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Les doyens ruraux dans le diocèse de liège au moyen àąge. Contribution à  l'histoire politique et religieuse du monde rural.

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par Vincent BASTIN
Université de Liège - Licence en histoire 2000
  

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§2. La condition sociale.

La disparition totale des serfs, au XIIe siècle, et des ministeriales, au siècle suivant, sonne le glas des principales inégalités sociales et juridiques du Moyen Âge. C'est aussi une époque marquée par une grande mobilité sociale, due notamment à l'apparition du patriarcat urbain, dont le style de vie est comparable à celui de la petite noblesse ou de la chevalerie. Notons aussi que cette dernière adopte un mode d'existence de plus en plus proche de celui de la noblesse, sans toutefois se confondre avec elle avant le XIVe siècle.

Toute personne de sang noble qui détient des biens féodaux et des droits seigneuriaux appartient à la noblesse. Cette qualité est donc héréditaire.19

Avant le XIVe siècle, la plupart des sources restent muettes quant au rang social des doyens ruraux. Néanmoins, la présence de quelques grands lignages est manifeste. Henri de Dyck, doyen de Léau et archidiacre de Liège, en est le meilleur exemple ; il appartient à une famille seigneuriale originaire de la région rhénane.20

D'autres doyens occupent des fonctions importantes, sans qu'il soit possible de définir précisément leur origine, comme Englebert, doyen de Louvain et président de la justice ducale de Brabant21 et Michel, doyen de Thuin et prévôt du chapitre de Walcourt.22 Maître Jean Crassawe, médecin de formation, est cité comme doyen de ce même concile en 1257. Un an plus tard, il devient coûtre du chapitre de Saint-Paul, à Nivelles et collectionne une multitude de prébendes. En 1260, il entreprend un nouveau voyage à Rome comme représentant du clergé secondaire liégeois devant le Saint-Siège.23

19. CHOT-STASSART, S., le Chapitre cathédral de Saint-Lambert, à Liège, au Moyen Âge. Nationalité, condition juridique, sociale et intellectuelle des chanoines, mémoire présenté à l'université de Liège en 1955, pp. 89-92. VERCAUTEREN, F., Luttes sociales à Liège (XIIIe-XIVe siècle) 2e éd., Bruxelles, 1946, pp. 12-34. LEJEUNE, J., Liège et son pays, Liège, 1948, pp. 275-273.

20. ROLAND, C.-G., Chartes namuroises inédites, dans A.S.A.N., t. 27, Namur, 1908, pp. 68-70. CHOTSTASSART, Ibid., p. 71 (annexes).

21. WAUTERS, A., Chartes inédites extraites du cartulaire de Saint-Nicaise de Reims, dans B.C.R.H., 4e série, t. 7, Bruxelles, 1880, p. 387.

22. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté, des origines au XIIIe siècle, p. 36.

23. WAUTERS, A., De l'origine des premiers développements des libertés communales en Belgique, Bruxelles, 1968, pp. 185-186 (preuves). RENARDY, Ch, les Maîtres universitaires dans le diocèse de Liège. Répertoire bibliographique (1140-1350), Paris, 1981, pp. 338-339.

A partir du XIVe siècle, force est de constater que les décanats ruraux reviennent de plus en plus souvent aux représentants de certaines grandes familles. Bien qu'étant de naissance illégitime, Helmicus de Dyck est le second du nom à briguer le poste de doyen. Il appartient à l'entourage direct du cardinal Branda de Castillone.24 Un nombre considérable de grands lignages se retrouvent dans l'institution décanale : les la Roche,25 les Boulant ou Roley,26 les Lambert,27 les Mettecoven,28 les Brandebourg,29 les Mérode,30 les Heure-le-Romain,31 les Bierset,32 les Hodeige,33 les Harroy,34 et les la Marck.35

24. BAIX, F., Ibid., pp. 12-13. 25. BROUETTE, E., les Libri annatarum pour les pontificats d'Eugène IV à Alexandre VI, dans A.V.B., t. 24, Rome, 1963, p. 63. A.E.L., fonds Le Fort, 1e partie, t. 20, f° 14 (microfilm). 26. Jean de Boulant, doyen de Bastogne dans la première moitié du XVIe siècle (DE THEUX DE MONTJARDIN, J., le Chapitre de Saint-Lambert, à Liège, t. 3, Liège, 1872, pp. 62-63) et Guillaume de Boulant, doyen de Stavelot au XVe siècle (GUILLAUME, D., Doyens du concile de Stavelot, dans Leod., t. 8, Liège, 198, p. 147. DE THEUX DE MONTJARDIN, Ibid., p. 62). A.E.L, ibid, t. 4, f° 2 et 4.

27. DE VILLERMONT, Aublain, Anvers, 1883, pp. 169-170 et 172-173. BAIX, F., Doyens du concile de Florennes, dans A.H.E.B., t. 36, Louvain, 1910, pp. 105- 123. Geoffroi Lambert est le fils d'Ide de Wanlin.

28. A.E.L., ibid., t. 15, p. 19. STRAVEN, F., Inventaire analytique et chronologique des archives de la ville de Saint-Trond, t. 2, Saint-Trond, 1886, p. 456.

29. WÜRTH-PAQUET, M.F.X. et VAN WERVEKE, N., Archives de Clervaux, analysées et publiées, dans P.S.H.Lux, t. 36, Luxembourg, 1883, p. 309. A.E.L., ibid., t. 4, f° 116.

30. VANNERUS, J., Ibid., p. 9. DE THEUX DE MONTJARDIN, J., Ibid., t. 3, pp. 54- 55.

31. Gilles d'Heure-le-Romain, curé de Redu et doyen de Graide v. 350 (DE BORMAN, C. et PONCELET, E., Oeuvres de Jacques de Hemricourt, t. 2, le Miroir des nobles de Hesbaye. Codex diplomaticus. Tableaux généalogiques, Bruxelles, 1925, p. 252. PONCELET, E., Inventaire analytique des chartes de la collégiale Sainte-Croix, t. 1, Bruxelles, 1911, pp. XCVI, CXXIX, CXXXIX, CXXXIX, CLX. SCHOOLMMEESTERS, E., Recueil de lettres adressées aux papes et cardinaux pour les affaires de la principauté de Liège, dans A.H.E.B., t. 15, Louvain-Bruxelles, p. 49).

32. A.Ev.L., obituaire de la collégiale Saint-Martin-en-Ile, f° 182. A.E.L., ibid., t. 3, f° 130.

33. A.E.L., archives de l'abbaye du Val-Saint-Lambert, chartrier (24 novembre 1426). BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté, p. 10.

34. A.E.N., cartulaire de l'abbaye de Florennes, f° 31 et 32 v°. A.E.L., fonds Le Fort, t. 10, f° 145. Cénotaphe de saint Walhère à Onhaye (v. illustration p. 166).

35. Philippe de la Marck serait le neveu du cardinal (A.Ev.L., Cantatorium concilii Rupefortensis (photocopies), f° 9. DE THEUX DE MONTJARDIN, J., Ibid., t. 3, p. 52). Il faut cependant déplorer les imprécisions considérables de l'auteur de ce document qu'aucune autre source ne peut corroborer, ce qui rend cette information quelque peu suspecte. Il n'est pas exclu que celui-ci ait pu confondre ce personnage avec son homonyme, le curé de Serinchamps, qui a vécu un demi-siècle plus tard (CHESTRET DE HANEFFE, J., Histoire de la maison de la Marck, Liège, 1898, p. 272). Une erreur de plus d'un siècle a été relevée pour

d'autres doyens recensés dans cette liste. Quant à Josse de la Marck, doyen d'Ouffet au milieu du XVe siècle, nous n'avons pu le replacer dans l'arbre généalogique de cette famille.

Les arbres généalogiques des familles de Bléhen,36 d'Ochain,37 de Vaulx,38 de Liers39 et Boileau40 sont trop incomplets pour pouvoir y replacer leurs membres promus au décanat rural. Remarquons que plusieurs lignages comptent, parmi leurs membres, deux doyens ruraux, qui exercent généralement à la même époque. La famille de Baest, par exemple, en compte probablement trois.41

Dans son étude sur les prêtres dans le Brabant septentrional, Arnoud-Jan Bijsterveld a constaté que près de la moitié de ceux-ci vivent dans la pauvreté et que l'autre moitié a un mode de vie aisé. Le nombre de nobles varie aux alentours de 5%.42 La condition sociale de la majorité des doyens ruraux semble donc nettement supérieure à celle des curés qu'ils doivent administrer. Cependant, n'oublions pas que c'est uniquement parmi ceux-ci qu'ils sont élus.

Le fait d'élire quelqu'un d'important comme doyen peut-il constituer un quelconque avantage pour les membres du concile? Nous ne connaissons pas de cas

36. Nicolas de Bléhen, doyen de Chimay à la fin du XIVe siècle (BRIEGLEB, P. et LARET-KAYSER, A., Suppliques de Benoît XIII (1394-1422), dans A.V.B., Rome, 1973, p. 58) ne figure ni dans les oeuvres de Jacques de Hemricourt, ni dans les manuscrits Le Fort.

37. Gérard d'Ochain, doyen d'Ouffet au milieu du XIVe siècle (HALKIN, J. et ROLAND, C.-G., Cartulaire de l'abbaye de Stavelot-Malmedy, t. 2, Bruxelles, 1930, p. 290) et Gauthier d'Ochain, doyen de Rochefort à la même époque (BERLIERE, U., Suppliques d'Innocent VI, dans A.V.B., t. 5, Rome, 1911, p. 56). Leur éventuel lien de parenté reste inconnu.

38. Pholien de Vaulx, doyen de Chimay au milieu du XVIe siècle (PONCELET, E., Inventaire analytique des chartes de la collégiale Saint-Pierre, à Liège, Bruxelles, 1906, p. XXXVI. A.E.L., ibid., t. 23, f° 13). Ce personnage n'a pas été recencé par Le Fort (t. 23, f° 13 et suivants).

39. Philippe de Liers, doyen de Rochefort en 1401 (A.E.A., chartrier du prieuré du Val-des-Ecoliers, à Houffalize).

40. Henri Boileau, successeur de Philippe de Liers (A.Ev.L., Ibid., f° 9). Aucun de ces deux doyens n'apparaît, ni dans les ouvrages de Jacques de Hemricourt, ni dans ceux de Le Fort.

41. Jean de Baest, doyen de Tongres au milieu du XVe siècle (DARIS, J., Histoire du diocèse et de la principauté de Liège durant le XVe siècle, Bruxelles, 1974, p. 241), Jordan de Baest, son successeur à ce poste (A.G.R., cartulaire de l'abbaye de Herkenrode, f° 70) et Nicolas de Baest, recommandé par ce dernier auprès du pape pour le doyenné de Léau (BAIX, F., la Chambre apostolique, p. 220). Nous n'avons pas pu établir les liens de parenté entre ces trois personnages, mais leur proximité et leurs contacts nous permettent de penser qu'ils appartiennent à la même famille. Le même raisonnement pourrait être tenu pour Arnould de Bruexhem, doyen de Susteren au début du XVIe siècle (HABETS, J., Geschiedenis van het tegenwoordig bisdom Roermond, t. 1, Roermond, 1875, p. 404) et Jean de Bruexhem, doyen du même concile au milieu de ce siècle (HABETS, J., Ibid., p. 405), ainsi que pour Hermann Gruyter, doyen de Wassenberg à la fin du XVe siècle (HABETS, J., Ibid., p. 413) et Jean Gruyter, doyen de Woensel à la même époque (VAN BAVEL, H. et PRAEM, O., Regesten van het archief van de abdij van Berne (1400-1500), Heeswijk, 1990, p. 78).

42. BIJSTERVELD, A.J.A., Laverend Tussen Kerk en wereld : de pastoors in Noord-Brabant (1400-1570), Nimègue, 1993, p. 106.

où un doyen rural aurait profité de sa condition élevée pour faire prévaloir les intérêts de son district. Cependant, on pourrait penser que l'éloignement, lié le plus souvent à une dignité assez élevée, peut être un avantage pour des prêtres souhaitant se débarrasser du regard inquisiteur de l'oculus episcopi.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand