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Les doyens ruraux dans le diocèse de liège au moyen àąge. Contribution à  l'histoire politique et religieuse du monde rural.

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par Vincent BASTIN
Université de Liège - Licence en histoire 2000
  

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CHAPITRE III.

SITUATION SOCIALE, INTELLECTUELLE ET ORIGINE GEOGRAPHIQUE.

§1. Dépenses et revenus.

Le train de vie mené par le doyen rural est bien supérieur à celui du prêtre de paroisse. Les fonctions pastorales, cumulées à la charge décanale, sont très lourdes à porter. C'est pourquoi, pour célébrer l'office divin, les doyens ont pris l'habitude de se faire remplacer par un vicaire à leur charge.1 Ils peuvent aussi s'adjoindre les services d'un ou de plu- sieurs vice-doyens qu'ils doivent rémunérer eux-mêmes. Dans le cadre de leurs fonctions, l'entretien de chevaux leur est bien utile pour parcourir les chemins de leur concile. Suivant les statuts de Jean de Flandre, deux doivent leur suffire pour accomplir leur devoir de visite.2

Les doyens doivent supporter, seuls, les frais du voyage et du séjour à Liège, le jeudi saint, ainsi que le repas qui y est pris en communauté, ce qui pousse d'ailleurs certains à commettre des exactions.3

Tous les prêtres du district et les détenteurs de bénéfices ecclésiastiques sont traditionnellement tenus de présenter à l'élu un don de joyeuse entrée, qui compense partiellement le coût de l'élection. L'évêque ainsi que l'archidiacre participent à cette donation. Tout prêtre qui ne se résout pas à livrer au doyen l'argent qui lui est exigé est passible de se faire rappeler à l'ordre par l'official.4

Outre cette donation d'accueil, la charge décanale comporte de nombreux avantages financiers. Au début du XVe siècle, Jordan et Nicolas de Baest

1. CEYSSENS, J., Ibid., p. 183.

2. AVRIL, J., les Statuts synodaux de Jean de Flandre, évêque de Liège (1288), dans B.S.A.H.L., t. 61, Liège,

1995, p. 157.

3. AVRIL, J., Ibid., pp. 162-163.

4. Registrum I, f° 88. Registrum II, f° 56. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 177-178.

informent le pape que le concile de Léau rapporte huit marcs d'argent.5 Helmicus de Dyck évalue que la cure de Couvin et le doyenné de Chimay lui rapportent ensemble de seize à vingt marcs d'argent, soit entre quatre-vingts et cent florins d'or.6 Un siècle plus tard, Henri Van der Scaeft se lamente en estimant les revenus annuels du concile de Beringen à trente-cinq florins du Rhin seulement.7 Jean Dompens écrit qu'en 1547, ce chiffre est monté à trente-neuf florins, alors qu'en 1552, il n'est plus que de trente florins et un stupher.8 Bien sûr, il est difficile de comparer les différentes monnaies. De plus, contrairement aux chiffres avancés par les doyens de Beringen, celui de Helmicus de Dyck comprend aussi les revenus de la paroisse. Signalons aussi que le doyen de Chimay touche probablement d'autres revenus, en tant que membre du clergé de Münster et familier du cardinal de Plaisance.9 D'autre part, Van der Scaeft mentionne qu'aux trente-cinq florins qu'il perçoit, il faut ajouter plusieurs droits importants, dont ceux perçus lors de l'institution de nouveaux curés et bénéficiers dans les quartes-chapelles.10 Il est donc impossible de tirer une conclusion tant les paramètres pris en compte par ces deux personnages sont différents, mais notons tout de même que le gain annuel minimum de Van der Scaeft est inférieur au coût de la partie administrative de la procédure d'élection.11

Le cathedraticum et l'obsonium, perçus dans les quartes-chapelles, reviennent intégralement au doyen de chrétienté. Pour les églises entières et médianes, il ne perçoit qu'un neuvième du droit cathédratique. Au début du XVIe siècle, le droit cathédratique s'élève, pour les églises entières, à soixante stuphers et six plackes ; pour les médianes, à trente stuphers et trois plackes, et enfin, pour les quartes-chapelles, à quinze stuphers et un placke et demi. Lors de la perception de ces droits, chaque curé doit encore verser au doyen trois stuphers pour frais de registre et de quittance. Celui-ci doit alors s'acquitter de ces frais, dont le montant est bien sûr plus élevé, auprès de l'évêque et de l'archidiacre.12

5. BAIX, F., la Chambre apostolique et les Libri annatarum de Martin V (1417- 1431), dans A.V.B., t. 14, Rome, 1947, p. 220.

6. BAIX, F., Doyens du concile de Chimay, dans Namurcum, t. 22, Namur, 1947, pp. 12-13 (annexes).

7. Registrum I, f° 27. Registrum II, f° 15. CEYSSENS, J., Ibid., p. 182.

8. Registrum compositionum, f° 30 et f° 39.

9. BAIX, F., Ibid., p. 13.

10. Registrum I, f° 27. Registrum II, f° 14. Registrum compositionum, f° 79.

11. Registrum I, f° 87. Registrum II, f° 54.

12. MUNSTERS, A., Ibid. PAQUAY, J., Juridiction, p. 107, notes 1 et 2. Registrum I, f° 33. Registrum II, f° 15 v°.

Lors de l'institution d'un nouveau curé dans une quarte-chapelle, le doyen perçoit le huitième, puis la vingtième part des revenus annuels de cette église, des droits fixes pour les lettres proclamatoires et les revenus de la cure durant la vacance. Toutefois, le doyen a dû rémunérer un prêtre pour administrer cette paroisse avant l'arrivée du nouveau titulaire.13

La moitié des amendes perçues lors des synodes paroissiaux revient au doyen, sauf si l'official de l'archidiacre est convié à s'y rendre personnellement. Dans ce cas, le doyen ne perçoit que le tiers du montant.14 Le principe selon lequel «une once de juridiction vaut mieux que dix livres d'or»15 semble avoir été d'application puisqu'il arrive, parfois, que les frais nécessaires à la tenue de la séance surpassent les revenus.16

Le doyen rural perçoit aussi le droit de funérailles sur tous les nobles, les soldats, les prêtres et les personnes de condition misérable. Les honoraires sont proportionnels à la situation du défunt. Dans le doyenné de Beringen, l'enterrement d'un clerc rapporte au doyen rural entre un florin et demi et six florins du Rhin. De plus, le doyen reçoit l'offrande, un cierge, le surplis, la barrette, le bréviaire et aussi, dans certains districts, le plus beau meuble ayant appartenu au défunt. Au cours des funérailles d'un noble, les héritiers déposent, sur le drap mortuaire, une pièce d'or qui revient au doyen. Celui-ci s'empare aussi de tous les biens meubles des comédiens, de certains soldats, des gardes forestiers, des vagabonds, des prostituées et des lépreux. Leurs possessions doivent éventuellement servir à payer leurs dettes. Tout ce qui a appartenu aux lépreux doit, le plus souvent, être brûlé. La demeure du doyen rural recèle donc, parfois, une collection d'objets saugrenus. Henri Van der Scaeft raconte qu'au décès d'un ménestrel, un de ses prédécesseurs a hérité d'un instrument de musique qu'il nomme tuba.17

Les gains d'argent peuvent aussi provenir des activités que le doyen mène parallèlement à son office, notamment pour l'apposition de son sceau.18

13. En 1572, Guillaume Van der Heesen écrit, à la suite du registre de Dompens, le détail des revenus de l'institution d'un curé dans son concile (Registrum compositionum, f° 79).

14. Registrum I, f° 52. Registrum II, f° 31. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 201-202.

15. CEYSSENS, J., Ibid., p. 179.

16. Registrum I, f° 52. Registrum II, f° 31 v°. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 201- 202.

17. Registrum I, f° 79. Registrum II, f° 48. CEYSSENS, J., Ibid., p. 216-219.

18. CEYSSENS, J., Ibid., p. 208.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery