés (100%) ont donné au moins une
formation en leur faveur des professeurs. Les inspecteurs, vu leur nombre
réduit, n'ont été formés que par 2 chercheurs parmi
ceux qui ont répondu à cet item.
Quant à la durée globale de la formation elle a
été estimée à 5 mois et 3 semaines environ (173
jours) assurés par 5 formateurs sur les 7 questionnés, soit une
moyenne de 34 jours par formateur; c'est dire à quel point ces
formateurs s'investissent dans le volet formation sachant qu'ils ont à
assumer tout le côté conception des modules de formation, des
manuels scolaires en sus de la gestion administrative des différents
départements du centre.
La question suivante leur a été posée :
"quels ont été les points forts de ces formations ? Voici les
réponses des 85% qui ont répondu :
1. "Initiation à l'alphabet tifinaghe et aux
règles d'orthographe et de grammaire amazighes" (3 réponses).
2. "Familiarisation aux trois variantes de la langue dans
l'optique d'une standardisation".
3. "Esprit d'entente et de collaboration pour dépasser
les difficultés de départ ressenties surtout au niveau
linguistique par les arabophones".
4. "Initiation à la didactique de l'amazighe".
5. "Réconciliation des amazighophones avec leur
langue".
Ces réponses montrent que la formation des enseignants
est à dominante linguistique, la didactique n'a été
mentionnée qu'une seule fois comme point fort des formations
animées par les chercheurs de l'IRCAM. Les réponses 3 et 5 sont
significatives dans le sens où les chercheurs rencontrent, lors des
formations, des contraintes liées à l'attitude de
réticence chez certains formés qui, s'ils sont arabophones,
n'arrivent pas à suivre et, s'ils sont amazighophones, doutent de
l'utilité de la formation car peu convaincus de l'avenir d'une langue
jusqu'ici reléguée aux oubliettes. Nous avons pu constater ces
réticences lors de nos discussions avec les enseignants. Ce qui prouve
que le chemin est parsemé d'embûches et appelle une
détermination sans faille pour relever ce défit.
Une autre question, d'ordre méthodologique, a
été posée aux formateurs pour savoir quels outils
conceptuels (ou théoriques) ils utilisent lors de ces formations.
Là aussi, le mieux est de les mentionner dans leur substance vu leur
nombre réduit :
· " (j'utilise) les mêmes méthodes
adoptées dans l'enseignement public marocain (approche par
compétences, approches communicatives, situations-problèmes,
cognitivisme...)", réponse donnée par 57% des questionnés.
Cela montre à quel point nos concepteurs de matériel didactique
n'échappent pas à l'environnement dans lequel ils
évoluent, à savoir pour ce qui nous concerne, celui d'un
système éducatif où sont ancrées déjà
des traditions d'enseignement/apprentissage, elles-mêmes inspirées
des orientations générales des sciences de l'éducation
à travers le monde et plus particulièrement le monde francophone,
en tant que partenaire immédiat.
· Deux chercheurs ont parlé de "linguistique
descriptive" comme méthode utilisée.
IV - Méthodes d'enseignement utilisées par
les enseignants :
La didactique du français
est utilisée pour
les activités de
|
Lecture
|
3
|
43
|
Communication
|
3
|
43
|
Morphosyntaxe
|
3
|
43
|
Ecrit
|
3
|
43
|
Evaluation/soutien
|
2
|
29
|
Tableau N°s 42, 43 et 44 :
Proches de la méthode
utilisée pour enseigner
|
%
|
L'arabe
|
0
|
0
|
Le français
|
3
|
50
|
Les deux
|
2
|
34
|
Autre
|
1
|
16
|
Recours à la didactique du français au cours de
la formation
|
Nbre
|
%
|
Systématiquement
|
0
|
0
|
Souvent
|
3
|
43
|
Rarement
|
0
|
0
|
Jamais
|
4
|
57
|
La moitié des concepteurs et des formateurs ayant
répondu à la question (3 sur 6) estiment que la méthode
d'enseigner l'amazighe est proche de celle d'enseigner le français. 43%
d'entre eux ont recours à la didactique du français pour former
les professeurs et pensent qu'elle est utilisable pratiquement dans toutes les
disciplines. Toutefois, plus de la moitié des questionnés ne
l'utilisent jamais! Il semblerait que cela est dû à leur formation
initiale (arabe ou anglais); l'un d'eux a même affirmé qu'il
adopte la didactique de l'amazighe (prétention ou
réalité?).
A la question "Pourquoi d'après vous les enseignants
utilisent-ils les méthodes d'enseignement du français pour
enseigner l'amazighe?", nous avons recueilli les réponses suivantes :
Ø " Faute de didactique de l'amazighe?
Ø "En raison de la nouvelle réforme de
l'enseignement au Maroc (approches par compétences)"
Ø "Parce que c'est l'approche communicative qui est
adaptée à l'enseignement de l'amazighe"
Ø "Pour permettre l'utilisation d'un manuel unique pour
les amazighophones et non amazighophones et pour préparer la
standardisation de l'amazighe"
Ici, nous nous rendons compte que les chercheurs de l'IRCAM,
eux aussi, ont du mal à préciser le pourquoi de l'emprunt
qu'effectuent les enseignants à la didactique du français pour
enseigner l'amazighe dans leurs classes. Tantôt ils l'attribuent à
l'absence d'une didactique propre à l'amazighe, tantôt au fait que
les enseignants adoptent les démarches dictées par la
réforme, démarches qui s'inspirent essentiellement de celle
adoptées pour l'enseignement du français; tantôt ils
évoquent des raisons liées à la spécificité
de la langue amazighe qui " se rapprocherait de celle du français"; ce
qui reste à démontrer.
De même, lorsque les chercheurs de l'IRCAM justifient
leurs réponses au niveau des disciplines où l'emprunt s'effectue
le plus, ils donnent les raisons suivantes qui, livrées telles qu'elles
ont été libellées par leurs auteurs, manquent
également à notre sens de précision:
Tableau N°45
En lecture
|
- "cela permet de développer les stratégies de
lecture"
- "surtout en première année pour
l'apprentissage
des graphèmes par l'approche globale"
|
En communication
et en activités orales
|
- "actes de parole, situation"
"cette méthode facilite l'appropriation des dialogues
et donne accès à la communication par le biais des jeux de
rôles."
|
Langue (gram, conj, ortho...)
|
- "offre une grande variété d'exercices"
- "facilite le réemploi des structures"
|
En écrit
|
- "permet la préparation progressive de l'oral à
l'écrit"
- "les dimensions et les normes de tifinaghe ne
diffèrent
pas beaucoup de l'écriture latine"
|
En évaluation et soutien
|
- "offre des approches d'évaluation et de soutien
appropriées"
- "les grilles qui nous sont proposées sont
convenablement
adaptées à notre langue"
|
V- Manuels scolaires :
Tableau N°46 : participation des chercheurs de l'IRCAM
à l'élaboration des manuels.
Participation
|
Apport
|
Total
|
5
|
Linguistique
|
Pédagogique
|
Didactique
|
Autre
|
%
|
71
|
57
|
43
|
14
|
0
|
Nous retenons du présent tableau que plus de 2/3 des
formateurs ont participé directement à l'élaboration des
manuels scolaires de l'amazighe mais la totalité y a contribué :
57% sur le plan linguistique, 43 sur le plan pédagogique et seulement
14% ont affirmé avoir contribué sur le plan didactique (!). Cela
montre encore une fois la carence dans ce domaine, même à un haut
niveau de la recherche et de la réflexion. Disons-le tout de suite, ce
n'est pas au ministère de l'éducation qu'il faut demander une
solution car c'est à l'IRCAM qu'est dévolue la charge de tout ce
qui a trait à la question amazighe.
Tableau N°47 : degré de difficulté des
manuels de l'amazighe.
Les manuels sont
|
D'usage facile
|
Difficile
|
Impossible
|
Sans réponse
|
Total
|
1
|
3
|
0
|
3
|
%
|
14
|
43
|
0
|
43
|
Cette question a été posée aux
concepteurs des manuels dans l'espoir de vérifier celles des inspecteurs
et des professeurs déjà alarmantes. En effet, près de la
moitié des concepteurs attestent, eux aussi, que les manuels d'amazighe
sont difficiles à utiliser même si la même proportion ne
s'est pas prononcée. Les raisons données se résument en ce
qui suit :
Ø "L'insuffisance de la formation des enseignants
(réponse donnée à plusieurs reprises)";
Ø "Parce qu'ils sont rédigés en tifinaghe
(alphabet non encore bien maîtrisé par les enseignants); nous
revenons par conséquent à la question de la formation";
Ø "Ils sont trop chargés" : réponse
étonnante venant d'un concepteur!
Ø "Il est trop tôt pour se prononcer",
réponse unique mais significative à notre sens du fait qu'on
n'est encore qu'au début de l'expérimentation de ces manuels
(depuis trois ans seulement)
Il ressort de ces réponses que la formation des
enseignants reste l'un des maillons les plus faibles de la chaîne.
Tableau N°48 : ressemblance entre le manuel de l'amazighe
et le manuel du français :
Sur le plan
|
Total
|
%
|
Des contenus
|
2
|
33
|
De la didactique
|
3
|
50
|
Des deux
|
0
|
0
|
Autre
|
2
|
33
|
Il y a eu autant de "oui" que de "non" et les concepteurs qui
ont répondu "oui" trouvent que les manuels scolaires de l'amazighe
ressemblent aux manuels du français notamment sur le plan didactique.
Encore faut-il examiner ces deux réponses à l'item "autres..." :
1. "La thématique est adaptée à
l'âge et à la situation de la langue. Au niveau des
compétences, il y a ressemblance afin d'aider l'apprenant à les
transférer vers les autres langues. Au niveau des approches, l'amazighe
est à la fois langue maternelle et langue nationale".
2. "Cette ressemblance figure non seulement entre le manuel de
l'amazighe et le manuel du français mais aussi et surtout entre ledit
manuel et le manuel de l'arabe et les manuels sémitiques des pays
anglo-saxons" (voilà une piste à creuser).
L'item suivant cherchait à savoir si nos concepteurs
ont d'autres suggestions quant aux ressemblances et différences entre le
manuel de l'amazighe et le manuel du français; voici quelques-uns unes
de leurs réponses, à nos yeux signifiantes:
1. "Le fait de s'inspirer de l'enseignement du français
en France comme langue maternelle et au Maroc comme langue
étrangère est dû, à mon sens, à la formation
des auteurs actuels des manuels scolaires et des "concepteurs de la langue
amazighe" au Maroc (voulait-il dire "concepteurs d'outils didactiques
spécifiques à cette langue"), surtout au niveau de la
répartition thématique (progression) et didactique
(compétences et capacités)".
2. "Vivacité dans les apprentissages, implication des
élèves, thèmes proches de la culture nationale".
VI - Point de vue personnel :
71% des chercheurs de l'IRCAM (5 sur 7) pensent qu'un jour, il
y aura une didactique propre de la langue amazighe. Un seul est septique et un
est sans avis. Mais quelles sont leurs justifications ? Là encore, nous
estimons qu'il convient de leur céder la parole :
1. "Cette didactique existe déjà et se
construit. Elle est particulière au statut de la langue qui est en phase
de standardisation et d'ouverture".
2. "Cette didactique est en train de se construire; elle est
la même que celle adoptée dans l'apprentissage des autres langues.
Sa spécificité réside dans la variété
(à comprendre les 3 variantes de l'amazighe), donc la gestion de cette
variété pour le moment avant la standardisation".
3. "Tout simplement parce que chaque langue diffère
d'une autre par les composantes linguistiques. Par la suite, la didactique ne
peut s'éloigner de ce particularisme du fond et de la forme de telle ou
telle langue".
4. "Parce que l'amazighe est une langue ouverte sur le monde
et toutes les civilisations; autrement dit, elle participe à (et
bénéficie de la didactique universelle des langues".
5. "A partir de l'expérience et de la recherche".
6. "C'est une nécessité; sans une didactique de
l'amazighe, il ne peut y avoir un enseignement de qualité. L'amazighe a
ses spécificités comme toutes les langues, seule une didactique
appropriée pourra en rendre compte".
Les justifications des chercheurs de l'IRCAM, du moins celles
des plus optimistes parmi eux en ce qui concerne l'existence future d'une
didactique propre à l'amazighe, vont de l'affirmation de l'existence
actuelle effective de cette didactique à la considération de
cette existence comme une nécessité pour assurer "un enseignement
de qualité", en passant par le fait que la langue amazighe mérite
sa didactique puisqu'elle est une langue vivante à part entière
avec "ses spécificités" et qu'elle peut ainsi "participer
à (et bénéficier de) la didactique universelle".
Nous aimerions souligner cette dernière justification
avant d'entreprendre nos conclusions partielles. Elle va dans la droite ligne
de notre hypothèse qui, rappelons-le, se fonde sur deux postulats
principaux :
1. L'amazighe, devenu langue nationale et
intégré à l'enseignement depuis maintenant trois
années scolaires, doit nécessairement se forger sa propre
didactique; celle qui va rendre compte de ses spécificités tant
linguistiques qu'heuristiques.
2. Du fait que l'amazighe se trouve dans un environnement
pédagogique où coexistent d'autres modes
d'enseignement/apprentissage, notamment ceux des autres langues, il serait vain
de vouloir réinventer la roue au lieu de puiser, ce qui pourrait
l'être, dans les didactiques déjà existantes telle
particulièrement la didactique du FLE/FLS qui a fait ses preuves depuis
longtemps.
CONCLUSIONS PARTIELLES ET PROPOSITIONS
I - AU NIVEAU DE L'APPROCHE METHODOLOGIQUE :
Nous l'avons signalé en introduction, notre travail de
dépouillement a révélé quelques insuffisances au
niveau méthodologique. En effet, notre pré-enquête aurait
pu être plus étoffée; les questionnaires auraient dû
être distribués à un plus grand nombre de personnes afin
d'en mesurer mieux la validité. Ce n'est que lors du
dépouillement que nous nous sommes rendu compte de certaines
réalités qu'on aurait pu prendre en considération dans la
version définitive des questionnaires. Nous avons ainsi constaté
que certains libellés n'ont pas été compris comme nous
l'escomptions; citons ces quelques exemples et tirons-en quelques conclusions
pour l'avenir :
Ø L'appellation "semi-urbain" ne semble pas avoir
été claire pour un bon nombre de questionnés, professeurs
et inspecteurs. Nous l'avons vérifié par les noms des
écoles dont nous connaissons la situation;
Ø Le sens donné à "méthode",
"méthodologie", "approche", "procédé", voire "didactique"
ne semble pas non plus avoir été perçu de la même
manière par tout le monde;
Ø Les items "pourquoi d'après vous" et "autres
à préciser s'il vous plaît" n'ont pas toujours
été très instructifs, au même titre d'ailleurs que
les questions ouvertes.
Ø Par ailleurs, un peu trop guidé par l'espoir
de confirmer notre hypothèse, nos questionnaires ont été
par moments visiblement orientés vers cette confirmation; ce qui, en
partie, expliquerait le refus de répondre de certains questionnés
jugeant certains items "tendancieux".
SUGGESTIONS :
Ø Vu le niveau en français de nos professeurs et
de certains inspecteurs - dont des arabophones - une version en langue arabe
des questionnaires (ou du moins des parties à risque
d'interprétation erronée) aurait aidé à pallier ses
insuffisances. Nous leur avons certes suggéré de répondre
aux questions ouvertes en arabe; mais il semblerait que cela n'a pas suffi.
Ø Pour ce qui est des questions ouvertes, nous avons
constaté chez les questionnés une certaine réticence
(paresse?) d'y répondre. Une catégorisation fine des
réponses attendues aurait aidé à minimiser cette carence.
A signaler que nous avons soumis la totalité des items aux inspecteurs
qui nous ont signalé quelques-unes des difficultés susceptibles
de biaiser l'interprétation attendue, mais apparemment cela n'a pas
suffi non plus.
Ø Nous avons revu plusieurs items à la suite des
remarques de notre encadreur qui, justement, les avaient jugés
sensiblement orientés; toutefois, lors du dépouillement nous
avons découvert que d'autres items auraient dû être revus et
reformulés. D'ailleurs, ce constat nous a conduit à relativiser
la quasi-certitude que notre hypothèse ne demandait qu'à
être validée par l'enquête tant elle était pour nous
assez bien fondée.
Ce sont là de précieuses leçons que nous
ne manquerons pas d'avoir présentes à l'esprit lors de tout autre
étude ultérieure fondée sur un travail d'investigation
mené sur terrain.
II - AU NIVEAU DES RESULTATS DE L'ENQUETE :
Etat des lieux :
1. Les ressources humaines :
Pour des raisons de commodité, le Ministère de
l'Education Nationale a décidé (voir note N°90 en annexe)
que ce sont les professeurs du primaire amazighophones qui se
chargent d'enseigner la langue amazighe dans ce cycle. Mais dans la pratique,
cet enseignement est assuré aussi par des arabophones. Néanmoins,
l'enquête a montré qu'en moyenne 32 sur 39 parmi les professeurs
chargés de l'amazighe (voir tableau N°25) parlent cette langue.
Leur nombre ainsi que celui des écoles accueillant cet enseignement sont
en nette croissance (voir note N°34 en page 39). On en déduit que,
sur le plan de la quantité (en ressources humaines et écoles), le
processus d'intégration de l'amazighe dans le système scolaire
marocain est plutôt sur la bonne voie. Reste à voir ce qu'il en
est sur le plan qualitatif.
2. La formation des différents
intervenants :
Aussi bien les professeurs, les inspecteurs que les chercheurs
de l'IRCAM ont affirmé avoir bénéficié de formation
initiale et continuée, notamment en ce qui concerne la didactique et la
pédagogie générales et pour ce qui est de la didactique de
l'arabe et du français.
En revanche, l'enquête a révélé un
manque criant en formation à la didactique de l'amazighe. Ce qui est
normal quand on sait qu'il n'existe aucune structure permettant ce type de
formation hormis les quelques initiatives de l'IRCAM, jugées du reste
insuffisantes par la plupart des questionnés, y compris les formateurs
de l'Institut Royal, animateurs par excellence desdites formations. Plus est,
même en linguistique, ces formations n'ont pas donné satisfaction
aux formés. Handicap qui, bien évidemment, influe sur la
formation en didactique.
Revenons à la didactique du français. Les
réponses recueillies sont éloquentes; certes la majorité
en a bénéficié. Toutefois, si on met en regard ces
réponses avec celles relatives à l'usage qu'ils en font en
pratique, nous sommes en droit de nous douter qu'un véritable transfert
s'opère dans les conditions voulues. Car, à l'analyse des
résultats de cette comparaison, on observe que les professeurs ont
également recours à leur savoir-faire didactique en arabe du fait
que la majorité des enseignants de l'amazighe (même les bilingues
parmi eux) ont en charge les petites classes où ils dispensent
parallèlement l'enseignement/apprentissage de et en arabe. En
conséquence, quel apport de la didactique du français à la
didactique de l'amazighe est-il, dans ces conditions, envisageable ?
II - LES TRANSFERTS POSSIBLES :
Si l'on se contente, d'une part, des réponses des trois
catégories du public ciblé, on pourra admette qu'un transfert
indéniable s'opère. La majorité des réponses au
dernier item, où ont été consultés les
questionnés sur l'éventualité de l'existence d'une
didactique propre à l'amazighe, incite, d'autre part, à croire
que la majorité des intervenants sont plutôt optimistes. Ce qui
nous réconforte un peu, tout en nous laissant perplexe quant aux moyens
d'y parvenir.
Bref, nous demeurons ferme sur le fait que la didactique de
l'amazighe, avant d'atteindre son autonomie, doit passer par une phase
d'emprunt aux didactiques déjà existantes, notamment à
celle du français comme nous l'a confirmé l'analyse des
résultats de cette consultation. Mais une relativisation de ces
résultats s'impose car, répétons-le, les autres langues,
l'arabe en premier, ne doivent pas être perdues de vue chaque fois qu'il
s'agit de parler de transfert de didactique à didactique dans le
contexte marocain.
SUGGESTIONS
1. Sur le plan méthodologique :
il faut d'abord rappeler que ce modeste travail est, pour
nous, une première exploration prélude à une recherche
plus approfondie où seront examinés les faits d'une façon
plus rigoureuse. Les échantillons seront déterminés plus
scientifiquement; les questionnaires seront soumis à un
échantillon, le plus représentatif possible, de la population
ciblée; ils seront libellés de sorte que toute équivoque
soit levée; l'hypothèse de départ tiendra compte des
réactions qui peuvent ne pas aller forcément dans le sens qu'elle
vise initialement; les questions ouvertes seront suffisamment finement
catégorisées pour parer à la tendance (constatée
dans la présente enquête) à "sauter" toute question
demandant un effort de réflexion ; la population visée sera la
plus diversifiée possible afin d'obtenir des avis variés et
signifiants. Ici, par exemple, en dehors des intervenants immédiats
(professeurs, inspecteurs et concepteurs), on fera appel aux chefs
d'établissement, aux parents d'élèves et aux
élèves eux-mêmes, aux responsables administratifs et
pédagogiques relevant des délégations du MEN et des AREF,
aux associations de la société civile, aux partis politiques et
aux élus locaux et nationaux...
De même qu'on devra procéder à l'analyse
détaillée des manuels élaborés par l'IRCAM aussi
bien sur le plan des contenus que sur le plan des approches
méthodologique adoptées. On dégagera, par la même
occasion, les soubassements théoriques qui ont sous-tendu cette
élaboration. De plus, on veillera à la comparaison - à
tous points de vue- des manuels de l'amazighe et des autres manuels de langue
utilisés par les élèves (arabe, anglais, espagnol
notamment).
Par ailleurs, nous irons observer dans les classes les
pratiques des enseignants et les réactions des apprenants surtout dans
les trois premières classes où est enseignée la langue
amazighe (1e , 2e , et 3e années). On
devra également observer l'évolution d'une classe pendant deux ou
trois ans en vue d'évaluer les progrès réalisés et
de les comparer aux résultats dans d'autres disciplines, en particulier
les langues. Des entretiens seront prévus avec les enseignants et avec
les élèves à l'issue de chaque séance; on
accompagnera les inspecteurs lors de leur tournée pour recueillir
à chaud leurs impressions.
Nous prévoyons aussi d'analyser les fiches
pédagogiques (à l'élaboration desquelles nous pouvons
prendre part) des professeurs d'amazighe et voir dans quelle mesure ils
arrivent à concrétiser les objectifs et les compétences
pendant le vis-à-vis pédagogique. Une comparaison de ces fiches
avec celles conçues pour l'enseignement/apprentissage des autres langues
est également envisagée. Comme est envisagé le fait de
tenir compte à l'avenir des trois variantes de l'amazighe sachant qu'un
travail sérieux est en cours quant à la standardisation de la
langue amazighe.
Ainsi, la vision se précisera et sera aussi globale
que significative et permettra d'obtenir des résultats plus probants.
C'est du moins ce que nous projetons d'entreprendre dans
l'hypothèse où l'occasion nous en sera offerte.
2. Sur le plan des contenus de l'enquête et de
ses résultats :
Nous pensons qu'au niveau quantitatif, le ministère a
intérêt à continuer de recruter parmi les professeurs ceux
qui ont l'amazighe comme langue maternelle. Nous avons vu d'après les
statistiques officielles qu'ils sont légion et que ce sont eux qui
peuvent garantir un certain succès à l'entreprise
d'intégration de l'amazighe dans le système scolaire marocain, en
attendant que soient formés un personnel qualifiant pris dans toutes les
catégories des enseignants, arabophones compris. Pour ce faire, des
centres de formation, classiques (CFI, CPR, ENS, FSE,...) ou
créés, doivent être ouverts aux enseignants et aux
étudiants désireux de se former dans ce domaine. Et,
parallèlement, des filières de langue et de littératures
amazighes mais aussi de didactique doivent être accessibles aux
étudiants et aux chercheurs.
Au plan de la formation, les efforts entrepris en linguistique
sont à encourager. En didactique, par contre, l'IRCAM doit
procéder en premier lieu à la formation de formateurs qui
pourront être sélectionnés, dans un premier temps, parmi
les amazighophones francisants, plus disponibles, puis par quelques arabisants
maîtrisant la langue française.
Le recrutement des enseignants doit se faire parmi les plus
jeunes vu leur disposition à suivre plus aisément les formations
en amazighe tant linguistique que didactique. Nous en avons été
convaincu lors des formations organisées par l'IRCAM dans la
région du sud, formation à l'animation desquelles nous avons
partiellement pris part nous-même : nous avons constaté qu'autant
les seniors avaient du mal à suivre ces formations normalement
autant les juniors manifestaient intérêt et
enthousiasme.
CONCLUSION GENERALE
Pour conclure, rappelons que ce modeste travail est le fruit
de conjonctures multiples. Il est d'abord un projet ancien que les contraintes
professionnelles ne nous ont pas permis de réaliser plus tôt. Il
est ensuite motivé par la volonté d'apporter un plus à une
langue qui renaît de ces cendres alors qu'elle est l'instrument de
communication par excellence d'une tranche non négligeable de la
population marocaine, maghrébine, voire nord-africaine. Il est aussi
mû par le désir de faire profiter cette langue d'un savoir-faire
pédagogique et didactique acquis et expérimenté durant
notre carrière marquée par une période d'enseignement et
une autre d'encadrement pédagogique.
L'idée de passer à l'exécution de ce
"rêve" est née le jour où s'est vu profiler pour nous une
occasion probable de sauver cette langue. Cette occasion,
inespérée quelques années avant en dépit de luttes
acharnées, était la reconnaissance de l'amazighe comme langue
nationale suivie de son intégration dans le système
éducatif marocain avec un alphabet propre.
Comme il nous a été donné de tenter de
réaliser ce "rêve" avec l'inscription en Master II, nous avons
arrêté la problématique en concertation avec notre
encadreur M. Philippe Blanchet que nous tenons à remercier vivement pour
sa disponibilité et ses orientations éclairées.
La problématique a été ambitieuse au
départ car nous avions voulu conduire un travail de fonds sur la
question des "transferts possibles de la didactique du FLE/FLS à la
didactique de l'amazighe". Heureusement que notre directeur de recherche a
canalisé notre fougue de "militant" inexpérimenté pour
nous mettre sur la voie d'une recherche que permettent nos moyens intellectuels
et notre disponibilité. De là, nous avons circonscrit le champ
d'investigation en nous limitant à une ère géographique et
un échantillon maîtrisables. De là aussi, nous avons
entrepris de répartir notre réflexion en deux axes majeurs, l'un
à caractère théorique et l'autre pratique.
Le premier volet de cette étude a permis de situer la
problématique dans son contexte historique et géographique,
socioculturel et linguistique. Ainsi a été examinée dans
le premier chapitre la place de l'amazighe dans le paysage linguistique
marocain. Place que nous avons essayé de définir par rapport
à celle de l'amazighe dans son contexte global qui s'étend,
rappelons-le, de l'Atlantique à l'ouest (Maroc et Iles Canaries)
jusqu'à Siwa en Egypte à l'est, et du Sahara au Niger au sud. Le
second chapitre de cette première partie a été
consacré - notre problématique oblige- à l'analyse des
rapports qu'avait, et qu'entretient encore aujourd'hui, l'amazighe et la langue
française tant sur les plans politique et culturel que purement
linguistique et éducatif. Nous avons essayé de montrer que la
francophonie a été d'un apport indéniable à
l'épanouissement de la langue amazighe ; ce qui nous a amené
à l'hypothèse qu'elle peut continuer son apport en matière
d'enseignement/apprentissage. Nous avons consacré toute notre
deuxième partie à vérifier jusqu'à quel point cette
hypothèse se tient.
L'analyse des résultats de l'enquête menée
sur le terrain, tout en nous confirmant partiellement notre hypothèse de
départ, a révélé d'autres réalités
qu'il est judicieux de prendre en ligne de compte pour toute autre recherche
visant à circonscrire de manière plus nette la question des
"transferts possibles" de la didactique du français à celle de
l'amazighe. En effet, il ressort de cette étude qu'en plus d'apports
effectifs opérables de la didactique du FLE/FLS à la didactique
de l'amazighe, la didactique des autres langues en présence dans le
paysage linguistique marocain, à leur tête celle de l'arabe,
doivent être vues non comme concurrentes mais complémentaires.
L'enquête a montré clairement que nos enseignants et nos
inspecteurs chargés de l'apprentissage de la langue amazighe sont, au
même titre, chargés, dans une proportion significative, de
l'enseignement de l'arabe, notamment au niveau de l'enseignement du primaire.
Il est à peu près sûr que la donne changera
inéluctablement dès lors que l'enseignement de l'amazighe aura
atteint les niveaux supérieurs, le collège, le lycée et
l'université. En tout état de cause, et selon les
déclarations officielles (voir note ministérielle N° 90 en
annexe), l'apprentissage de l'amazighe ne s'arrêtera pas au primaire.
Enfin, soutenu par les déclarations des intervenants
consultés, nous avons la conviction que l'amazighe, à l'instar de
toute langue vivante, aura un jour sa didactique propre pour peu qu'un minimum
de conditions (citées dans nos propositions) soit rempli.
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX PROFESSEURS
QUESTIONNAIRE
Dans le cadre d'un travail de recherche sur
l'enseignement/apprentissage de la langue amazighe, ce questionnaire s'adresse
aux professeurs amazighophones chargés de
l'enseignement de la langue amazighe en première et/ou en
deuxième année de l'enseignement primaire. La zone
géographique concernée s'étend sur 3
délégations du MEN (Agadir- Idaoutanane, Chtouka-Aït Baha et
Inezgane-Aït Melloul) relevant de l'Académie Régionale de
l'Education et de la Formation (AREF) Souss Massa-Draa.
I - INFORMATIONS PERSONNELLES :
(Veuillez cocher la case ? correspondant
à votre choix; vous pouvez répondre aux questions ouvertes
en arabe ou en français)
- Sexe : Masculin : ?
Féminin : ?
- Age : Entre 20 et 30 ans ?
Entre 31 et 40 ans ?
Entre 41 et 50 ans ? Plus de 50 ans
?
- Lieu de naissance : .....................................
II - INFORMATIONS PROFESSIONNELLES :
- Délégation :
..................................................................
- Date d'affectation :
- Dernier diplôme obtenu : Baccalauréat
? DEUG ? Licence
?
Autre (à préciser s'il vous plaît)
.....................................................................
- Vous êtes professeur : d'arabe
? bilingue ?
- Nom de l'école ou du secteur scolaire :
.........................................................
- Milieu d'enseignement : Urbain
? pré-urbain (ou
pré-rural) ? Rural ?
- Niveaux enseignés cette
année:1ère année seulement ?
2ème année seulement ?
Première et deuxième année
? Autre (à préciser SVP)
? ..............................
- Nombre total de vos élèves :
..............................................
- Nombre total de vos élèves amazighophones :
...................
III - FORMATION :
Ø Session(s) de formation régulièrement
suivie(s) sur la langue amazighe :
1. En 2002 / 2003 : ...........jour(s)
2. En 2003 / 2004 : ...........jour(s)
3. En 2004 / 2005 : ...........jour(s)
4. En 2005 / 2006 : ...........jour(s)
Ø Quelle évaluation faites-vous de la ou des
formation(s) sur la langue amazighe que vous
avez suivie(s) ? (Ne répondre que si vous avez suivi au
moins une formation)
o Sur le plan linguistique : Satisfait
? Pas satisfait ?
Pourquoi
o Sur le plan didactique : Satisfait(e)
? Pas satisfait(e) ?
Pourquoi
- Votre formation en didactique :
Ø Avez-vous été formé(e) à
la didactique générale? Oui ? Non
?
Ø Si oui dites si c'est par :
o Le centre de formation des instituteurs (CFI)
?
o Des rencontres pédagogiques avec vos inspecteurs
?
o Vos lectures personnelles ?
o Autre ( à préciser s'il vous plaît) :
..................................
Ø Avez-vous été formé(e) à
la didactique de l'arabe? Oui ? Non
?
Ø Si oui dites si c'est par :
o Le centre de formation des instituteurs (CFI)
?
o Des rencontres pédagogiques avec vos inspecteurs
?
o Vos lectures personnelles ?
o Autre ( à préciser s'il vous plaît) :
..................................
Ø Avez-vous été formé(e) à
la didactique du français ? Oui ? Non
?
Ø Si oui dites si c'est par :
o Le centre de formation des instituteurs (CFI)
?
o Des rencontres pédagogiques avec vos inspecteurs
?
o Vos lectures personnelles ?
o Autre ( à préciser s'il vous plaît) :
..................................
Ø Avez-vous été formé(e) à
la didactique de l'amazighe?Oui ? Non
?
Ø Si oui dites si c'est par :
o L'IRCAM (Institut Royal de la Culture Amazighe)
?
o L'IRCAM et vos inspecteurs
?
o Des rencontres pédagogiques avec vos inspecteurs
?
o Vos lectures personnelles ?
o Autre ( à préciser s'il vous plaît) :
..................................
IV - METHODES D'ENSEIGNEMENT :
La méthodologie que vous utilisez pour enseigner
l'amazighe vous semble-elle plus proche de la méthodologie
utilisée pour enseigner :
Ø L'arabe ? ? Le
français ? ? Les deux ? ?
Pourquoi d'après vous?........................
..............................
Ø Pour conduire vos activités en langue
amazighe, avez-vous recours :
o à la didactique de l'arabe ?
?
Systématiquement ? ?
Souvent ? ? Rarement ? ?
Jamais ? ?
o à la didactique du français?
?
Systématiquement ? ?
Souvent ? ? Rarement ? ?
Jamais ? ?
o à autre chose (à préciser SVP) :
...........................................................
Systématiquement ? ?
Souvent ? ? Rarement ? ?
Jamais ? ?
Ø Avez-vous recours à cette didactique en :
- Lecture ? - Communication et
activités orales ? - Langue (grammaire,
conjugaison, orthographe, ...) ? - Ecriture
? - Evaluation et soutien
?
- Autre (à préciser SVP) :
........................................................................
V- MANUELS SCOLAIRES :
Ø Le manuel de l'élève et le guide du
professeur vous semblent-t-ils :
Faciles à utiliser ? ?
Difficiles à utiliser ? ? Impossibles
à utiliser ? ?
Pourquoi d'après vous
?...................................................................................
...................................................................................................................
Ø Y-t-il d'après vous une ressemblance entre le
manuel de l'amazighe et le manuel de l'arabe ? OUI
? NON ?
Ø Si oui, dites sur quel(s) plan(s) :
Ø Les contenus thématiques (les
thèmes)?
Ø Les approches didactiques (techniques et
procédés)?
Ø La disposition des unités didactiques
?
Ø La présentation matérielle
?
Ø Autre (à préciser s'il vous plaît )
:...................................................................
Ø Quels autres points de ressemblance ou de
différence trouvez-vous entre l'enseignement / apprentissage
de l'amazighe et l'enseignement / apprentissage de
l'arabe?
I. Les ressemblances :
II. Les différences :
Ø Y-t-il d'après vous une ressemblance entre le
manuel de l'amazighe et le manuel du français ? OUI
? NON ?
Ø Si oui, dites sur quel(s) plan(s) :
Ø Les contenus thématiques (les
thèmes)?
Ø Les approches didactiques (techniques et
procédés)?
Ø La disposition des unités didactiques
?
Ø La présentation matérielle
?
Ø Autre (à préciser s'il vous plaît )
:..................................................................
Ø Quels autres points de ressemblance ou de
différence trouvez-vous entre l'enseignement /
apprentissage de l'amazighe et l'enseignement / apprentissage du
français?
I. Les ressemblances :
II. Les différences :
VI- VOTRE POINT DE VUE :
Pensez-vous qu'il puisse y avoir, un jour, une didactique
PROPRE à l'amazighe?
Oui ?
Non ?
Pourquoi ?
Je vous remercie infiniment de votre aimable collaboration.
Lahcen NACHEF
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX INSPECTEURS
quESTIONNAIRE
Dans le cadre d'un travail de recherche sur
l'enseignement/apprentissage de la langue amazighe, ce questionnaire s'adresse
aux inspecteurs amazighophones chargés de l'encadrement
des professeurs de la langue amazighe en première et/ou en
deuxième année de l'enseignement primaire. La zone
géographique concernée s'étend sur 3
délégations du MEN (Agadir-Idaoutanane, Chtouka-Aït Baha et
Inezgane-Aït Melloul) relevant de l'Académie Régionale de
l'Education et de la Formation (AREF) Souss Massa-Draa.
I - INFORMATIONS PERSONNELLES
(Veuillez cocher la case ? correspondant à
votre choix; vous pouvez répondre aux questions ouvertes en
arabe ou en français ) :
- Sexe : Masculin ? Féminin
?
- Age : Entre 30 et 40 ans ?
Entre 41 et 50 ans ? Plus de 50
ans ?
- Lieu de naissance :
...........................................................................................
II - INFORMATIONS PROFESSIONNELLES :
- Délégation :
......................................................................................................
- Nombre d'années d'exercice :
.............................................................................
- Langue de formation : Arabe ?
Français ?
- Nombre total de professeurs de votre zone d'inspection :
.................. .......................
Nombre d'amazighophones parmi eux:
....................................................................
- Nombre total de professeurs chargés de l'enseignement
de l'amazighe............... : Dans le milieu rural............. Dans le milieu
urbain.............. Dans le milieu pré-urbain ...............
- Nombre d'amazighophones chargés de l'enseignement de
l'amazighe : .......................
III - FORMATION :
Ø Session(s) de formation régulièrement
suivie(s) sur la langue amazighe :
5. En 2002 / 2003 : ...........jour(s)
6. En 2003 / 2004 : ...........jour(s)
7. En 2004 / 2005 : ...........jour(s)
8. En 2005 / 2006 : ...........jour(s)
Ø Quelle évaluation faites-vous de la /des
formation(s) que vous avez suivie(s) sur la langue amazighe? (Ne
répondre que si vous avez suivi au moins une formation)
o Sur le plan linguistique : Satisfait
? Pas satisfait ?
Pourquoi
o Sur le plan didactique : Satisfait
? Pas satisfait ?
Pourquoi
- Votre formation en didactique :
Ø Avez-vous été formé(e) à
la didactique générale? Oui ? Non
?
Ø Si oui dites si c'est par :
o Le centre de formation des instituteurs (CFI)
?
o Le centre pédagogique régional (CPR)
o Le centre de formation des inspecteurs (CNFIE)
?
o Vos lectures personnelles ?
o Autre ( à préciser s'il vous plaît) :
.................................
Ø Avez-vous été formé(e) à
la didactique de l'arabe? Oui ? Non
?
Ø Si oui dites si c'est par :
o Le centre de formation des instituteurs (CFI)
?
o Le centre pédagogique régional (CPR)
o Le centre de formation des inspecteurs (CNFIE)
?
o Vos lectures personnelles ?
o Autre ( à préciser s'il vous plaît) :
...................................
Ø Avez-vous été formé(e) à
la didactique du français ? Oui ? Non
?
Ø Si oui dites si c'est par :
o Le centre de formation des instituteurs (CFI)
?
o Le centre pédagogique régional (CPR)
o Le centre de formation des inspecteurs (CNFIE)
?
o Vos lectures personnelles ?
o Autre ( à préciser s'il vous plaît) :
...................................
Ø Avez-vous été formé(e) à
la didactique de l'amazighe? Oui ? Non
?
Ø Si oui dites si c'est par :
o L'IRCAM (Institut Royal de la Culture Amazighe)
?
o Vos lectures personnelles ?
o Autre ( à préciser s'il vous plaît) :
..................................
§ Avez-vous participé à la formation des
enseignants d'amazighe ?
Oui ? Non
?
Ø Si oui, quelle évaluation faites-vous de
cette formation?
o Sur le plan linguistique : Satisfaisante
? Pas satisfaisante ?
Pourquoi
Sur le plan didactique : : Satisfaisante
? Pas satisfaisante ?
Pourquoi
IV- METHODES D'ENSEIGNEMENT :
Les méthodes que les enseignants utilisent pour
enseigner l'amazighe vous semblent-elles plus proches des méthodes
utilisées pour l'enseignement :
Ø De l'arabe? ? Du
français? ? Des deux ?
D'autres (à préciser SVP)
................................................................................
Pourquoi d'après
vous?...................................................................................
Ø Les professeurs ont-ils recours à la
didactique de l'arabe pour conduire leurs activités en langue amazighe :
Systématiquement ? ? Souvent ?
? Rarement ? ? Jamais ?
?
Ø Quel(s) procédés utilisent-ils en :
Lecture
Communication et activités orales ?
o Langue (grammaire, conjugaison, orthographe, ...)
Ecriture?
Evaluation et soutien ?
Ø Les professeurs ont-ils recours à la
didactique du français pour conduire leurs activités en langue
amazighe : Systématiquement ? ? Souvent
? ? Rarement ? ?
Jamais ? ?
Ø Quel(s) procédés utilisent-ils en :
Lecture
Communication et activités orales ?
Langue (grammaire, conjugaison, orthographe, ...) ?
Ecriture ?
Evaluation et soutien ?
V- MANUELS SCOLAIRES :
Ø Le manuel de l'élève et le guide du
professeur vous semblent-t-ils :
Ø Faciles à utiliser ?
? Difficiles à utiliser ? ?
Impossibles à utiliser ? ?
Pourquoi d'après vous
Ø Y-t-il d'après vous une ressemblance entre les
manuels d'amazighe et les manuels de l'arabe ? OUI
? NON ?
Ø Si oui, dites sur quel(s) plan(s) :
Ø Les contenus thématiques (les
thèmes)?
Ø Les approches didactiques (techniques et
procédés)?
Ø La disposition des unités didactiques
?
Ø La présentation matérielle
?
Autre (à préciser s'il vous plaît )
Ø Quels autres points de ressemblance ou de
différence trouvez-vous entre l'enseignement /
apprentissage de l'amazighe et l'enseignement / apprentissage
de l'arabe?
III. Les ressemblances :
IV. Les différences :
Ø Y-t-il d'après vous une ressemblance entre les
manuels d'amazighe et les manuels de français ? OUI
? NON ?
Ø Si oui, dites sur quel(s) plan(s) :
Ø Les contenus thématiques (les
thèmes)?
Ø Les approches didactiques (techniques et
procédés)?
Ø La disposition des unités didactiques
?
Ø La présentation matérielle
?
Ø Autre (à préciser s'il vous plaît )
:.................. ................
Ø Quels autres points de ressemblance ou de
différence trouvez-vous entre l'enseignement /
apprentissage de l'amazighe et l'enseignement / apprentissage
du français? .....................................
I. Les ressemblances :
II. Les différences :
VI- VOTRE POINT DE VUE :
Pensez-vous qu'il puisse y avoir un jour une didactique
PROPRE de l'amazighe?
Oui ?
Non ?
Pourquoi
Je vous remercie infiniment de votre aimable collaboration.
Lahcen NACHEF
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX FORMATEURS DE L'IRCAM
QUESTIONNAIRE
Dans le cadre d'un travail de recherche sur
l'enseignement/apprentissage de la langue amazighe, ce questionnaire s'adresse
aux concepteurs de matériel didactique et aux formateurs au sein de
l'IRCAM (linguistes, pédagogues, sociolinguistes, anthropologues ...)
I - INFORMATIONS PERSONNELLES
(Veuillez cocher la case ? correspondant à
votre choix) :
- Sexe : Masculin : ?
Féminin : ?
- Age : Entre 31 et 40 ans ?
Entre 41 et 50 ans ? Plus de 50 ans
?
- Etes-vous amazighophone : Oui ?
Non : ?
II - FORMATION ACADEMIQUE :
Ø Dernier diplôme académique obtenu :
Ø Titre de la recherche effectuée :
Ø Langue de ladite recherche : Arabe
? Français ?
Anglais ? Autre (à préciser s'il vous
plaît) :
III - FORMATION PEDAGOGIQUE ET/ OU DIDACTIQUE
:
Ø Dernier centre de formation fréquenté :
CPR ? ENS ? FSE
? Autre (à préciser s'il vous
plaît) :
Ø Formation reçue : Pédagogie
? Didactique ?
Littérature ? Autre (à préciser
s'il vous plaît) :
Ø Langue de la formation : Français
? Arabe ? Anglais
? Autre (à préciser s'il vous
plaît) :
Ø Avez-vous reçu une formation sur la langue
amazighe ? Oui ? Non
?
Ø Si oui, En linguistique
? En pédagogie ?
En didactique ? Autre (à préciser s'il
vous plaît) :
Ø Par qui avez-vous été formé(e) ?
o Un centre :
o Un organisme :
o Une personne : (précisez son titre SVP )
o Autre (à préciser SVP)
IV- FORMATION(S) ANIMEE(S)
Intitulé de la formation animée par vous
|
Dans quel cadre?
|
Public(s) concerné(s) :
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ø Durée globale des formations animées
:.........mois...........semaines .........jours.
Ø Points forts de la formation :
o o o Ø Outils conceptuels ( théories)
adoptés lors desdites formations :
o en linguistique :
o en pédagogie :
o en didactique :
METHODES D'ENSEIGNEMENT :
Les méthodes utilisées dans l'enseignement de
l'amazighe vous semblent-elles plus proches des méthodes
utilisées pour l'enseignement :
Ø De l'arabe? ? Du
français (FLE/FLS/FLM)? ? Des deux ?
? D'autre (à préciser SVP) :
Pourquoi d'après vous
Ø Avez-vous, vous-même, recours à la
didactique du français pour conduire vos activités de formation
en langue amazighe :
Systématiquement ? ?
Souvent ? ? Rarement ?
? Jamais ? ?
Ø Les méthodes inspirées de la didactique du
français vous semblent-elles plutôt convenir pour les
activités de :
o Lecture ? ? Parce que :
o Communication et activités orales
?? Parce que
o Langue ? (grammaire, conjugaison, orthographe, ...) ?
? Parce que .........
o Ecrit ? ? Parce que
o Evaluation et soutien ? ? Parce
que :
IV- MANUELS SCOLAIRES :
Ø Avez-vous déjà participé à
l'élaboration des manuels scolaires d'amazighe ? Oui
? Non ?
Ø Si oui, quel a été votre apport ?
Linguistique ? Pédagogique
? Didactique ? Autre
(à préciser SVP) :
Ø Le manuel de l'élève et le guide du
professeur vous semblent-t-ils d'un usage :
Facile ? ? Difficile ?
? Impossible ? ?
Pourquoi d'après vous?
Ø Y-t-il d'après vous une ressemblance entre les
manuels d'amazighe et les manuels de français du primaire? OUI
? NON ?
Ø Si oui, dites sur quel plan :
Ø Les contenus thématiques ?
Ø Les approches didactiques ?
Ø Les deux ?
Ø Autre (à préciser s'il vous plaît )
Ø Quels autres points de ressemblance ou de
différence trouvez-vous entre l'enseignement / apprentissage de
l'amazighe et l'enseignement / apprentissage du français?
V. Les ressemblances :
VI. Les différences :
VOTRE POINT DE VUE :
Pensez-vous qu'il puisse y avoir un jour une didactique
de l'amazighe?
Oui ?
Non ?
Pourquoi
Je vous remercie infiniment de votre aimable collaboration.
Lahcen NACHEF
NOTE MINISTERIELLE CADRE
Alphabet tifinaghe (envoyé
séparément)
B I B L I O G R A P H I E
En plus d'une bibliographie thématique constituant
notre référence essentielle, nous proposons ci-dessous une
sélection d'ouvrages fondamentaux sur la problématique de
l'amazighe.
q Allati A. (2002), Diachronie tamazighte
ou berbère, publications de l'université Abdelmalek Essaadi,
faculté des Lettres et des Sciences Humaines, (PARS ET
PROTARS),Tanger.
q Amazighe (L') : langue culture
et histoire, Bibliographie 2, Fondation du Roi
Abdul-Aziz, 2003, Casablanca.
q Amazigh, revue marocaine d'histoire et de
civilisation, N° 2, 1980, Imprimerie Al Anbaa, Rabat.
q Amazighité:
débat intellectuel, (2002) , Cahiers du Centre Tarik Ibn Zyad (2),
Ed. Tarik Ibn Zyad pour les études et la recherche, Rabat.
q Beaud Michel, (1987), L'art de la
thèse, Edition la découverte, Paris.
q Bougchiche Lamara, (1997), Langues et
littératures berbères des origines à nos jours,
Bibliographie internationale et systématique, préface de
Lionel Galand, Paris Ibis Press,
q Boukous A. (1977), Langage et culture
populaires au Maroc, essai de sociolinguistique, Les imprimeries Dar El
Kitab, Casablanca.
q Boukous A. (1981), Le langage enfantin
: approche sociolinguistique, in Langues et littératures,
vol. 1, Rabat, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines.
q Boukous A. (1995),
Société, langues et cultures au Maroc : Enjeux
symboliques: Publications de la Faculté des Lettres, Rabat,
Série : Essais et études N°8, Imprimerie Annajah Al-Jadida,
Casablanca.
q Boumalk A. (2004), Manuel de conjugaison du
tachelhit (langue berbère du Maroc), Paris L'Harmattan, Coll.
"Tira-Langues, littératures et Civilisations berbères".
q Brignon J., Amine A., Boutaleb B., Martinet G.,
Rosenberger B. avec la coll. de Terrasse M. Histoire du Maroc
(1994), Casablanca, Hâtier/Librairie Nationale.
q Calvet Louis-Jean (2002), Le
marché aux langues, essai de politologie linguistique sur la
mondialisation, Plon.
q Chaker S. (1984),
Textes en linguistique berbère (introduction au domaine
berbère), Edition du centre national de la recherche scientifique
(CNRS).
q Chafik M. (1996), Trente trois
siècles de l'histoire des imazighen, In : Revue Tifinagh N°9,
1996.
q Chafik M. (2000), Pour un Maghreb
d'abord maghrébin, Rabat, Centre Tarik Ibn Zyad pour les
études et la recherche.
q De Landsheere, V. et De Landsheere, G.
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l'amazighe : Expériences, problématiques et
perspectives, Actes de la 5e rencontre de l'Association de
l'Université d'été d'Agadir les 26, 27 et 28 juillet
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Initiation à la langue amazighe, pub. IRCAM (CAL),
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spécificités et perspectives, Actes du colloque
international organisé par le CEAELPA, Pub IRCAM, Série :
Colloques et Séminaires n°4 Rabat.
q M. Ameur et A. Boumalk (Actes
du séminaire organisé sous la direction de ), (2003),
Standardisation de l'amazighe, pub. de l'IRCAM, Série :
Colloques et séminaires n°3, Rabat.
q Collectif (2002), Pour la
reconnaissance constitutionnelle de l'amazighité : analyses, opinions et
documents, Pub. de l'IRCAM, Rabat.
q Collectif (1999),
L'enseignement/apprentissage de l'amazighe : Expériences,
problématiques et perspectives, Actes du colloque organisé
par l'association de l'Université d'Agadir les 27, 28 et 29 juillet
1996, Ed. Imprimerie Al Maarif Al Jadida.
q Hilile Larbi (2005), Répertoire
des travaux de recherche sur l'amazighe (1), Centre de la traduction, de
l'édition et de la communication, IRCAM, Rabat.
q Saib Jilali (supervisé par), (2003),
la presse amazighe : état des lieux et perspectives d'avenir,
Actes de la rencontre organisée par le centre de la traduction, de
la documentation, de l'édition et de la communication, Rabat les 13 et
14 déc. 2003. Série : colloques et Séminaires-
N°5.
Documents officiels
· Discours royal d'Ajdir
(Khénifra) du 17 octobre 2001.
· Discours du trône du 30 juillet
2001.
· Charte Nationale d'Education et de
Formation, octobre 1999.
· Notes ministérielles
o N° 108 du 1er septembre
2003 sur "l'intégration de la langue amazighe dans le processus
scolaire".
o N° 89 du 19 août 2005
"organisant la rentrée scolaire 2005/2006".
o N° 90 du août 2005, note cadre
(reproduite intégralement dans nos annexes p. 82 vu son importance et
qu'au besoin nous pouvons traduire en français) portant sur
"l'organisation de l'enseignement de l'amazighe et la formation de ses
enseignants.
o Documents d'appui aux deux journées
d'études organisées à Agadir les 5 et 6 mai 2006 au profit
de l'ensemble des AREF et des délégations du MEN du
royaume.
· Enseignement de la langue amazighe dans les AREF :
bilan et perspectives
· Enseignement de la langue amazighe :
expérience de l'AREF de Souss Massa Draa.
TABLE DES MATIERES
Page
Dédicace
|
2
|
Remerciements
|
3
|
Présentation
|
4
|
Introduction générale
|
5
|
PREMIERE PARTIE
|
|
Eclairages conceptuels
|
9
|
Chapitre premier : l'amazighe dans le paysage
linguistique marocain
|
|
Introduction
|
12
|
Un détour historique
|
13
|
Caractéristiques de l'amazighe et sa place dans le
paysage linguistique marocain
|
18
|
Conclusion
|
23
|
Chapitre deuxième : Amazighe et francophonie,
quelles interactions ?
|
|
Préambule
|
25
|
Introduction
|
26
|
Rapports historiques
|
27
|
L'amazighe et la francophonie
|
29
|
Conclusion
|
34
|
DEUXIEME PARTIE :
|
|
Introduction
|
37
|
Considérations méthodologiques : Echantillonnage
- Echantillon
|
38
|
Résultats de l'enquête et
interprétations
|
40
|
Analyse des réponses des professeurs
|
41
|
Analyse des réponses des inspecteurs
|
52
|
Analyse des réponses des chercheurs de l'IRCAM
|
56
|
Conclusions partielles et propositions
|
63
|
Conclusion générale
|
67
|
ANNEXES
|
|
Questionnaire adressé aux professeurs
|
71
|
Questionnaire adressé aux inspecteurs
|
73
|
Questionnaire adressé aux chercheurs de l'IRCAM
|
79
|
Note ministérielle cadre sur l'organisation de
l'enseignement de l'amazighe et la formation de ses enseignants
|
82
|
L'alphabet tifinaghe
|
85
|
BIBLIOGRAPHIE
|
86
|
TABLE DES MATIERES
|
90
|
* 1 Voir bibliographie
"publication de l'IRCAM"
* 2 Robert Galisson et Daniel
Coste (dirigé par), 1983, Dictionnaire de didactique des
langues, collection N°21, édition N°04, Hachette.
* 3 D'après Mohamed
Chafik, ancien doyen de l'IRCAM , dans un discours prononcé à
l'occasion de sa nomination à l'Académie Royale :
«les hommes de pensée, ayant vécu sur cette terre -le
Maghreb- ont été partie prenante à chacune des
civilisations qui se sont succédé autour du bassin
méditerranéen. Ainsi ont-t-ils donné des prêtres
à Anon, dieu des dieux, dont le grand temple se trouvait à Siwa.
Ces prêtres avaient leur mot à dire dans la conduite des affaires
du culte comme dans celles de l'Etat. Alexandre Le Grand, ajoute-t-il, ne
dut-il pas faire un long détour pour atteindre leur lointaine oasis et
s'y trouver une consécration religieuse à sa conquête de
l'Egypte? Les descendants de ces prêtres ... continuent à parler
berbère!» in Pour un Maghreb d'abord maghrébin, p.
13, Tarik Ibn Zyad pour les études et la recherche, 2000, Rabat
* 4 Histoire du
Maroc, J. Brignon, A. Amine, B. Boutaleb, G. Martinet, B. Rosenberger avec
la collaboration de M. Terrasse, 1994, Hâtier/Librairie
Nationale, Casablanca p. 15.
* 5 Histoire du
Maroc, op. cit. p. 24 et suivantes
* 6 Histoire du Maroc,
op.cit, pp. 40, 41
* 7 Bernard Lugan
Histoire du Maroc, des origines à nos jours
,Perrin/Critérion, 2000, p. 48.
* 8 Histoire du
Maroc op. cit., p. 157
* 9 Histoire du Maroc,
op. cit., p. 183
* 10 Histoire du
Maroc, op. cit. p. 209
* 11 Histoire du
Maroc , op. cit. p. 292
* 12 Histoire du
Maroc, op. cit. p. 298.
* 13 Jean Mazal, Enigmes
du Maroc , Robert Laffont, 1971, p. 72 et suivantes.
* 14J. Mazal, op. cit. p.19
et suivantes.
* 15 Nous aurions pu parler
d'une cinquième langue, le «Hassania», en usage
essentiellement dans l'extrême sud marocain (Tan-Tan et au-delà,
jusqu'au Sahara). Mais, faute de renseignements suffisamment précis,
nous nous contenterons à présent de la simple mention de ce point
que nous envisageons de traiter en détail dans un travail
ultérieur. Quant aux autres langues étrangères, il est
évident que, comme partout, celles-ci sont enseignées :
l'anglais, l'allemand, l'italien, ...
* 16 La presse marocaine
arabophone foisonne d'emprunts français arabisés notamment pour
tout ce qui concerne le vocabulaire abstrait ou technique. Exemples :
«tobaouya» pour utopie, «démocratia» pour
démocratie, atrajidia pour «tragédie»,
«étniya» pour ethnie....mais aussi radio,
télévision, vidéo, ...
* 17 On peut affirmer sans
risque de se tromper que la quasi-totalité des Marocains disent
«rroueda» (espagnol) pour «roue», «tobis» pour
autobus, «balcoun» pour balcon...Les exemples se comptent en
centaines surtout dans les domaines de la mécanique, de l'ameublement,
des métiers (menuiserie, plomberie, électricité...),
etc.
* 18 Près de 50% pour
Boukous dans «Société, langues et cultures au Maroc:
Enjeux symboliques», 1995, publications de la Fac. des LSH de Rabat.
Ed. Najah Al Jadida, Casablanca.
* 19 A Youssi
«Changements socioculturels et dynamique linguistique» in
«Langues et société au Maghreb, bilan et
perspectives», pp.101-116, série colloques et
séminaires N° 13 Fac. des LSH 1989, Rabat.
* 20 Discours Royal d'Ajdir
(Khénifra) du 17 octobre 2001.
* 21 Charte Nationale
d'Education et de Formation, octobre 1999, levier 9 (§115 et §
116)
* 22 Extrait du discours du
trône du 30 juillet 2001.
* 23 La presse amazighe
«Etat des Lieux et perspectives d'avenir», Actes de la
rencontre organisée par le Centre de la Traduction, de la Documentation,
de l'Edition et de la Communication (CTDEC), Rabat 13 et 14 décembre
2003 , Série : colloques et Séminaires- N°5.
* 24 Actes de l'Association de
l'Université d'été d'Agadir (21,22 et 23 juillet 2000),
Edit. Bouregreg.
* 25 Pour la
reconnaissance constitutionnelle de l'amazighe : Analyses, Opinions et
documents, (2002), publications de l'IRCAM, Rabat.
* 26 Boukous A. (2004)
La standardisation de l'amazighe : quelques prémisses, In :
Standardisation de l'amazighe, Actes du séminaire organisé par le
Centre de l'Aménagement Linguistique, Rabat, 8et 8 décembre
20004, Pub de l'IRCAM pages 12 à 22.
* 27 Taïfi M. Op. cit.
page 31.
* 28 " Au Maghreb le
français n'a rencontré que deux langues, l'une massive mais
rurale (le berbère), l'autre urbaine et vecteur de cohésion
identitaire (l'arabe). C'est une situation très particulière et
instructive à propos de laquelle l'un des auteurs de ce cours a
proposé ces dernières années une théorisation
d'ensemble (structuration dite « tripolaire » du paysage
sociolinguistique maghrébin), d'après Ph. Blanchet et F. Manzano
In : Recherches interdisciplinaires en études francophones :
littérature et diglossie, politiques linguistiques, culturelles et
éducatives, Cours de Master 2, année universitaire
2005/2006.
* 29 Voir notre premier
chapitre.
* 30 J. Onrubia-Pintado,
les premiers berbérophones : linguistique, génétique,
anthropologie, archéologie, In : Histoire des Amazighs, Actes de la
6e session de l'université d'été d'Agadir,
juillet 2000. Ed. Bouregreg, Rabat, page 43.
* 31 Alain Potier,
"Eléments de toponymie berbère", In : Amazigh, revue
marocaine d'histoire et de civilisation, N° 2, 1980, p. 58.
* 32 M. Chami (1980),
Structure sociolinguistique de l'arabe marocain, In Amazigh : revue
marocaine d'histoire et de civilisation N°2, p 40.
* 33 A. Allati, 2002,
Diachronie Tamazighte ou berbère, publications de
l'université Abdelmalek Essaadi, faculté des Lettres et des
Sciences Humaines (PARS ET PROTARS) .
* 34 Maurice Le Glay, dont
certains écrits de l'époque (protectorat) le
caractérisaient comme bérbériste et, prenant part au
débat sur la légitimité du dahir du 16 mai 1930, dit ceci
: "... Que la France ait dû - pour gagner au sultan des coeurs, des
sujets (les Berbères)- reconnaître et consacrer l'usage de leurs
coutumes traditionnelles, doit-on le lui reprocher, alors qu'après tout
elle s'est engagée à respecter les traditions quelles qu'elles
soient, alors qu'il s'agit de traditions séculaires, qu'aucun peuple,
à travers les âges, n'a pu ébranler, que les sultans n'ont
jamais osé ni pu enfreindre." Mohamed Mounib, 2002, In Le Dahir
berbère, le plus grand mensonge politique dans le Maroc moderne,
Editions Abou Regreg, Rabat. Une bibliographie quasi exhaustive, couvrant la
période s'étalant entre la 2e moitié du
19e siècle et 2003, est à consulter sur l'ouvrage
intitulé L'Amazigh : langue, lecture et histoire, publié
par la Fondation du Roi Abdul-Aziz pour les études islamiques et les
sciences humaines, décembre 2003.
* 35 Il suffit, pour s'en
rendre compte, de consulter les ouvrages ayant répertorié les
travaux de recherche sur l'amazighe tel : Hilile Larbi (2005),
Répertoire des travaux de recherche sur l'amazighe (1), Centre
de la traduction, de l'édition et de la communication, IRCAM, Rabat.
* 36 Par exemple les travaux
de dialectologie qui, d'après A. Boukous, n'auraient pu progresser sans
l'apport des études antérieures. «Il en est ainsi des
institutions politiques..., des activités socioéconomiques...,
des pratiques ésotériques et thérapeutiques, les rites
propitiatoires et les cérémonies votives...» , In
L'Amazigh : langue, culture et histoire, Fondation du Roi Abdul-Aziz
Al Saoud, 2003, Casablanca.
* 37 Ces chercheurs - du
moins les précurseurs parmi eux - sont aujourd'hui soit
d'éminents directeurs de recherche dans les universités
françaises ou marocaines (citons par exemple Salem Chaker, Abdellah
Bounfour à l'INALCO ...) ou de hauts responsables chargés de la
gestion des affaires amazighes ( comme Ahmed Boukous, Jilali Saïb à
l'IRCAM ...)
* 38 Rappelons qu'en
Algérie, les manuels scolaires de la langue amazighe sont encore
transcrits en alphabet latin.
* 39 Depuis la
rentrée scolaire 2003/2004 (nous y reviendrons en détail dans les
chapitres consacrés à la partie pratique).
* 40 Les anciens CFI (Centre
de Formation des Instituteurs) appelés depuis trois ans maintenant des
CFPP (Centre de Formation des Professeurs du Primaire)
* 41 On trouvera ainsi dans
une progression du cours d'arabe ou d'amazighe des appellations du genre
«unité didactique», «lecture cursive ou expressive»,
«diction», «actes de parole», «jeux de
rôle»...
* 42 Au Sahara, rappelons
qu'un autre parler, le Hassania (proche de l'arabe classique), est d'usage dans
plusieurs villes de la région.
* 43 Il est de
réputation que le parler du Marocain moyen est truffé d'emprunts
à la langue française de sorte que la quasi-totalité des
citadins utiliseraient dans une même phrase produite oralement au moins
un mot ou une expression française, même si à ce mot ou
cette expression on a fait subir parfois des troncations ou des habillages
syntaxico-sémantiques ou phonético-prosodiques locaux.
* 44 Approches
communicatives, approche par compétences, pédagogie de
l'intégration, pédagogie par objectifs, pédagogie du
projet... mais aussi organisation de l'unité didactique en
séances de communication, de lecture (analytique, globale, semi-globale,
cursive, expressive), d'écriture selon les modèles FLE, de jeux
de rôles, d'actes de parole, ...
* 45 Louis-Jean Calvet,
2002, Le marché aux langues, essai de politologie
linguistique sur la mondialisation, Plon.
* 46 Notamment les notes
ministérielles N°108 du 1er sept 2003 dont l'objet est
"l'intégration de la langue amazighe dans les cycles
scolaires", N° 82 du 1er sept. 2004 sur
"les sessions de formation en pédagogie et didactique de la
langue amazighe", N°89 du 19 août 2005, organisant la
rentrée scolaire 2005/2006, N°90 du 19 août 2005, note cadre
sur "l'organisation de l'enseignement de l'amazighe et la formation
de ses enseignants".
* 47 Citation prise dans
notre mémoire intitulé " Pour une intégration des
activités de soutien dans le processus d'enseignement/apprentissage du
français, mémoire de fin de formation au CNFIE, Rabat.(non
publié)
* 48 In "Enseignement de
la langue amazighe, expérience de l'AREF de Souss Massa Draa",
document d'appui aux deux journées d'études organisées les
5 et 6 mai 2006 à Agadir regroupant l'ensemble des Académies et
des Délégations du MEN du Maroc.
* 49 Op. cit. pp. 14, 27-28,
33-34 et 39-41.
* 50 In "Enseignement de
la langue amazighe dans les AREF : Bilan et perspectives", autre document
préparé pour les deux journées d'étude des 5 et 6
mai 2006 à Agadir, pp. 24 et suivantes.
* 51 Notre mémoire de
fin de formation au CNFIE de Rabat, 1993, intitulé " Pour
une intégration des activités de soutien dans le processus
d'enseignement/apprentissage du français " pp. 70 et suivantes
(non publié).
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