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La présence ecclésiale en milieu hospitalier: le cas de l'archidiocèse de Bangui en République Centrafricaine

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par Elkana NDAWATCHA
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Baccalauréat canonique en Sciences Religieuses 2002
  

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II. 2. Attitude de Jésus par rapport au malade

La maladie est perçue comme un handicap physique, mental et spirituel qui isole le malade de la société, de sa famille et de l'Eglise. Elle brise parfois les relations entre familles et amis. Jésus aura, Lui, un comportement humain envers tout malade.

A travers le récit de guérison de la belle-mère de Simon, Jésus se rend présent à la malade par ses gestes et ses actes.

Tout au long de sa vie publique, Jésus est environné des malades de toute sorte. Il les accueille avec sympathie, attention, en les soulageant de leurs maux. Il n'a jamais rejeté un des malades pour sa sévère maladie, ni affiché brutalité, répugnance, dédaignement ou mépris envers un des malades. Au contraire, Il en est proche par des gestes et actes humains.

L'évangéliste note la compassion de Jésus, il note aussi le geste étonnant : Jésus touche la malade en la prenant par la main ; signe qu'en Lui est la vie, le salut ; signe aussi du contact avec l'être humain qu'Il rétablit. Il rompt avec une tradition qui prohibe tout contact avec les malades. C'est un regard d'amour, un geste d'amour qu'Il pose sur la malade. Il est pris de compassion, Il est ému, troublé dans son coeur d'homme. Son coeur est touché. Sur la demande de ses disciples, Il guérit la malade. Cette guérison octroyée, est donc la réponse de l'amour de Dieu à la détresse humaine. L'amour du Christ « prend forme humaine, coeur humain pour saisir l'homme au niveau de sa misère pour lui rendre perceptible l'intensité de l'amour divin »25(*).

En effet,

« Dans le tableau de la création, sur la voûte de la Chapelle Sixtine, c'est du contact du doigt de Dieu avec celui de l'homme que jaillit l'expression de la vie de l'humanité entière ; ici, en Saint Marc, c'est dans l'intimité de la famille : du contact de la main du Christ et de celle de la malade jaillissent la guérison et la santé, l'affection et la gratuité [...] »26(*).

La maison de Simon devient une Eglise de salut. Par un geste simple, inattendu vient la guérison. Jésus a posé un geste essentiel : « S'approchant, il la fit se lever en la prenant par la main » ; résultat « Et la fièvre la quitta ». En effet, Marc très méthodique, nous montre la suite chronologique de l'action de Jésus : approche, prise par la main et la guérison. La guérison obéit à une suite logique. Par là, Marc nous enseigne que nous ne pouvons pas guérir une personne sans s'approcher d'elle ni la toucher.

Jésus relève la malade. Relever chez Marc signifie « ressusciter ».

Du matin au soir, où qu'Il aille, Il est toujours assailli par les malades, au milieu d'eux. Par sa présence aux malades, deux formes essentielles de son activité apparaissent : parler, s'entretenir avec les malades et vivre au milieu d'eux.

Les Evangiles contiennent de multiples récits de guérisons. Tous ces malades, présentés à Jésus, ont été satisfaits dans leur être.

En portant notre regard sur le récit de la guérison de la belle-mère de Simon, présenté dans les évangiles synoptiques, nous constatons que le fond est le même ; tandis que la manière de le relater et de ressortir l'attitude de Jésus diffèrent d'un auteur à un autre.

C'est son attitude que nous voulons mettre en exergue. Elle sera pour nous une référence dans notre relation avec les malades. Dans ces trois récits, Jésus : touche, relève, s'approche, se penche, prend par la main, menace. Ce sont des gestes que les malades attendent de nous. Roland BUGNON le relève :

« Lorsqu `un malade découvre, au gré d'une visite ou d'une rencontre, de quel amour Dieu l'aime, sa maladie perd beaucoup de son importance. S'il a la chance d'expérimenter presque physiquement l'immensité de l'amour de Dieu pour lui, il peut

continuer à vivre malgré son handicap, avec une grande paix ou joie intérieure »27(*).

