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La présence ecclésiale en milieu hospitalier: le cas de l'archidiocèse de Bangui en République Centrafricaine

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par Elkana NDAWATCHA
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Baccalauréat canonique en Sciences Religieuses 2002
  

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I. 2. La situation du malade chrétien

Le malade hospitalisé vit des moments pénibles liés à son état de santé : des douleurs atroces, des conditions d'hospitalisation qui laissent parfois à désirer et surtout quand le malade se sent abandonné.

« L'état du malade exige des soins qui ne peuvent plus être prodigués à domicile et le médecin [...] a décidé que l'hospitalisation était nécessaire. Le malade va donc être séparé de son milieu familial [...] pour être livré à un milieu que très souvent il redoute et au sujet duquel il entretient une série de préjugés [...]. Ces conditions ajoutées à la sensibilité particulière et à la diminution de la résistance créées par la maladie déterminent une appréhension qui mériterait d'être reconnue et calmée, ce qui n'est pas toujours le cas »4(*).

La séparation d'avec le milieu social, familial et spirituel affectera le malade. Dès son admission en milieu hospitalier le malade perd son identité. Il se confond aux autres malades. Il vit dans une salle d'une capacité de trente à quarante lits. A cause de l'effectif des malades, chaque malade sera désigné par un numéro : perte d'identité complète. C'est une blessure d'amour propre.

Or, dans une paroisse ou dans la vie sociale nous sommes nommés par ceux qui nous connaissent et nous sommes heureux d'être connus.

Dans cette situation, le malade chrétien attend le soutien moral, matériel et spirituel.

Sur le plan moral, le malade reçoit très peu de visite de ses frères chrétiens et même de ses propres parents : « Les familles veulent aider mais parfois craignent la contagion et se posent des questions telles que : `` Ai-je attrapé la maladie ? Quelle précaution devrais-je prendre ? Que faire des vêtements ? Est-il prudent de lui rendre visite ?'' »5(*). Devant le questionnement des parents, le malade se retrouve seul avec un moral bas. Du coup il se sent rejeté, abandonné. Face à la maladie l'esprit s'affaiblit. La visite ou l'assistance morale est indispensable pour celui qui souffre. Elle soulage le malade et le guérit psychologiquement de ses maux. Evelyne Franc dira : « La personne atteinte par la maladie a, en plus de ses besoins physiques et sociaux, de grands besoins d'ordre affectif et spirituel [...]. Il est important de considérer le patient en tant que quelqu'un qui a besoin d'être approché d'une manière personnelle [...]. »6(*)

Quand la visite tarde à venir, le malade se fond en larmes et c'est le cri du désespoir : « Tout est fini pour moi ». En effet, rendre visite à un malade procure du bien à celui qui souffre.

Pour un malade démuni sa situation est plus difficile car à l'hôpital tout s'achète. Il peut être exempté de la consultation mais le reste se paie. N'ayant rien pour se procurer les médicaments et faire les examens qui lui sont prescrits, il est appelé à mourir. Personne ne s'occupera de lui : c'est l'abandon total ; car le traitement se fait en fonction du résultat des examens. Jadis, il y avait une pharmacie de secours. Aujourd'hui, il existe un service social mais le travail reste à faire.

Le malade chrétien connaît la dimension caritative de l'Eglise et attend d'être soutenu. Les yeux sont orientés vers l'Eglise pour une aide quelconque. L'Eglise sera pour lui un secours inouï. En voyant la misère du malade, nous nous posons la question suivante : entre le malade et l'argent qu'est ce qui prime ? En voyant le côté matériel, nous nous éloignons de la souffrance humaine. Aucun intérêt n'est porté au malade. Quand le malade se rend compte que l'on ne s'intéresse pas à lui en tant qu'être humain créé à l'image de Dieu, il culpabilise et la vie pour lui devient négative. Plus d'espoir de vivre.

La condition matérielle est un des problèmes auxquels le malade indigent fait face tous les jours en milieu hospitalier. L'hôpital offre un cadre au malade, met à sa disposition une équipe médicale compétente mais lui demande une participation pour le maintien et le bon fonctionnement de la structure. Sans cette participation, il est privé de tous soins ; parfois il lui est demandé de libérer la salle. L'hôpital devient l'affaire des riches. Or, d'après la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme :

« Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, [...], les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité...ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté »7(*) .

Une attention devrait être portée au malade le moins assisté ; car la nécessité de sa santé se manifeste dans des conditions de marginalisation et par un manque d'assistance sanitaire. S'il ne fait l'objet d'une attention quelconque cela est lié à sa situation de pauvreté économique, d'indifférence sociale et de solitude.

Généralement, le malade ne souffre pas seulement de la maladie, mais aussi de la peur, de l'abandon, de la solitude et de la marginalisation. Il est angoissé par sa santé, accablé par la douleur liée à sa maladie et aussi celle causée par l'indifférence totale à son égard. Il souffre du rejet social.

L'attention intégrale est le besoin principal du malade. Le malade est avant tout une personne, pas un objet. Il arrive parfois de méconnaître cette réalité, et le malade qui attend de l'aide, devient un objet sur lequel on expérimente un médicament parce qu'il ne peut l'acheter ou bien on s'intéresse plus à sa maladie qu'à son être. Ce n'est pas seulement le médicament qui guérit le patient mais une assistance humaine, spirituelle faite de proximité.

L'accent ne semble pas mis sur l'aspect religieux du malade. Très peu de personnes, dans le personnel médical, s'y intéressent. De temps en temps, un groupe de chrétiens passe pour une prière avec les malades. Celui qui souffre a plus besoin que tout le reste de Dieu pour soulager ses peines. Le pape Benoît XVI dira : « Souvent c'est l'absence de Dieu qui est la racine la plus profonde de la souffrance »8(*). Le chrétien sait que Dieu peut le guérir de sa maladie. Devant la maladie, la guérison qui tarde à venir, la foi faiblit et il faut le soutien des autres pour raviver cette foi. D'où l'importance pour l'Eglise de voir comment aider le chrétien dans sa foi quand il est en situation de faiblesse, de détresse. Car la foi se vit en Eglise.

L'Eglise a reçu la mission d'évangéliser et de secourir le faible, l'abandonné, le pauvre. Que fait- elle pour prendre en charge les besoins du malade hospitalisé ?

* 4 Lucien ISRAEL, Le médecin face au malade, Pierre Mardaga, Belgique, 1968, p. 136.

* 5 Evelyne FRANC, « Pastorale des maladies infectieuses du point de vue de la personne », in Dolentium hominum, 64, 2007, p. 139.

* 6 Ibid.

* 7 Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, article 25, § 1.

* 8 Benoît XVI, Dieu est amour, Cerf, Paris, 2006, p. 64.

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