Une présence attentive de l'Eglise donnera de l'espérance au malade et ses tourments se transformeront en joie.

Cette femme malade alitée, a été guérie grâce à Simon et André car ce sont eux qui ont parlé d'elle à Jésus. Ils sont pour elle la petite communauté ou l'Eglise. Ils agissent pour sa cause. Nous chrétiens, partout où nous sommes, nous formons l'Eglise même les malades qui sont à l'hôpital. Pour cela, nous devons être attentifs pour plaider la cause de nos frères malades et intercéder en leur faveur.

La maladie de la belle-mère de Simon plonge la famille dans l'angoisse. Cette angoisse est implicite. Jésus, quand à Lui, a répondu présent à une demande angoissante. Jésus compatit à la douleur de cette famille et sauve un être cher.

L'attitude de Jésus en face d'un être humain malade est très profonde. Que l'Eglise qui est sur les traces de Jésus fasse de même. Que par sa présence, les malades sentent la proximité de Dieu.

L'Eglise multiplie des efforts de proximité aux malades mais cette proximité reste beaucoup plus dans les intentions que dans la réalité du vécu. Dans les documents de l'Eglise, elle définit l'identité du malade. Le malade est accueilli, servi, protégé et défendu par l'Eglise mais jamais compris et accompagné personnellement dans son cheminement de foi.

Cela revient à dire que l'Eglise n'a pas toujours aidé l'homme à intérioriser l'expérience de vie de foi dans la maladie.

Au regard de ce que le malade chrétien vit et ce que Jésus fait aux malades, l'archidiocèse de Bangui doit revoir son mode de présence en milieu hospitalier en réactualisant, en inventant des nouvelles pistes pastorales en milieu hospitalier.

Le comportement de Jésus doit avoir un sens. Une fois le compris, nous pouvons l'imiter.

L'attitude de Jésus est pleine de sens.

A travers ce récit de guérison, Marc nous présente l'identité de Jésus comme médecin par excellence, qui est venu sauver et guérir l'homme de ses maladies28(*) qui l'entravent et l' empêchent de glorifier Dieu et de se réaliser en tant qu'homme ou femme. Tel est l'exemple de cette femme fiévreuse incapable de vaquer à ses activités quotidiennes. Après sa guérison, elle est libérée. Aussitôt, elle se montre reconnaissante en se mettant au service de Jésus et de ses disciples.

Le rétablissement de la santé est la finalité de l'action de Jésus29(*) et l'une de ses missions. Car, après l'appel des quatre premiers disciples, Il inaugure son ministère par une série de guérisons (Mc 1, 21ss). L'Homme malade devient le centre de l'action missionnaire de Jésus. Lui-même déclare qu'Il est venu pour les malades et ce sont eux qui ont besoin du médecin (Mc 2, 17).

La mission de Jésus consiste, en effet, à rétablir non seulement l'Homme malade dans la société mais aussi à le rétablir dans son équilibre physique, mental et social30(*). La belle-mère de Simon a ainsi retrouvé son équilibre psychosomatique, spirituel grâce au regard compatissant de Jésus. En effet, « la compassion du Christ envers [la malade], les malades et ses nombreuses guérisons ... sont un signe éclatant de ce `` que Dieu a visité son peuple'' »31(*).

Marc nous montre Jésus qui accomplit le programme messianique de sa mission. Il redonne vie au souffrant.

Cette guérison exalte la grande compassion de Jésus en face de la misère humaine et explique la dimension libératrice de sa mission.

Jésus guérisseur, image de Jésus présenté par Marc, ne se penche non seulement du côté de la maladie mais approche la personne dans toute son intégralité. Philippe GAUER le dit:

« La santé physique et la santé psychique et spirituelle impliquent la mission unique du Christ. Jamais nous ne voyons Jésus s'apitoyer sur la maladie, son regard se fixe toujours d'abord sur la personne. C'est un regard d'amour, de compassion, de miséricorde qu'Il vient poser sur chaque personne [...]. Tout malade est avant tout pour Lui, un homme [une femme] prédestiné à devenir Fils de Dieu, un frère [une soeur]. »32(*)

Dans son agir envers la belle-mère de Simon, Il voit la personne malade de cette femme, une malade qui souffre dans son corps et dans son âme. Ce sont là les deux dimensions de la guérison : celle du corps et celle de l'âme. Car « la maladie n'est jamais seulement un mal physique elle est en même temps une période d'épreuves morale et spirituelle 33(*)».

Dans ce récit de guérison, guérir pour Jésus, signifie réintégrer ; car la maladie exclue, isole parfois de la société. La belle-mère de Simon a retrouvé sa place après avoir été guérie.

C'est aussi engager son être et sa personne. Il fait voir sa puissance et sa bonté. « Les guérisons sont avant tout les manifestations de la charité de Dieu, de l'amour vrai de Dieu, amour actif et compatissant, qui se penche vers toute misère humaine 34(*)».

Jésus a toujours été présent auprès des malades. Son attitude est très caractéristique. Il pose des gestes et actes pleins de signification. Attitude qu'attend tout malade.

Par ses gestes, Il a réconforté et relevé la belle-mère de Simon, qu'en Lui est la vie.

A travers ce récit de guérison, Matthieu nous montre le salut acquis par la venue de Jésus. Il est venu mettre l'homme debout, le guérir pour glorifier Dieu35(*). Car être debout, c'est la gloire de Dieu disait Irénée de Lyon. C'est cette gloire de Dieu que Jésus témoigne sans cesse dans sa rencontre avec les malades.

Luc montre l'attitude éternelle de l'homme-Dieu. Jésus, chaque fois qu'Il est en face d'un malade, pose souvent un geste qui sauve et qui met en mouvement le malade. Il le sort d'un état de dépendance pour l'inviter à prendre la route avec Lui. En outre, Luc nous présente Jésus qui déploie par son comportement, sa puissance, son autorité sur les puissances du mal et sa bonté par une intervention efficace : « En se penchant sur la malade, le Christ exprime sa bonté et en commandant à la fièvre de telle sorte que son ordre est immédiatement exécuté, il relève sa puissance »36(*). Après la guérison, la malade pose un geste qui libère : elle sert Jésus. La belle-mère de Simon est une figure. Quand Jésus guérit, son action n'a pas une fin uniquement thérapeutique mais s'adresse à toute la personne pour la rétablir dans son intégrité physique, morale, spirituelle et sociale. La belle-mère de Simon retrouve son état de complet bien-être physique, mental et social. Le comportement de Jésus va au-delà de nos apparences.

Ces études nous permettent de découvrir les véritables problèmes auxquels est confronté le malade. Du comportement de Jésus avec les malades, ressortent quelques réponses.

* 25 Mario ALBERTON, op. cit., p. 65.

* 26 http://www.healthpastoral.org/texts/esalud_fr.htm, « La belle-mère de Simon », in l'Evangile de la Santé, p. 1, consulté le 05 / 01 / 2008 à 10: 47.

* 27 Roland BUGNON, Lève-toi et marche. Ce Dieu qui invite au voyage, champ libre, sl, 2000, p. 80.

* 28 Jean-Claude LARCHET, La théologie de la maladie, Cerf, Paris, 1991, p. 79.

* 29 Ibid., p. 78.

* 30 Ceci rejoint la définition de la santé proposée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) selon laquelle : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». Mr BIRO, cours sur La déontologie médicale, Année scolaire 2001-2002 (inédit).

* 31 Philippe GAUER, Le Christ médecin. Soigner : la découverte d'une mission à la lumière du Christ-médecin, C.L.D. l'Emmanuel, Nancy, 1994, p. 42.

* 32 Ibid., p.43.

* 33 Ibid.

* 34 Mario ALBERTON, Un sacrement pour les malades, dans le contexte actuel de la santé, Centurion, Vendôme, 1978, p. 65.

* 35 Jean-Claude LARCHET, La théologie de la maladie, Cerf, Paris, 1991, p. 77.

* 36 Paul LAMARCHE, op. cit., p. 57.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault