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Regard des acteurs de terrain sur les conduites addictives des jeunes (représentations sociales, pensée sociale et logique d'accompagnement )

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par Julie Boussoco
Université de Provence Aix en Provence - Master II psychologie sociale de la santé 2012
  

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    REGARD DES ACTEURS DE
    TERRAIN SUR LES
    CONDUITES ADDICTIVES
    DES JEUNES

    Représentations sociales, pensée
    sociale et logiques d'accompagnement

    Sous la direction de
    M. LO MONACO Grégory

    Marise Miraglia-Delmas « Dialogue »

    BOUSSOCO Julie
    N° étudiant : 20802570
    Master II Psychologie Sociale de la Santé
    Année 2011-2012
    M. APOSTOLIDIS - M. DANY

    Laboratoire de Psychologie Sociale Association Tremplin

    Université de Provence Tremplin de Docs

    29, Avenue Robert Schuman 60 bvd du Roy René

    13621 Aix en Provence Cedex 1 13100 Aix en Provence

    « L'humanité s'installe dans la monoculture ;
    elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave.
    Son ordinaire ne comportera plus que ce plat. »
    (Claude Levi-Strauss, 1955)

    Remerciements

    Je tiens à remercier :

    · Les acteurs locaux pour leur accueil et leur participation aux entretiens.

    · Nos référents de mémoire, Mr Grégory Lo Monaco et Mr Lionel Dany pour leur écoute, leur disponibilité et leurs conseils.

    · Mes référentes de stage, Mme Aurore Borras et Mme Brigitte Buffard, et également Mlle Sabrina Saïad, pour leur investissement et leur intérêt porté à cette recherche. Mais aussi pour leur écoute, leur attention et leur éclairage professionnel.

    · Nos professeurs, pour leur éclairage théorique et méthodologique.

    · Mr Serge Mori, pour son apport clinique et sa supervision.

    · L'ensemble de la promo M2 psychologie sociale de la santé pour son entraide et son soutien mutuel.

    · Et dans le désordre, Marie, Leslie, Jérôme, Éva, Aude, Aurore, Mathias, Clément, Stef... et d'autres encore, tout autant pour leur soutien que pour le temps consacré à relire ce mémoire.

    Sommaire

    INTRODUCTION 6

    CONTEXTUALISATION DE LA RECHERCHE 7

    1. QU'EST-CE QU'UN JEUNE ? UN OU PLUSIEURS JEUNES ? 7

    2. QU'EST-CE QU'UNE CONDUITE ADDICTIVE ? 8

    4 De la toxicomanie aux conduites addictives 8

    4 Prises de risques, conduites à risque, et conduites addictives... Une question d'usages 8

    3. QUELS SONT LES CHIFFRES DES CONDUITES ADDICTIVES DES JEUNES ? 10

    4 Des consommations de substances psychoactives en région PACA, proches des

    moyennes nationales. 10

    4 Des usages différenciés selon les jeunes 10

    4 Les addictions sans produit 11

    4. QUI INTERVIENT SUR LES CONDUITES ADDICTIVES DES JEUNES ? 12

    4 Jeunes, politiques publiques et prise en charge locale 12

    4 Acteurs locaux publiques identifiés dans l'accompagnement des conduites addicitves

    des jeunes et leurs missions 13

    5. QUELS TRAVAUX NOUS ÉCLAIRENT SUR LES CONDUITES ADDICTIVES DES JEUNES ? 14

    5.1 Facteurs centrés sur l'interaction jeune/conduite addictive : déni du risque ; Ordalie 15 5.2 Facteurs centrés sur l'interaction jeune/autrui : formation de l'identité ; choix

    rationnels ; recherche d'espaces transitionnels 15

    5.2 Facteurs centrés sur les normes sociales, la culture : normes et déviances 17

    4 Médicalisation de l'existence, normes sanitaires et déviance 18

    4 Conduite addictives, de la déviance primaire à la déviance secondaire 19

    4 Le « travail social » et la prévention comme instances du contrôle social ? 20

    4 Théories sociologiques de la transgression 21
    4 Une conduite pas si déviante que ça... une question de regard sur la déviance et sur le
    risque 22

    6. L'APPROCHE DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES 23

    6. 1 Représentations sociales et conduites addicitves 23
    6. 1 Les conduites addictives, un objet de représentations sociales pour les acteurs de terrain 25

    PROBLEMATIQUE ET STRATEGIE GENERALE DE RECHERCHE 27

    METHODE 29

    1. TRIANGULATION 29

    2. PARTICIPANTS 29

    4 PLAN D'OBSERVATION : 29

    4 Plan d'échantillonnage : 29

    4 Population : 29

    3. MATÉRIEL 30

    4 Techniques choisies : 30

    4 Élaboration des outils : Guide d'entretien semi directif 30

    4. PROCÉDURE 30

    5. ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE 32

    RESULTATS 33

    1. L'ANALYSE THÉMATIQUE DESCRIPTIVE 33

    1.1. Éléments de représentation de l'addiction 33

    1.2. Éléments sur la représentation des jeunes 35

    1.3. Éléments de représentation du contexte associé à l'addiction 36

    1.4. Éléments de représentation des consommations 39

    1.5. Éléments de la pratique professionnelle 41

    1.6. Éléments sur l'orientation 43

    1.7. Éléments sur le positionnement des parents 44

    1.8. Éléments sur les Attentes 44

    2. ANALYSE STRUCTURALE GÉNÉRALE 47

    2.1. Lien entre les différents éléments de la représentation de jeunes et addictions 47

    2.1. Lien entre les différents éléments de la représentation de jeunes et addictions et la pratique des professionnels 48

    3. IMPLICATION DES CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES 51

    3.1. Catégorie 1 : Les professionnels acteurs de prévention 51

    3.2. Catégorie 2 : Les professionnels relais 51

    3.2. Catégorie 3 : Les professionnels de l'accompagnement 52

    DISCUSSION 53

    1. RÉSUMÉ DES RÉSULTATS 53

    2. RÉSULTATS FACE AUX HYPOTHÈSES 54

    3. DISCUSSION DES RÉSULTATS 54

    LIMITES ET PERSPECTIVES 57

    PRECONISATIONS 59

    1. FORMES D'APPROCHES 59

    1.1. Travailler sur les représentations sociales des professionnels et des parents 59

    1.2. Créer du lien social 59

    1.3. Approche communautaire et holistique 59

    2. MODALITÉS PRATIQUES 60

    2.1. Rendre les informations claires et accessibles 60

    2.2. Former, informer sur les addictions 60

    2.3. Dégager du temps et des moyens 60

    2.4. Donner des expériences à vivre aux jeunes 61

    2.5. Organiser des temps de rencontres mixtes 61

    3. POURSUIVRE LA RECHERCHE 61

    BIBLIOGRAPHIE 62

    GLOSSAIRE 67

    ANNEXES 68

    Annexe 1 : Cahier des charges projet 69

    Annexe 2 : Organisation des acteurs de la prise en charge santé locale 73

    Annexe 3 : Fiche signalétique 76

    Annexe 4 : Caractéristiques de notre échantillon 76

    Annexe 5 : Guides d'entretien 78

    Annexe 6 : Épidémiologie des usages problématiques des nouvelles technologies 79

    Annexe 7 : Analyse thématique de l'ensemble des entretiens 80

    Annexe 8 : Exemple de schémas individuels d'organisation du lien représentation sociale/pratique. 107

    RESUME 110

    Introduction

    Ce mémoire répond à une demande de diagnostic pour l'Atelier Santé Ville (ASV) d'Aix en Provence. Les ASV ont pour but de réduire les inégalités sociales de santé à un niveau local. Selon Joubert, Chauvin et Richard (2010), les diagnostics locaux sont l'un des outils clés des ASV. Ils servent à explorer des facteurs de vulnérabilité de la population (ici les jeunes) et les facteurs facilitateurs. Cette année, la thématique « addictions » précédemment gérée de façon indépendante, est ajoutée au champ d'intervention de l'ASV. Il est donc nécessaire de recueillir des données locales. La demande de diagnostic est intégrée au cadre de l'action RAAP (Réseau Adultes-Acteurs de Prévention des conduites à risque des jeunes) du Contrat Urbain de Cohésion Sociale de la ville d'Aix en Provence, menée par le PAEJ et TREMPLIN (Annexe 1). Ainsi, le diagnostic portera sur la thématique « jeunes et addictions », en consultant les acteurs de proximité en charge de la population jeune du territoire sur leurs représentations de la situation, leurs besoins et attentes en terme de prévention des conduites à risque. L'accent étant particulièrement mis sur les comportements addictifs : alcool, tabac, substances illicites et addictions « sans produits » (jeux, nouvelles technologies).

    Nous proposons donc de répondre à cette demande en nous appuyant sur des théories de la psychologie sociale de la santé. Selon Morin et Apostolidis (2002, p.465), « La Psychologie Sociale de la Santé propose un ensemble de savoirs dans le domaine de la santé et de la maladie s'appuyant à la fois sur les outils théoriques et méthodologiques de la Psychologie (Psychologie Sociale, Psychologie de la Santé, Psychologie Clinique) et sur les approches des Sciences Sociales (Épidémiologie, Sociologie, Économie, Anthropologie, ...). Elle est centrée sur l'étude et la résolution des problèmes de santé dans les différents contextes sociaux et culturels dans lesquels ils se manifestent. »

    Nous nous sommes donc appuyés méthodologiquement sur la triangulation et sur une approche psychosociale des conduites addictives des jeunes. Grâce à ces concepts, nous nous proposons d'apporter un éclairage sur l'approche des professionnels au sujet des conduites addictives des jeunes sur le territoire Aixois.

    Contextualisation de la recherche

    1. Qu'est-ce qu'un jeune ? Un ou plusieurs jeunes ?

    C'est entre la fin XIXe et le début du XXe siècle, avec le développement de l'enseignement secondaire, que l'on a vu apparaître, chez les jeunes de milieux aisés, une période de transition entre l'enfance et l'âge adulte. Naît la notion d'adolescence. Cette période de transition va ensuite, après la seconde guerre mondiale, se répandre progressivement, avec la massification de l'enseignement, à l'ensemble des couches sociales. Dans son appréhension, l'adolescent est alors psychologisé, marginalisé. En effet, limitées à cet aspect pubertaire, les études du XIXe siècle sur l'adolescence se sont attelées à déceler les « troubles causés par la puberté » (goût du viol, agitateur politique, etc.) afin d'essayer d'y remédier. L'approche psychologique de la première moitié du XXe siècle va continuer dans cette direction en focalisant sur la « crise d'adolescence », ou « crise d'originalité juvénile » (Hall, 1905 & Debesse, 1941, cités par Evart-Chmielnski, 1958, p.419). Dans l'entre deux guerres, avec Parsons (1942 cité par Galland, 2002), naît la sociologie de la jeunesse aux États-Unis et il faut attendre la fin des années 60 pour que cette appréhension réductrice de « période de crise », soit remise en question. Avec Edgar Morin, (1962, 1965, cité par Galland, 2011) la jeunesse est appréhendée sous un angle culturaliste : la jeunesse comme sous-culture. Puis, en 1980, Bourdieu, propose une vision idéologique : « la jeunesse n'est qu'un mot. » (p.143). La catégorie jeunesse est analysée comme l'enjeu et le résultat de luttes de pouvoir et de classement entre les générations. Mais les visions fonctionnalistes, culturalistes ou idéologiques ne satisfont pas les nouveaux sociologues français qui, comme Galland (2011), proposent de définir la jeunesse autrement. En effet, la jeunesse est souvent abordée selon des tranches d'âge (Le garrec, 2002). Ainsi, d'après la psychologie, les sciences de l'éducation et les enquêtes de santé publique, la jeunesse peut être plus ou moins découpée en trois âges, selon trois critères : préadolescence (vers 11 ans, capacités à raisonner ), adolescence (vers 15 ans, évolutions physiologiques) et post-adolescence (vers 25 ans, indépendance assumée). Pour Galland (2011), la jeunesse serait un passage entre un âge et un autre, comme un « temps » dans le cycle de vie. Percevoir la jeunesse comme ce moment de transition entre la période d'identification aux parents (l'enfance) et celle où les individus ont construit leur propre identité et leurs propres normes (l'adulte), implique pour la sociologie de la jeunesse d'en faire un « processus de socialisation » et non plus une simple « catégorie ». Cette approche est critiquée par les tenants d'une approche « identitaire » de la jeunesse, tel De Singly (2000).

    2. Qu'est-ce qu'une conduite addictive ?

    4 De la toxicomanie aux conduites addictives

    La « toxicomanie », les « dépendances », puis les « usages de drogues », ont d'abord été

    considérés comme un « fléau social » (Vaille & Stern, 1955, cités par Beck, 2010, p.517), comme un marqueur de marginalité sociale, de déviance. Mais, à partir des années 1980, afin d'endiguer la propagation de l'épidémie du SIDA, le phénomène a été vu différemment, et une stratégie de prévention et de santé publique a été mise en place. La consommation de drogues a commencé à être considérée comme une pathologie individuelle. La notion d'addiction, apparaît à la fin des années 1980 dans le monde médical et est largement reprise dans les politiques de santé publique.

    4 Prises de risques, conduites à risque, et conduites addictives... Une question d'usages.

    Avec l'application plus systématique du « paradigme épidémiologique » (Peretti-watel,

    2004, p.103) à l'étude des comportements humains et la « médicalisation de l'existence » (Gori, 2006), on assiste à la prolifération de la notion de risque. Elle s'attache aussi bien aux grandes menaces planétaires (destruction de la couche d'ozone, effet de serre...) qu'aux comportements individuels qui ponctuent notre quotidien (tabagisme, conduite automobile...). Derrière la prise de risque chez les jeunes, nous avons une multitude de comportements dont « le trait commun consiste dans l'exposition de soi à une probabilité non négligeable de se blesser ou de mourir, de léser son avenir personnel ou de mettre sa santé en péril. » (Jeffrey, Le Breton & Josy Lévy, 2005, p.18). Cependant, ces comportements ne sont pas listés une fois pour toutes et la liste s'allonge avec les nouvelles données épidémiologiques. Ainsi, dès qu'un facteur de risque découvert correspond à un comportement, ce dernier devient une conduite à risque. Et, comme le soulève Przygodzki-Lionet (2009), peu importe que l'individu ait ou non le sentiment de prendre un risque, c'est à l'expert de déterminer « objectivement » si sa conduite comporte ou non des risques pour sa santé. Peretti-watel et Moatti (2009, p.18), parlent de « mise en risque » du monde. Pour faire reculer l'éventualité de la maladie, la mort, il devient nécessaire de traquer le risque, quitte à stigmatiser ceux qui transgressent « ce culte de la santé » (p.26) ; et ceci par le biais la prévention.

    Selon Dessez (2006), il faut différencier « Prises de risques » et « Conduites à risque ». Il le fait selon la fréquence des comportements. En effet, les « prises de risques » seraient des comportements qui se caractérisent par la mise en danger (de soi, de sa santé, de sa vie, etc.). Les comportements d'essai ou d'expérimentation de substances psychoactives font partie des prises de risques. Elles surviennent souvent dans des « temps à côté » (Le garrec, 2002), les

    temps de loisir à caractère festif ou amical, quand se produisent des relâchements du contrôle social des conduites et que de nouveaux rites individuels apparaissent. Tandis que « Les conduites à risque » seraient des comportements répétés de prises de risques qui correspondent à une recherche de plaisir et au soulagement d'un malaise intérieur. Elles se présentent sous des formes diverses qui sont déterminées par les identités sexuées, les contextes sociaux, les histoires de vie et les états psychopathologiques : violences itératives, scarifications multiples, conduites suicidaires, troubles des conduites alimentaires, addictions. Dany (2010), ajoute à la prise de risques, la notion de perception consciente (même si elle peut être inexacte) des probabilités non souhaitées associées au comportement à risque ainsi qu'une estimation de la gravité des évènements non souhaités.

    Les conduites addictives ont été définies par Goodman, en 1990, comme « processus par lequel un comportement, pouvant permettre à la fois une production de plaisir et écarter ou atténuer une sensation de malaise interne, et employé d'une façon caractérisée par l'impossibilité répétée de contrôler ce comportement et sa poursuite, en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives » (p.1403). Depuis quelques années on entend parler de plus en plus d'addictions sans substances (mobiles, consoles de jeux...), de cyberaddictions : par l'intermédiaire d'Internet à travers les jeux d'argent en ligne, les jeux vidéo massivement multijoueurs (World of Warcraft, Dofus...), les réseaux sociaux (Facebook, Tweeter...). Les nouvelles technologies ont rejoint le banc des conduites à risque. Notamment pour les risques de perturbation du sommeil, d'isolement social et financiers... Ainsi, selon le Plan de prise en charge et de prévention des addictions 2007-2011, la notion de conduite addictive couvre aujourd'hui :

    - Les conduites de consommation de substances psychoactives, quelque soit le statut légal de la substance.

    - Les addictions dites comportementales, ou addictions sans drogues, qui correspondent à des comportements compulsifs, notamment le workaholisme (les « accros » au travail), la dépendance aux moyens de communication (Internet et e-mail, téléphone portable...), le jeu pathologique...

    La notion de conduite addictive s'inscrirait dans un continuum de comportements d'usage. Ainsi, d'après les définitions de l'Organisation mondiale de la santé (CIM 10) et de l'Association américaine de psychiatrie (DSM IV), on distingue trois catégories de Comportements d'usage : usage simple (qui n'entraîne pas de dommages et peut être expérimental, occasionnel ou régulier), l'usage nocif/à risque (consommation qui implique, ou peut impliquer, des dommages sanitaires, sociaux ou juridiques) et la

    dépendance/conduite addictive (comportement psychopathologique présentant des caractéristiques biologiques, psychologiques et sociales ). Les principaux critères contribuant à la définition de la dépendance sont le désir compulsif de produit, la difficulté du contrôle de la consommation, la prise de produit pour éviter le syndrome de sevrage, le besoin d'augmenter les doses pour atteindre le même effet et la place centrale prise par le produit dans la vie du consommateur.

    3. Quels sont les chiffres des conduites addictives des jeunes ?

    4 Des consommations de substances psychoactives en région PACA, proches des moyennes nationales.

    Selon les derniers chiffres de l'État des lieux des conduites addictives des jeunes (16-25

    ans) en région PACA (CIRDD PACA, 2009, p.3), (recueillis lors de la journée défense citoyenneté, anciennement JAPD), les usages de substances psychoactives des jeunes de Provence-Alpes-Côte d'Azur ne se distinguent pas fondamentalement de la moyenne métropolitaine. Mais l'usage de substances illicites est cependant plus diffusé en région qu'ailleurs.

    Ainsi, concernant l'alcool, les jeunes présentent une consommation de type occasionnelle, mais souvent excessive et sont plus de 90% à l'avoir expérimenté à 17 ans. En effet, les ivresses et les consommations abusives (plus de 5 verres en une occasion) ont beaucoup progressé ces dernières années. La consommation de tabac des jeunes continue de baisser, de façon plus importante en région qu'en National. Néanmoins, encore 30% des jeunes de 17 ans sont en 2008 fumeurs quotidiens. En 2005, plus de la moitié (53%) des jeunes de 17 ans de la région a déjà fumé du cannabis et 12% en font un usage régulier, prévalence supérieure à la moyenne nationale (respectivement 49% et 11%). Depuis 2002, la consommation de cannabis s'est stabilisée, puis a fléchi, parfois de façon prononcée. Enfin, la consommation des autres substances psychoactives (essentiellement les drogues illicites) est plus fréquente en région qu'en métropole ; et ce, particulièrement pour certains produits : la cocaïne (deux fois plus d'expérimentateurs en région qu'en moyenne : 4,6% vs 2,5%), le poppers (7,5% vs 5,5%), l'ecstasy (4,7% vs 3,5%), les amphétamines (3,1% vs 2,2%). Les expérimentations des drogues illicites ont tendance à augmenter en France entre 2005 et 2008 et à se stabiliser en région.

    4 Des usages différenciés selon les jeunes

    Une analyse des modes de consommation permet de faire émerger des profils d'usagers :

    - Près d'un quart des jeunes de 17 ans ne consomme aucune des principales drogues et 28% sont des usagers ponctuels. Ainsi, plus de la moitié (52%) des jeunes présente une consommation nulle ou exceptionnelle.

    - Un tiers des jeunes a une consommation de type festif, c'est-à-dire qu'ils utilisent des substances psychoactives plus régulièrement que les ponctuels, mais dans le cadre de sociabilités amicales.

    - Enfin, 15% des jeunes ont un usage excessif ou « à risque » des drogues.

    Des déterminants sociaux permettent de rendre compte des différences observées. Ainsi, les usages de substances psychoactives sont significativement associés :

    - Au parcours scolaire : les jeunes sortis du système scolaire, qui ont redoublé ou qui sont dans certaines filières professionnalisantes sont plus souvent des expérimentateurs ou des usagers réguliers.

    - À la situation familiale : nous trouve des niveaux d'usage supérieurs chez les jeunes qui vivent dans un contexte familial où le cadre parental est moins prégnant, comme résidant en internat ou ceux dont les parents sont séparés.

    - À la sociabilité : plus les jeunes passent du temps avec des amis, au domicile ou dans des établissements privés (bar/pub/café), plus leurs niveaux d'usage sont élevés.

    - Au milieu social : les jeunes issus de milieux favorisés présentent des niveaux d'usage supérieurs à ceux de milieux plus modestes, en raison notamment des ressources matérielles et financières des parents.

    Ainsi, les jeunes en apprentissage, les travailleurs saisonniers et les jeunes sans emploi en situation d'insertion professionnelle présentent des niveaux d'usage supérieurs aux jeunes du même âge. Les étudiants sont au contraire caractérisés par des niveaux d'usage légèrement inférieurs à la moyenne de la tranche d'âge considérée.

    4 Les addictions sans produit

    Selon Minotte (2010), elles entrent dans la catégorie des addictions depuis les années quatre-vingt dix, « Nous pensons notamment à Otto Fenichel et la notion de "toxicomanies sans drogues" proposée dans la "Théorie psychanalytique des névroses" (1949), ou à Stanton Peele et son observation des dépendances affectives, ou encore à "l'addiction positive" de Glasser qu'il développe au départ de l'observation de sportifs "accros" à l'effort (1976). Ces auteurs ont eu le mérite de faire évoluer la représentation classique des toxicomanies, centrées sur les produits et leurs propriétés "addictogènes", vers une approche centrée sur les conduites du sujet ». (p.42). Cependant, pour Tisseron et Gravillon (2008, p.150), « Bien sûr, beaucoup de parents aimeraient que les pouvoirs publics - et des experts remboursés par la Sécurité Sociale ! -

    règlent à leur place les errances et les dérèglements provoqués chez leurs rejetons par les nouvelles fascinations technologiques. Mais ce choix, confortable à court terme, s'avèrerait catastrophique à long terme. Il équivaudrait à déléguer encore un peu plus les tâches parentales, au risque de médicaliser complètement l'adolescence ».

    Selon l'expertise de l'Inserm (2008, p.252), « Malgré une grande disparité de niveau selon les pays, la prévalence du jeu "pathologique" en population générale semble s'établir dans une majorité d'entre eux autour de 0,5 à 1% auquel on peut ajouter une prévalence de 1 à 2% de joueurs "problématiques" ». Il est aussi indiqué que la France est presque un des seuls grands pays développés à ne pas s'être doté de ce type d'enquête. Selon Minotte (2010, p.121), « Les usages (problématiques ou non) des Technologies de l'information et de la communication ne sont pas le monopole d'une catégorie sociale (les jeunes !), ils concernent toutes les catégories de population. » De plus, les différences statistiques dans les consommations de produits technologiques entre hommes et femmes tendent à l'uniformisation. Pour ce qui est de l'usage problématique des nouvelles technologies, les chiffres semblent fort contrastés (Annexe 6). Les grilles diagnostic ne posent pas de limite quantitative, mais font plutôt référence à la notion d'envahissement de la vie de la personne. La fréquentation assidue des mondes virtuels est généralement associée à une volonté plus ou moins consciente d'échapper à la réalité. « La présence d'une co-morbidité et/ou de facteurs contextuels inconfortables est souvent soulignée. Fréquemment, il est constaté que le sujet dit "accro au net" souffre (avant tout) de dépression, d'anxiété, d'une psychose, etc. ou encore se trouve confronté à des situations délicates comme un divorce, des difficultés scolaires, un stress professionnel, etc. » (p.85).

    4. Qui intervient sur les conduites addictives des jeunes ?

    4 Jeunes, politiques publiques et prise en charge locale

    Il existe actuellement au niveau national, un plan santé des jeunes 16-25 ans 2008-2010,

    dont le premier axe est de lutter contre les comportements à risque (notamment les pratiques addictives et les déséquilibres alimentaires), un plan pour la prise en charge et la prévention des addictions 2007-2011 et un plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008-2011, dont un des axes est : la prévention doit être développée tout particulièrement en direction des personnes vulnérables et des situations à risques au moyen d'actions de proximité, prévention ciblée vers les adolescents.

    Au niveau local, sur la ville d'Aix en Provence, le PRSP en est à la phase de diagnostic pour la thématique des conduites addictives des jeunes. La prise en charge et la prévention de

    celles-ci s'organisent autour du scolaire (notamment le programme MILDT, des stands et des interventions ponctuelles) et hors scolaire (consultations jeunes consommateurs, consultations d'aide et de soutien, stands, formations). Comme le préconise Sommelet (2006), dans le Rapport de mission sur l'amélioration de la santé de l'enfant et de l'adolescent, la santé n'est pas seulement l'affaire du domaine sanitaire. Quels sont alors les acteurs locaux (institutionnels, associatifs...) qui, travaillant au plus prés des jeunes, contribuent à la politique territoriale de santé ?

    4 Acteurs locaux publiques identifiés dans l'accompagnement des conduites addicitves des jeunes et leurs missions.

    En s'inspirant des schémas (Annexe 2) et des connaissances de l'Atelier Santé Ville, nous avons établi un inventaire des structures en contact avec les jeunes sur Aix en Provence. Ainsi, (figure 1), nous obtenons 4 secteurs différents : Judiciaire, Social/Insertion, Éducation Nationale et Sanitaire/Psychologique.

    SOCIAL/INSERTION EDUCATION NATIONALE

    SANITAIRE/

    PSYCHOLOGIQUE JUDICIAIRE

    PAEJ

    CSAPA

    CMP

    CAARUD

    École des parents

    Centres sociaux

    ADDAP

    BIJ

    Foyer Jeunes Travailleurs Organismes de formation

    Universités Collèges Lycées CFA

    MGI

    Police Foyers PJJ

    Figure 1 : Structures en contact avec les jeunes, organisées pas secteur.

    Selon Ravon (2003), le « travail social » constitue un ensemble très hétérogène de professionnels (assistants sociaux, éducateurs, animateurs, conseillers en insertion, agent de développement...) dans différentes structures (foyers, centres d'hébergement, dispositifs d'accompagnement et de suivi, établissement d'éducation spécialisée, missions locales, ...) regroupant de multiples activités spécialisées qui tendent à résoudre ou, tout au moins à accompagner les problèmes de personnes ou de groupes confrontés à des difficultés

    sociales importantes (personnes handicapées, dépendantes et/ou sans emploi, jeunes délinquants, familles monoparentales...). Ces activités, conduites par des professionnels (les travailleurs sociaux), dans des structures publiques ou privées de nature associative, peuvent prendre plusieurs formes (assistance, éducation, soutien, prévention, médiation...).

    Pour ce qui relève du secteur sanitaire/psychologique, ses missions sont la prévention et la prise en charge des problèmes de santé. L'éduction nationale, quant à elle, a pour mission, d'après le programme quinquennal de prévention et d'éducation pour la santé des élèves : repérer et suivre les problèmes de santé des élèves en milieu scolaire, mieux connaître, mieux repérer et prendre en compte les signes de souffrances psychiques des enfants et des adolescents. Elle a pour objectif d'assurer tout au long de la scolarité la continuité des actions d'éducation à la santé. Enfin, concernant le secteur judiciaire, il a pour mission la répression mais pas uniquement. Il est notamment en lien avec la protection judiciaire des jeunes (PJJ) et a pour objectifs : l'insertion, la permanence éducative au tribunal, le suivi des mineurs détenus et la prévention, et ce par des mesures telles que : l'investigation, la prise en charge éducative, la sanction éducative, les mesures de probation et peines, les aménagements de peine.

    5. Quels travaux nous éclairent sur les conduites addictives des jeunes ?

    Nous nous proposons de présenter les différents travaux sous une perspective psychosociale, Moscovici (1984), pour ensuite les développer.

    Jeune
    (Individuel et
    social)

     

    Autrui(Famille, pairs,
    groupes, autorité)

    Formation de l'identité
    (parents/ réseau social)
    Recherche d'espaces transitionnels
    Choix rationnel

    Conduites
    addictives

    Déviance (Normes,
    transgression, stigmatisation,
    étiquetage, contrôle social)
    Facteurs culturels ; Insertions
    sociales
    ; Conditions
    d'existence

    Déni du risque (biais de
    supériorité, optimisme
    irréaliste, illusion
    d'invulnérabilité)
    Ordalie

    Figure 2 : Représentation ternaire sur les conduites addictives des jeunes

    5.1 Facteurs centrés sur l'interaction jeune/conduite addictive : déni du risque ; Ordalie

    Peretti-Watel (2000) parle de déni du risque lorsque les personnes interrogées sur leur

    perception des risques (cancer, accident de la route...) estiment en général le risque « pour soi » inférieur au risque « pour autrui ». On distingue principalement trois biais dans la littérature :

    - Le biais de supériorité ou la sur-confiance (Klein & Kunda, 1993, cités par PerettiWatel, 2000) : lors d'une comparaison à autrui, la plupart des gens s'estiment supérieurs. Ce résultat est retrouvé lors de l'étude menée par Dany (2010), auprès de lycéens, sur les logiques comparatives dans l'évaluation des conduites à risque. Ceci peut aussi être considéré comme une stratégie de présentation positive de soi plus qu'un dénigrement d'autrui (McKenna et al., 1991 cités par Peretti-Watel, 2000).

    - L'optimisme irréaliste et l'illusion de contrôle (Rumar, 1988 cité par Peretti-Watel, 2000) : les gens s'estiment, en général, moins exposés aux risques qu'autrui ; une certaine surestimation de son aptitude personnelle à faire face aux risques et une perception plutôt pauvre des capacités d'autrui à les gérer.

    - L'illusion d'invulnérabilité (Perloff, 1983 cité par Peretti-Watel, 2000) : tendance à se percevoir comme moins susceptible qu'autrui, de subir les conséquences néfastes d'un évènement négatif. L'absence d'expérience directe de l'accident renforce cette tendance : « immunisation » ; « illusion de l'expérience ».

    Pour Le Breton (2002), les conduites à risque ont souvent une fonction ordalique. L'ordalie est la manière dont chacun va interroger, par les sensations extrêmes, la mort ou le danger, pour vérifier la possibilité et le droit d'exister. Alors qu'autrefois, l'ordalie était vécue au cours de rituels collectifs de passage et ponctuait la succession de cycles de vie et l'appartenance à une classe d'âge (de l'adolescence à l'âge adulte par exemple). Aujourd'hui, la recherche de sensations est vécue de manière individuelle et se présente sous la forme de prises de risques et de conduites à risque.

    5.2 Facteurs centrés sur l'interaction jeune/autrui : formation de l'identité ; choix rationnels ; recherche d'espaces transitionnels

    Selon Coslin (2003), les raisons des conduites addictives, chez les jeunes, peuvent être

    « liées à des caractères -psychologiques- inhérents à cette période de la vie ». (p.2). En effet, pour Erikson (1979, cité par Assailly, 2003), les principales tâches développementales de l'adolescence sont la résolution de la crise de l'adolescence et la formation de l'identité personnelle qui supposent des expérimentations, des conduites d'essais et d'erreurs, à propos des styles de vie. Braconnier (1998) stipule d'ailleurs que l'adolescent doit faire face à quatre

    ruptures majeures dans son développement : l'acceptation de la sexualité, la fin des liens de dépendance à ses parents, la projection dans l'avenir, la maîtrise de ses émotions et de ses affects. L'adolescence est donc une période de transition entre l'enfance et l'âge adulte au cours de laquelle se construit l'identité du jeune. Construction combinant, selon Tap (1980, cité par Favresse, 2011), le développement individuel et social qui va amener le jeune à se différencier et se singulariser pour devenir un être unique, et à s'identifier, à s'intégrer et à se référer aux autres pour devenir un être social. Pour Favresse (2011) « Dans ce processus dialectique entre le moi et les autres, la relation développée avec les parents et avec le réseau amical est fondamentale. » En effet, dans son processus de singularisation, le jeune va se confronter aux prescrits parentaux et dans son processus d'identification, le jeune va se confronter aux autres jeunes parmi lesquels il va se constituer un réseau amical et des symboles identitaires (vêtements, goûts musicaux, manières de parler, etc.). Et, les consommations de produits psychoactifs peuvent, dans une certaine mesure, faire partie de ce processus parce qu'elles permettent au jeune de tester ses limites, d'exprimer son autonomie envers ses parents, et parallèlement, son rapprochement envers ses pairs.

    Bergeron (2009), dans son ouvrage La sociologie de la drogue, spécifie qu'« il y a donc tout intérêt à regarder la toxicomanie au travers du prisme particulier de la théorie "choix rationnel" plutôt que de le faire sous l'angle de la "pathologie individuelle ou sociale". » (p.49). Ainsi, les comportements sont causés par les raisons qu'ont les acteurs d'agir comme ils le font, et résultent d'un calcul stratégique d'optimisation de l'utilité personnelle. Cette approche permettrait en outre d'expliquer pourquoi dans un contexte similaire, deux individus ne choisissent pas forcément la même conduite. Par exemple, d'après Favresse (2011), l'échec scolaire favorise le rapprochement du jeune vers des pairs connaissant les mêmes problèmes scolaires. Ils constituent en quelque sorte une «roue de secours» (p.3) en lui permettant, entre autres, d'avoir un groupe d'appartenance, d'obtenir une reconnaissance sociale et de se construire, ou reconstruire une image positive. En contrepartie, le jeune va s'adapter et se conformer aux normes et modes de vie de ce groupe (Pavis et al., 1999, Favresse et al., 2011).

    Matuszak (2010), étudie les liens entre les médias et les jeunes. Ainsi, cette appropriation des technologies de l'information et de la communication par les jeunes entrerait plus largement dans le désir d'autonomisation par rapport aux parents (Metton, 2006). Cependant, l'utilisation massive des réseaux sociaux pose question en terme de construction identitaire, que ce soit pour les stratégies de mise en scène de soi tendant vers des comportements d'exposition, ou pour la possibilité de changer d'identité virtuelle en permanence. Mais c'est surtout « la focalisation sur l'instant immédiat » (Geroges, 2009, cité

    par Matuszak, 2010) qui laisserait présager une construction identitaire problématique. Pour ce qui relève des jeux « massivement multi-joueurs », Janssen et Tortolano (2010) pointent que les exigences de notre société sont telles que l'individu souffre de sa subjectivité. Selon le sociologue Ehrenberg (1995, cité par Janssen & Tortolano, 2010, p.75), à partir des années 80, l'individu « n'allait [...] devoir [son épanouissement] qu'à lui-même ». Il précise encore : « le «nouvel» individualisme signale moins un repli généralisé sur la vie privée que la montée de la norme d'autonomie : se comporter en individu signifie décider de sa propre autorité pour agir par soi-même, avec les libertés, les contraintes et les inquiétudes qu'une telle posture implique ». Ainsi, les individus, pour échapper à ces normes, se réfugient dans un monde virtuel où « le moi peut se prendre pour le moi idéal » (Janssen & Tortolano, 2010, p.75). Mais si les mondes virtuels ne garantissent pas le maintien à la fois du lien et de la séparation (au sens d'une différenciation) de ces deux réalités, l'investissement de ces mondes par des individus psychiquement fragilisés (par structure, traumatisme ou via la confrontation à un environnement trop défaillant) peut engendrer de réelles difficultés.

    5.2 Facteurs centrés sur les normes sociales, la culture : normes et déviances

    Pour Maisonneuve (2009), les normes sociales correspondent à des règles comportementales ou de jugements, partagées par un collectif d'individus en interaction. Elles sont plus ou moins implicites et fournissent un cadre de référence commun au groupe. Les normes supposent l'attribution d'une valeur reconnue par les membres du collectif. Il existe les normes de comportements qui impliquent des conduites, et les normes de jugement correspondant aux attitudes, opinions et croyances. On distingue aussi les normes formelles (lois, codes, règlements) des normes informelles. Si la norme n'est pas respectée, les individus l'ayant enfreinte peuvent faire l'objet de réprobation voir de sanction. On parle alors de déviance.

    En effet, selon Mucchielli (1999), la déviance est un fait social qui n'existe qu'en regard de la normalité. C'est l'existence des normes qui fait apparaître les transgressions. « Les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme des déviants. De ce point de vue, la déviance n'est pas une qualité de l'acte commis par une personne, mais plutôt une conséquence de l'application, par les autres, de normes et de sanctions à un "transgresseur". Le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès et le comportement déviant est celui auquel la collectivité attache cette étiquette ». (Becker, 1985, p.33). La société institue des normes à travers ses « entrepreneurs de morale» , c'est-à-dire

    ceux qui élaborent et ceux qui font appliquer les normes auxquelles les déviants ne se conforment pas (seules les catégories dotées d'un certain pouvoir économique et politique sont capables, en pratique, d'obliger les autres à accepter leurs normes) : « Les différences dans la capacité d'établir des normes et de les appliquer à d'autres groupes sont essentiellement des différences de pouvoir (légal ou extra-légal). Les groupes les plus capables de faire appliquer leurs normes sont ceux auxquels leur position sociale donne les armes et du pouvoir. Les différences d'âge, de sexe, de classe et d'origine ethnique sont toutes liées à des différences de pouvoir. C'est cette relation qui explique les différences de degré dans la capacité des groupes ainsi distingués à établir des normes pour les autres » (Becker, 1985, p.171).

    La transgression peut revêtir des formes multiples, lesquelles seront considérées comme plus ou moins graves : transgressions des usages, des coutumes et/ou des normes juridiques. Pour Mucchielli (1999), ce sont les sanctions et la sévérité avec laquelle elles sont appliquées qui permettent de mesurer l'effectivité des normes et de distinguer le degré de tolérance à l'égard de certains comportements déviants.

    4 Médicalisation de l'existence, normes sanitaires et déviance

    Selon les chercheurs (Saint-Germain, 2005 ; Saint-Onge, 2005 ; Beaulieu, 2005 ; Cohen & Breggin, 1999 ; Conrad, 1995, cités par Suissa, 2008), la médicalisation est un processus par lequel on en vient à définir et à traiter des problèmes non médicaux, principalement sociaux, comme des problèmes médicaux, voire pathologiques. Certains facteurs contextuels auraient favorisé l'apparition de la médicalisation comme mode de gestion des problèmes sociaux : un certain déclin de la religion, une foi inébranlable dans les sciences, l'individualisme grandissant, un affaiblissement des liens sociaux, la rationalité et le progrès et enfin, le pouvoir et le prestige grandissants de la profession médicale.

    Selon Gori (2006), « L'homo psychologicus après s'être transformé en homo medicus devient un homo économicus partenaire d'un échange dont le paradigme est celui du marché. [...] Informé loyalement et de manière éclairée, l' "homo medicus" ne pourrait plus que se soumettre librement aux injonctions de l'hygiène et de la santé publique dont il intériorise les normes pour mieux se surveiller dans ses conduites en se comportant comme il faut pour bien se porter ». (p.79).

    Par exemple, dans son article sur la dépressivité et l'usage de drogues à l'adolescence, en 2004, Peretti-Watel met en évidence que l'attention portée par les psychologues, les sociologues et les épidémiologistes à la relation supposée entre mal-être et usages de drogues, illustre

    l'obsession contemporaine de la normalité. Comme le dit l'auteur, « Dans cette société chacun risque à tout instant de glisser vers l'anormalité, et ce dès la naissance, les sciences

    humaines et médicales sont mises à contribution pour assurer une surveillance permanente du corps social. Cette surveillance viserait à hiérarchiser les individus selon leur normalité, pour en disqualifier certains puis essayer de les corriger une fois le diagnostic établi ». (p.107). Il dénonce aussi, en 2009, dans son ouvrage « Le principe de prévention, culte de la santé et ses dérives », la stigmatisation des conduites à risque.

    Ainsi, l'évolution des normes sanitaires conduit aussi à considérer comme hors normes toute conduite non conforme à la recherche de la santé optimale. Ainsi, les conduites addictives sont considérées comme pathologiques et déviantes par les experts de santé. Et nous observons la pénalisation de certaines pratiques très répandues comme l'acte de fumer. Aujourd'hui, celui qui allume une cigarette dans un lieu public est un délinquant puisqu'il enfreint la loi, alors qu'il y a à peine quelques années, dans la même situation, il était un individu parfaitement normal. Certes, le contrôle social est encore assez souple pour le moment : le « délinquant » est simplement prié d'éteindre sa cigarette. Mais il est probable que, dans vingt ou trente ans, il en sera de même que pour le contrôle de la conduite en état d'ébriété.

    4 Conduite addictives, de la déviance primaire à la déviance secondaire

    Selon Tenaerts (2011), Edwin Lemert, dans les années 1950 propose une classification binaire de la déviance : déviance primaire et déviance secondaire. La déviance primaire correspond à la transgression de normes sociales, mais n'a pas d'effet sur la structure psychique des individus et n'affecte pas leur rôle social. La déviance secondaire concerne la réaction à la reconnaissance et la qualification de cette déviance par une instance de contrôle social. Cette dernière entraîne une restructuration du psychisme du déviant qui intériorise le stigmate et s'identifie au rôle déviant qui lui est assigné. L'intérêt de cette classification réside dans la compréhension du processus de passage de l'une à l'autre. Un comportement relevant de la déviance primaire peut être suivi ou non de comportements relevant de la déviance secondaire. Selon Dessez (2003), les conduites addictives prennent place également au sein d'un continuum temporel quant à la fréquence de leur manifestation : la majorité des adolescents en restera au stade de l'expérimentation, une minorité s'engagera dans des répétitions de l'usage ou des pratiques qui les conduiront vers la marginalisation.

    C'est ce qu'illustre Becker (1985), avec son concept de « carrière déviante ». Selon Becker (1985) et Goffman (1977), la déviance n'est ainsi qu'un rôle endossé par celui qui est victime de la stigmatisation des autres. Et, s'il persiste, ce rôle peut entraîner une modification de la personnalité de l'individu ainsi qu'une modification de ses relations sociales. Il entre alors progressivement dans une " carrière " de déviant. L'entrée en déviance est un processus qui comporte un certain nombre d'étapes :

    - Commettre une première transgression.

    - Être pris et désigné comme déviant, « probablement l'une des phases les plus cruciales du processus de formation d'un mode de comportement déviant stable », aboutissant à une redéfinition de son identité par les autres.

    - Cette nouvelle définition peut entraîner une amplification de la déviance.

    - Enfin, le déviant intègre un groupe déviant organisé : rationalisation des pratiques,

    justifications théoriques, juridiques, psychologiques... Système d'autojustification.

    Dans son étude sur les fumeurs de marijuana, Becker distingue 3 phases de la carrière déviante qui correspondent à une modification du rapport entretenu par le fumeur avec les codes sociaux de la société et du milieu dans lequel il utilise la marijuana (chaque fois, passage à un niveau supérieur) :

    - débutant : fume pour la première fois.

    - utilisateur occasionnel : consommation sporadique dépendant de circonstances aléatoires. - consommateur régulier : pratique devenue systématique et régulière.

    Becker (1985) avance que pour voir apparaître un comportement déviant il faut une défaillance du contrôle social. Et, pour qu'il y ait passage d'un niveau d'utilisation à un autre il faut que les différents types de contrôles sociaux perdent de leur efficacité. À l'inverse, s'ils conservent leur efficacité, cela peut empêcher l'évolution ultérieure. Dans ce sens, Dessey (2003), relève que les expérimentations de substances psychoactives s'accroissent au cours des périodes historiques

    dominées par un affaiblissement des repères et des normes collectives, et dans les situations les substances sont aisément accessibles.

    4 Le « travail social » et la prévention comme instances du contrôle social ?

    Le contrôle social vise à assurer le respect des règles qui régissent la vie en société et à lutter contre les comportements déviants. Au sens large du terme, il consiste à créer des normes sociales et juridiques fondées sur un ensemble de valeurs et à les faire respecter. De ce point de vue, la socialisation des individus au sein d'un groupe ou d'une société fait parti du contrôle social et de nombreuses institutions en sont les agents (la famille, l'école, la justice...). Il existe un contrôle social interne et externe (formel ou informel).

    Ainsi, Peretti-Watel, dans son ouvrage « la société du risque », (2001), nous suggère que la prévention serait une forme de contrôle social : « une conduite déviante médicalisée est redéfinie comme pathologique, la médecine devient alors le principal agent du contrôle social pour cette conduite, les médecins étant chargés de définir et prescrire des traitements pour la soigner. » (p.96). Selon Autès (1999), dans les années 70, apparaît un courant de pensée selon lequel, les travailleurs sociaux seraient des agents du contrôle social. Ce courant apparaît

    profondément influencés par les travaux de Foucault (1975), qui considérait l'extension du pouvoir normalisateur comme une caractéristique profonde de nos sociétés : « Les juges de normalité sont présents partout. Nous sommes dans la société du professeur juge, du médecin juge, du travailleur juge, du travailleur social juge. Tous font régner l'universalité du normatif ; et chacun au point où il se trouve y soumet le corps, les gestes, les comportements, les conduites, les aptitudes, les performances. » (Foucault, 1975, cité par Autès, 1999, p.35).

    4 Théories sociologiques de la transgression

    Nous nous proposons d'aborder ici deux types d'approches des théories sociologiques de la transgression :

    ? Les approches culturalistes

    - La désorganisation sociale. Apparue au début du XXe siècle, cette notion est reprise par Dubet (1987, cité par Coslin, 2003) dans sa description de la « galère » (p.87), situation dans laquelle se retrouvent les jeunes au sein des banlieues et des grandes villes. « Un univers gris et terne, sans cohérence et sans but ». La décomposition de leur univers social s'organise autour de trois principes : la désorganisation sociale (absence de normes et de valeurs, désinsertion des milieux familiaux et scolaires, difficulté, voir impossibilité à communiquer avec les autres), l'exclusion et la rage.

    - Le conflit de cultures. En 1938, Thorsten Sellin (cité par Mucchieli, 1999) systématise la notion de conflit de cultures (c'est à dire conflit de normes). La déviance proviendrait de l'existence d'une culture valorisant ou tolérant une pratique interdite par l'autre culture. Albert Cohen (1950, cité par Mucchieli, 1999) ajoute à cette notion la sous-culture adolescente. Cette théorie explique le fait qu'un jeune commette un acte interdit par la culture dominante et/ou par la culture traditionnelle tant qu'elle est valorisée par la sous-culture adolescente.

    - L'éducation déviante. Pour Edwin Sutherland (1930, cité par Mucchieli, 1999), la déviance ne résulte pas d'un manque ou d'un conflit mais tout simplement d'un apprentissage. Cette théorie peut être appliquée au milieu du deal, les jeunes ont été éduqués à cette pratique par leurs aînés : organisation du deal (guetteur, revendeur... règles du trafic...).

    ? L'approche inégalitariste

    Merton (1946, cité par Mucchielli) est l'un des premiers à s'intéresser au décalage entre les aspirations à la réussite sociale (encouragée par l'idéologie individualiste des sociétés modernes) et la réalité des inégalités sociales (et raciales) qui n'offrent pas les moyens d'y parvenir à chacun. Par exemple Galland (2011), pointe qu'il existe, parmi les jeunes, des différences liées à l'appartenance sociale et au niveau d'études. Nous parlons de

    polarisation : tendent vers un pôle, ceux qui ont des diplômes et les moyens de repousser le moment des engagements et de diversifier leurs expériences sociales et, tendent vers l'autre pôle, ceux qui n'en ont pas et qui sont soumis à des risques croissants de marginalisation professionnelle et sociale. En même temps, un phénomène d'homogénéisation tend à rapprocher les valeurs, les normes culturelles et de consommation, et les aspirations de l'ensemble des jeunes. Ainsi, la frustration, plus grande pour les catégories de jeunes « sans diplômes », pourrait les pousser à utiliser des méthodes illicites afin d'avoir accès à ce qu'ils désirent et n'obtiennent pas par des moyens licites.

    4 Une conduite pas si déviante que ça... une question de regard sur la déviance et sur le risque

    « Reste à savoir si les jeunes sont myopes parce qu'ils ne voient pas le danger ou si les observateurs sont presbytes parce qu'ils ne parviennent pas à discerner la rationalité des pratiques des adolescents qu'ils scrutent. »

    (Peretti-Watel, 2001)

    Pour Favresse (2011), les valeurs et les normes véhiculées dans la société vont aussi participer au façonnage des conduites à l'adolescence : performance, dépassement de soi, hédonisme, réalisation personnelle... Ou comme le dit le proverbe : « Qui ne risque rien, n'a rien ». Ces valeurs se retrouvent dans les conduites de consommation de produits psychoactifs qui peuvent devenir pour les jeunes un moyen de se mesurer entre eux, de s'affirmer et de se dépasser. Comme le mentionne Le Breton (2002), « le fait de "tenir l'alcool" suscite l'admiration et permet d'exister dans le regard des autres ». Le risque peut donc lui-même se révéler être un enjeu de compétition. Ainsi les conduites à risque seraient en cohérence avec certaines valeurs de notre société.

    De plus, comme le note Becker (1985, p.195), « nous ne pouvons comprendre les situations et les processus sans donner leur pleine importance aux différences entre les points de vue des deux groupes impliqués ». Comme le précise Le Garrec (2002), les représentations sociales des jeunes sur les « conduites addictives » ne correspondent pas du tout aux représentations des politiques publiques. Ainsi, le sens donné aux conduites addictives par les jeunes n'est pas tant vu en terme de risques que de bénéfices. De plus, dans la catégorisation des conduites, semblent aussi entrer en compte les modalités et les contextes. Par exemple, selon Dany et Apostolidis (2002, p.341), « ce n'est plus la seule consommation de cannabis qui fait du consommateur un drogué, mais les modes (fréquence, consommation matinale, avant le travail) et les contextes (Seul versus Groupe) de consommation ». Lo Monaco, Gaussot, et Guimelli (2009), ont validé la régulation contextuelle et normative de la perception du consommateur de vin, de manière expérimentale. Ces auteurs ont aussi montré en 2010 que le « boire seul » chez

    les jeunes constituait un acte contre-normatif et le « boire collectif » un acte pro-normatif à travers l'identité sociale et l'effet brebis galeuse. (Lo Monaco, Piermattéo, Guimelli & Ernstvintila, 2010).

    Comme le monte Kouabenan (2006), la perception du risque serait le résultat de nombreuses caractéristiques du sujet percevant :

    Figure 3 : Perception des risques selon Kouabenan (2006)

    6. L'approche des Représentations Sociales

    Joffe, en 2003, dans l'analyse des risques sanitaires, préconise une approche en terme de «Représentations sociales» plutôt qu'en termes de «Cognition sociale» ; et ainsi de « Considérer les deux processus de construction d'une représentation dans le sens commun, l'objectivation et l'ancrage » plutôt que d'« Évaluer le sens commun sur la base des standards du raisonnement rationnel et à partir d'une conception déficitaire de l'activité cognitive ».

    6. 1 Représentations sociales et conduites addicitves

    Comme nous l'avons précédemment, les conduites additives ne sont pas seulement une

    question sanitaire. Le comportement d'usage est un comportement social, étroitement lié à la
    relation aux pairs, à la famille et à l'institution scolaire, inscrit dans un processus de

    socialisation. En effet, là où les sciences exactes (physiologie, épidémiologie...) voyaient du « comportement d'usage », nous voyons finalement des pratiques sociales et là où on parlait de « déviance », nous nous questionnons sur les représentations sociales ainsi que la place des acteurs de terrain et des entrepreneurs de morale dans cette stigmatisation. Cette notion de représentations sociales est née de la notion de représentation collective (Durkheim, 1895) et a été conceptualisée par Moscovici à l'occasion de son étude princeps sur la psychanalyse en 1961. Pour Moscovici, les représentations seraient des données relevant de l'activité cognitive des groupes et des individus dans des contextes particuliers, et non pas, comme pour Durkeim, des données collectives mentales qui s'imposeraient aux personnes.

    En effet, les représentations sociales désignent « l'élaboration d'un objet social par une communauté avec l'objectif d'agir et de communiquer ». (Moscovici, 1961). Selon Jodelet (1989), elles sont reliées à des systèmes de pensée plus larges (idéologiques ou culturels), à un état des connaissances scientifiques, comme à la condition sociale et à la sphère de l'expérience privée et affective des individus. Ce ne sont donc pas les caractéristiques objectives des objets qui font de ceux-ci des objets sociaux, mais la relation que les personnes entretiennent avec ceux-ci. Ainsi, il n'y a pas de représentation sociale en soit, « toute représentation sociale est représentation de quelque chose et de quelqu'un ». (Jodelet, 1984, p.71).

    Les représentations sociales sont une forme de connaissance courante, dite de sens commun, caractérisées par les fonctions suivantes :

    - Savoir : elles permettent de comprendre et d'expliquer la réalité.

    - Orientation des conduites et des comportements : le comportement des individus serait déterminé par quatre composantes de leur représentation de la situation : représentation de soi, du contexte, de la tâche et des autres. Ces composantes agissent sur la signification de la situation pour les sujets et induisent donc les comportements (Doise, 1969). L'individu se servirait donc des représentations comme d'un mode d'emploi du monde, en les appliquant localement, tel un guide pour l'action. « Les représentations sociales décrivent, expliquent et prescrivent. Elles fournissent un mode d'emploi pour interpréter la réalité, maîtriser notre environnement et nous conduire en société ». (Jodelet, 1993, p.22).

    - Constitution et renforcement de l'identité : elles définissent l'identité et permettent la sauvegarde de la spécificité des groupes. La représentation est générée collectivement et partagée par les individus de ce groupe. Lorsque l'objet de la représentation est en relation directe avec des pratiques importantes pour le groupe, la représentation joue un rôle essentiel dans la constitution d'une identité sociale et la réduction d'éventuels conflits identitaires.

    - Justification des comportements et des prises de décisions : la représentation peut par exemple permettre au groupe de se donner bonne conscience. Par exemple, la représentation négative de l'autre groupe justifie l'hostilité du comportement adopté à l'égard de celui-ci. (Doise, 1969).

    Moscovici a mis en évidence deux processus qui rendent compte de la façon dont le social transforme une connaissance en représentation et de la façon dont cette représentation transforme le social : l'objectivation et l'ancrage. L'objectivation est le processus par lequel le groupe va naturaliser un concept abstrait (ex : addiction). Ce processus relève très directement de la pensée sociale qui simplifie les éléments de l'information qui provient de l'objet, qui concrétise les notions (et pour cela, les résume à grands traits) à partir d'une logique interne au groupe. Dans le cas d'un objet complexe comme une théorie, l'objectivation comporte plusieurs phases : sélection perceptive et décontextualisation. L'ancrage, quant à lui, permet l'enracinement de la représentation sociale dans le système de pensée pré-existant. On va accrocher quelque chose de nouveau à quelque chose qui est ancien et on pourra ainsi « rendre familier ce qui est étrange ». L'ancrage va consister dans l'intégration d'éléments nouveaux dans un réseau de catégories plus familières déjà existantes pour le groupe, déjà signifiantes.

    6. 1 Les conduites addictives, un objet de représentations sociales pour les acteurs de terrain

    Selon Moliner (1993), les objets qui apparaissent sous différentes formes dans notre société sont ceux qui sont le plus susceptibles de produire une activité représentationnelle dans les groupes. Les conduites addictives constituent ainsi un objet de représentation, notamment parce que, comme le souligne Jauffret-Roustide (2009), elles suscitent des débats tant en ce qui a trait à sa conceptualisation qu'en ce qui touche ses pratiques (Doise, 1986) :

    « Si l'univers de dangerosité auquel les toxicomanes sont associés persiste encore aujourd'hui dans l'opinion publique et plus particulièrement dans le champ répressif, les usagers de drogues font l'objet d'un changement sémantique à l'intérieur du champ du soin aux toxicomanes. En effet, dans le cadre de l'adoption du référentiel de réduction des risques au début des années 1990, le toxicomane qualifié de malade et de délinquant par la loi de 1970 a tendance à changer de dénomination, il est de plus en plus fréquemment désigné usager de drogues. Cette évolution sémantique est révélatrice du changement en cours des pratiques et des catégories légitimes, mais elle reste encore aujourd'hui un enjeu de lutte de légitimité, les deux types de catégorisations toxicomane et usager de drogues pouvant coexister actuellement. » (p.114).

    Suissa Amnon et Bélanger (2001) ajoutent que :

    « La sociologie des professions nous enseigne également que chaque formation sociale aura sa propre version du concept de dépendance. Les pharmaciens auront tendance à comprendre le phénomène comme une suite de réactions aux substances et de la tolérance croissante du corps au produit, les physiologistes comme un dysfonctionnement des organes et du métabolisme, les généticiens comme une carence d'un gène spécifique, les psychiatres comme un désordre biomédical ou une carence neurochimique, les psychologues comme un symptôme de problèmes sous-jacents ou d'estime de soi, les sociologues comme une réaction au processus de régulation sociale et des contraintes inhérentes aux rapports sociaux, etc. » (p.67).

    Pour Abric (1976), les représentations sociales sont un guide pour les pratiques sociales et celles-ci sont un facteur de transformation des représentations sociales. « Les agents sociaux -institutionnels et professionnels- dont le rôle et la fonction sont de mettre en oeuvre des pratiques préventives ou d'intégration face à l'exclusion sont bien entendu eux-mêmes porteurs de représentations. [...] Chaque agent social par son expérience et son système de valeurs, dispose d'une forme de connaissance de l'Autre, donc d'une représentation qui fonctionne pour lui comme un supposé savoir, qui va agir directement sur ses pratiques et le mode de relation qu'il entretien avec le groupe concerné. » (Abric, 1996, pp.17-18). En ce sens, connaître les représentations sociales permet donc de mieux comprendre les pratiques et éventuellement les modifier.

    Problernatique et

    strategie generale de recherche

    Comme nous l'avons remarqué en amont, la jeunesse serait d'avantage appréhendée comme une phase de transition que comme une catégorie d'âge. Et dans cette période, la question de l'institution scolaire comme participant au processus de socialisation, entraînant l'apparition de deux catégories de jeunes, se pose (jeunes diplômés ou non). Concernant la notion de conduites addictives, nous voyons qu'elle découle de la médicalisation de l'existence (avec notamment l'augmentation de la réflexion en terme de risque). Elle est définie par rapport aux comportements d'usages des jeunes (simple, nocif, addictif). D'après les données épidémiologiques, il n'y a quasiment pas de conduites addictives, seulement des usages, plus ou moins à risque. Et, les usages de substances psychoactives sont significativement associés à une sortie du système scolaire, à une situation familiale où le cadre parental est moins prégnant, à un temps important passé avec les pairs, à un milieu social favorisé. Ainsi, les jeunes en apprentissage, les travailleurs saisonniers et les jeunes sans emploi présentent des niveaux d'usage supérieurs à la moyenne ; les étudiants étant, au contraire, caractérisés par des niveaux d'usage légèrement inférieurs à la moyenne de la tranche d'âge considérée. A propos de l'usage des nouvelles technologies, il serait associé à une volonté d'échapper au virtuel. L'État a mis en place des mesures nationales et locales pour prévenir et prendre en charge les conduites addictives des jeunes. Cependant, ces conduites ne seraient pas uniquement l'affaire des acteurs de terrain du domaine sanitaire/psychologique mais aussi des domaines insertion/social, éducation nationale et judiciaire.

    Nous avons remarqué que les conduites addictives pouvaient être expliquées par des biais cognitifs ou par la fonction ordalique ; qu'elles pouvaient être liées à la phase de transition de l'adolescence, ou vues en terme d'action raisonnée. Elles pourraient également être identifiées comme des déviances et expliquées en terme de désorganisation sociale, de « galère », de sous culture adolescentes, ou enfin, en terme d'éducation déviante. Nous avons aussi soulevé le fait que le travail social et la prévention pouvaient être dénoncés comme des acteurs du contrôle social. De plus, les conduites à risque peuvent être étudiées comme une application des valeurs de notre société ; et la notion de risque relativisée par les jeunes.

    Nous avons ensuite constaté que l'étude des représentations sociales nous permettait de comprendre, comment un objet passait dans la pensée sociale d'un groupe afin de devenir une représentation sociale, et comment elles orientaient ensuite les conduites. Nous avons admis que

    les conduites addictives des jeunes pouvaient être un objet de représentations sociales. Cet objet ayant varié dans le temps et pourrait être actuellement envisagé différemment selon les professions.

    Au regard de l'ensemble de ces fait et de l'objectif de cette recherche (étudier les représentations, attentes et besoins des acteurs de terrain par rapport aux conduites addictives des jeunes, afin d'en améliorer localement la prise charge), nous nous posons plusieurs questions : à quelles normes les acteurs de terrains se réfèrent-ils ? Dans quel système de valeurs inscrivent-ils leurs pratiques ? Comment catégorisent-ils les jeunes ? Nous pouvons alors nous demander quelles sont les représentations sociales des acteurs de terrain sur les conduites addictives des jeunes. Et ainsi, dans quelle mesure les représentations sociales nous permettent de saisir les logiques qui régulent l'accompagnement et l'orientation des jeunes pour des thématiques d'usages (avec ou sans produit).

    Notre recherche étant exploratoire, nos hypothèses resterons générales. Elles concernent l'influence du secteur d'activité sur les logiques d'accompagnement et d'orientation. Nous nous attendons en effet à une logique d'avantage axée, sur l'accompagnement pour le secteur sanitaire/psychologique et, sur l'orientation pour les autres secteurs. Une autre hypothèse a trait à l'influence de la profession sur les logiques d'accompagnement et d'orientation. On s'attend à une logique plus axée sur l'accompagnement pour les assistantes sociales, les infirmières, les psychologues et les éducateurs/éducatrices spécialisés et, à une logique basée sur l'orientation pour les autres professions.

    Méthode

    « Les modes d'intervention choisis par le psychologue doivent pouvoir faire l'objet d'une explicitation
    raisonnée et d'une argumentation contradictoire de leurs fondements théoriques et de leur construction ».
    (Code de déontologie des psychologues, 1996, actualisé en 2012)

    Nous avons choisi d'utiliser une méthode descriptive qualitative sous forme d'enquête car elle semble être la plus adaptée à notre problématique de recherche.

    1. Triangulation

    Nous nous sommes aussi inspirés du dispositif de triangulation méthodologique (Apostolidis, 2003) visant à conférer aux démarches qualitatives, non seulement de la validité mais aussi de la rigueur, de l'ampleur et de la profondeur. Nous avons donc essayé d'utiliser la triangulation à différents niveaux :

    - Triangulation des données : utilisation de données historiques, sociologiques, psychologiques et épidémiologiques.

    - Triangulation du chercheur : la recherche a été supervisée par un enseignant chercheur et une psychologue praticienne.

    2. Participants

    4 Plan d'observation :

    Nous avons réalisé une enquête transversale, car l'intention est de décrire un phénomène à un moment donné : la représentation sociale des conduites addictives des jeunes.

    4 Plan d'échantillonnage :

    L'échantillon est non représentatif, car nous n'avons pas les moyens d'utiliser un échantillon représentatif. Nous utiliserons cependant la méthode des unités type : les participants sont sélectionnés selon leur localisation géographique et leur domaine d'exercice (secteur éducatif, social/insertion, sanitaire/psychologique) afin d'avoir un panel assez proche de l'ensemble des professionnels encadrant les jeunes sur le territoire d'Aix en Provence.

    4 Population :

    La population est composée de professionnels en contact avec les jeunes d'Aix en Provence. Nous avons essayé de diversifier au maximum les profils individuels selon certains critères (secteur de travail, poste occupé, sexe, âge, âge des jeunes côtoyés, formés ou non aux

    addictions...). L'échantillon est composé de 25 professionnels, 2 spécialistes des conduites addictives (CSAPA, ANPAA) et 23 non spécialistes (7 du secteur éducatif, 13 du secteur social/insertion, 3 du secteur santé).

    3. Matériel

    4 Techniques choisies :

    Comme le suggère Negura (2006), « Comme la communication est au coeur du processus de formation des représentations sociales (Moscovici, 1976), l'entretien peut constituer, selon nous, un outil pertinent pour repérer sa dynamique. » (p.2). Nous utiliserons des entretiens semi-directifs à visée exploratoire, dans le but de laisser une certaine liberté au sujet tout en ayant un minimum de comparabilité, un certain nombre de thèmes étant abordés systématiquement dans chaque entretien. Le guide d'entretien sera différent pour les professionnels spécialistes des addictions et les professionnels non spécialistes car ils n'ont pas la même mission auprès de jeunes. Il comportera cependant les mêmes catégories : représentations sociales, positionnement, connaissances, attentes. Dans les attentes, nous questionnerons « l'idéal type » car, comme l'expliquent Lheureux, Rateau, et Guimelli (2008), « à partir du moment où les individus prennent conscience qu'ils ont à comparer ces deux "types" d'intelligence, les réponses deviennent massivement différentes. Ainsi, dès lors que l'enjeu de la situation a évolué d'un enjeu définitoire à un enjeu classificatoire (donc différenciateur), la représentation exprimée s'en trouve profondément changée, révélant ainsi l'existence d'un système de catégories qui reste latent tant que la situation ne l'a pas activé ». (p.53).

    4 Élaboration des outils : Guide d'entretien semi directif

    A la suite d'une phase de recherche bibliographique et de l'observation de trois groupes d'échanges de pratiques sur les conduites addictives des jeunes, nous avons élaboré deux guides d'entretiens, un pour les spécialistes des conduites addictives et un pour les non spécialistes. L'observation a permis de rajouter le thème de la « connaissance » au guide d'entretien. Et nous avons différencié les guides sur ce thème, ajoutant pour les spécialistes : qui vous oriente des jeunes ? (voir Annexe 5).

    4. Procédure

    La campagne des entretiens s'est déroulée en plusieurs étapes : inventaire des structures en contact avec des jeunes, sélection de différents types de structures pour favoriser la diversité

    des lieux de prise de contact (lycées, collèges, centres sociaux, BIJ, foyers d'hébergement, centres de formation, CMP adolescents, CSAPA, PAEJ...), présentation de l'enquête aux responsables de structures, aux professionnels et demande de participation (25 structures sollicitées). Les participants ont été contactés par mail, puis, en cas de non réponse, par téléphone. Un rendez-vous pour un entretien a alors été fixé avec les professionnels ayant accepté de participer à la recherche, selon leurs disponibilités, la plupart du temps sur leur lieu d'exercice et pendant leur temps de travail. Les entretiens ont été réalisés dans 18 structures différentes (1 foyer, 2 CSAPA, 2 centres sociaux, 1 université, 1 lycée, 2 collèges, 3 organismes de formation, 1 mission locale, 1 CMP adolescents, 1 PAEJ, 1 BIJ, et 2 ADDAP). Le recrutement a été opéré de façon progressive et ciblée afin de diversifier les profils individuels selon certains critères : le poste (animateurs, éducateurs, conseillers, infirmières, psychologues) et le sexe (16 femmes et 9 hommes). Nous n'avons eu aucun refus de participation à l'enquête. Par contre, au bout de 3 non réponses à un appel téléphonique avec message, la relance était abandonnée et un autre professionnel avec des caractéristiques proches était choisi. Nous avons compté 1 non réponse, au niveau de la PJJ. Les entretiens ont été réalisés sur une période de 4 mois : de mi mars à fin juin.

    Lors de la rencontre avec le professionnel pour l'entretien, la recherche a été présentée comme ceci : « Bonjour, actuellement stagiaire à Tremplin, et en partenariat avec l'Atelier Santé Ville, je réalise une enquête sur les « Représentations, attentes et besoins des professionnels sur les conduites addictives des jeunes ». Pour cela, j'ai besoin d'avoir l'avis de professionnels en contact avec des jeunes. Je n'attends pas de réponse particulière, il n'y a pas de bonne ou mauvaise réponse, c'est vraiment ce que vous pensez qui m'intéresse. L'entretien sera enregistré pour que je puisse le retranscrire et ne pas oublier d'informations importantes. Êtes-vous d'accord ? » L'entretien commençait alors par l'évocation spontanée et, à la fin de l'entretien, les thèmes du guide non abordés étaient introduits. Leur durée moyenne est d'une heure et dix minutes.

    Les entretiens ont été retranscrits intégralement et nous avons réalisé une analyse de contenu thématique sur l'ensemble du corpus, au niveau vertical et horizontal : descriptif (classification thématique et décompte fréquentiel) et structural (lien entre les différents éléments). Nous avons ensuite étudié l'implication des caractéristiques socio-démographiques. Comme le suggère Negura (2006), « pour rendre le matériel recueilli par cette méthode [l'entretien] lisible, compréhensible et capable de nous apporter des informations sur la dynamique d'une représentation sociale, nous faisons appel à l'analyse de contenu. ». Elle ajoute que, l'analyse thématique est un outil classique pour l'étude des opinions par la

    catégorisation des énoncés dans des thèmes d'analyse. L'analyse des fréquences et co-occurrences permet de saisir la force de l'élément dans la représentation. Enfin, l'analyse des conditions de production du discours nous permet d'étudier l'ancrage de la représentation.

    5. Éthique et déontologie

    « La recherche en psychologie vise à acquérir des connaissances de portée générale et à contribuer si possible à l'amélioration de la condition humaine. Toutes les recherches ne sont pas possibles ni moralement acceptables. Le savoir psychologique n'est pas neutre. La recherche en psychologie implique le plus souvent la participation de sujets humains dont il faut respecter la liberté et l'autonomie, et éclairer le consentement. Le chercheur protège les données recueillies et n'oublie pas que ses conclusions comportent le risque d'être détournées de leur but. »

    (Code de déontologie des psychologues, 1996, 2012)

    Pour réaliser cette recherche, nous nous sommes efforcés de respecter les exigences de la psychologie sociale appliquée de Delhomme et Meyer (2002) :

    · Exigence méthodologique : elle a pour finalité de d'explorer et décrire les représentations, attentes et besoins des professionnels sur les conduites addictives des jeunes. Nous avons, pour cela, réalisé une enquête exploratoire qualitative, dans une démarche inductive. Nous avons réalisé des entretiens semi-directifs sur un échantillon de 25 professionnels.

    · Exigence pragmatique : afin de répondre à la demande de l'ASV, nous avons pu faire faire un état des lieux sur l'accompagnement et l'orientation des jeunes pour des conduites addictives, ainsi que sur les attentes des professionnels. De plus nous avons pu mettre en lien les représentations et les pratiques ; ce qui a permis d'accéder à une analyse différente de celles réalisées auparavant. Le tout a permis d'établir des précarisations.

    · Exigence théorique : nous nous sommes principalement basés sur la théorie des représentations sociales.

    · Exigence déontologique : nous avons respecté le code de déontologie des psychologues, dont le principe du consentement éclairé et de l'anonymat. Ainsi, les sujets ont été informés des tenants et aboutissants de la recherche et les entretiens ont été anonymés. De plus nous prendrons en compte les entretiens non traités dans ce mémoire pour le rapport final de l'ASV.

    Résultats

    Dans le cadre de cette recherche, nous avons traité les discours des sujets par la technique de l'analyse de contenu. A l'issue d'une analyse thématique verticale de chaque entretien et horizontale, sur l'ensemble des entretiens (Annexe 7), divers thèmes ont pu être dégagés.

    1. L'analyse thématique descriptive

    1.1. Éléments de représentation de l'addiction

    Ce thème regroupe différents sous-thèmes qui développent une définition de l'addiction. Nous y retrouvons les modalités de consommation, les effets de l'usage, la place de l'usage, le mécanisme, la temporalité et le fait que ce soit multifactoriel.

    4 En ce qui concerne les modalités d'usage, nous avons pu repérer :

    · La fréquence (77%) « Quand le produit devient, enfin est utilisé suffisamment régulièrement pour devenir une addiction » (n°1)

    · L'opposition festif/solitaire (72%) « Des temps festifs c'est occasionnel, c'est entre copains, l'addiction c'est quelque chose en solitaire » (n°8)

    · L'opposition géré/impuissance (88%) « C'est une dépendance, dans le sens où ils peuvent pas s'en empêcher » (n°5)

    · L'opposition plaisir/souffrance (61%) « L'addiction je l'associe vraiment à quelque chose qui est de l'ordre de la souffrance. » (n°8)

    · Le continuum consommation/addiction (44%) « c'est difficile à déterminer quand c'est une addiciton » (n°3)

    L'addiction est donc assimilée à un usage fréquent, solitaire, non contrôlé, avec une souffrance sous jacente. Et la limite entre addiction et consommation n'est pas évidente à poser.

    4 Pour ce qui est des effets de l'usage, nous relevons :

    · Les effets psychologiques (83%), dont :

    - L'angoisse à la prise de conscience de son état « je pense que quand on s'aperçoit que quand on ne contrôle plus ce qu'on peut ressentir, vivre, ou voilà. Je pense qu'à un moment donné ça peut être psychologiquement très dangereux » (n°1)

    - La perte de la réalité « très très dangereux d'ailleurs y'en a qui se sont suicidé comme ça hein des jeunes. Parce qu'y sont pris dans leur leur histoire et puis ben y s'ont finit comme le héros, y se sont tués puis y croyaient qu'ils étaient immortels, qu'y s'allaient renaître » (n°17)

    · Les effets sociaux (67%), dont :

    - L'isolement social « c'est ça qui est important, l'addiction, c'est il y a même plus d'amis, quand un jeune il a des addictions mais qu'il a encore des collègues, des copains... c'est surtout ça qui est grave, c'est quand il y a un isolement social total. » (n°22b)

    - Le risque social « les parents sont venus se plaindre tout les deux parce que les deux petits s'insultaient sur internet. Et les gros mots fusaient. Nous on était pas au courant parce que c'est sur facebook. » (n°5)

    · Les effets physiques (83%), comme :

    - L'effet psychoactif « la consommation quand elle devient trop importante pour ce que supporte le corps du jeune ben ça conduit à l'addiction » (n°17)

    - Les risques pour la santé « ça peut être les agressions sexuelles, ça peut être aussi tout ce qui est accident de la route, le coma éthylique, ça peut être » (n°3)

    L'addiction présente donc des risques au niveau psychologique, social et physiologique. 4 Pour la place de l'usage, nous mettons en évidence :

    · La nécessité d'accompagnement (55%) « forcément une personne comme ça doit être accompagnée » (n°12)

    · La visibilité de l'usage (44%) « quand je vois qu'il y a beaucoup d'absences, qu'ils sont fatigués, qu'ils sont mous, pas forcément les yeux rouges, mais les yeux rouges aussi, enfin je me pose maintenant la question: " est ce qu'il consomme ou pas? " » (n°7)

    · Le fait que ça empiète sur le cadre de travail (44%) « moi je constate par rapport à leur fatigue et au décrochage scolaire, donc quand on voit par exemple par rapport au décrochage scolaire, leur fatigue, bon ça commence par la baisse des notes, fatigue, y viennent par exemple le matin ou retard scolaire, etc » (n°9)

    · L'addiction comme signe (50%) « c'est souvent l'arbre qui cache la forêt » (n°20) L'addiction est visible et empiète sur le cadre de travail. Elle est vue comme un signe de malêtre, nécessitant de l'aide.

    4 À propos des mécanismes de l'addiction, nous identifions :

    · Un mécanisme humain (44%) « Ben après il y a des gens qui sont capable de prendre sur eux, il y a des gens qui ont besoin de courir, il y a des gens qui ont besoin de taper dans un... dans un punching-ball. Et voilà, il peut y avoir des gens qui ont besoin de consommer, enfin, alcool, drogue ou truc comme ça. » (n°18)

    · Une adaptation logique face au contexte (55%) « les réponses et les transgressions, les prises de risques sont à la hauteur de ce que l'on impose aux gens » (n°10)

    · L'addiction comme une création de liens (55%) « chercher à travers une beuverie avec trois mecs de leur étage, ils vont chercher à se recréer une vie sociale, rapidement, et puis

    à sympathiser, finalement leurs moyens de, de rentrer en communication était l'apéros » (n°10)

    · L'addiction comme médicament (77%) « c'est-à-dire, en fonction de ses carences, de ce qui a fait son manque, et ce que ce produit est venu combler comme vide, et bien il va y rester, et il va faire un parcours avec, parce qu'il a trouvé LA solution pour répondre au mal-être intime » (n°13)

    · La conscience du mécanisme (27%) « c'est quand même assez énorme, ils ont parfaitement conscience ... conscience de quel est cet objet, à quelle place il vient se mettre. Ils l'utilisent vraiment consciemment » (n°21)

    · Une adaptation ratée (67%) « quand ce n'est plus l'humain qui choisit où, quand, comment, mais que le fait d'avoir une consommation d'un produit ou de plusieurs produits, oblige l'individu à retourner à cette consommation et à cette pratique, c'est à dire quand a devient nécessaire, quand le produit devient nécessaire à être, à se sentir, dans un état normal. Donc quand la consommation s'impose à l'humain quoi » (n°13).

    L'addiction est donc vue comme un mécanisme raté (mais humain) d'adaptation ayant pour but

    de créer du lien ou compenser une souffrance.

    4 Relativement à la conditionnalité, nous pouvons noter :

    · La conditionnalité temporelle (72%) « Je pense qu'on a tous des moments de, où on est bien, des moments où on est plus fragile parce qu'on évolue quoi enfin je veux dire. On évolue hein. » (n°9)

    · Le croisement de différents facteurs (55%) « la rencontre d'un problème avec une personnalité dans un moment socio-historique donné » (22b)

    L'addiction serait donc réversible et liée à plusieurs facteurs.

    1.2. Éléments sur la représentation des jeunes

    Pour ce qui est de la représentation des jeunes, nous relevons deux sous-thèmes :

    · La souffrance (77%) « j'en ai quand même vu au moins quatre ou cinq qui ne sont pas bien, ce n'est pas juste la crise d'adolescence où ils se cherchent, non, ils sont pas bien » (n°7) ; « des jeunes en difficulté » (n°10)

    · La volonté d'accompagnement (44%) « ces situations addictives, qui finalement peutêtre, conviennent très bien à certains » (n°1) ; « On va pas faire pour eux, on va pas faire à leur place, mais.... On est dans une mise en route où l'autre... Faut qu'il soit dans le désir » (n°8)

    Ainsi la souffrance et la volonté d'accompagnement semblent être un point d'intérêt dans la catégorisation des jeunes.

    1.3. Éléments de représentation du contexte associé à l'addiction

    Ce thème regroupe différents sous-thèmes qui donnent une représentation du contexte associé à l'addiction. On y retrouve l'adolescence (83%), l'environnement/sous-culture (72%), la société (56%), les normes sociétales (88%), l'interaction (94%) et les facteurs individuels (100%).

    4 Concernant le contexte de l'adolescence, nous distinguons :

    · Le risque/ordalie (44%) « ça peut aller très loin j'ai dit justement, jusqu'au ben ben à tenté de de s'automutiler, de se de se détruire de se détruire, pour voir jusqu'où ça va aller» (n°17)

    · Le rapprochement des pairs/l'éloignement des parents (61%) « par exemple, il y a une pub, où ils disent, dis moi qu'on sera jamais comme nos parents... » (n°22b)

    · L'expérimentation (56%) « à ce moment là de la vie, et qui parmi peut-être les différentes expériences, expérimentations de ...un peu...quitter l'enfance, aller s'expérimenter en tant que adultes, etc, bon euh, l'expérience de certains produits, enfin de certaines consommations peut exister chez certains jeunes » (n°16)

    · L'imitation des grands (22%) « des fois, ils se comportent comme des jeunes qu'ils voient dans les téléréalités, » (n°5)

    · L'interdit/provocation (39%) « alors, voilà, ils sont jeunes, ils vont prendre des trucs un peu plus illicites, pour transgresser, machin » (n°22b)

    · L'étape/la souffrance à surmonter (27%) « ce n'est pas surprenant qu'a un moment de l'adolescence, qu'au moment de fermer les yeux, de se... que ça travaille, que ça ça .. Et justement c'est déjà pas facile mais important d'avoir ces moments de doutes, de questionnements même de peurs, de tout ça. Je crois qu'il faut les affronter. » (n°7)

    · La capacité de rebondir (22%) « le jeune il peut, en lui et autour de lui potentiellement solliciter plus de ressources, » (n°20)

    Les conduites addictives semblent donc être associées à cette période de passage de l'adolescence, tant pour la prise de risque, la transgression, que pour tester son identité en s'éloignant de ses parents et se rapprochant des pairs. De plus l'attitude face à ces conduites semble positive « C'est qui est bien normal pour des ados » (n°13) ; « ce mouvement d'expérimentation, c'est aussi quelque chose de positif à ce moment là, » (n°16). Et les adolescents sont vus comme étant capables de rebondir.

    4 Relativement aux sous-cultures et à l'environnement, nous repérons :

    · L'accessibilité du produit (56%) « Le produit est trop facilement accessible » (n°23)

    La communication positive sur les drogues (27%) « Parce que quand on vous promet le paradis, on a envie de, d'y aller quoi, voilà » (n°1)

    Les sous-cultures comme :

    - La sous-culture de la cité (27%) « quand quand je parle du contrat d'apprentissage à certains jeunes ben y me regardent en rigolant " 300 euros par mois mais non mais ça va pas, moi c'est ce que je gagne en une soirée quoi", ben oui » (n°17)

    - La sous-culture « jeune déviant » (11%) « Bien souvent quand on est à la marge, ils ont du mal à s'inscrire dans, dans le monde des adultes » (n°8), « ça fait un petit peu peur d'aller vers l'étranger, euh vers l'employeur qui est un mec un peu bizarre, et qu'est ce qu'il veut, il a pas les mêmes codes que moi. » (n°18),

    - La sous-culture familiale/régionale (44%) « par exemple on a des jeunes qui arrivent des DOM-TOM, euh culturellement leurs rapports avec l'alcool et avec le rhum euh il est assez particulier » (n°10)

    - Les normes du groupe (72%) « Et il faut rentrer un peu dans la norme du groupe et si la norme du groupe c'est prendre des risques, si la norme du groupe c'est de boire, si la norme du groupe c'est de consommer des produits alors, au moins, on va être amenés à le fairei (n°21)

    Ainsi, les conduites addictives seraient liées à l'environnement proche tel que l'accessibilité au produit et la confrontation à la communication positive sur l'usage ; mais aussi en lien avec les normes de la sous culture à laquelle le jeune appartient.

    4 A propos de la société, nous notons :

    La crise/l'individualisme (39%) « c'est bon la religion ça n'existe peu ou très peu, enfin j'dirais moi, pour moi tant mieux mais tout les verrous ou limites, la morale pure, sans même parler de religion,... ben voilà, c'était des choses qui à mon avis étaient plus confortables. Bien ou pas j'en sais rien mais plus confortables. Ils avaient plus ce sens de, du bien et du mal entre guillemets. On est dans une société individualiste » » (n°7) « , là on est en pleine crise, y subissent tous les problèmes sociaux de la société, que la société leur renvoie, » (n°10)

    La société de consommation (16%) « Donc les jeunes y sont comme les adultes hein, y sont consommateurs » (n°5)

    L'évolution selon les époques (27%) « des modes de consommations qui ont aussi évolué dans le temps. » (n°10)

    Ainsi, la société aurait son rôle dans les conduites addictives, de par la situation de crise, l'individualisme et l'incitation à la consommation. Ceci est notamment relevé par l'évolution des usages.

    4 Sur le thème des normes sociétales, nous notons :

    · La médicalisation (22%) « c'est plus facile en fait de donner des médicaments à consommer que d'approfondir les trucs, quand on approfondit les causes du problème ça prend beaucoup de temps et on consacre pas du temps » (n°9)

    · La marginalisation/la stigmatisation (61%) « dans la mentalité de la société en général, on considère qu'un C.A.P si on l'obtient pas c'est qu'on est vraiment, on est à la limite de la débilité. Tandis qu'un bac, c'est mieux. Voilà. Donc les élèves qui préparent des C.A.P, souvent si en plus y réussissent pas quand y préparent leur C.A.P en deux ans c'est que vraiment, c'est foutu pour eux quoi. Y feront jamais rien de leur vie quoi. » (n°9)

    · La légalité/la répression en question (50%) « comme si on ne pouvait y répondre qu'en mettant tous ces gens a l'écart en les considérant comme des délinquants, c'est pas des délinquants, c'est toi et moi, je veux dire c'est des gens même des chefs d'entreprise, des gars réinsérés, ils ont une consommation de produit donc euh, voilà, c'est pas une question de délinquance c'est une question de société maltraîtante et de comment on y répond à ça, quoi. Il faut voir la consommation d'anxiolytiques et d'anti-dépresseurs » (n°13) « disons que c'est tellement courant, ça fait partie, c'est comme manger une glace » (n°7)

    · La subjectivité des normes (39%) « on est toujours sur et convaincu que ce que l'on sait individuellement c'est la panacée, c'est universel » (n°23)

    Ainsi, le regard de la société sur les conduites addictives serait stigmatisant, définissant tantôt l'addiction comme maladie (médicalisation) tantôt comme délinquance lors d'usages illicites. Cependant la laxivité de la répression et la banalisation des conduites sont matière à questionnements. La subjectivité des normes est aussi introduite.

    4 Pour ce qui est de l'interaction entre le jeune et les autres groupes, institutions nous relevons :

    · La rupture (27%) « jeunes en difficulté en rupture sociale, familiale, professionnelle » (n°10)

    · Les adultes (33%) « il faut tout un village pour élever un enfant. » (n°1)

    · La famille, tant dans le cadre que dans la communication (50%) « s'il arrive pas à communiquer en famille, si y se sent pas en sécurité, s'il est pas trop bien parce que chez lui c'est pas génial etc, ben y va se regrouper avec des jeunes avec qui y va avoir des affinités on va dire, qui risquent de le comprendre et de l'aider » (n°9)

    · L'école/le boulot (83%) « au niveau de leur avenir donc si y sont très inquiets par rapport à ça, surtout si par exemple souvent y a les parents qui mettent un peu la barre haute hein c'est-à-dire y a encore le mythe de l'orientation en scientifique où c'est les plus

    intelligents » (n°9)

    · Les pairs et les relations amoureuses (39%) « Des relations affectives, des relations de communications avec ses pairs compliquées » (n°8)

    Ainsi, les ruptures dans l'interaction humaine ou scolaire, ou encore la difficulté d'insertion professionnelle seraient en lien avec les conduites addictives.

    4 En ce qui concerne le contexte individuel, nous avons mis en évidence :

    · L'histoire de vie (56%) « il se passe quelque chose de grave, on a perdu le grand père, et donc on se pose des questions existentielles. Y'a le divorce, y'a ceci cela. Là le gamin, c'est sur le pauvre que ça va être très compliqué pour lui » (n°23)

    · Le soucis de soi (16%) « Après je ne fais pas de mal à mon corps, euh, tu vois, » (n°3)

    · La personnalité (33%) « manque de personnalité, manque de confiance en soi, » (n°18)

    · Les biais (22%) « Où je me sens pas responsable ni de moi même ni des autres, c'est le Mektoub , Inchallah tu sais, rho c'est écrit c'est comme ça » (n°23)

    · Le manque de connaissances (11%) « quelqu'un qu'a compris, qu'est averti, normalement est plus méfiant et tombe moins dans l'addiction que quelqu'un... qui est plus...euh... moins moins averti et surtout qui... à qui on a pas beaucoup expliqué ou qu'a rien compris à ce qu'on lui avait expliqué. » (n°17)

    · La physiologie (16%) « Chaque personne n'accepte pas la drogue de la même façon » (n°12)

    · Le projet de vie (83%) « C'est un jeune, il savait pas quoi faire de sa vie et tous, la plus part, ils sont comme ça » (n°5)

    Ainsi, les variables personnelles seraient en lien avec les conduites addictives ; que ce soit dans la souffrance causée par l'histoire de vie, dans une absence du souci de soi, par des biais, un manque de connaissance ou de projet de vie absent ; ou encore par la personnalité ou la physiologie.

    1.4. Éléments de représentation des consommations

    Ce thème regroupe différents sous-thèmes qui donnent une représentation des produits associés à l'addiction. Nous y retrouvons les produits/sans produits, la classification et la place du produit.

    4 A propos des usages avec produits ou sans produits, nous notons divers éléments :

    Nous distinguerons le fait de citer le produit et le fait de le rencontrer dans sa pratique. Les produits sont cités par 100% des sujets, tandis que les sans produits, le sont pour 83% ; avec

    une majorité pour les nouvelles technologies (77%). Les produits auxquels se retrouvent confrontés les professionnels sont : le shit (100%), l'alcool (78%), le tabac (61%), les jeux/virtuels (44%), les réseaux sociaux, les médicaments et la cocaïne, respectivement (22%) chacun et l'alimentation (11%). On note aussi l'alimentation, le sport, la sexualité et l'addiction comme un mode de vie « moi, les jeunes que je reçois, ils sont addicts aux conneries, ils ont un comportement, comme ça, renvoyés des établissements scolaires, voilà, la moindre connerie c'est pour eux... j'ai pas envie de dire délinquance, mais que des conneries quoi, voilà tout est mis un peu en échec... et je dis addict, parce que ils peuvent pas s'en empêcher, donc ça va durer 2, 3 ans » (n°22a). Et nous observons des poly-consommations (28%) « et souvent les consommations, elles sont liées, ils fument et ils boivent » (n°3)

    Ainsi, le shit, l'alcool, le tabac et les jeux virtuels sont les plus cités. Et les conduites addictives pourraient être vues plus comme un mode de vie à rattacher à l'adolescence.

    4 Pour ce qui est de la classification des usages, nous avons mis en évidence :

    Le prix (22%) « ouais de la bière parce que c'est pas cher, » (n°11)

    La distinction drogue dure/drogue douce (28%) « c'est le shit, et les drogues plus ou moins dures » (n°1)

    La hiérarchie des produits dangereux (33%) « Donc comme je dis toujours: " il vaut mieux être addict du sport, que...". Mais le tricot aussi!! j'veux dire, ben voilà, les grandmères qui tricotent du matin au soir, elles fuient aussi autre chose, elles fuient la solitude, l'ennui, enfin bon. Sauf que ça fait moins de mal de tricoter, si ce n'est d'avoir les doigts un peu crochus, faire trop de sport, ça fait un peu des tendinites, enfin voilà. Les conséquences ne sont pas les mêmes. » (n°7)

    La légalité (33%) « Je vous ai pas parlé de cigarette parce que pour le coup c'est légal. » (n°18)

    La notion de tabou et de banalisation (22%) « alors moi je constaterai beaucoup d'alcool, mais ils en parlent pas... j'ai l'impression qu'ils parlent moins facilement de l'alcool que de, que du pétard, c'est marrant » (n°7) ; « les jeux vidéos c'est plus caché » (n°3) ; « Beh, là pour l'alcool, c'est vrai que pour nous, on a une population, euh, a 90% magrébine, donc pour eux l'alcool ça reste tabou » (n°5)

    Ainsi, les produits sont classés selon le prix, (donc plus ou moins abordables par des jeunes), la différenciation dure/douce, leur risque en terme de dépendance plus ou moins rapide et nocive, leur légalité, leur tabou (l'usage régulier de shit étant moins tabou dans les moeurs que l'alcool ou le jeu vidéo).

    4 Pour ce qui relève de la place du produit dans la consommation, nous remarquons :

    · L'usage (50%) « sûr c'est pas une drogue en soi, ou n'importe quelle drogue, c'est en fonction de la personne et du moment etc, de plein de choses, il ne faut pas non plus tomber, non plus dans le, ça fait pas de mal de boire un verre de vin quoi.» (n°12),

    · L'effet (22%) « peu importe le mélange de produits mais il faut que ça aille vite, il faut

    que ce soit fort » (n°10 ) ; « pour la première fois que j'ai bu un wisky, j'ai jamais vu

    quelqu'un dire :"ohohoh, c'est super bon!". C'est amer, c'est, c'est, c'est agressif » (n°7) Ainsi, l'addiction n'est pas uniquement liée au produit, mais à l'usage que l'on en fait et à l'effet recherché. Nous pourrions alors distinguer ceux qui consomment pour le goût du produit et de façon modérée, de ceux qui consomment pour l'effet et de façon plus excessive.

    1.5. Éléments de la pratique professionnelle

    Ce thème regroupe différents sous-thèmes qui donnent une représentation de la pratique associée aux conduites addictives. Nous y retrouvons le cadre professionnel, l'attitude, les valeurs de la rencontre et le cadre personnel.

    4 A propos du cadre personnel, nous avons mis en évidence :

    · Les missions que ce soit :

    - L'insertion (39%) « Il y a un jeune, on l'a aidé a préparer son Bafa, j'ai appelé la CAF pour savoir si elle pouvait lui prendre en charge... » (n°5)

    - L'éducation (22%) « un peu des adultes tampons, des adultes substituts, qui vont renvoyer aussi une règle » (n°1)

    - L'accompagnement psychologique (39%) « que nous, en tant qu'assistantes sociales, c'est un peu ce qu'on peut prendre comme temps avec les élèves avec lesquels la question se pose, de pouvoir parler un peu autour de cette consommation » (n°13)

    - La santé (33%) « ce que demande comme chiffre l'OMS » (n°23)

    · Le fait de ne pas sortir de ses missions (78%) « Nous, cette problématique on le travaille à la ... Mais après... Chacun a un champ bien précis et on, on, on essaie d'être humble, » (n°8)

    · La difficulté du rôle (17%) « la drogue, je le vois comme vraiment quelque chose de fort et de difficile à soigner. » (n°12)

    4 En ce qui concerne l'attitude, nous avons pointé différents sous-thèmes :

    · Parler d'addiction/aller vers (56%) « Alors j'en parle avec les jeunes et je provoque le débat quand j'anime les ateliers santé, une fois toutes les 3 semaines ça dépend du

    rythme et de ma disponibilité. » (n°21)

    · Faire de la prévention (61%) « à mon niveau du avant, avant qu'il y ait quelque chose qui bascule » (n°1)

    · Faire de l'éducation par les pairs (11%) « surveillez toujours qu'il n'y en ait pas un qui fasse un comas éthylique » (n°3)

    · Faire de la réduction des risques (44%) « ça ne les empêchera peut-être pas de consommer, tous, mais consommer au moins avec un petit truc dans le crâne en disant bon c'est pas top, au moins ça quoi. » (n°7)

    · Adopter une relation d'aide (100%) « ça me préoccupe par rapport à ce qui vous arrive à vous » (n°20) ; « on leur demande, mais pourquoi tu bois, pourquoi tu... »

    (n°3)

    · Faire prendre conscience (56%) « j'essaie de faire réfléchir les gens sur leur comportement vis à vis des utilisations de produits ou de leur comportement addictif » (n°23)

    · Dédramatiser (39%) « ... moi c'est ce que j'lui disais, moi franchement ta consommation ne m'inquiète pas. Parce que je savais que il allait un jour décider de s'arrêter quoi voilà, parce que dans sa façon de me parler, de m'expliquer des trucs, ses projets tout ça je savais que il arrêterait sa consommation quoi. Donc moi je pense que le but c'est de pas dramatiser et ne pas dramatiser et soutenir quoi, mais soutenir en équipe et faire en sorte que l'élève réussisse sa scolarité. » (n°9)

    · Cadrer (39%) « déjà lui rappeler aussi le cadre de fonctionnement et donc qu'il s'est mis en faute » (n°10)

    · S'appuyer sur le réseau (94%) « il faut que j'arrive à trouver, donc là on cherche, hein régulièrement, des activités, des groupes de parole, des endroits où, effectivement, ça peut se jouer avec d'autres adultes, » (n°1)

    · Avoir un discours commun (11%) « une attitude commune quoi, qu'il n'y en ait pas un qui dise un truc et que l'autre dise l'inverse » (n°12)

    · Se questionner sur la confidentialité (44%) « scolaire ici, on fait vraiment attention à la confidentialité, ce que nous disent les élèves n'est pas forcément reporté aux prof » (n°7)

    Ainsi, les modalités d'action face à l'addiction pourraient varier (aller vers, prévention, éducation par les pairs, réduction des risques). La relation d'aide et l'appui sur les équipes semblent être des attitudes primordiales.

    4 Pour ce qui est des valeurs de la rencontre, nous avons relevé comme sousthèmes:

    · La libre adhésion (39%) « Selon le principe de la libre adhésion... Ça, c'est quelque chose qui nous est cher » (n°8)

    · La confiance (33%) « instaure une relation de confiance avec les jeunes pour pouvoir faire un travail avec eux. » (n°18)

    · Le temps de la relation (33%) « Et tout ça, c'est vraiment, toute la relation humaine, elle demande du temps. » (n°1)

    · L'écoute (55%) « ça se passe, pourquoi, comment, l'écoute, l'écoute, l'écoute, » (n°10)

    · La place du Sujet (72%) « Ce qui m'intéresse plus c'est pas forcément le produit, à la place où je suis, c'est le phénomène, l'attitude, ce qui amène. » (n°1)

    4 Concernant le cadre personnel, nous avons mis en évidence :

    · La conception de la vie (17%) « Ça c'est parce que j'ai une notion, conception de la vie qui est celle là, en tout cas, c'est très personnel » (n°1)

    · La différence professionnel/personnel (22%) « Après, c'est pas mes enfants, peut-être que je m'affolerais aussi. » (n°21)

    · L'expérience (72%) « moi je vais leur parler plus par rapport à mon expérience à moi quoi, par rapport à ce que j'ai vécu » (n°5)

    · La cohérence discours comportement (17%) « si nous les adultes on était plus cohérents, moins ambivalents, je pense qu'en tout cas, dans nos messages de prévention, on serait plus performants » (n°23)

    · Le fait de se questionner sur soi (44%) « que, ils ne restent pas sur leur à priori et sur leurs dogmes » (n°10)

    1.6. Éléments sur l'orientation

    Tremplin et le PAEJ sont cités par l'ensemble des professionnels interviewés : « je parles pour les addictions, en général oui on les envoie chez Tremplin. Enfin on les envoie, on leur propose d'aller, on leur propose d'aller. En général ils y vont. Des fois ça met un peu de temps pour qu'y se décident mais en général ils y vont. Ou Centre, euh, Point Écoute Jeunes pardon » (n°9). Le CMP et CAP 48 ainsi que l'Elf, la Villa Floréale, Montperrin sont aussi mentionnés très ponctuellement.

    1.7. Éléments sur le positionnement des parents

    Les attitudes des parents face aux conduites à risque sont diverses : la réduction des risques, le déni, l'inquiétude, la demande d'aide... Les causes de ces attitudes, le sont également : les problèmes personnels ou le fait d'être démuni. Ainsi, des professionnels se sont demandés si l'information était accessible aux parents : « est ce qu'ils savent que ces structures existent, c'est ça c'est la visibilité de ce type de ce job. Est ce que tout le monde sait ? » (n°18)

    1.8. Éléments sur les Attentes

    Ce thème regroupe différents sous-thèmes qui donnent une représentation des attentes associées aux conduites addictives. Nous y retrouvons les attentes auprès des professionnels eux-mêmes (78%), auprès des parents (28%), auprès des jeunes (100%), auprès des politiques (83%), et auprès de la société (33%).

    4 Pour ce qui concerne les attentes auprès des professionnels, nous relevons :

    la formation, que ce soit :

    - Sur les produits (22%) « connaissance technique des produits qui m'a intéressé le plus mais en allant un peu plus loin sur aussi quel produit annule quoi quand on prend tel truc, qu'est-ce qui, qu'est-ce qu'on voit arriver » (n°10)

    - Sur où orienter (33%) « quoi faire de l'élève qu'on suppose ou même qu'on est sûr qu'il est addict. "qu'est ce qu'on en fait, où on l'envoie?" » (n°7)

    - Sur des outils (11%) « avoir les bons outils pour leur parler » (n°5)

    - Sur les représentations des équipes (44%) « Donc nous une formation, oui, mais obligatoire aussi, pour tous les gens qui sont en contact avec des jeunes quoi, même les prof, j'veux dire,» (n°7)

    Le réseau (72%) « on avait mis en place des petits déjeuner avec des professionnels qui venaient, euh dans de la santé, euh donc un professionnel et un conseiller par exemple, qui étaient sur la structure d'accueil et qui discutaient librement autour d'un petit déjeuner » (n°18)

    La supervision (17%) « une supervision, des échanges avec d'autres professionnels qui font la même chose » (n°21)

    Ainsi, les attentes auprès des professionnels se centreraient sur de la formation (les produits et les relais potentiels), de l'échange de pratique, et de l'uniformisation des pratiques d'équipe.

    4 Pour ce qui est de le formation auprès des parents, nous notons :

    La formation (17%) « c'est les parents qui ne sont pas du tout formés, faudrait en même

    temps que la sensibilisation, à la rentrée. » (n°7)

    L'inclusion à la prise en charge du jeune (17%) « tout le monde s'intéressait à son cas mais en fait y a pas eu de... comment dire... de travail d'équipe, pas de travail avec la famille » (n°9)

    4 Quant aux attentes auprès des jeunes, nous relevons :

    Les principes, tels que, pour les plus cités :

    - Ouvrir sur autre chose (50%) « Après c'est, qu'est-ce qu'on propose ailleurs, ha ben c'est des trucs qui vont me détruire, mais en même temps, il y aurait d'autres propositions, je pense qu'ils iraient » (n°1)

    - Créer du lien avec les autres (39%) « En leur donnant la capacité à, à, à être inscrit dans quelque chose parce que bien souvent quand on est à la marge, ils ont du mal à s'inscrire dans, dans le monde des adultes » (n°8)

    - Former/informer sur les addictions (33%) « il faudrait un minimum d'info avec des piqûres de rappel quand même, pas juste les deux heures de SVT, en je ne sais pas combien, en quatrièmei (n°7)

    - Éduquer tôt à prendre une décision (28%) « qu'il faut en discuter bien avant la préadolescence, tu vois, à l'age de raison, vers 8, 8-10 ans il faut commencer ce genre de discussions » (n°23)

    La forme, avec notamment :

    - L'aller-vers (44%) « avec un système avec des pairs, d'actions un peu citoyennes, tutorat, un peu des ...sur de la prév.. sur..., faire en sorte que... se saisir de choses comme ça » (n°20,)

    - Des formes adaptées (28%) « Des lieux qui sont adaptés à la réalité » (n°8)

    - Des formes ludiques/artistiques (28%) « c'est sous un autre aspect, c'est un peu ludique, c'est collectif, on peut se cacher derrière les autres.... voilà, je pense que ça a un gros intérêt aussi mais sur pas mal de sujet, pas que sur l'addiction, sur pas mal de trucs seraient intéressant. De petits débats comme ça!!! .... » (n°7)

    Les outils, tels que :

    - Le théâtre forum, psychodrame... (22%) « du photo langage. Et on y va, on écrit, on parle, on est vivant. » (n°1)

    - Mixer les types de jeunes (17%) « des jeunes qui sont déjà dans cette difficulté là. Pourquoi ne pas leur faire rencontrer des jeunes qui n'y sont pas » (n°1)

    - Le vécu d'un addict (17%) « nous on avait fait se rencontrer des plus vieux et des jeunes, au CFA, des vieux qui expliquaient au jeunes en quoi ça les emmerdait d'être addicts, parce qu'ils avaient des trou de mémoire, qu'ils pouvaient pas dormir sans leur pétard... » (n°22b)

    - Les besoins primaires (11%) « le nombre de jeunes qui ont des problèmes de vue, d'audition, donc voilà je pense que y'a la santé au sens large du terme qui est pas suffisamment prise en compte » (n°20)

    4 A propos des attentes auprès des politiques, nous avons mis en évidence :

    · Les moyens temporels et matériels (67%) « Tout le travail qui peut être fait n'a rien à voir quand on est là depuis longtemps, sur la connaissance du terrain que l'on a, l'histoire du terrain qu'on connaît, le lien avec les gens qui existent, la confiance qui a pu se mettre en place » (n°1)

    · Le fait de donner la parole à « ceux qui sont dedans » (28%) « faire des groupes d'échange avec les jeunes » ( n°22a)

    · Moins d'hypocrisie par rapport aux produits (17%) « enfin l'addiction à la consommation clairement c'est pas culturel, c'est pas naturel, c'est un truc qui est créé, ouais c'est un mécanisme économique pour moi, si tu laisses un produit en vente, tu crée de l'addiction, voilà !» (n°12)

    · La modification de l'organisation de l'éducation nationale (22%) « de souplesse dans les dans les échanges, dans les entrées de partenaires,... dans les dans les établissements scolaires, dans les... surtout dans les établissements scolaires hein. C'est bien beau de faire passer le le code de la route... enfin donner des tas de diplômes mais bon un diplôme de prévention à certaines choses ce serait aussi intéressant j'trouve. » (n°17)

    4 En ce qui concerne les attentes auprès de la société, nous pouvons relever :

    · La place des jeunes (28%) « faire confiance aux jeunes un peu » (n°22b)

    · La législation (11%) « La loi, quand on est dans une consommation qui est aussi générale, euh quotidienne, visible, banalisée,... comme on allume un clope, les gamins allument des joints... c'est que la loi elle est obsolète, quand on la piétine comme ça » (n°13)

    2. Analyse structurale générale

    Après l'étude des liens entre les thèmes pour chaque entretien (Annexe 8), nous pouvons résumer ces liens dans les schémas ci-dessous.

    2.1. Lien entre les différents éléments de la représentation de jeunes et addictions

    On peut schématiser les liens entre les différentes composantes de la représentation sociale de jeunes et addictions ainsi :

    Adolescence

    Environnement /Sous-cultures

    Jeune en souffrance

    Combler / fuir

    Souffrance

    Société

    Contexte

    Interaction

    Individuel

    Usage

    « normal »

    Produit : illégal et risqué

    Se tester

    Créer du lien

    Usage

    « addict »

    Addiction = Usage : Visible, Fréquent, Solitaire, Non géré et Risqué (Biopsycho-social)

    Figure 4 : Organisation de la représentation sociale de l'addiction.

    On remarque que l'usage serait dichotomique : l'usage « normal » et l'usage « addict ». L'usage « normal » serait lié à l'adolescence ou à l'environnement, dans le but de se tester ou de créer du lien. Ce serait un usage associé au festif, au contrôle et au plaisir. Quant à l'usage « addict », il serait lié au contexte, créant de la souffrance. Ainsi le jeune serait représenté comme ayant un mal-être. Et le mécanisme en jeu consisterait à combler cette souffrance. L'usage « addict » serait basé sur une représentation de l'addiction alliant plusieurs critères : la fréquence, l'impuissance, la solitude, la visibilité et les risques associés. La représentation du produit jouerait aussi sur la représentation de l'usage comme addict, si c'est un produit « à risque » et si c'est un produit illégal.

    Et cette différence normal/addict semble également être intégrée par les jeunes « Si d'un coup à une soirée, y'en a un qui se pointe avec de la coke ou commence à s'injecter, j'aimerais voir la réaction des autres autour quoi. Peut-être que là il sera plus comme, ...déviant » (n°21), notamment par rapport au tabou de l'addiction « en collectif, il n'y a personne qui parle de son mal-être, c'est, ouais c'est trop bien les soirées » (n°3). Ce tabou est

    particulièrement mis en avant pour l'alcool « alors moi je constaterais beaucoup d'alcool, mais ils en parlent pas... j'ai l'impression qu'ils parlent moins facilement de l'alcool que de, que du pétard, c'est marrant » (n°7) et les jeux vidéos « les jeux vidéos c'est plus caché » (n°3). On note aussi une peur de la stigmatisation « [Tremplin] qu'est-ce que c'est ? Voilà quelle image ça renvoie ? Est-ce que c'est au vu des autres ? Est-ce que c'est un lieu où on peut aller discrètement ? » (n°11)

    2.1. Lien entre les différents éléments de la représentation de jeunes et addictions et la pratique des professionnels

    On peut schématiser les liens entre les différentes composantes de la représentation sociale de jeunes et addictions et la pratique professionnelle ainsi :

    PREVENTION

    Cadre personnel : Connaissances, expériences

    Attentes auprès des jeunes, des parents et des politiques

    Usage nul ou
    « normal » : géré +
    plaisir + festif

    Demande du jeune

    RS de

    RS du

    RS du

    l'addiction

    produit

    jeune

    Impossibilité

    d'accompagnement ORIENTE

    D'ACCOMPAGNEMENT

    PROPOSITION

    Usage « addict » : fréquent + non géré + seul + mal-être + produit à risque

    Normes groupe

    RS de l'usage
    « normal » vs « déviant »

    Demande
    d'un tiers

    Normes médicales, sociales,
    scolaires, culturelles

    RS du contexte

    Demande du jeune

    Hors compétences/ cadre

    RS Cadre
    Professionnel

    Individuel

    Interaction

    Adolescence

    Attentes auprès des

    professionnels, des politiques

    Société

    Figure 5 : Organisation du lien entre représentation sociale de l'addiction et pratique

    Ainsi, la représentation sociale du contexte influencerait les représentations de l'addiction et les représentations du produit. Nous notons d'ailleurs que les produits les plus cités sont ceux qui sont illégaux (shit) et qui causent des risques pour la santé (alcool : coma éthylique). Le tabac est moins cité (légal et risques à long terme). Le contexte influence aussi la représentation du jeune. Et, ces représentations auraient elle-même un impact sur la représentation de l'usage : « normal » ou « addict ». Enfin, la représentation de l'usage « normal » entraînerait le plus souvent une pratique de prévention tandis qu'une représentation de l'usage comme déviant guiderait la pratique vers une proposition d'accompagnement ou une orientation. Et, ces pratiques seraientt modulée par le cadre personnel, le cadre professionnel et la demande du jeune ou d'un tiers.

    La pratique serait donc liée à cette représentation de l'usage. Ainsi, le professionnel tâcherait de repérer l'usage « addict », « que j'essaie de savoir s'ils le font plutôt en groupe, ou si c'est isolé, si c'est parce qu'il est déprimé ou au contraire parce qu'il est content, ce genre de questions qui va me permettre d'évaluer le risque ou le danger du côté de sa sociabilité, de sa capacité à continuer à avoir une vie d'ado quoi. Voilà ». (n°13) « quand je vois qu'il y a beaucoup d'absences, qu'ils sont fatigués, qu'ils sont mous, pas forcément les yeux rouges, mais les yeux rouges aussi, enfin je me pose maintenant la question: est ce qu'il consomme ou pas? » (n°7) ou de l'objectiver lorsque les jeunes sont envoyés par un tiers « Souvent ils sont adressés en disant, il a un problème, non, non pas forcément, il est pas alcoolique, c'est pas parce qu'il a été, qu'il a bu, qu'il s'est retrouvé à l'hôpital qu'il est alcoolique. Donc c'est à nous de trouver quel est le rapport avec ce produit » (n°22a). Les acteurs de terrain pratiqueraient de la prévention quand l'usage ne pose pas problème « Alors j'en parle avec les jeunes et je provoque le débat quand j'anime les ateliers santé, une fois toutes les 3 semaines ça dépend du rythme et de ma disponibilité. » (n°21). Mais lorsque l'usage est repéré comme « addict », il est proposé un accompagnement, « j'essaie de faire réfléchir les gens sur leur comportement vis a vis des utilisations de produits ou de leur comportement addictif » (n°23) ; « tout notre travail c'est d'essayer de... d'inverser la machine » (n°11) ou une orientation « Et généralement, si c'est vraiment un problème d'addiction et que y'a cette demande, je vais l'orienter vers Tremplin ou voilà, vers un partenaire pour ça. » (n°21).

    Le cadre professionnel jouerait aussi sur la pratique au niveau de la liberté d'action «[l'usage] tant que ça empiète pas sur la sphère dans laquelle on se rencontre avec le jeune, à savoir la vie professionnelle, dans la citoyenneté, voilà, l'intégration, l'insertion pour être plus

    précis » (n°18 ), des compétences « je vais pas plus loin, parce que je suis pas formée pour ça, » (n°1), et des missions « après, on est pas un service pour ça non plus » (n°3).

    Le cadre personnel ainsi que l'expérience joueraient aussi un rôle dans le lien entre pratique et représentation. « Quand on dit quelque chose, on le dit à la lumière d'un, certainement de l'observation. Les observations qui sont... Sur le temps d'une expérience, » (n°8) ; « Mais c'est vrai que l'inconnu fait peur aussi, donc c'est vrai que l'héroïne ça peux faire super peur quand même pour le coup. Que mon petit fils me dit qu'il consomme de l'héro hé ben je me dit dans trois mois il va faire mon sac » (n°18).

    La demande du jeune influerait également sur la pratique « On va pas partir de la demande de la personne, il faut travailler... L'histoire, l'histoire, l'histoire familiale, l'histoire personnelle, une demande personnelle. Euh... Histoire de la demande » (n°8) ; « il voulait arrêter une consommation de shit qui était quand même importante et qui lui avait coûté pas mal de déboires, c'est clair que ce jeune se retrouve dans une situation où il lutte contre luimême à longueur de journée, c'est très difficile, parce qu'il ne faut pas rêver, ça a un effet aussi apaisant, désangoissant... Lui, je l'ai orienté vers le CMP de la Torse » (n°13)

    Les attentes seraient aussi liées aux représentations et aux pratiques. Ainsi l'impossibilité d'accompagnement dans la pratique entraîne des attentes auprès des professionnels « Oui parce qu'à part Tremplin qu'est-ce qu'on trouve? Concernant les addictions? Sur Aix? » (n°9) ; « serait une aide immédiate, enfin une aide dont j'aurais besoin peut-être là oui, effectivement, pour que, passer le relais » (n°1), auprès des politiques « on aimerait développer quelque chose mais c'est une organisation, on a pas trouvé encore comment s'organiser » (n°3), ou auprès de l'éducation nationale « De souplesse dans les dans les échanges, dans les entrées de partenaires,... dans les, dans les établissements scolaires, dans les... surtout dans les établissements scolaires hein. C'est bien beau de faire passer le.. le code de la route... enfin donner des tas de diplômes mais bon un diplôme de prévention à certaines choses se serait aussi intéressant j'trouve. » (n°17). Pare ailleurs, la représentation du contexte influencerait les attentes, notamment auprès des jeunes « de prévention oui chez les tout petits, le prendre très, très tôt » (n°11) « En leur donnant la capacité à, à, à être inscrit dans quelque chose parce que bien souvent quand on est à la marge, ils ont du mal à s'inscrire dans , dans le monde des adultes » (n°8), auprès des parents « qu'on arrive à travailler au

    niveau d'un parent, au niveau des parents » (n°1) ou auprès de la société « qu'on parle des jeunes, pas forcément les conduites addictives » (n°22a).

    3. Implication des caractéristiques sociodémographiques

    Selon le lien pratique/représentations et les caractéristiques sociodémographiques, nous distinguons 3 catégories de professionnels : les acteurs de prévention, les professionnels relais et les professionnels de l'accompagnement.

    3.1. Catégorie 1 : Les professionnels acteurs de prévention

    Cette catégorie représente les entretiens 1, 3, 5, 4 et 23.1

    Elle est caractérisée par la rencontre de jeunes, principalement en intervention collective. Les professionnels font de la prévention primaire ou secondaire « les filles, vous avez une mission là. Par rapport au comportement d'abruti de nous les garçons, parce que nous faut qu'on fasse les beaux, les coqs, ben c'est à vous de nous, peut-être plus nous .... .de nous cadrer, temps en temps un peu de nous casser, parce que ça permet de nous faire réfléchir quand on fait un peu trop les coqs et qu'on prend un peu trop de risques » (n°23) et orientent peu individuellement, mais donnent des informations collectives « nous ce qu'on aimerait c'est que celui qui est dans le mal-être, il trouve, il ait vraiment toutes les cartes en main pour pouvoir essayer de se soigner quoi » (n°3). Ils sont principalement animateurs de formation. Le public jeune n'est pas forcément en difficulté « Je reçois des classes, avec leurs professeurs » (n°3), ni consommateur « Je vous dit, je suis pas confrontée à la consommation forcément, parce que moi j'ai des enfants plus jeunes, des enfants qui n'y vont pas » (n°1).

    3.2. Catégorie 2 : Les professionnels relais

    Cette catégorie représente les entretiens 2b, 6, 7, 10, 12, 17, 18, 19 et 20.

    Elle est caractérisée par la rencontre de jeunes principalement en intervention collective et individuelle « quand ils m'en parlent que ce soit dans le cadre des groupes de paroles sur l'atelier santé thématique, mono-thématique ou multi-thématique ou dans le cadre des entretiens » (n°20). Le suivi des jeunes est régulier, voir quotidien « on va vivre un temps de vie avec eux, le temps de leur séjour chez nous» (n°10) ; ceci dans un cadre d'accompagnement à l'insertion/la scolarité (sous-thème missions)2 « l'accompagnement, c'est de la gestion d'équipe et du suivi de projet quoi, ça n'a rien à voir avec de l'éducatif, »

    1 Nous avons représenté par un code couleur les secteurs auxquels sont associés les entretiens (rose/orange : insertionsocial ; vert : sanitaire/psychologique, bleu : éducation nationale). Ce code couleur est repris dans le tableau d'analyse thématique (annexe 8). Il en est de même pour les codes couleur des sous-thèmes.

    2 Nous avons cité entre parenthèse les sous-thèmes dans lesquels, quantitativement, la catégorie de professionnels était fortement représentée. Par exemple, le sous-thème « empiète ou pas sur le cadre de travail » est exclusivement cité par les professionnels de la catégorie 2.

    (n°12). L'usage à risque est incompatible avec la pratique professionnelle (sous-thème empiète ou pas sur le cadre de travail) « tant que ça empiète pas sur la sphère dans laquelle on se rencontre avec le jeune, à savoir la vie professionnelle, dans la citoyenneté, voilà, l'intégration, l'insertion pour être plus précis » (n°18) ; « ... tous les midis ils allaient au bar à chicha et l'après-midi, ils suivaient plus» (n°17). Le public jeune rencontré présente des difficultés « j'en ai quand même vu au moins quatre ou cinq qui ne sont pas bien, ce n'est pas juste la crise d'adolescence où ils se cherchent, non, ils sont pas bien » (n°7) ; « on a quand même des gens qui sont fragilisés quand ils viennent ici » (n°10). Les professionnels repèrent la pratique (sous-thème visible, sous-thème comportement) et orientent « qu'on arrive des fois à déceler des comportements à risque et donc à travailler dessus après, de manière individuelle en tentant d'orienter sur des gens qui ont plus de compétences sur le sujet que nous » (n°10). Il pensent qu'il serait intéressant de former les équipes à la question de l'addiction.

    3.2. Catégorie 3 : Les professionnels de l'accompagnement

    Cette catégorie représente les entretiens 2a, 8, 9, 11, 13, 14, 15, 16, 21, 22a, 22b.

    Elle est caractérisée par la rencontre de jeunes principalement en entretien individuel, ceci dans un cadre de mission psychologique/santé (sous-thème missions). Le jeune a été orienté ou vient de sa propre initiative pour être accompagné « des jeunes qui viennent parce que l'école ou les parents, ou des adultes autour d'eux, s'interrogent sur certaines consommations qu'ils ont» (n°16), ou pour dédramatiser le problème (sous-thème dédramatiser). Le public jeune est rencontré pour ses difficultés et l'usage à risque fait partie de la pratique professionnelle. « moi, les jeunes que je reçois, ils sont addicts aux conneries, ils ont un comportement, comme ça, renvoyés des établissements scolaires, voilà, la moindre connerie c'est pour eux... j'ai pas envie de dire délinquance, mais que des conneries quoi, voilà tout est mis un peu en échec... et je dis addict, parce que ils peuvent pas s'en empêcher, » (n°22a). L'orientation se fait à la demande du jeune ou lorsque la dépendance physiologique est trop présente « Et généralement, si c'est vraiment un problème d'addiction et que y'a cette demande, je vais l'orienter vers Tremplin ou voilà, vers un partenaire pour ça » (n°21). La place des jeunes (sous-thèmes place des jeunes et législation) et la stigmatisation de la conduite addictive sont questionnées (sous-thème continuum) « sortir de l'étiquette addiction, pour aller sur autre chose» (n°22b). Le niveau de connaissance des professionnels sur les addictions est « bon ».

    Discussion

    1. Résumé des résultats

    Au niveau descriptif, on distingue donc l'usage simple de l'addiction sur ces différents critères. L'addiction est assimilée à une utilisation fréquente, solitaire, non contrôlée, avec une souffrance sous jacente et qui présente des risques pour la santé. Une addiction serait un mécanisme d'adaptation raté (cependant humain) à la souffrance mais réversible. Ainsi, elle nécessite de l'aide. De plus, elle est le résultat du croisement de différents facteurs. Le jeune serait catégorisé selon sa souffrance et sa volonté dans la démarche d'accompagnement. Concernant le contexte, les conduites addictives seraient en lien avec la société actuelle et ses normes, mais aussi avec les sous cultures et leurs normes, également avec les interactions avec les autres individus, les variables personnelles et la période adolescente. Cette dernière, contrairement aux autres facteurs, est considérée comme un contexte assez positif. Les usages les plus cités sont le shit, l'alcool, le tabac et les jeux virtuels. Les conduites addictives pourraient être vues plus comme un mode de vie à rattacher à l'adolescence, qu'une véritable addiction. Les produits sont classés selon le prix, leur risque en terme de dépendance plus ou moins rapide et nocive, leur légalité, leur tabou (l'usage régulier de shit étant moins tabou dans les moeurs que l'alcool ou le jeu vidéo). On pourrait également distinguer ceux qui consomment pour le goût du produit, de façon modérée et ceux qui consomment pour l'effet, de façon plus excessive. La pratique serait dépendante du cadre professionnel, du cadre personnel, et l'attitude prédominante serait la relation d'aide et l'appui sur le réseau. La question se pose de l'accessibilité des informations pour les parents. Enfin, les attentes se dirigent sur les jeunes, les politiques, les professionnels, la société et les parents.

    Au niveau structural, on note que l'usage est scindé en deux, l'usage « normal » et l'usage « addict ». L'usage « normal » est associé au contexte adolescent et environnement/culture. Il a pour but de se tester et/ou de créer du lien. C'est une consommation modérée, dans la recherche de plaisir et associée au contexte festif. L'usage « addict », quant à lui, est lié à la souffrance créée par le contexte, entraînant un mécanisme qui vise à combler ce mal-être. Ainsi, l'usage « addict » est associé à la fréquence, la solitude, l'impuissance, le risque et la visibilité. Nous avons aussi vu que la pratique des acteurs de terrain (prévention, accompagnement, orientation) est étroitement liée aux représentations sociales de l'usage. L'usage « addict » étant vu comme signe visible de mal-être, il est recherché et entraîne une proposition d'accompagnement ou d'orientation. Si l'usage n'est pas repéré comme « addict »,

    on observe une pratique de prévention. La pratique est également liée à la représentation du cadre professionnel et personnel ainsi qu'à la demande du jeune.

    Au niveau du lien avec les caractéristiques socio-démographiques, nous avons dégagé trois profils de professionnels : les acteurs de prévention, les professionnels relais et les professionnels de l'accompagnement.

    2. Résultats face aux hypothèses

    L'hypothèse selon laquelle le secteur de travail aurait une influence sur le lien entre pratique et représentations est partiellement vérifiée. En effet, aucune des catégories de professionnels n'est exclusivement constituée d'un secteur. Cependant, certains secteurs sont plus ou moins représentés dans les catégories. Ainsi, dans la catégorie des acteurs de prévention, on rencontre beaucoup d'acteurs du secteur social/insertion ; dans la catégorie des professionnels relais, on retrouve uniquement le secteur éducation nationale et social/insertion. Et enfin, quasiment tous les acteurs du sanitaire/psychologique sont inclus dans la catégorie professionnels de l'accompagnement.

    Pour l'hypothèse selon laquelle la profession entrerait en compte dans le lien représentation sociale/pratique, elle est elle aussi partiellement vérifiée. En effet, les psychologues, éducateurs/éducatrices, et infirmières se retrouvent tous dans la catégorie professionnels de l'accompagnement, et les animateurs dans la catégorie acteurs de prévention. Mais ces catégories ne sont pas exclusivement composées de ces professions.

    On ajoute d'ailleurs à ce constat qu'il serait intéressant de revoir la classification initiale des secteurs, en différenciant le social de l'insertion car on constate des différences dans les catégories de professionnels. Ainsi, les professionnels de l'insertion se retrouvent exclusivement dans la catégorie professionnels relais, tandis que ceux du secteur social sont inclus majoritairement dans la catégorie acteurs de prévention.

    3. Discussion des résultats

    On remarque que les représentations sociales des acteurs de terrain sont en cohérence avec les théories de divers auteurs étudiés dans la première partie de ce mémoire. Les résultats obtenus sur l'organisation de la représentation sociale de l'addiction chez les jeunes vont dans le sens des résultats sur le « bien boire » (Lo Monaco, Gaussot, & Guimelli, 2009) et le « bien

    fumer » (Apostolidis & Dany, 2012). La perception du jeune comme addict se construit de manière conditionnelle en fonction des modes et contextes d'usage (fréquent/occasionnel, festif/solitaire, souffrance/plaisir), aboutissant à un usage « normal » que l'on pourrait appeler le « bien consommer », et un usage « addict ». « De façon analogue avec ce qui a déjà été mis en évidence au sujet de l'alcool dans la société Française, le « bien-fumer » apparaît comme une norme de conduite à laquelle déroge celui qui fume trop et/ou seul, passant ainsi de statut de quelqu'un de convivial à celui de drogué potentiel. » (Apostolidis et Dany, 2012, p.9). On retrouve, en outre, dans la représentation sociale de l'addiction les éléments du système constitutif de la déviance (systèmes social, contexte politique, sujet : jeunes, groupe d'appartenance, agents sociaux : professionnels de terrain, autres groupes) (Becker, 1963, cité par Abric, 1996).

    A propos du lien entre représentations sociales et pratiques, nous avons mis en évidence l'existence de pratiques diverses, variant selon que l'usage serait perçu comme « addict » ou non. Et on note que l'attribution de la conduite à des critères externes (la fête, les pairs, l'adolescence) ou des critères internes (souffrance) entraîne des pratiques différentes. « La consommation d'une personne en contexte de consommation de groupe serait davantage expliquée par des caractéristiques situationnelles orientées sur un registre positif jouant dans la déculpabilisation du consommateur. » (Lo Monaco, Gaussot, & Guimelli, 2009, p.487). Les critères internes étant repérés comme plus inquiétants et risqués, ils entraînement le plus souvent la proposition d'accompagnement ou d'orientation, tandis que les critères externes induisent une pratique de prévention. Cela renvoie également à l'étude de Truchot (1994, cité par Abric 1996) sur la représentation de l'aide sociale : « les travailleurs sociaux ont recours soit à l'attribution externe (sociale), soit à l'attribution interne (individualiste), selon les différentes solutions auxquelles ils sont confrontés. Cette prise de position (interne ou externe) fonctionnant comme un moyen de définir ceux qui doivent bénéficier de l'aide sociale. » (p.143). Mais cela va aussi dans le sens de l'étude de Guimelli (1996) sur les pratiques des policiers. Une représentation sociale du délinquant centrée sur des déterminants internes entraîne la répression tandis qu'une représentation sociale centrée sur des déterminants externes engendre une pratique de prévention.

    Enfin, pour ce qui est des pratiques des professionnels, nous avons vu qu'elles étaient partiellement influencées par le métier et le secteur professionnel mais aussi par l'expérience personnelle, le niveau de connaissance et la place donnée aux addictions dans leurs missions.

    Ceci pourrait être rapproché de la notion de « distance à l'objet » (Abric, 2001; Dany & Abric, 2007, p.79) « La distance à l'objet permet d'envisager le rapport à l'objet à travers une élaboration composite qui prend en compte diverses dimensions signifiantes du lien à l'objet : la connaissance plus ou moins grande de l'objet, l'implication du groupe par rapport à cet objet et le niveau de pratique de l'objet. La connaissance renvoie à la plus ou moins bonne identification de l'objet par les individus. L'implication peut s'apparenter au niveau auquel l'individu peut avoir rapport à - se sentir concerné par - l'objet ou encore son positionnement sur un axe «observateurs» / « acteurs» vis-à-vis de l'objet. Enfin, le niveau de pratique concerne le type de pratique (apparenté ici à des comportements) entretenu avec l'objet. ». Nous pensons aussi à l'importance de l'émotion et des expériences passées. Selon Damasio (2004, cité par Channouf, 2006), dans les décisions importantes, la raison est assistée par les processus émotionnels qui exploitent les informations tirées des évènements passés. Jodelet (2006), parle de relation dialectique entre vécus, expériences et représentations sociales.

    Limites et perspectives

    « Le psychologue est conscient des nécessaires limites de son travail. » (Code de déontologie des psychologues, 2012)

    Au niveau des limites méthodologiques, concernant la constitution de notre échantillon, il a été réalisé par la méthode « boule de neige », en partant de listings de TREMPLIN, ou du PAEJ. Ainsi, les personnes rencontrées connaissaient ces deux structures. Nous avons donc touché un type de professionnels déjà en réseau. De plus en interrogeant les professionnels en lien avec les jeunes, nous touchons une certaine catégorie de jeunes. Ainsi comme le dit Bergeron (2009), nous n'avons pas accès aux « populations cachées » (p.27), mais seulement à ceux qui sont en lien avec ces travailleurs. Ensuite, les catégories pré-établies de secteurs : sanitaire/psychologique, insertion/social, éducation nationale et judiciaire pourraient être revues notamment pour la catégorie insertion/social, scindée en insertion et social. Enfin, nous n'avons pas eu de représentants du secteur judiciaire. Pour ce qui est du nombre d'entretiens, il est assez faible. A propos de la passation, je me suis présentée comme stagiaire à TREMPLIN, en partenariat avec l'ASV, il aurait peut-être été intéressant de se présenter autrement. « En effet, Lo Monaco et al. (2009) montrent que l'alcool est associé à la mauvaise santé mais cela uniquement face à un acteur déclarant intervenir au nom du "centre d'étude des toxicomanies alcooliques de Marseille" et lorsque le sujet est amené à répondre en son nom propre. Par contraste, lorsque l'enquêteur se présente comme un pair (l'étude était menée auprès d'étudiants), un discours beaucoup plus authentique apparaît et la référence aux aspects négatifs de l'alcool disparaît complètement. » (Lo Monaco, Gaussot, & Guimelli, 2009, p.489). Par ailleurs, les conditions de production du discours n'ont pas été les mêmes pour tous les entretiens. En effet, j'ai notamment réalisé deux entretiens avec un binôme de professionnels, le cadre était donc différent d'un entretien individuel.

    Dans une perspective de triangulation théorique, il serait intéressant de traiter aussi de l'identité professionnelle (pourquoi pas en les questionnant sur la représentation de leur métier et de leur rôle), ou encore de la distance à l'objet (entre autre, en ajoutant au guide d'entretien, une question sur les consommations des professionnels).

    Dans une perspective de triangulation des données, il serait souhaitable d'interroger les jeunes sur leurs représentations des conduites addictives afin de pouvoir croiser les résultats

    avec ceux des professionnels. Nous pourrions également répéter cette recherche avec d'autres acteurs de terrain que ceux interrogés pour avoir une plus grande représentativité.

    Dans une perspective de triangulation méthodologique, le traitement des données pourrait s'effectuer avec le logiciel Alceste® afin d'appréhender plus précisément les différences de représentations sociales selon les caractéristiques socio-démographiques.

    Préconisations

    1. Formes d'approches

    1.1. Travailler sur les représentations sociales des professionnels et des

    parents

    Il semble intéressant de travailler sur les représentations sociales des professionnels, notamment sur les produits et le contexte (par exemple le tabac n'est pas vu comme une addiction pour tous ; la fête n'est pas vue comme dangereuse pour la plupart). Il paraît aussi judicieux de pouvoir travailler sur les représentations sociales des parents sur l'addiction. Nous avons aussi relevé différentes catégories de professionnels ayant des représentations et pratiques différentes dont il faudrait tenir compte.

    1.2. Créer du lien social

    Comme le suggèrent certains professionnels ainsi que Bergeron (2009), il semble aussi intéressant de pouvoir mettre les jeunes en lien avec d'autres jeunes ayant une « sous-culture » différente de la leur, et d'avoir d'autres attachements, et ainsi pouvoir vivre d'autres expériences que la consommation pour se tester.

    1.3. Approche communautaire et holistique

    Nous avons constaté aussi que pour certains professionnels, l'addiction comme déviance est remise en question du fait de la banalisation des consommations et de la critique de la médicalisation de l'existence (Peretti-Watel, 2004 ; Gori, 2006 ; Peretti-wattel & Moatti, 2009), proposant ainsi une approche plus globale du jeune. Il pourrait donc être intéressant de se baser sur une approche plus communautaire et holistique. Ainsi le travail serait plus orienté sur l'éducation par les pairs par exemple, en rendant le sujet acteur de changement (Bach, Galli & Lebourdais, 2009), et l'organisation des actions serait plus générale autour du jeune, et non ciblée sur les addictions.

    Ainsi, il faudrait agir sur différents type de déterminants : cognitifs (diffusion d'informations...), sanitaires (offre de soins, prise en charge, mode d'accès...), psychosociaux (compétences, identité, aspirations...), socio-économiques (insertion sociale, conditions de vie...).

    2. Modalités pratiques

    2.1. Rendre les informations claires et accessibles

    Nous avons aussi relevé que les missions et rôles des différents acteurs spécialisés sur la thématique des jeunes et des addictions n'étaient pas clairs pour l'ensemble des professionnels non spécialisés. (Par exemple, la possibilité d'orienter sur TREMPLIN pour une dépendance au tabac, ou pas). Il semblerait intéressant de créer un outil de présentation des acteurs spécialistes de la question des addictions et des jeunes : qui reçoit les jeunes ? Pour quels motifs et dans quel cadre de prise en charge ? etc... Cela pourrait se concevoir sous la forme d'un livret, un espace consultable sur le site Internet de la mairie d'Aix en Provence... Mais dans la forme de présentation, il serait intéressant de ne pas axer uniquement sur la thématique risque et addiction mais plus sur l'accompagnement global des jeunes et y inclure l'accompagnement par thématiques (dont l'addiction, parmi d'autres).

    Il a aussi été mentionné par les professionnels, que « on oriente plus facilement sur une personne que sur une structure ». Ainsi, il semblerait judicieux de pouvoir présenter ces différentes informations aux professionnels non spécialisés, afin qu'ils identifient les personnes relais. En outre, il paraît aussi important de présenter ces informations aux parents.

    2.2. Former, informer sur les addictions

    Plusieurs actions de formations, informations sont déjà en place auprès des jeunes. Il serait intéressant de les prolonger, notamment dans une approche informelle (stands, petits déjeuners...) et d'éducation par les pairs. Il semblerait aussi judicieux de pouvoir former les parents et les professionnels.

    2.3. Dégager du temps et des moyens

    Comme nous l'avons vu dans les attentes des professionnels, ce n'est pas toujours une question de volonté, mais plus souvent une question de temps et de moyens qui empêche la prise en compte de la thématique addiction. Ainsi, il serait intéressant de pouvoir dégager du temps scolaire au niveau des jeunes pour aborder cette question. Mais aussi trouver du temps professionnel, auprès des acteurs de terrain, pour qu'ils puissent échanger, s'informer et se former.

    Nous avons aussi noté que les moyens manquaient à certains acteurs de terrain. Il pourrait donc être intéressant de mutualiser les moyens disponibles auprès d'autres professionnels.

    2.4. Donner des expériences à vivre aux jeunes

    Nous avons relevé que l'alternative aux consommations pouvait se trouver dans le vécu d'autres situations. Ainsi, proposer des activités socio-culturelles aux jeunes (à tarifs accessibles) pourrait être une alternative intéressante : sport (rafting, escalade, karting, ...), art, informatique... De plus ceci permettrait d'encadrer des pratiques jugées parfois à risque : sports, nouvelles technologies... Il est à préciser que certains professionnels pointent l'importance de rendre le jeune acteur et donc de proposer ces activités sous forme de projet élaborés par les jeunes eux-mêmes.

    2.5. Organiser des temps de rencontres mixtes

    Nous avons vu qu'il serait intéressant de travailler sur les représentations sociales et de créer plus de lien entre les différents Sujets : parents, jeunes, professionnels spécialisés et non spécialisés. Ainsi, il pourrait être pertinent d'organiser des rencontres (plus ou moins informelles) entre professionnels spécialistes et non spécialistes. Mais aussi, l'organisation de rencontres débats entre : jeunes, différentes catégories de professionnels (spécialistes et non spécialistes) et parents, pourrait être une action envisageable, qui permettrait de combiner ces deux concepts (liens et représentations sociales).

    3. Poursuivre la recherche

    Nous avons mis en évidence dans cette enquête que les représentations sociales étaient subjectives et qu'elles dépendaient de nombreux facteurs individuels, interindividuels, positionnels et idéologiques (Doise, 1982). Ainsi, il semblerait intéressant de pouvoir poursuivre la recherche, en interrogeant notamment les jeunes et les parents sur leurs pratiques et représentations sociales.

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    Tisseron, S. et Gravillon, I. (2008). Qui a peur des jeux vidéo ?, Paris : Albin Michel.

    lossaire

    ADDAP: Association Départementale pour le Développement des Actions de Prévention ANPAA : Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie

    ASV : Atelier Santé Ville

    BIJ: Bureau Information Jeunesse

    CAARUD: Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des Risques pour Usagers de

    Drogues

    CASPA: Centres de Soins d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie CFA: Centre de Formation des Apprentis

    CIM - 10 : Classification internationale des Maladies (10e édition)

    CIRDD PACA : Centre d'Information Régional sur les Drogues et les Dépendances CMP: Centre Médico Psychologique

    DSM - IV : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (4e édition) MGI: Mission Générale d'insertion

    MILDT : Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie PAEJ : Point Accueil Écoute Jeunes

    PJJ: Protection Judiciaire de la Jeunesse

    PRSP : Plan Régional de Santé Publique

    RAAP : Réseau Adultes-Acteurs de Prévention conduites à risque des jeunes

    Annexes

    Annexe 1 : Cahier des charges projet

    Cahier des charges projet RAAP politique de la ville - Document de travail

    La présente convention présente les modalités de mise en oeuvre opérationnelles de l'action « RESEAU ADULTES - ACTEURS DE PREVENTION CONDUITES A RISQUES DES JEUNES » dans le cadre du Contrat Urbain de Cohésion Sociale de la ville d'Aix-en-Provence, année 2011.

    Les modalités financières du projet seront consignées par notification au promoteur de l'action, après validation de celle-ci en comité de pilotage.

    I) Contexte.

    En termes de santé publique, les conduites à risques, et en particulier les conduites addictives, sont responsables d'une partie importante de mortalité prématurée et de morbidité dans la population. La consommation de tabac, d'alcool, de substances illicites sont des comportements individuels morbides qui peuvent être corrigés. Néanmoins, la population n'a pas toujours une conscience personnelle de la gravité de ces comportements et de leurs conséquences. Les représentations du risque sont diverses et ne correspondent pas toujours aux messages de prévention diffusés par les autorités publiques.

    La prévention des conduites addictives est également au coeur du dispositif départemental et local de Prévention de la Délinquance développé dans le cadre de la Politique de la Ville, pour la lutte contre la consommation d'alcool et de stupéfiants, et le trafic de substances illicites. De actions prioritaires telles que les interventions MILDT en milieu scolaire, le développement d'actions de prévention pour les jeunes en difficulté, le soutien à la parentalité, ont été mises en place au niveau local, et les diagnostics locaux des Contrats Locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance, notamment celui d'Aix-en-Provence, permettront d'en affiner les objectifs.

    Face à ce phénomène problématique et complexe, les services sanitaires de l'Etat ont développé des outils de prévention et prise en charge des personnes présentant un comportement addictifs, dont le plus récemment abouti est le Centre de Soin, d'Accompagnement et de Prévention

    des Addictions (CSAPA). Sur Aix-en-Provence, il existe trois CSAPA, travaillant de façon complémentaire, portés par : ANPAA 13, le Centre Hospitalier Montperrin (Fédération Soins Toxicomanes), et Tremplin. L'association Tremplin intervient sur le territoire Aixois dans le champ du soin et de la prévention des addictions. Elle gère le CSAPA « Le cairn » qui offre un service d'accueil et de prise en charge sanitaire, sociale et psychologique dans le cadre du dispositif de droit commun. Dans ce cadre, l'association a vocation à développer des actions visant à « aller vers » les populations les plus éloignées socialement ou géographiquement pour en faciliter l'accès. La structure possède également un centre de ressources et d'information sur les addictions à destination des jeunes, des parents et des professionnels, appelé « Tremplin de Doc ». Enfin Tremplin intervient comme animateur local du « programme départemental de prévention des conduites addictives en milieu scolaire » co-piloté par la MILDT et l'Inspection Académique et intervient auprès des établissements scolaires du secondaire d'Aix.

    Les missions de Tremplin sont articulées à celles des autres acteurs de prévention qui agissent en direction des jeunes Aixois, notamment l'ADDAP 13 et le Point Accueil Ecoute Jeunes (PAEJ). Ce dernier développe depuis 2009 un réseau d'éducation à la santé avec les centres sociaux et équipements de proximité de la ville accueillant le public jeune des quartiers prioritaires. Les interventions consistent en l'animation d'un groupe régulier d'échange et de réflexion avec les référents jeunes, et de mises en place progressive d'actions vers les jeunes fréquentant les structures, de façon directe par le PAEJ ou en faisant appel à des partenaires spécialisés lorsque le besoin le justifie. Le réseau d'éducation à la santé du PAEJ contribue ainsi à une meilleure connaissance et identification des structures ressources concernant la santé des jeunes sur le territoire.

    Dans le cadre des objectifs définis pas l'Atelier Santé Ville d'Aix-enProvence, il est souhaitable que, pour la thématique addictions comme pour les autres grandes thématiques de santé publique touchant particulièrement les jeunes, les actions impliquant plusieurs organismes compétents différents soient menées de façon coordonnées et partagées afin de garantir une cohérence dans le service rendu à la population. C'est pourquoi l'association Tremplin et le PAEJ seront partenaires et co-animateurs, dans des proportions définies ci-après, de l'action mentionnée dans le présent cahier des charges.

    II) Objet de la mission

    Afin d'alimenter et de préciser les éléments du diagnostic local de sécurité et de prévention de la délinquance, ainsi que le diagnostic de l'Atelier Santé ville, il est nécessaire de consulter les acteurs de proximité en charge de la population jeune du territoire, sur leurs représentations de la situation, leurs besoins et leurs attentes en terme de prévention des conduites à risques. L'accent sera particulièrement mis sur les comportements addictifs : alcool, tabac, substances illicites, mais également les « nouvelles » addictions dites « sans produits », telles que l'addiction au jeu et aux nouvelles technologies.

    L'état des lieux qui sera établi à partir de l'action permettra d'améliorer la connaissance du phénomène au niveau communal. Il pourra être utilisé dans le cadre de l'écriture d'un plan local d'action de prévention des addictions.

    Dans le même temps, l'action permettra de qualifier et outiller les acteurs de proximité pour le repérage des conduites addictives, le positionnement par rapport au jeune consommateur, et l'orientation vers les structures spécialisées. Cette démarche sera facilitée par la mise en place d'un véritable réseau d'échange et de réflexion spécifique, alimenté par des rencontres régulières.

    III) Contenu de la mission 1) Mise en Place d'un groupe d'échange de pratique mensuel.

    Il s'agit d'une rencontre régulière organisée tous les mois chez l'un des partenaires du réseau, pour développer une démarche d'échange, de réflexion et d'analyse des situations vécues avec le public. Ce groupe sera animé en binôme par le PAEJ (une psychologue) et Tremplin (éducateur ou psychologue selon les groupes), afin de s'inscrire dans la dynamique de la démarche de réseau d'éducation à la santé du PAEJ vers les centres sociaux et équipements de proximité de la ville.

    Ces rencontres seront destinées aux professionnels de proximité non spécialistes de la question des addictions et oeuvrant auprès du public jeune scolaire et non-scolaire. Une liste de participants sera fixée en début de programme et pourra évoluer selon les problématiques et situations étudiées par le groupe, afin d'obtenir par exemple des relais ou contacts complémentaires.

    Lors de ces rencontres, les professionnels de Tremplin et du PAEJ pourront être interpellés sur des situations nécessitant un accompagnement ou un soin, spécialisé ou non, et des orientations pourront être effectuées vers les opérateurs pertinents.

    2) Diagnostic

    L'association Tremplin réalisera le recueil des représentations, besoins et attentes des professionnels du territoire par entretien individuel ou retours d'expériences exprimés en groupe ou en individuel. Les données recueillies seront compilées dans un rapport diagnostique qui comprendra les parties suivantes :

    - Méthodologie d'enquête.

    - Données qualitatives

    - Analyse ?

    - Préconisations ?

    Le nombre de personne consultés sera approximativement de personnes.

    La structure sera particulièrement attentive à répondre dans la mesure du possible aux interrogations suivantes :

    - Quel est le type d'addictions qui concerne le public cible ?

    - Quels en sont les mécanismes d'enclenchement ?

    - Quel est le positionnement des parents par rapport aux comportements addictifs ? - Comment réagit un professionnel de proximité face à un jeune consommateur ?

    - Ce professionnel a-t-il besoin de soutien et le cas échéant sous quelle forme ?

    - Est-il possible de mettre en place des actions collectives ou individuelles de prévention dans les centres sociaux et le cas échéant sous quelle(s) forme(s)?

    L'association Tremplin pourra s'appuyer dans la rédaction de ce document aux éléments partagés avec le PAEJ lors de l'action.

    3) Qualification des membres du réseau sur les conduites addictives

    Grâce au centre de ressources et de documentation « Tremplin de Doc », des sessions de sensibilisation pourront être organisées auprès des participants du réseau durant les rencontres mensuelles. Il s'agit d'apporter une base d'informations et de connaissance sur les addictions afin de qualifier les professionnels non spécialistes sur cette thématique. Les informations pourront porter sur :

    - La connaissance des produits.

    - Dans le cas des addictions sans produits, de la connaissance de l'objet addictif.

    - La signification des conduites à risques et des conduites addictives à l'adolescence

    - La connaissance des ressources locales de soins, de prévention et
    d'accompagnement concernant les addictions.

    - Outils de repérage, de positionnement et d'orientation des jeunes consommateurs (brochures, jeux, ateliers...)

    Ces sessions de sensibilisation seront animées par le PAEJ et Tremplin dans le cadre des rencontres d'analyse de pratique. Dans un souci de démarche-qualité, leur organisation sera systématisée et fera l'objet d'un compte-rendu permettant de témoigner des contenus abordés. Un questionnaire de satisfaction (et un quizz connaissance ? ) pourra permettre d'évaluer la pertinence de chaque intervention.

    4) Expérimentations éventuelles.

    Pour la bonne dynamique de la démarche, les animateurs de réseau pourront proposer des microexpérimentations d'interventions sur les structures, dans l'esprit de recherche action, afin d'alimenter les groupes d'échange de pratique sur la durée et de permettre aux participants de mieux s'approprier les outils dispensés.

    IV - Modalités de travail

    1) Pilotage.

    Mise en place du groupe de suivi institutionnel, trimestriel, regroupant PAEJ, Tremplin, ASV, Politique de la ville, afin de s'assurer de la bonne marche du projet, évaluer les freins et points positifs, faire des points sur les éléments d'analyse apportés.

    2) Engagement de l'atelier santé ville et de la politique de la ville

    L'Atelier Santé Ville et la Direction de la Politique de la Ville seront destinataires d'un dossier d'évaluation de l'action et d'un rapport diagnostique concernant la perception des conduites addictives chez les jeunes par les professionnels de proximité.

    V - Calendrier prévisionnel :

    Démarrage : mai 2011

    Périodicité : 1 rencontre collective par mois Suivi individuel : à définir.

    Annexe 2 : Organisation des acteurs de la prise en charge santé locale

    ARS

    Source : Danièle SOMMELET, (2007), Rapport de mission sur l'amélioration de la santé de l'enfant et de l'adolescent. Paris : La documentation française.

    Source : Ravon (B), Les métiers du social.Paris, APEC/Editions de l'organisation, 1997, p.31.

    74

    Source : Ministère de l'Emploi et de la Solidarité, 2000, www.social.gouv.fr

    Annexe 3 : Fiche signalétique

    Numéro d'entretien

    1

    Secteur

    Social/ insertion

    Age des jeunes côtoyés

    3-20 ans

    Formation

    3

    1

    Contact avec

    les jeunes collectif

    2a

    13-18 ans

    1

    mixte

    2b

    11-21 ans

    0

    individuel

    3

    13-22 ans

    1

    collectif

    4

    5-18 ans

    1

    collectif

    5

    4-16 ans

    0

    mixte

    6

    4-15 ans

    0

    mixte

    7

     

    15-18 ans

    1

    individuel

    8

     

    16-21 ans

    1

    individuel

    9

     

    15-20 ans

    1

    individuel

    10

     

    16-30 ans

    1

    mixte

    11

     

    18-25 ans

    2

    individuel

    12

     

    18-25 ans

    1

    mixte

    13

    Éducation Nationale

    11-23 ans

    2

    individuel

    14

    15-18 ans

    0

    individuel

    15

    9 à 16 ans

    1

    individuel

    16

     

    13- 26 ans

    3

    individuel

    17

     

    16-17 ans

    1

    mixte

    18

     

    16- 25 ans

    1

    individuel

    19

    16- 25 ans

    1

    mixte

    20

    16-25 ans

    1

    mixte

    21

    Sanitaire/ Psychologique

    15-20 ans

    2

    individuel

    22a

    12- 21 ans

    2

    individuel

    22b

    16-25 ans

    2

    mixte

    23

    13- 30 ans

    3

    collectif

    3 Niveau de formation sur les addictions de 0 = pas de formation à 3 = expert sur les addictions

    Annexe 4 : Caractéristiques de notre échantillon

    Items

    nombre

    %

    Code

     

    9

    36%

    1 = Homme

    Sexe

    16

    64%

    2 = Femme

     

    6

    24%

    1 = 20-30 ans

     

    6

    24%

    2 = 31-40 ans

    Age

    8

    32%

    3 = 41-50 ans

     

    5

    20%

    4 = 51-65 ans

     

    4

    16%

    1 = Centre social

     

    2

    8%

    2 = ADDAP 13

     

    2

    8%

    3 = BIJ

     

    3,5

    14%

    4 = Lycée

     

    1

    4%

    5 = Université

     

    1,5

    6%

    6 = Collège

    Structures

    1

    4%

    7 = Foyer

     

    2

    8%

    8 = CSAPA

     

    2

    8%

    9 = Mission locale

     

    3

    8%

    10 = Organisme de formation

     

    1

    14%

    11 = PAEJ

     

    1

    2%

    12 = CMP

     

    5

    20%

    1 = Sanitaire/psychologique

    Secteurs

    13

    52%

    2 = Insertion/social

     

    7

    28%

    3 = Éducation nationale

     

    3

    12%

    1 = Animateur

     

    5

    20%

    2 = Éducateur spécialisé

     

    2

    8%

    3 = Infirmière

     

    3

    12%

    4 = Psychologue

    Métiers

    2

    8%

    5 = Formateur

     

    4

    16%

    6 = Conseiller (conseiller, AED, insertion)

     

    1

    4%

    7 = Assistante sociale

     

    5

    20%

    8 = Encadrement (coordinateur, responsable formation, directeur)

     

    6

    24%

    1 = [ 0 - 1 ] an

    Ancienneté

    5

    20%

    2 = ] 1- 5 ] ans

    dans la

    5

    20%

    3 = ] 5 - 10 ] ans

    fonction

    6

    24%

    4 = ] 10 - 15 ] ans

     

    3

    12%

    5 =] 15 - 22 ] ans

     

    3

    12%

    1 = Jusqu'au collège (moins de 16 ans)

     

    2

    8%

    2 = Jusqu'au lycée (moins de 18 ans)

    Age des

    5

    20%

    3= Collège lycée (11- 21 ans)

    jeunes

    6

    24%

    4 = Lycée (15 - 21ans)

    côtoyés

    5

    20%

    5 = Lycée- université (15 - 25 ans)

     

    2

    8%

    6 = Université (18 - 25 ans)

     

    2

    8%

    7 = Collège-lycée-université (11- 25 ans)

     

    4

    16%

    0 = Pas de formation sur les addictions

    Niveau de

    14

    56%

    1 = Niveau de formation moyen

    formation

    5

    20%

    2 = Bon niveau de formation

     

    2

    8%

    3 = Niveau de formation expert

    Contact

    4

    16%

    1 = Collectif

    avec les

    12

    48%

    2 = Individuel

    jeunes

    9

    36%

    3 = Mixte

    Annexe 5 : Guides d'entretien

    Tableau 1 : Guide d'entretien non spécialistes

    THEMES

    RELANCES

    Représentations sociales

    Quand je vous dis jeunes et addictions, ça vous fait penser à quoi. Par exemple, donnez moi 5 mots.

    Qu'est-ce qu'une addiction chez un jeune, pour vous?

    Selon vous, quel type d'addictions concerne les jeunes ?

    Quels sont les mécanismes d'enclenchement ?

    Positionnement

    Quel est votre positionnement ? / Que faites-vous ?

    Quel est le positionnement des parents ?

    Connaissances

    Savez-vous où orienter un jeune si besoin ?

    Attentes

    Quelles sont vos attentes ? (hiérarchiser les attentes)

    Dans l'idéal, ce serait comment ?

    Avez-vous besoin de soutien par rapport à ces questions? Si oui, sous quelle forme ?

    Socio-démo

    Age

    Sexe

    Temps de travail dans la structure (temps plein/ mi temps) Depuis quand travaille-t-il dans la structure

    Fonction

    Age des jeunes côtoyés

    Tableau 2 : Guide d'entretien spécialistes (CSAPA, ANPAA)

    THEMES

    RELANCES

    Représentations sociales

    Quand je vous dis jeunes et addictions, ça vous fait penser à quoi. Par exemple, donnez moi 5 mots.

    Qu'est-ce qu'une addiction chez un jeune, pour vous?

    Selon vous, quel type d'addictions concerne les jeunes ?

    Quels sont les mécanismes d'enclenchement ?

    Positionnement

    Quel est votre positionnement ? / Que faites-vous ?

    Quel est le positionnement des parents ?

    Connaissances

    Savez-vous où orienter un jeune si besoin ? Qui vous oriente des jeunes ?

    Attentes

    Quelles sont vos attentes ? (hiérarchiser les attentes)

    Dans l'idéal, ce serait comment ?

    Avez-vous besoin de soutien par rapport à ces questions? Si oui, sous quelle forme ?

    Socio-démo

    Age

    Sexe

    Temps de travail dans la structure (temps plein/ mi temps) Depuis quand travaille-t-il dans la structure

    Poste occupéAge des jeunes côtoyés

    Annexe 6 : Épidémiologie des usages problématiques des nouvelles technologies.

    Minotte, P. (2010). Les usages problématiques d'Internet et des jeux vidéo. Synthèse, regard critique
    et recommandations. Institut Wallon. (p.61)

    Annexe 7 : Analyse thématique de l'ensemble des entretiens

     

    Sous-thèmes

    Extraits d'entretien (numéro d'entretien)

    addictions

    Modalités
    de consom-
    mation

    fréquence

    « Quand le produit devient, enfin est utilisé suffisamment régulièrement pour devenir une addiction » (n°1)

    « C'est vrai que sur l'addiction, c'est difficile de dire, je pense que si cela revient tout les jours c'est que tu es addict quand même, voilà si ça revient » (n°3)

    « il y en a je sais, ils passent la nuit devant la télé, le lendemain, ils ont du mal à se lever, ils ont des cernes » (n°5)

    « quelque chose qui est occasionnel à quelque chose qui devient... j'ai le mot compulsif qui me vient en tête mais c'est ... quelque chose qui devient répété quoi, voilà répété et abusé quoi » (n°20)

    « une addiction c'est un excès parce qu'on dépasse la de la mesure... la norme quoi hein... on va au-delà de de de ce qu'y faudrait » (n°17)

    Festif vs solitaire

    « Des temps festifs c'est occasionnel, c'est entre copains, l'addiction c'est quelque chose en solitaire » (n°8)

    « mais il y en a beaucoup moins, celui qui ira faire la fête, c'est pas quelqu'un qui prendra un rendez-vous et qui viendra, à moins qu'ils soit détecté par un médecin qui l'oriente et qui lui dise il faut consulter, sinon d'eux même j'ai pas souvenir d'en avoir vu beaucoup sinon des filles » (n°11)

    « (l'addiction) c'est le contraire de la fête » (n°22b)

    « que j'essaie de savoir s'ils le font plutôt en groupe, ou si c'est isolé, si c'est parce qu'il est déprimé ou au contraire parce qu'il est content, ce genre de questions qui va me permettre d'évaluer le risque ou le danger du côté de sa sociabilité, de sa capacité à continuer à avoir une vie d'ado quoi. Voilà » (n°13)

    « C'est plus facile à faire passer, quoi, j'ai l'impression ouais, tu t'en rends moins compte par ce que c'est, c'est cet esprit de, comment dire, ben sociabilisant, ouais, moi je le vois comme ça, où t'es là, c'est normal, c'est, alors que si t'es chez toi à te droguer tout seul, là à un moment tu dois quand même te dire : j'ai un problème là » (n°12)

    « après je te parle pas de ce qu'ils font en fête, d'avoir envie, d'avoir des, enfin de chercher des sensations, des choses comme ça, c'est encore différent je trouve » (n°11)

    Gérée ou pas/ impuissance

    « le désir au départ peut amener à un moment donné à un, à quelque chose qu'on ne désire pas forcément, mais dont on ne peut plus se sortir » (n°1)

    « quand je vais pas m'en passer, et même si je conduis ou je fais quelques chose d'important je ne peux pas m'en passer pour moi c'est vraiment une drogue, tu vois c'est, » (n°3)

    « toujours pareil, savoir s'en servir.... raisonnablement » (n°7)

    « ça devient compulsif quoi que ben voilà on arrive plus à faire la part des choses et ben que on a ce besoin irrépressible de, de consommer » (n°10)

    « dans un rapport au produit un peu fusionnel... où il y aurait que ça quoi» (n°22a)

    addictions

    Modalités
    de consom-
    mation

    Plaisir vs

    manque/souffrance

    « Pour moi c'est un jeune qui a des difficultés, qui va pas bien, ou un adulte qui va pas bien, et qui va, dans, vers ces produits là » (n°1)

    « eux ils parlent plus de bien être tu vois, alors euh, c'est pour eux, ça va pas être l'addiction mais plus non c'est un bien être » (n°3) « L'addiction je l'associe vraiment à quelque chose qui est de l'ordre de la souffrance. » (n°8)

    « je pense que dans toute les consommations, en tout cas au démarrage, y'a pas forcément de mal être. Je veux dire, un gamin qui se torche comme ça à 12-13 ans, c'est qu'il ne va pas bien, ou alors il fait une expérimentation, ça lui procure encore pas mal de plaisir » (n°23)

    « Dans un contexte festif, et tout, le produit a sûrement pas la même fonction » (n°22a)

    « Peut-être qu'on a tout ce qui nous faut et ça plus c'est parce que c'est un plaisir et c'est pas forcément qu'il nous manque quelque chose » (n°21)

    Continuum

    consommation/ addiction

    « est-ce qu'ils sont dans une situation d'addiction, j'en sais rien. mais par contre, c'est devenu une habitude, » (n°1) « c'est difficile à déterminer quand c'est une addiction » (n°3)

    « Alors quel moment, question que l'on va se poser, c'est quel moment ils sont véritablement addicts, à quel moment ils sont juste dans la mise en danger» (n°10)

    « Et les gens ils font un amalgame, c'est à dire que ... dès qu'il y a usage et bien pour eux, il va y avoir addiction. je ferai la différence entre l'addiction et la consommation quand même » (n°23)

    Effets

    Psycho- logique

    Prise de
    conscience de
    son état =
    angoisse

    « je pense que quand on s'aperçoit que quand on ne contrôle plus ce qu'on peut ressentir, vivre, ou voilà. Je pense qu'à un moment donné ça peut être psychologiquement très dangereux » (n°1)

    « Soit psychiquement parce que je me rends compte que je suis dépendant et c'est insupportable pour moi d'être dépendant d'un produit et ça renvoie aussi à tout un tas de trucs et peut-être pour quelqu'un, le jour ou il se rend compte qu'il est dépendant parce qu'il a essayé de s'arrêter par exemple et que cela se solde par un échec, là ça va être angoissant, »

    « et des fois quand ça va un peu trop loin, il y a des prises de risque aussi sur des TS aussi . toutes les choses leur échappent aussi, quand ça devient trop conflictuel» (n°22a)

    « l'être humain, par rapport à des addictions il peut être quand même complètement aliéné, que ça peut quand même énormément le perturber » (n°23)

    « c'est ça qui amène des gens à venir nous rencontrer. c'est un peu cette peur, cette angoisse de se rendre compte que c'est en train de basculer du côté de ... euh ... c'est l'addiction qui me mène plus que moi qui mène la danse quoi un peu. » (n°16)

    Perte de la réalité/ folie

    « des jeunes qui ne sortent plus de chez eux, parce qu'ils sont dans un monde virtuel, qui leur appartient » (n°1)

    « quand c'est répétitif je pense qu'on essaie toujours de fuir et on passe plus de temps finalement hors de la réalité que dedans » (n°21)

    « très très dangereux d'ailleurs y en a qui se sont suicidés comme ça hein des jeunes. Parce qu'y sont pris dans leur leur histoire et puis ben y s'ont fini comme le héros, y se sont tués puis y croyaient qu'ils étaient immortels, qu'y s'allaient renaître » (n°17)

    « qui étaient restés quillés, cette espèce de truc de folie » (n°12)

    Comportemen t/agressivité

    « il y a aussi les réactions extrêmement physiques, sur tout ce qui peut être l'agressivité, » (n°1)

    « un jeune dans un état de violence extrême envers sa mère, jusqu'à ce que je comprenne que pour aller à ce rendrez-vous, il devait arrêter le jeux » (n°22a)

    « Ça change le comportement » (n°18)

    « le comportement voilà c'est que je disais... excités ou complètement avachis, y sont y sont incapables de se contrôler quoi » (n°17)

    «on rentre chez nous hop facebook, et puis après ça te coupe, pas de la vie, mais tu es avec quelqu'un ça te coupe de ta relation avec lui » (n°3)

    « elle veut pas venir au centre parce qu'elle veut rester devant la télé » (n°5)

    « Oui et qui entraîne des phobies scolaires, des problèmes lourds par contre. Là aussi ça concerne peu mais quand ça l'est des fois ça devient sévère quoi. » (n°9)

    « c'est souvent obsessionnel quoi, et quand il y a un truc qui s'installe après, que ce soit une consommation de produits ou des comportements qui se mettent en place, ouais, ça revient un peu au même à un moment donné, et ça génère et ça contribue à l'isolement » (n°11)

    « c'est ça qui est important, l'addiction, c'est il y a même plus d'amis, quand un jeune il a des addictions mais qu'il a encore des collègues, des copains... c'est surtout ça qui est grave, c'est quand il y a un isolement social total. » (n°22b)

    « Moi en fait, je me suis mis à réfléchir qu'il y avait d'autres formes d'addiction, aussi, avec des gens qui sont insérés. » (n°8)

    « et puis se faire traiter de grosse salope sur facebook, ça peut donner envie de consommer » (n°3)

    « , les parents sont venus se plaindre tout les deux parce que les deux petits s'insultaient sur internet. Et les gros mots fusaient. Nous on était pas au courant parce que c'est sur facebook. » (n°5)

    « c'est peut-être la substance psychoactive aussi, pourquoi je, on le refait. » (n°7)

    « pour les étudiants, le cannabis ou des drogues plus dures et puis y'en a beaucoup qui essayent d'arrêter de fumer par exemple, par rapport au coût, ben qui découvrent un réelle dépendance, et qui aimeraient ben savoir comment faire pour se sevrer, » (n°11)

    « accro, ça va avec la peur du manque et la peur du manque ça fait faire plein de conneries » (n°22b)

    « produit qui fait effet sur le corps » (n°18)

    « la consommation quand elle devient trop importante pour ce que supporte le corps du jeune ben ça conduit à l'addiction » (n°17) « qu'il ne faut pas rêver, ça a un effet aussi apaisant, désangoissant. » (n°13)

    « Ouais ben déjà y a la substance en elle-même dans l'enclenchement » (n°14)

    « problème physique, le problème de santé, » (n°1)

    « voilà c'est du moment que tu sais que cela peut te faire du mal et que tu continues, pour moi c'est une drogue. » (n°3)

    « ça peut être les agressions sexuelles, ça peut être aussi tout ce qui est accident de la route, le coma éthylique, ça peut être » (n°3)

    « parce que c'est un souci pour lui, ne serait ce que sur le plan financier, mais même physique maintenant. C'est ce qu'il m'a dit » (n°7)

    « c'est vraiment là où ça pose aussi problème à la personne, là où y'a un danger, y'a des prises de risques physiques, des prises de risques psychologiques, sociales » (n°16)

    «c'est compliqué quand le jeune est vraiment, il est rentré dans une consommation importante notamment du cannabis parce que y a les problèmes de communication qui se mêlent, les problèmes scolaires qui se mêlent, » (n°9)

    « , je crois que oui d'être accompagné ça optimise toujours les résultats » (n°11)

    « le problème c'est que quand on est accro, c'est compliqué après pour s'en libérer et pour gérer ses problèmes » (n°23) « forcément une personne comme ça doit être accompagnée » (n°12)

    « quand je vois qu'il y a beaucoup d'absences, qu'ils sont fatigués, qu'ils sont mous, pas forcément les yeux rouges, mais les yeux rouges aussi, enfin je me pose maintenant la question: " est ce qu'il consomme ou pas? » (n°7)

    « S'il arrive et que je vois qu'il est sous produit, euh... Voilà, on va en parler, même si je ne le connais pas beaucoup » (n°8)

    « Quand ça commence à se voir ou quand ça cause un trouble à l'ordre publique. Ah c'est interdit d'être en état d'ivresse sur la voie publique » (n°21)

    « Si le jeune il vient me voir sous produit » (n°18)

     

    Place de l'usage

    Empiète ou pas sur cadre de travail

    « moi je constate par rapport à leur fatigue et au décrochage scolaire, donc quand on voit par exemple par rapport au décrochage scolaire, leur fatigue, bon ça commence par la baisse des notes, fatigue, y viennent par exemple le matin ou retard scolaire, etc » (n°9)

    « quand elle est arrivée elle était sous coke, les 3 premiers rendez-vous que j'étais avec elle c'était impressionnant quoi, et donc je lui signifiais que son état ne lui permettait pas de, et qu'il fallait vraiment s'atteler à cette question là et voilà. » (n°20)

    « tant que ça empiète pas sur la sphère dans laquelle on se rencontre avec le jeune, à savoir la vie professionnelle, dans la citoyenneté, voilà, l'intégration, l'insertion pour être plus précis » (n°18)

    L'addiction c'est un
    signe/ demande
    implicite
    d'accompagnement

    « est quand même, pour moi, beaucoup plus signe de » (n°1)

    « l'addiction c'est un signe, c'est un signe de quelque chose » (n°8)

    « Oui ben autre chose c'est-à-dire exprimer autre chose... un souci, un mal-être, autre chose » (n°9)

    « Mais c'est pas forcément le produit qui serait en cause. c'est la problématique sous jacente qui... qui est gênante » (n°21) « ils se mettent en échec quoi. Je pense que c'est aussi une façon d'alerter les adultes sur un mal-être quoi »(n°22b)

    Mécanisme

    On a tous des
    addictions/
    mécanisme humain

    « je trouve ça extrêmement humain et extrêmement sain presque comme réaction, comme raisonnement. » (n°1)

    « je pense que tu peux vite tomber sur n'importe quoi dans l'addiction » (n°3)

    « quoi c'est humain c'est tout à fait humain » (n°10)

    « Après ben oui, ça peut arriver à tout monde, je crois que personne n'est à l'abri, » (n°11)

    « Ben après il y a des gens qui sont capable de prendre sur eux, il y a des gens qui ont besoin de courir, il y a des gens qui ont besoin de taper dans un... dans un punching-ball. Et voilà, il peut y avoir des gens qui ont besoin de consommer, enfin, alcool, drogue ou truc comme ça. » (n°18)

    Adaptation logique face au contexte

    « Quand il est en rupture scolaire, en rupture familiale, et rupture de tout, il n'y a plus, y a plus rien. Donc forcément, il faut chercher ailleurs, actuellement, on propose pas grand-chose » (n°1)

    « si c'est morne, en permanence morne, qu'ils ont même pas, ils ont plus ces petites étincelles où l'on croit pouvoir tout refaire, quoi. Ben ouais, ça peut, ça peut être nécessaire de prendre un truc pour pouvoir supporter ça, quoi. ça peut, les vies mornes et puis ça, » ( n°7)

    « les réponses et les transgressions, les prises de risques sont à la hauteur de ce que l'on impose aux gens » (n°10)

    « ça a aussi un sens de s'enfermer, quand il y a trop de sollicitations extérieures, on continue à maturer un peu dans sa bulle, jusqu'à ce qu'on puisse aussi en sortir quoi » (n°22b)

    Créer du lien, avoir une place sociale

    « je vais rencontrer plein de monde » (n°1)

    « quand ils viennent faire leurs devoirs, ça parle, c'est ouais ce soir il y a telle émission, tu vas la regarder ? donc ça devient vite une addiction » (n°5)

    « chercher à travers une beuverie avec trois mecs de leur étage, ils vont chercher à se recréer une vie sociale, rapidement, et puis à sympathiser, finalement leurs moyens de, de rentrer en communication était l'apéro » (n°10)

    « les garçons là par exemple c'est un moyen ben de parler entre eux, parce que ils parlent pas, donc c'est vrai qui y a beaucoup, il y a l'apparence qui compte beaucoup, les représentations des uns des autres, et si il y a pas le produit c'est plus difficiles d'aller les uns vers les autres, je crois que ça désinhibe un peu quelque chose, ça permet de, ouais de parler, ben... au fond de souffrance la plupart du temps quoi » (n°11)

    « c'est la pression du groupe, donc on est dans un rapport social, pression de groupe. C'est avant tout là un mécanisme social, sociétal. Mais qui fait que voilà j'ai l'impression de faire partie des grands, de m'émanciper, parce que l'image de ce produit est encore trop valorisée. » (n°23)

     

    Mécanisme

    Médicament :
    Compenser, combler,
    panser, réponse, fuir
    la réalité

    « mais je reste persuadée quand même, que la rupture elle est forcément source de fuite à un moment donné... » (n°1)

    « Ouais c'est un moyen de, d'éviter d'avoir à affronter, de regarder en face. c'est un moyen détourné, c'est un moyen de s'évader » (n°7)

    « Une personne qui se drogue à un moment donné, c'est un médicament à quelque chose. » (n°8)

    « ben c'est aussi une réalité virtuelle où ils sont les héros, alors que dans la vie courante, ils ont une mauvaise image d'eux etc » (n°22b)

    Utilisation consciente vs non consciente

    « c'est peut-être la différence d'ailleurs, on peut comprendre l'intérêt du produit mais on tombe pas forcément dans

    l'addiction »(n°22a)

    « c'est quand même assez énorme, ils ont parfaitement conscience ... conscience de quel est cet objet, à quel place il vient se mettre. Ils l'utilisent vraiment consciemment » (n°21)

    Adaptation ratée

    « c'est de plus pouvoir se passer d'un produit, en fait, moi je le verrais comme ça rapidement, ouais c'est en avoir besoin pour se sentir équilibré, pour pouvoir fonctionner au mieux, au moment où on le fait quoi ! » (n°11)

    « quand ce n'est plus l'humain qui choisit où, quand, comment, mais que le fait d'avoir une consommation d'un produit ou de plusieurs produits, oblige l'individu à retourner à cette consommation et à cette pratique, c'est à dire quand ça devient nécessaire, quand le produit devient nécessaire à être - à se sentir - dans un état normal. Donc quand la consommation s'impose à l'humain quoi » (n°13)

    « les amis, enfin on parle d'alcoolisme mondain, mais c'est ça quoi, c'est, t'es toujours en train de sortir, du coup tu bois, tu t'en rends pas compte et puis, et puis au fur et à mesure, tu deviens, t'es addict » (n°12)

    « c'est affreux, puis après on s'habitue et il en faut de plus en plus en plus. » (n°7)

    « il va trouver quelque chose qui va lui apporter du bien être, momentanément peut-être, mais quand même, ça résout rien quoi » (n°1)

    « enfin ce que je crains avec tous les médias, les machins, c'est qu'ils fuient ça aussi, quoi. il y a bien un moment où il va falloir qu'il soit en face de leurs peurs, de leurs inquiétudes » (n°7)

    « ça calme l'angoisse de séparation, mais ça résout pas le problème » (n°22b)

    Conditionnalité

    Temporalité: à un moment donné

    « que tout le monde peut, à un moment donné, avoir envie de voir ce que c'est » (n°1)

    « Parce qu'entre le consommateur et la crise d'adolescence. j'imagine que l'on peut un peu consommer, j'espère ne pas être un addict futur absolument, » (n°7)

    « À l'étape de l'adolescence ou à un moment donné, sur un temps de passage » (n°8)

    « Je pense qu'on a tous des moments de, où on est bien, des moments où on est plus fragile parce qu'on évolue quoi enfin je veux dire... on évolue hein. » (n°9)

    « ne pas confondre addiction et les conduites à risque pour se frotter un peu à la vie, faut bien que jeunesse se passe » (n°22b)

    « Bon heureusement que souvent y touche... moi je je souvent j'les laisse toucher le fond, dans la limite du raisonnable et après je m'aperçois que au bout d'un moment c'est tellement au fond du du gouffre qu'y s'appellent au secours et que y demandent vraiment qu'on les en sorte. » (n°17)

    Multifacteurs

    « en fait je pense que c'est vraiment tout lié. J'ai du mal à trouver ma place, du coup euh, du coup, voilà y'a toujours cette appartenance, même si c'est pas une appartenance à un groupe c'est je me fais remarquer » (n°3)

    « Il y a un faisceau de situations qui fait qu'à un moment donné on est addict à quelque chose, quoi. » (n°8)

    « Un problème et tu rencontres un produit et pof, ça fait réponse » (n°22a)

    Le jeune

    Difficulté de vie, Souffrance,

    fragilités

    « j'en ai quand même vu au moins quatre ou cinq qui ne sont pas bien, ce n'est pas juste la crise d'adolescence où ils se cherchent, non, ils sont pas bien » (n°7)

     

    « c'est un jeune qui en fait décrochait complètement et qui avait plus envie d'être scolarisé » (n°9)

     

    « Pour des jeunes qui nous paraissent un peu angoissés, un peu déprimés, on se demande si c'est pour un peu s'automédiquer » (n°22a)

     

    « une situation qui est pas confortable, ils galèrent » (n°18)

     

    « mais finalement on se retrouve avec beaucoup de jeunes qui ont des petits soucis » (n°12)

     

    « on a quand même des gens qui sont fragilisés quand ils viennent ici » (n°10)

    Volonté d'accompagnement

    « ces situations addictives, qui finalement peut-être, conviennent très bien à certains » (n°1)

     

    « rien que le fait de se déplacer du quartier, en ville, c'est pas trop leur truc, ils s'intéressent pas en fait, faut toujours faut toujours être à côté, faut toujours qu'on les accompagne et on a pas forcément le temps de le faire tout le temps » (n°5)

     

    « Donc ça été une demande qui m'a encore plus surprise. Je lui ai donné d'ailleurs, je crois que c'est l'adresse de Tremplin par téléphone avant les vacances » (n°7)

     

    « On va pas faire pour eux, on va pas faire à leur place, mais.... On est dans une mise en route où l'autre... Faut qu'il soit dans le désir » (n°8)

     

    « ben y'a des gens qui n'ont pas envie d'être sauvés, qui sont très bien aussi » (n°21)

     

    « savoir quelle force de caractère il a pour pouvoir, quelle motivation il a pour s'en sortir, c'est étudié, moi je pense que bien
    entendu c'est du cas par cas. Y a pas une solution miracle générale mais individuelle et adaptée au cas tout simplement. »

     

    (n°2a)

     

    Sous-thèmes

    Extraits d'entretien (numéro d'entretien)

    Contexte associe

    Adolescence

    Risque/ ordalie

    « On sait, quand on est ados, c'est un peu le risque, c'est un peu tout ça qui attire. » (n°1)

    « ça je pense que ce sera dans tous les temps. Le bébé refuse de manger, l'ado, voilà, aime bien prendre des trucs dangereux. » (n°7) « A l'adolescence, je pense que on prend des risques » (n°21)

    Rapprochement des
    pairs/ éloignement
    parents

    « une période de pré-adolescence, ça va être compliqué avec les parents » (n°23)

    « par exemple, il y a une pub, où ils disent, dis moi qu'on sera jamais comme nos parents... » (n°22b)

    « les jeunes, assez logiquement, c'est normal qu'ils soient en lien » (n°22a)

    « Mais comme on est sensé être dans une relation d'amour ou d'amitié, on est sensé se faire confiance et se le prouver avec des moyens bêtes des fois, en prenant des risques "on partage un risque ensemble" »(n°21)

    « les week-ends hein souvent quand ils sortent en boite, ils picolent avant, ou ils se font des soirées entre copains, ou des barbeuks ou quoi ils fument des joints l'été au bord de l'eau, enfin, quelque chose qui est lié au bien être, au... voilà oui. C'est lié aussi à leur mode de vie quoi, c'est... voilà, y'a des temps réguliers où ils se regroupent et voilà, » (n°20)

    Expérience/curiosité, se tester, identité

    « enfin, je comprends, c'est le début des soirées tout ça, on teste, hein c'est sur » (n°5)

    « d'expérimentation, parce que vis à vis des copains j'ai pas envie de passer pour un gamin c'est tout » (n°23)

    « voilà ça fait parti du processus de développement, de se confronter un peu, voilà à quelque chose qu'on croit différent » (n°22b)

    « , parce que à l'adolescence où on est quand même en recherche de soi même et tout ça, et quand on a un moment où on n'est pas très bien, ça peut être effectivement une issue ...une espèce d'issue identificatoire » (n°16)

    « à ce moment là de la vie, et qui parmi peut-être les différentes expériences, expérimentations de ...un peu...quitter l'enfance, aller s'expérimenter en tant que adultes, etc, bon euh, l'expérience de certains produits, enfin de certaines consommations peut exister chez certains jeunes » (n°16)

    « c'est vrai que l'ado bien sur c'est le terrain le plus fragile puisque il a pas une personnalité encore... ben d'adulte et bien bien construite » (n°17)

    Imitation des grands

    « c'est vécu comme ça quand ils sont jeunes et d'imiter les grands, » (n°1)

    « des fois, ils se comportent comme des jeunes qu'ils voient dans les téléréalités, » (n°5)

    « Donc le jeune quand il s'identifie à ça, ben pour lui ouais, les références c'est être l'adulte, faire le beau » (n°23)

    Interdit/ provocation

    « c'est-à-dire d'aller voir ce qui est défendu quand même. Même si ça fait peur hein, je veux dire, il y a un âge où c'est ce qui fait partie du plaisir aussi » (n°1)

    « Donc l'interdiction du « moins de 12 ans » c'est pas pour autant qu'ils ne vont pas regarder. Justement ça va les intéresser » (n°5) « j'imagine que pour un jeune aussi, c'est une manière de dire : "MERDE", aussi, c'est une manière de dire :"MERDE" aussi » (n°5) « alors, voilà, ils sont jeunes, ils vont prendre des trucs un peu plus illicites, pour transgresser, machin » (n°22b)

    Étape/ souffrance à

    surmonter

    « ce n'est pas surprenant qu'à un moment de l'adolescence, qu'au moment de fermer les yeux, de se... que ça travaille, que ça ça .. Et justement c'est déjà pas facile mais important d'avoir ces moments de doutes, de questionnements même de peurs, de tout ça. Je crois qu'il faut les affronter. » (n°7)

    « À l'étape de l'adolescence où à un moment donné, sur un temps de passage » (n°8)

    Capacité de rebondir

    « le jeune il peut, en lui et autour de lui potentiellement solliciter plus de ressources, » « c'est ma propre représentation, j'ai le sentiment que voilà avec les d'jeuns (rires), voilà, même si rien n'est jamais joué, que on peut à tout moment bien sûr inverser le cours des choses » (n°20)

    « c'est ce qu'on voit quand même avec les jeunes et les ados, c'est que justement et bien y'a une capacité de rebondir » (n°16)

    contexte as socie

    Sous-
    cultures/
    environne
    ment

    Accessibilité produit

    « Parce qu'on est sur un quartier, sur le Jas de Bouffan et pour avoir parler à certains jeunes même pré-ado, comme je disais avant, ils savent que cela tourne sur le quartier, ils savent, ...enfin je pense qu'ils savent où sont les points de vente, et voilà » (n°5)

    «(internet) il y a ça aussi, c'est facile d'accès partout. Pas qu'à la maison je veux dire. Sur les téléphone portable, après suivant le forfait bien sur mais, voilà, c'est facile d'accès partout » (n°5)

    Communication/visio
    n positive sur les
    drogues

    « Parce que quand on vous promet le paradis, on a envie de, d'y aller quoi, voilà » (n°1)

    « Mais bon, tant que tellement de gens te disent, moi ça me fait un bien fou. Je suis pas accro parce que je fume que quatre cigarettes par jour, mais ces quatre là, mon dieu ce qu'elles me font du bien » (n°1)

    « oui, j'ai un copain qui a essayé, tu vas voir c'est génial » (n°1)

    « Et tant que l'image est trop valorisée, y'aura un appel, un prosélytisme, parce que ça fait bien, parce que .. pour x raisons l'image de ce produit est encore trop valorisée » (n°23)

    Sous culture

    Culture de

    la cité

    « la norme du quartier devient: c'est pas grave si on travaille pas. c'est pas grave si j'ai pas de projet professionnel, toute manière, même si on en a un, ça aboutit pas » (n°1)

    « elle est aussi banalisée. Quelque part, l'échec scolaire, ça devient un peu une fatalité, » (n°1)

    « effectivement si tout le monde consomme ben ils sont dedans. Le cannabis c'est courant pour eux. » (n°18)

    « quand quand je parle du contrat d'apprentissage à certains jeunes ben y me regardent en rigolant « 300 euros par mois mais non mais ça va pas, moi c'est ce que je gagne en une soirée quoi », ben oui » (n°17)

    « L'usage de cannabis montre aussi que c'est aussi un système qui tourne un peu autour du trafic et là on a des très jeunes qui vont avoir un rôle de guetteur et ça c'est pareil c'est des observations sur le terrain » (n°2b)

    Sous
    culture
    « jeune
    déviant »

    « Se retrouver entre pairs trop jeunes, ça amène à un espèce de délire un peu collectif, de dire, ben c'est pas grave, tout le côté adulte, ben on en a plus rien à faire et on va trouver nous même, ce qu'on a envie de faire » (n°1)

    « En groupe qui se trouve isolé par le chômage, par l'échec scolaire, par euh, je sais pas, le modèle parental qui existe pas, ou qui existe plus, par je ne sais quoi... » (n°1)

    « Donc c'est vraiment, je pense qu'à un moment donné, quand on a plus... un rapport avec les autres, pas couches [sociales], le mot est pas bon, mais les autres éléments de la société » (n°1)

    « même au niveau des insultes j'ai l'impression que c'est rentré dans leur langage, que c'est leur langage et qu'on peut rien y faire » (n°5) « Bien souvent quand on est à la marge, ils ont du mal à s'inscrire dans, dans le monde des adultes » (n°8)

    Culture familiale/ régionale

    « Beh, là pour l'alcool, c'est vrai que pour nous, on a une population, euh, à 90% magrébine, donc pour eux l'alcool ça reste tabou » (n°5) « par exemple on a des jeunes qui arrivent des DOM-TOM, euh culturellement leurs rapports avec l'alcool et avec le rhum euh il est assez particulier » (n°10)

    « souvent, les vrais alcoolos, ils ont commencé petits à finir les fonds de verres des parents » (n°22b)

    « au niveau de l'alcool, c'est souvent un rapport familial les gens savent beaucoup de choses, mais souvent, qui est de l'ordre de la culture de la rue. Ce que j'appelle de la culture de la rue, c'est à dire ce que nous ont transmis nos parents, nos grands parents depuis des générations, » (n°23)

    « il y a ceux qui sont eux-mêmes dans une consommation donc qui vont relativiser le risque pris par leurs enfants, et qui eux-mêmes ont grandi, ont vécu avec cette consommation, et ont pu s'insérer dans la société, finir leurs études, avoir un boulot etc.. sans être marginalisés, du coup ceux là vont accueillir la consommation de leur enfant » (n°13)

    « c'est un milieu étudiant, un peu festif, un peu friqué, un peu tu vois, un peu dans le paraître, un peu, après c'est le contexte d'Aix, mais, c'est pas, je pense que c'est pas les mêmes drogues qu'à Marseille par exemple, » (n°12)

    contexte as socie

    Sous-
    cultures/
    environne
    ment

    Sous culture

    Normes groupe

    « Parce que moi des fois y me disent j'aimerais mais j'y arrive pas moi, j'arrive pas parce que mes copains y vont pas comprendre, moi je sors avec des potes qui eux consomment, y vont pas comprendre que j'arrête, » (n°9)

    « Et il faut rentrer un peu dans la norme du groupe et si la norme du groupe c'est prendre des risques, si la norme du groupe c'est de boire, si la norme du groupe c'est de consommer des produits alors, au moins, on va être amenés à le faire.» (n°21)

    « Si d'un coup à une soirée, y'en a un qui se pointe avec de la coke ou commence à s'injecter, j'aimerais voir la réaction des autres autour quoi. Peut-être que là il sera plus comme, ...déviants » (n°21)

    société

    En crise/ Virtualité/ individualisme

    « On se rend pas compte que c'est une addiction mais c'est, oui, c'est un peu dans ..., après tout le monde est un peu pris à ce jeu quoi, je pense que tout le monde maintenant a facebook ou a » (n°5)

    « si t'as pas internet maintenant, c'est que tu vis au fond d'une campagne, tout le monde a internet, tout le monde surf sur internet. La télé c'est pareil. » (n°5)

    « Moi je trouve que ces minots y, ça m'interpelle ça qui, que le contact direct pur soit rare. Pour, dans le sens, sans écran de fumé, sans alcool qui font que l'on va plus facilement vers l'autre, sans écran tout court qui met de la distance, » (n°7)

    « c'est bon la religion ça n'existe peu ou très peu, enfin j'dirai moi, pour moi tant mieux mais tous les verrous ou limites, la morale pure, sans même parler de religion,... ben voilà, c'était des choses qui à mon avis étaient plus confortables. Bien ou pas j'en sais rien mais plus confortables. Ils avaient plus ce sens de, du bien et du mal entre guillemets. On est dans une société individualiste » » (n°7)

    « C'est la vie qui est comme ça quoi, difficultés économiques, dans leur travail, y sont pas forcément à l'aise dans leur travail, c'est pas facile quoi »(n°9)

    « , là on est en pleine crise, y subissent tous les problèmes sociaux de la société, que la société leur renvoi, » (n°10)

    Société de

    consommation/performance

    «la télé fait aussi que ça devienne une addiction, c'est fait exprès quoi. Mais je crois encore plus des téléréalités, où il faut suivre l'épisode chaque jour pour comprendre ce qui s'est passé, qu'il y a la grosse émission le samedi » (n°5)

    « Donc les jeunes y sont comme les adultes hein, y sont consommateurs » (n°5)

    « faut pas se leurrer, on est dans une société complètement addictive, à la consommation, moi quand j'ai un coup de blues, je vais faire les magasins » (n°22b)

    Évolution selon époques

    « pour ma génération, c'est quand même assez nouveau, cette consommation éventuelle, je dis bien éventuelle,... qui n'est pas forcément lié à la fête » (n°7)

    « des modes de consommations qui ont aussi évolué dans le temps. » (n°10)

    « c'est vrai qu'avant on parlait pas euhhhh, on parlait moins d'addictions. Enfin moi je me souviens, y'a même une dizaine, une bonne dizaine d'années, quand je faisais encore mes études, c'était moins, hein, on parlait moins ... on parlait plus de toxicomanie, de dépendance mais euh ... Donc voilà, ça a certainement ... ça veut certainement dire des choses que ça ait évolué » (n°16)

    Normes sociétales

    Normes médicales /médicalisation

    « Comme on fait un rappel de vaccination, enfin voilà, pour moi c'est, c'est vraiment la santé publique là et bon » (n°7)

    « c'est plus facile en fait de donner des médicaments à consommer que d'approfondir les trucs, quand on approfondit les causes du problème ça prend beaucoup de temps et on consacre pas du temps » (n°9)

    « en terme de santé publique des épiphénomènes » (n°23)

    « Remettre cette question au niveau de la santé globale, l'alcool, les produits, c'est la psychiatrie, mais on voit bien que la question elle est générale, comment les gens prennent soin ou pas d'eux même » (n°13)

    contexte as socie

    Normes sociétales

    Stigmatisation /
    marginalisation

    « Cette marginalisation parce que d'un coup, tu vas plus à l'école, t'es en retard tout le temps, donc on te met dans un parcours particulier » (n°1)

    « , donc il a été évacué en plein milieu de tout le monde sur une chaise, bon.... donc montré du doigt, enfin voilà ça m'a interpellé, je

    ne m'attendais pas à trouver un élève dans cet état là à dix heures le matin. » (n°7)

    « Qui sont un peu plus à la marge, mais là on est plus, on est plus sur le, la marginalisation. » (n°8)

    « dans la mentalité de la société en général, on considère qu'un C.A.P si on l'obtient pas c'est qu'on est vraiment, on est à la limite de la débilité. Tandis qu'un bac, c'est mieux. Voilà. Donc les élèves qui préparent des C.A.P, souvent si en plus y réussissent pas quand y préparent leur C.A.P en deux ans c'est que vraiment, c'est foutu pour eux quoi. Y feront jamais rien de leur vie quoi. » (n°9)

    « ... c'est les problèmes de santé qui s'en suivent et de marginalisation... » (n°17)

    Légalité/répression en

    question

    « parce que, ben si on l'interdit, mais que beaucoup de gens le font, c'est qu'il y a peut-être quelque chose derrière qui va peut-être m'intéresser » (n°1)

    « Normalement il y a des lois qui disent que il faut montrer la carte d'identité quand c'est un jeune qui vient vers vous, je pense qu'ils le font mais sur les moments de rush où il y a vraiment du monde, je ne pense pas qu'ils le demandent systématiquement » (n°5)

    « disons que c'est tellement courant, ça fait partie, c'est comme manger une glace, à mon sens, je ne dis pas qu'ils étaient tous drogués hein, mais beaucoup on vu, en tout cas » (n°7)

    « comme si on ne pouvait y répondre qu'en mettant tous ces gens à l'écart en les considérant comme des délinquants, c'est pas des délinquants, c'est toi et moi, je veux dire c'est des gens même des chefs d'entreprise, des gars réinsérés, ils ont une consommation de produit donc euh, voilà, c'est pas une question de délinquance c'est une question de société maltraîtante et de comment on y répond à ça, quoi. Il faut voir la consommation d'anxiolytiques et d'anti-dépresseurs » (n°13)

    « mais en même temps, la réponse est « ben oui mais tout le monde le fait, c'est juste pour moi, c'est juste une conso perso»... sauf qu'il y en a qui se font attraper, et qui ont des soucis par rapport à ça, c'est réel » (n°13)

    Subjectivité des

    normes

    « on est toujours sur et convaincu que ce que l'on sait individuellement c'est la panacée, c'est universel » (n°23)

    « tu te rappelles, cette mère qui nous avait amené son fils, « jeune toxico » alors que le jeune, il avait fumé un joint. » (n°22a)

    « on peut très bien être quelqu'un d'intégré dans la société au niveau familial, amical, professionnel, d'être quelqu'un avec des valeurs solides et être quelqu'un qui picole beaucoup ou être quelqu'un qui fume son joint » (n°21)

    « Pour les parents c'est une addiction car les parents ça leur pose souci. Pas pour les jeunes. » (n°21)

    Interaction

    Rupture

    « Quand il est en rupture scolaire, en rupture familiale, et rupture de tout, il n'y a plus, y a plus rien. » (n°1) « S'ils font pas de sport, qu'à la maison, la famille est un peu en éclat, ben voilà. » (n°7)

    « jeunes en difficulté en rupture sociale, familiale, professionnelle » (n°10)

    Adultes

    « il faut tout un village pour élever un enfant. » (n°1)

    « Et aussi parce que nous adulte, euhh, cadre somment des consommateurs aussi » (n°7)

    « ... c'est un échec d'ailleurs cet élève, enfin c'est un échec, l'échec c'est pas l'élève, l'échec ce sont les adultes » (n°9)

    « Quand le parent lui même est consommateur, cela devient compliqué quand même, ...d'expliquer que... que pour nous oui et pour toi non » (n°21)

    Famille

    Cadre/ sécurité

    « il reste toujours la parole du parent quelque part quand elle existe, qui met un frein. Mais quand elle existe pas ou quand on est vraiment sur du rejet, puisqu'on a plus confiance du tout dans ses parents » (n°1)

    «(pour les médias) et là les parents sont déficients souvent. Faut se battre dés le début quoi » (n°7)

    « Surtout qui se sente pas, oui soutenu, en sécurité en fait voilà » (n°9)

    contexte associe

    Interaction

    Famille

    Communication

    « Des problèmes notamment au niveau familial, des déchirements de relation » (n°8)

    « s'il arrive pas à communiquer en famille, si y se sent pas en sécurité, s'il est pas trop bien parce que chez lui c'est pas génial etc, ben y va se regrouper avec des jeunes avec qui y va avoir des affinités on va dire, qui risquent de le comprendre et de l'aider » (n°9)

    École/ boulot

    « Un jeune en échec scolaire » (n°8)

    « au niveau de leur avenir donc si y sont très inquiets par rapport à ça, surtout si par exemple souvent y a les parents qui mettent un peu la barre haute hein c'est-à-dire y a encore le mythe de l'orientation en scientifique où c'est les plus intelligents » (n°9)

    « c'est méconnaitre quand même ce qu'il se passe avec le nombre de jeunes qui sont en vraie difficulté dans les établissements scolaires où ils sont là jusqu'à la 4e sans rien comprendre, mais il y sont. Donc je trouve que c'est d'une violence extrême qui leur est faite. » (n°22a)

    « une situation qui est pas confortable, ils galèrent un petit peu pour rentrer dans la vie professionnelle etc. » n°18)

    Pairs

    « Des relations affectives, des relations de communications avec ses pairs compliquées » (n°8)

    Relations affectives

    « c'est vrai que quand il y a une copine pour beaucoup, et je dis pour beaucoup à l'intérieur du foyer, font que ils se rangent un petit peu » (n°10)

    « un chagrin d'amour » (n°22b)

    Individuel

    Histoire de vie/chocs (deuils, violence, accident)

    « c'est une enfant qui a souffert. Enfin, souffert, qui a été victime de violences, donc je pense que c'est peut-être ça qui a causé ça, quand la violence est trop forte, on échappe, et qui psychologiquement est partie dans autre chose » (n°1)

    « il se passe quelque chose de grave, on a perdu le grand père, et donc on se pose des questions existentielles. Y'a le divorce, y'a ceci cela. Là le gamin, c'est sûr le pauvre que ça va être très compliqué pour lui » (n°23)

    « Il y en a pas qui ont déjà des décès de parents » (n°12)

    Soucis de soi

    « Apres je ne fais pas de mal à mon corps, euh, tu vois, » (n°3)

    « que la question elle est générale, comment les gens prennent soin ou pas d'eux même » (n°13)

    Personnalité (excsssif, faiblesse) / maturité

    « tout le monde n'est pas fait aussi pour se poser autant de questions et peut-être de vivre la vie de manière peut-être un peu plus simple » (n°23)

    « manque de personnalité, manque de confiance en soi, » (n°18)

    « Bon maintenant y a aussi des gens qui... et ben sont... ont moins de chances que d'autres de ce côté là parce que ils ont moins de personnalité, de de la réflexion, de l'intelligence quelque part aussi » (n°17)

    Biais

    « pour moi c'est cette sensation et notion d'invinsibilité. Il n'y a rien qui peut les ... les tuer. Le cancer c'est les autres, le machin c'est les autres » (n°7)

    « c'est comme ça, que... enfin, on légitimise la consommation, pour soi. Dire ben attends, lui il a 85 ans, il est au bar tous les jours, il fume trois paquets de clopes et il est joueur de boule, (rire).... on évite de penser à tous les autres qui sont morts à quarante ans, quoi. » (n°7)

    « Où je me sens pas responsable ni de moi même ni des autres, c'est le Mektoub , Inchallah tu sais, rho c'est écrit c'est comme ça » (n°23)

    « bah ils sont immortels. On meurt pas quand on est jeune hein ? Si on leur pose la question, y n'ont pas idée qu'ils vont mourir un jour hein » (n°17)

    contexte associe

    Individuel

    Manque
    connaissances sur
    addictions

    « quelqu'un qu'a compris, qu'est averti, normalement est plus méfiant et tombe moins dans l'addiction que quelqu'un... qui est plus...euh... moins moins averti et surtout qui... à qui on a pas beaucoup expliqué ou qu'a rien compris à ce qu'on lui avait expliqué. » (n°17)

    « je sais pas si c'est un manque d'information qui fait que c'est un manque de maturité mais pourtant je pense qu'ils sont tous conscients du risque » (n°3)

    physiologie

    « Pour certains, ce plaisir peut être fort, d'autres beaucoup plus atténué, donc on ne le sait pas à l'avance, qu'on est très inégaux par rapport à ça » (n°23)

     
     

    « Chaque personne n'accepte pas la drogue de la même façon » (n°12)

     

    Projet de vie

    « c'est un jeune, il savait pas quoi faire de sa vie et tous, la plupart, ils sont comme ça » (n°5)

     
     

    « ça et la difficulté d'envisager et le présent et l'avenir » (n°7)

     
     

    « A du mal à penser son devenir, » (n°8)

     
     

    « posé, qui sait où il va » (n°18)

     
     

    « par exemple, il y avait le CFA qui ouvrait ses portes, donc on a amené les plus grands parce que on sait très bien que au niveau scolaire, après le collège, ben ils vont pas aller dans un cursus général, on a deux gamins qui sont venus, c'est très peu et on est resté 1h pour eux, c'est soulant, ils arrivent pas à voir que c'est pour leur avenir » (n°5)

     
     

    « Ben parce qu'ils ont une douleur, ils ont une douleur mais y vont pas se pencher sur la cause de la douleur, y veulent que la douleur s'arrête immédiatement, des fois y me disent dans combien de temps ça va faire effet ? Je leur dis ben vingt minutes à une demi heure, ah bon aussi longtemps que ça ! » (n°9)

     
     

    « Lui ce qu'il va vivre, c'est l'instant présent » (n°23)

     
     

    « y s'ont même plus le sens de la réalité du travail, de l'effort... » (n°17)

     

    Sous-thèmes

    Extraits d'entretien (numéro d'entretien)

    Consommations

    Produits

    Alcool

    « L'alcool, peu, dans le milieu, mais malgré tout. » (n°1)

    « au niveau de l'addiction il y a drogue, alcool, tabac » (n°5)

    Tabac

    « tout ce qui est fumée » (n°1)

    « vois le tabac pour moi c'est une drogue, ça reste, peut-être parce que je ne fume pas » (n°3)

    Cannabis

    « c'est le shit, les drogues plus ou moins dures » (n°1)

    Médocs

    « surtout alcool, cannabis, tabac, jeux vidéo, je mettrais tabac avant jeux vidéo quand même hein je veux dire, euh... et médicaments aussi oui. » (n°9)

    « Soirée médocs » (n°10)

    Cocaïne/ Estazy

    « banalisation de la coke ou du Speed » (n°10)

    MDMA LSD

    « MDMA » (n°12)

    Héroïne

    « les drogues dures cocaïne, héroïne » (n°18)

    Autre

    « la sauge mexicaine » (n°12)

    Classific

    ation

    Prix

    « ouais de la bière parce que c'est pas cher, » (n°11) « ils sont riches ceux-là dit donc » (n°22b)

    Dure/douces

    « c'est le shit, les drogues plus ou moins dures » (n°1)

    « après nous quand on va parler ça va pas être les drogues dures, ça va être alcool, tabac et cannabis » (n°3)

    Hiérarchie des
    produits
    dangereux selon les
    risques

    « Donc comme je dis toujours: " il vaut mieux être addict du sport, que...". Mais le tricot aussi!! j'veux dire, ben voilà, les grands mères qui tricotent du matin au soir, elles fuient aussi autre chose, elles fuient la solitude, l'ennuie, enfin bon. Sauf que ça fait moins de mal de tricoter, si ce n'est d'avoir les doigts un peu crochus, faire trop de sport, ça fait un peu des tendinites, enfin voilà. Les conséquences ne sont pas les mêmes. » (n°7)

    « Mais comme l'addiction est forte et assez rapide par rapport à ce produit (la cigarette), par rapport à une routine. Souvent, au bout de quelques semaines, un moins, si tu as pas lâché prise » (n°23)

    « Dangerosité sur un assez court terme, un produit qui pourrait provoquer une dépendance, euh, ...physique, rapide, des fois il suffit d'une fois ou quelques fois pour vraiment après même si on a plus envie de consommer on est coincé quoi ... Un produit, ou alors un produit qui est, ..; qui est toxique, qui va détruire, au niveau neurologique ou je sais pas quel niveau de la santé, mais, ... voilà c'est la gravité c'est lié à la dangerosité pour moi. Je pense oui qu'un parent qui découvre une seringue ou, ...voilà, des choses comme ça. Si je le vois arriver affolé, pour moi, je me dirais, il a quand même des raisons de s'affoler » (n°21)

    « on peut classer les addictions, les trucs voilà, café, clope, etc. Ben c'est sûr que pour l'héro, la coque et le shit, on est bien d'accord que le placebo ne ferait pas son effet, mais voilà au début on a une addiction psychologique après médicale et après peut-être que plus ça dure plus ça devient médicale pour le coup, comme euh l'héro, j'en prend peut-être une fois je peux m'en sortir, si j'en prend cinq six fois c'est fini. » (n°18)

    « il y a deux types de drogues différentes quoi, t'as une cocaïne qui va faire un effet, on va dire chimique, t'as pas trop de part de

    personnalité qui va être touchée, alors que l'hallucinatoire, style de champignons, LSD etc. c'est un truc qui va pas faire le même effet sur, sur une personne, chaque personne va le prendre et l'assimiler différemment. des trucs que je connais pas. L'héroïne par exemple c'est quelque chose de très fort, je crois que tu as une dépendance physique, enfin tu as vraiment un mal-être plus que mentale, ton corps il te le demande » (n°12)

    Consommations

    Classifica

    tion

    légalité

    « est ce que c'est parce que c'est illégal que c'est une drogue » (n°3)

    « On se rend compte qu'un produit soit ou ne soit pas illicite, ça a quand même une résonance sur un niveau de consommation. Des produits licites sont beaucoup plus consommés que les produits illicites » (n°23)

    « Je vous ai pas parlé de cigarettes parce que pour le coup c'est légal. » (n°18)

    « l'alcool n'est pas considéré comme une drogue je crois, enfin pas encore, je sais pas si il est passé un statut, enfin il est en vente

    légale » (n°12)

    Tabou/banalisation

    « en collectif, il n'y a personne qui parle de son mal-être, c'est ouais, c'est trop bien les soirées » (n°3)

    « les jeux vidéos c'est plus caché » (n°3)

    « Beh, là pour l'alcool, c'est vrai que pour nous, on a une population, euh, a 90% magrébine, donc pour eux l'alcool ça reste tabou » (n°5) « alors moi je constaterais beaucoup d'alcool, mais ils en parlent pas... j'ai l'impression qu'ils parlent moins facilement de l'alcool que de, que du pétard, c'est marrant » (n°7)

    « banalisation de la coke ou du Speed » (n°10)

    « Mais aussi, il y en a tellement qui consomment du shit que, il y a quand même un petit échange possible quoi, moi j'ai l'impression que l'alcool, on en parle pas non plus, on en parle moins, tu vois, de consommations individuelles d'alcool que du fait de dire, oui, oui, je fume. D'ailleurs tu mets plus de temps à le découvrir, ça l'alcool, même en entretien, alors que c'est d'une grande banalité de dire, ouais, je fume » (n°22a)

    Mode de

    prise

    Mélanges/ poly conso

    « et souvent les consommations, elles sont liées, ils fument et ils boivent » (n°3) « c'est cannabis c'est associé souvent à l'alcool, » (n°11)

    Place du produit

    Pas de drogue en soit

    c'est l'usage

    « c'est pas la bonne drogue, je pense qu'il y a une drogue qui peut être pour moi, je pense que après tout dépend de la consommation que tu as » (n°3)

    « si on réfléchit bien, tout peut être une addiction » (n°5)

    « , les mettre en face de boire un verre de vin, de fumer une clope, tu peux... ben voilà, tu n'es plus exactement là, tu es un là, c'est pas grave, il faut savoir revenir là quoi. » (n°7)

    « . Il n'y a pas que le fait de prendre quelque chose qui va créer une addiction on peut être addictif à un groupe, on peut être j'sais pas moi, addictif à sa famille » (n°12)

    Recherche Effet plus

    que produit

    « pour la première fois que j'ai bu un whisky, j'ai jamais vu quelqu'un dire :"ohohoh, c'est super bon!". C'est amer, c'est, c'est, c'est agressif » (n°7)

    « peu importe le mélange de produits mais il faut que ça aille vite, il faut que ce soit fort » (n°10)

    Sans produits

    Nouvelles technologies

    Jeux/ virtuel

    « tu as les jeux vidéo pareil ca peut être euh ... mais c'est vrai que tu peux vite basculer dans une addiction à quelque chose quoi » (n°3) « moi c'est drogue, alcool, cigarette et tout ce qui est médiatique, support média, vidéo, ordi » (n°7)

    « il y en a qui sont dans le registre pulsionnel et d'autres dans la gratification narcissique » (n°22b)

    « jeu défouloir, ou plutôt des jeux en ligne, même le téléphone, s'ils sont en relation avec des autres ou pas » (n°22a)

    Consommations

    Sans produits

    Nouvelles technologies

    Réseaux sociaux

    « Après ça peut être, ils vont aller sur facebook ou pareil faire un peu du n'importe quoi. c'est pareil tu peux être addict au facebook. » (n°3)

    « beh Internet, c'est un peu la polémique de maintenant. Je vois, euh, pour prendre facebook en exemple. » (n°5)

    « , je trouve qu'ils sont trés trés .... addicts, média, genre,tout moyen de communication, téléphone, leur ordi, les réseaux. ça, ça me fait peur un petit peu, ça me fait peur parce que ça va dans le sens de.... la consommation de la substance de psychomachin, psychoactive » (n°7)

    Sport

    « addict de sport, » (n°7)

    « quelque part au même titre que le sport, la drogue » (n°18)

    Alimentation/Café

    « ... pour moi le chocolat tu vois c'est une drogue » (n°3)

    « ça peut être à la nourriture aussi, ça peut être au téléphone, ça peut être à Facebook, oui des dépendances on en voit plein, et, et les formes se multiplient, nous les jeux vidéo on voit pas trop » (n°11)

    « le café fait partie des addictions » (n°18)

    Sexualité

    « addicts au sexe » (n°10)

    « autour de la sexualité, plus ça c'est pas de l'addiction, mais dans le rapport qu'on en a, ça peut y ressembler »

    Mode de vie

    « On n'est plus dans les addictions, mais c'est plus dans la façon qu'ils ont de vivre, de vivre une vie. » (n°1)

    « moi, les jeunes que je reçoit, ils sont addicts aux conneries, ils ont un comportement, comme ça, renvoyés des établissements scolaires, voilà, la moindre connerie c'est pour eux... j'ai pas envie de dire délinquance, mais que des conneries quoi, voilà tout est mis un peu en échec... et je dis addict, parce que ils peuvent pas s'en empêcher, donc ça va durer 2, 3 ans» (n°22a)

    Orienter

    Lieux

    Tremplin

    « « je parle pour les addictions, en général oui on les envoie chez Tremplin. Enfin on les envoie, on leur propose d'aller, on leur propose d'aller. En général ils y vont. Des fois ça met un peu de temps pour qu'ils se décident mais en général ils y vont. Ou Centre, euh, Point Écoute Jeunes pardon » (n°9)

    « A tremplin j'orienterais pas quelqu'un pour le tabac, ça me viendrait pas à l'idée et c'est vrai » (n°11)

    « Tremplin. Parce que pour l'instant sur Aix c'est le seul que j'ai repéré qui bosse avec le lycée, qui s'est présenté comme étant un relais possible dans l'individuel » (n°13)

    PAEJ

    « Oui, je peux l'orienter vers le PAEJ » (n°5)

    « tremplin, ni de PAEJ, c'est vrai que pour moi c'est deux acteurs incontournables, c'est des lieux et des personnes ressources sur lesquelles je m'appuie en priorité. » (n°20)

    CMP/ Cao 48

    « Cap 48 » (n°10)

    « qu'il y a les CMP aussi, qui peuvent être en relais,» (n°13)

    « Je sais que y a le CMP à Aix, je sais pas si y s'occupent réellement des addictions, déjà ça c'est un endroit que je conseillerais d'aller quand y a un défaut psychologique ou psychiatrique, c'est le seul endroit, en tout cas sur Aix hein auquel je pourrais les envoyer et puis y a le médecin généraliste aussi qui est là pour faire un relais, voilà » (n°14)

    Autre

    « Il y a la Villa FOREALE, Des équipes mobiles de MONTPERRIN , l'ELF» (n°8)

     

    Sous-thèmes

    Extraits d'entretien (numéro d'entretien)

    Positionnement des professionnels

    Cadre
    professio
    nnel

    Ne pas sortir de ses
    compétences/missions
    Humble

    « je vais pas plus loin, parce que je suis pas formée pour ça, » (n°1)

    « mais je pense que nous sur nos interventions, en 1h, on peut pas détecter le mal être » (n°3)

    « après, on est pas un service pour ça non plus » (n°3)

    « après c'est pas mon métier » (n°7)

    « Nous, cette problématique on le travaille à la ... Mais après... Chacun a un champ bien précis et on, on, on essaie d'être humble, » (n°8)

    « moi je ne suis pas psychologue, de formation, moi je suis plutôt sociologue. Et je préfère avoir une approche plutôt globale, généralisante, généraliste, il faut être humble » (n°23)

    « Et si je suis pas capable, il faut, il faut aussi se dire ... ben passer le relais » (n°21)

    Rôle difficile

    « c'est un positionnement qui est difficile parfois » (n°3)

    missions

    insertion

    « je suis là pour réconcilier l'enfant avec l'école » (n°1)

    « il y a un jeune, on l'a aidé à préparer son BAFA, j'ai appelé la CAF pour savoir si elle pouvait lui prendre en charge... » (n°5)

    éducation

    « peu des adultes tampons, des adultes substituts, qui vont renvoyer aussi une règle » (n°1)

    « après, nous on essaie, le mercredi, de les accompagner à pas mal de choses, mais pour les intéresser c'est très dur, ils sont beaucoup dans la consommation d'activités sportives ou autres » (n°5)

    Psychologique/ accompagnement

    « Un soutien, oui voilà, oui c'est ça, mais la base » (n°9)

    « tout notre travail c'est d'essayer de... d'inverser la machine » (n°11)

    « On reçoit à la fois en travail individuel et en travail de groupe puisque on a des groupes de psychodrame et un psychodramatiste qui intervient sur ce lieu. Et aussi deux infirmières psy qui travaillent autour de la relaxation » (n°22a)

    « Mais peut-être ça peut être aussi accompagner sur cette question du soin de soi » (n°16)

    « que nous, en tant qu'assistantes sociales, c'est un peu ce qu'on peut prendre comme temps avec les élèves avec lesquels la question se pose, de pouvoir parler un peu autour de cette consommation » (n°13)

    santé

    « quand tu lui parles après tous les effets » (n°3)

    « ce que demande comme chiffre l'OMS » (n°23)

    « , la question de « il va y avoir un moment où il va falloir essayer de voir si on est dans quelque chose qui risque d'être vraiment « trop de prise de risques, trop de danger, » (n°13)

    Attitude

    Aller- vers/ Parler d'addiction

    « après, nous sur la structure, on essaie de parler de ça,...» (n°5)

    « Après euh... Après c'est quelque chose que j'évoque avec eux quoi, ... Régulièrement.... » (n°8)

    « « Alors j'en parle avec les jeunes et je provoque le débat quand j'anime les ateliers santé, une fois toutes les 3 semaines ça dépend du rythme et de ma disponibilité. » (n°21)

    « pareil, on est allés faire une sortie sur le quartier pour les élections, parce qu'il fallait s'inscrire sur les listes électorales. » (n°5) « On va aller à la rencontre avec les jeunes. » (n°8)

    « on rentre dans leur univers » (n°22a)

    Prévention

    « à mon niveau du avant, avant qu'il y ait quelque chose qui bascule » (n°1) « Ouais, en terme de prévention je verrais plus ça ! » (n°11)

    « je travaille dans la prévention » (n°23)

    Positionnement des professionnels

    Attitude

    Éducation par les pairs

    « surveillez toujours qu'il n'y en ai pas un qui fasse un coma éthylique » (n°3)

    « les filles, vous avez une mission là. Par rapport au comportement d'abruti de nous les garçons parce que nous faut qu'on fasse les beaux, les coqs, ben c'est à vous de nous, peut-être plus nous de nous cadrer, temps en temps un peu de nous casser, parce que ça permet de nous faire réfléchir quand on fait un peu trop les coqs et qu'on prend un peu trop de risques » (n°23)

    Réduction Des Risques

    « nous on a des jeunes qui ont pas encore la voiture, on leur dit faites attention, ne montez pas avec quelqu'un qui a bu, dormez sur place » (n°3)

    « , ça ne les empêchera peut-être pas de consommer, tous, mais consommer au moins avec un petit truc dans le crâne en disant bon c'est pas top, au moins ça quoi. » (n°7)

    « Donc il a été chez le médecin donc il lui a effectivement dit heureusement, bon la Ventoline® c'est bon y faut arrêter et par contre le cannabis il avait essayé de diminuer mais bon... il arrêtait pas, moi y m'avait dis j'arrêterai pas, je suis incapable d'arrêter, j'ai pas envie et j'arrêterai pas. Donc le but c'était de l'amener à moins consommer, voilà. » (n°9)

    « ma position, pour l'instant en tous ca, c'est d'essayer d'en parler, d'essayer de garder une posture plutôt dans la prévention, et dans la réduction des risques, c'est-à-dire de se dire à un moment donné : de toute façon ils consomment, de toute façon ils sont en contact avec la consommation, avec l'offre, donc voilà, de pouvoir mettre des mots là-dessus, de pouvoir en parler, les orienter éventuellement vers les associations adéquates... » (n°13)

    Relation d'aide

    Non jugement
    ouverture
    compréhension

    « c'est parfois difficile de pas porter de jugement, mais moi j'essaie de pas leur dire ouais ta mère, elle dit rien... » (n°3)

    « Pour les avoir déjà eu en séjour, euh, normalement, par rapport moi, en tant que directeur, j'ai pas le droit des les laisser fumer, mais je préfère qu'ils fument avec moi, moi je suis fumeur, je préfère qu'ils fument avec moi, devant moi et qu'ils viennent me le demander plutôt que pendant un quart d'heure je ne sache pas où ils sont » (n°5)

    Poser les
    mots/Partir du
    visible

    « là tu te rends compte que tu es en train de te faire du mal physiquement, psychologiquement aussi » (n°1) « moi j'essaie généralement de remettre les choses à plat. De partir de la réalité des faits » (n°21)

    « pas entrain de te, te perdre, t'épuiser, de te gâcher plutôt qu'autre chose quoi » (n°12)

    Soucis de l'autre/ soutien

    « nous ce qu'on aimerait c'est que celui qui est dans le mal être, il trouve, il ait vraiment toutes les cartes en main pour pouvoir essayer de se soigner quoi » (n°3)

    « fait le but c'était de sentir qu'il ait un appui, de lui donner confiance » (n°9)

    « tout l'art, c'est au bout d'un moment, de les, d'arrêter de les soutenir, de voir s'ils tiennent, s'ils arrivent à tenir tout seul. je fais beaucoup de coaching, thérapie cognitivo-comportementale » (n°23)

    « ça me préoccupe par rapport à ce qui vous arrive à vous » (n°20)

    Creuser problème

    « on leur demande, mais pourquoi tu bois, pourquoi tu... » (n°3)

    « En attirant l'attention sur :"qu'est ce que ça dit?", plus que sur le produit là, » (n°8)

    « On va pas partir de la demande de la personne, il faut travailler... L'histoire, l'histoire, l'histoire familiale, l'histoire personnelle, une demande personnelle. Euh... Histoire de la demande » (n°8)

    « C'est à nous de creuser un petit peu, de voir bon, mais bon on peut pas creuser systématiquement quoi je veux dire, on est obligé de bon, on donne et puis, et puis si y reviennent plusieurs fois avec une demande et des symptômes style céphalées ou douleurs abdominales et ben on essaye de savoir, de creuser un peu, enfin moi, moi je travaille comme ça, je parle pour moi, voilà » (n°9)

    « ok, une fois qu'on a fini de s'affoler sur le côté illégal, qu'est ce qu'on fait de la question sur la consommation, qu'est ce qu'elle vient faire dans son histoire à ce jeune, comment elle est gérée, comment elle est reliée, est ce qu'on peut la relayer auprès des parents.. » (n°13)

    Positionnement des professionnels

    Attitude

    Faire prendre conscience
    de leur état/ du danger/
    des mécanismes

    « juste faire prendre conscience de » (n°1)

    « quand tu prends ta voiture alors que t'es bourré, c'est comme si tu prenais un pistolet chargé, voilà t'as une chance sur deux » (n°3)

    « oui, je vais leur dire, ce que vous faites c'est pas bien, et puis leur faire comprendre que oui, si ils veulent mourir très jeunes ils vont y arriver mais » (n°5)

    « j'essaie de faire réfléchir les gens sur leur comportement vis a vis des utilisations de produits ou de leur comportement addictif » (n°23)

    Dédramatiser/ dé-étiqueter

    « et c'est d'enlever ces clichés qui sont importants » (n°3)

    « à qui je relance, à eux, des perches comme si c'était naturel du moins normal de consommer, donc, je dis " voilà tu es absent là, mais tu fumes souvent?", enfin voilà, comme si il était entendu que ça leur arrive, pour dédramatiser le truc et qu'il puisse en parler. » (n°7) « ... moi c'est ce que j'lui disais, moi franchement ta consommation ne m'inquiète pas. Parce que je savais que il allait un jour décider de s'arrêter quoi voilà, parce que dans sa façon de me parler, de m'expliquer des trucs, ses projets tout ça je savais que il arrêterait sa consommation quoi. Donc moi je pense que le but c'est de pas dramatiser et ne pas dramatiser et soutenir quoi, mais soutenir en équipe et faire en sorte que l'élève réussisse sa scolarité. » (n°9)

    « Et c'est important quand ils sont confrontés à des adultes, qui ne leur soit pas collé cette étiquette, parce que il y a une consommation de ...toxicomane, ou de... Sinon, il pourrait y avoir le risque qu'ils s'y ...finalement, qu'ils s'y mettent un petit peu dans cette projection là, dans cette étiquette là. Parce que d'ailleurs pour certains il peut même y avoir la tentation de s'identifier à cette ... enfin, à une problématique qui peut-être qui peut souvent masquer aussi d'autres questions difficiles et douloureuses, là dans son devenir adulte ou dans sa scolarisation, dans ses relations familiales » (n°16)

    « apprendre à réagir, non plus de manière totalement réactionnelle, parce que c'est vrai que ça fait peur en fait, on s'aperçoit qu'au niveau des adultes qui entourent les enfants, la question des produits, de la consommation de produits... va vite vers l'addiction, c'està-dire que dans l'esprit d'un adulte c'est « tu fumes, tu consommes donc tu risques d'être accroc, ou tu es accroc, » (n°13)

    Cadrer

    Rappel à la loi

    « et puis après la loi » (n°23)

    « nous au CMP, on en parle, on n'oublie pas la loi, on leur rappelle, c'est interdit, ok, ils le savent, après, il faut qu'on en parle quand même » (n°22a)

    « un rappel à la loi c'est pas chez nous » (n°21)

    « entendu il y a le volet information à savoir que serait qu'ils aient en conscience que c'est illégal, interdit, ect. » (n°18)

    Rappel du cadre

    « fumes pas dans un lieu public. Après, dans ta vie, tu fais ce que tu veux » (n°1)

    « déjà lui rappeler aussi le cadre de fonctionnement et donc qu'il s'est mis en faute » (n°10)

    Répression

    « C'est des jeunes de treize ans qui viennent jouer en réseau. Bon moi j'ai supprimé le jeu parce que bon, déjà c'est difficile quand on est en sous effectif de contrôler quel âge tu as, si tu peux vraiment jouer.» (n°3)

    « la police, elle vient, elle leur dit, il ne faut pas boire, il ne faut pas fumer, mais tu sais très bien que les jeunes ils vont boire, ils vont fumer » (n°3)

    « ... la répression ça sert à rien » (n°17)

    « Depuis le début de l'année la réponse a été la BAC : appeler la police, et puis essayer de faire quelque chose de l'ordre du répressif, mais on s'est bien aperçu que cette réponse avait de grosses limites, » (n°13)

    Positionnement des professionnels

    Attitude

    S'appuyer sur Réseau /Équipe/ parents

    « vite fait, on appelle le planning, le PAEJ » (n°1)

    « « il faut que j'arrive à trouver, donc là on cherche, hein régulièrement, des activités, des groupes de parole, des endroits où, effectivement, ça peut se jouer avec d'autres adultes, » (n°1)

    « moi si je sais pas je vais appeler ou X, ou X » (n°3)

    « c'est un faisceau d'informations qui peuvent les conduire à une réflexion mais sûrement pas que l'aspect physique. » (n°7)

    « on a une communication interne donc on va essayer de savoir s'il s'absente, bon en même temps également avec des AED on leur demande de rechercher s'il a des retards, s'il a des absences, voilà. On regarde également les notes, on peut voir les notes donc on peut voir où en est l'élève et donc on voit » (n°9)

    Discours commun

    « Ce qui est compliqué au niveau scolaire c'est que souvent, l'infirmière scolaire, l'AS, on est formées à cette approche, hein, de plutôt la pratique que la répression, mais, les chefs d'établissement, les CPE sont plus dans le oh mon dieu, il faut prévenir les flics. Et ce serait bien que tout le monde soit formé je dirais, du directeur, jusqu'au cuisinier presque je dirais » (n°16)

    « une attitude commune quoi, qu'il n'y en ait pas un qui dise un truc et que l'autre dise l'inverse » (n°12)

    Confidentialité ou pas

    « :" si je le dis à l'infirmière tout le monde va le savoir" et ils ont pas tort quelque part,... bien que moi j'ai été très surprise qu'on me , du moins la vie scolaire ici, on fait vraiment attention à la confidentialité, ce que nous disent les élèves n'est pas forcément reporté aux prof et ça moi je... j'étais persuadée qu'il fallait absolument tout dire aux prof quoi mais pas du tout » (n°7)

    « un coin anonyme » (n°10)

    Valeurs
    de la
    rencontre

    Libre adhésion

    « Ben déjà il faut qu'il soit volontaire, il faut qu'il soit motivé, qu'il en ait envie, sinon ça sert à rien, voilà, que je peux pas soigner un malade qui veux pas être soigné» (n°1)

    « Selon le principe de la libre adhésion... Ça , c'est quelque chose qui nous est cher et » (n°8)

    « et puis après c'est lui qui verra » (n°22b)

    Confiance/lien

    « ... Le lien c'est, ça se tisse. Bon, pour tisser une toile, moi il me faut du temps hein, sinon je tisse rien » (n°1)

    « on introduit une relation de confiance, la personne s'ouvre plus facilement » (n°23)

    « . Donc si pour pouvoir l'aider, pour créer un lien il faut s'ouvrir et être prêt à entendre que c'est sa réalité, quelle elle aime ça, ben il faut faire un travail sur soi pour pouvoir entendre » (n°21)

    « instaure une relation de confiance avec les jeunes pour pouvoir faire un travail avec eux. » (n°18)

    Temps de la relation

    « Et tout ça, c'est vraiment, toute la relation humaine, elle demande du temps. » (n°1)

    « on a pas de suivi par rapport à ces jeunes, c'est vraiment sur le moment quoi » (n°3)

    « Il faut prendre le temps » (n°8)

    « prendre le temps d'évaluer où en est le jeune avec cette approche du produit, avec sa consommation, avec sa posture, avec ce qu'il recherche à travers cette consommation etc etc.. » (n°13)

    Communication/écoute

    « Après on essaye de parler avec eux, d'instaurer un dialogue, » (n°3)

    « La parole, ça va être une parole, .... Ça va être, on va avoir des échanges sur des domaines très variés, ... Mais ça va être toujours une parole en tant qu'éducateur » (n°8)

    « ça se passe, pourquoi, comment, l'écoute, l'écoute, l'écoute, » (n°10)

    « nous en tant que travailleur social on est un peu dans cet intervalle, c'est-à-dire qu'à la fois, on essaie de proposer un espace où ça peut être parlé » (n°13)

    Positionnement des professionnels

    Valeurs
    de la
    rencontre

    Pas centré sur produit/ place du Sujet

    « quand t'es toujours catalogué vous êtes pire pire pire.... C'est aussi vous êtes pas des chiffres et chacun est unique » (n°3) « moi je pense que chaque personne est unique et que chaque cas est unique » (n°3)

    « essayer de rendre une parole de sujet et d'enlever l'étiquette, qui tu es à part ça quoi » (n°22b)

    « on est pas juste un drogué ou un consommateur. Donc c'est de voir la personne globalement, voilà » (n°21)

    « vraiment essayer de prendre en compte la situation de la personne, de pas lui ...ne pas la mettre dans des petites cases, même si c'est important » (n°16)

    Cadre perso

    Conception de la vie

    « Ça c'est parce que j'ai une notion, conception de la vie qui est celle là, en tout cas, c'est très personnel » (n°1) « Enfin ça c'est mon approche et mon éducation personnel. Après, tout le monde ne partage pas ça. » (n°23)

    Différence pro/perso

    « Après, c'est pas mes enfants, peut-être que je m'affolerai aussi. » (n°21)

    « quand tu es en démarche professionnelle, tu as quand même un truc de distance de » (n°12)

    Connaissance/ expérience

    « Pour moi, l'anorexie, peut faire parti de ça aussi parce que j'ai connu ça de très près » (n°1)

    « je vois après par rapport à moi, j'étais dans un, j'étais dans un groupe ou c'était que des sportifs, y'a personne qui buvait, personne qui fumait, j'ai jamais essayé et après maintenant, jamais de la vie, » (n°3)

    « moi je vais leur parler plus par rapport à mon expérience à moi quoi, par rapport à ce que j'ai vécu » (n°5)

    « c'est une drogue, une des pires d'ailleurs, sûrement parce que moi j'y ai été confronté trente ans. ça fait un an et demi que j'ai arrêté et je sais trop comme c'est dur. » (n°7)

    « Quand on dit quelque chose, on le dit à la lumière d'un, certainement de l'observation. Les observations qui sont... Sur le temps d'une expérience, » (n°8)

    « Là ça n'engage que moi, c'est mon expérience, c'est avec mon expérience que je dis ça quoi, voilà. » (n°9)

    « Mais c'est vrai que l'inconnu fait peur aussi, donc c'est vrai que l'héroïne ça peut faire super peur quand même pour le coup. que mon petit fils me dit qu'il consomme de l'héro hé ben je me dis dans trois mois il va faire mon sac » (n°18)

    Cohérence discours /comportement

    « mais il faut que soit même on est fait un petit travail pour pouvoir dire ça. Et les minots, ils voient pas souvent des gens qui disent : "ouais, je bois trop, je fume trop ou je consomme trop de je ne sais pas quoi et j'aimerai ne plus le faire". Il faudrait que l'on ait se courage là aussi » (n°7)

    « si nous les adultes on était plus cohérents, moins ambivalents, je pense qu'en tout cas, dans nos messages de prévention, on serait plus performants » (n°23)

    « Ce qui est compliqué au niveau scolaire c'est que souvent, l'infirmière scolaire, l'AS, on est formées à cette approche, hein, de plutôt la pratique que la répression, mais, les chefs d'établissement, les CPE sont plus dans le oh mon dieu, il faut prévenir les flics..Et ce serait bien que tout le monde soit formé je dirais, du directeur, jusqu'au cuisinier presque je dirais » (n°13)

    Se questionner sur soi
    même, sur sa pratique

    « tu vois les lunettes d'alcoolémies, je suis partagée, je voudrais pas que ça les pousse à... » (n°3)

    « des fois je mets les pieds dans des trucs, j'entends des trucs, je me dis: "merde qu'est ce que je fais de ça?" » (n°7)

    « un travail sur soi, un travail personnel qui du coup n'appartient pas forcément ... euh, enfin là c'est aussi externe parce que c'est pas dans l'institution mais ça va... » (n°16)

    « que, ils ne restent pas sur leur à priori et sur leurs dogmes » (n°10)

     

    Sous-thèmes

    Extraits d'entretien (numéro d'entretien)

    Positionnement des parents

    Attitude

    Relativise, réduction des

    risques

    « , le père me disait clairement « Ecoutez, moi je préfère qu'il fume ça, je sais d'où ça vient, je sais que c'est de la bonne qualité, plutôt qu'il aille mettre plein d'argent à fumer des morceaux qui sont coupés on ne sait pas avec quoi ». Et c'est vrai qu'il y a un niveau réduction des risques là » (n°13)

    Recherche d'informations

    « bon y en a ben qui vont aller s'adresser à des associations, qui vont se renseigner, y en a par exemple quand ils ont des difficultés, je connais par exemple un jeune, bon lui y consomme, y doit fumer un peu mais surtout lui y consomme de l'alcool mais c'est plutôt le week-end et tout ça. Bon par exemple là la famille va régulièrement chez Rezados, ils essaient de faire quelque chose quoi, restent pas mais bon c'est pas facile hein » (n°9)

    Déni de la consommation

    « ils acceptent pas cette réalité là, ils préfèrent ne pas la voir. » (n°1)

    « des parents qui ferment les yeux par confort, en se disant « de toute façon, je ne sais pas comment faire, donc faisons comme si je ne savais pas, jusqu'à ce que ça nous `pète dans les doigts' - un espèce d'évitement de la question » (n°13)

    Abandon

    « les parents étaient informés quand même de sa consommation mais avaient complètement baissé les bras » (n°9) « malheureusement tous les parents ne répondent pas présents, t'as des parents qui viennent pas » (n°20)

    Répression

    « nous a dit qu'il était violent, il a laissé entendre : " Ouais il va me tuer, il va me tuer!!", » (n°7)

    Inquiétude

    « Ils ont beaucoup d'inquiétude par rapport à leur enfant, » (n°8)

    « une crainte des parents par rapport à l'utilisation du produit » (n°22a)

    Culpabilité

    « ces parents qui s'inquiètent et qui se dévalorisent et qui s'angoissent par rapport à eux même » (n°1) « Beaucoup de culpabilité, » (n°8)

    Demande d'aide/ passe

    le relais

    « ça peut être un motif de consultation » (n°22a)

    « y y nous supplie, y nous supplie parce qu'ils ont tout essayé et qui sont donc pas arrivés » (n°17)

    Éloigner le jeune de son

    milieu

    « ils éloignent l'élève, leur enfant on va dire, leur grand enfant, et y l'éloignent et y le scolarisent en internat, dans une autre ville, y l'éloignent un peu voilà » (n°9)

    Permissifs

    « ils sont vraiment complètement, complètement démunis pour une partie et ces enfant qui sont un peu en errance, ils n'ont pas en face d'eux des parents » (n°1)

    « chacun regarde ce qu'il veut et je suis pas sure que ce soit une bonne idée de s'endormir devant la télé ou devant Internet » (n°5)

    « les adultes eux même le montrent plus, je ne veux pas dire qu'avant ils étaient plus responsable ou machin, mais eux même sont sûrement dans, ont plus de difficultés aussi » (n°7)

    Informat

    ion

    Pas au courrant

    « apparemment c'est très bien caché, ils arrivent très bien à cacher leur état » (n°3) « et puis bien souvent ils ne savent pas, donc c'est plutôt masqués » (n°11)

    Accessibilité de l'information

    « est ce qu'ils savent que ces structures existent, c'est ça c'est la visibilité de ce type de ce job. Est ce que tout le monde sait » (n°18)

    « je sais pas si les structures sont, enfin je sais pas, je sais pas si par exemple, je dis ça, je sais pas si tout le monde est au courant et au fait de, que il y a des accompagnements, » (n°12)

    Causes

    Trop de problèmes

    personnels

    « pour être tranquilles, les parents leur disent allez dans votre chambre, allez regarder la télé » (n°5)

    « Ben des bases psychologiques plus solides, un couple peut-être qui va bien, un travail qui va bien, un épanouissement personnel et de couple peut-être plus idéal, je sais pas » (n°9)

    Démunis

    « « Je sais qu'il y a des parents qui contrôlent, mais y en a d'autre qui, pour eux internet c'est ... ils ne savent pas s'en servir donc du coup ils ne savent pas vraiment ce que fait leur enfant sur » (n°5)

    « Alors je pense que les parents aussi sont démunis pas vraiment informés » (n°7)

     

    Sous thème

    Extraits d'entretien (numéro d'entretien)

    Attentes

    Auprès des
    professionn
    els et
    équipes

    Produits, loi, jeux

    « connaissance technique des produits qui m'a intéressé le plus, mais en allant un peu plus loin sur aussi quel produit annule quoi quand on prend tel truc, qu'est-ce qui, qu'est-ce qu'on voit arriver » (n°10)

    « un mec comme ça qui vienne et qui discute, avec des produits. Même il y a le vocabulaire »(n°18)

    « Former sur les lois, sur les produits, parce qu'on s'est rendu compte que pour les profs, ils étaient démunis, pour eux, c'est encore la drogue quoi, notion de drogue dure, drogue douce quoi. Si on arrive à remettre de la raison dans quelque chose qui est assez réactif, je pense que ce serait déjà bien. » (n°13)

    Réseau : qui fait quoi ?

    « quoi faire de l'élève qu'on suppose ou même qu'on est sûr qu'il est addict. "qu'est ce qu'on en fait, où on l'envoie?" » (n°7) « Oui parce qu'à part Tremplin qu'est-ce qu'on trouve? Concernant les addictions? Sur Aix? » (n°9)

    Comprendre le fond des
    addictions/ avoir des
    outils

    « avoir les bons outils pour leur parler » (n°5)

    «si c'est de comprendre ce qui peut un peu intéresser les jeunes, quelle fonction ça a, voilà un peut entrer dans cet univers là...si c'est juste du coup de la prévention, ça m'intéresse moins, par contre essayer de comprendre, essayer de l'aborder d'une manière, pour pouvoir entrer en communication avec eux... ouais ça c'est intéressant » (n°22a)

    « de l'apport d'outils, de l'apport d'informations, » (n°21)

    Équipes

    « tu vas voir X qui va dire, il faut pas boire, qui faut pas fumer, il va y avoir X qui est plus dans la jeunesse, qui boit encore, qui va avoir son discours... ce serait bien qu'on soit formés parce que tu parles quand même aux jeunes » (n°3)

    « Donc nous une formation, oui, mais obligatoire aussi, pour tous les gens qui sont en contact avec des jeunes quoi, même les prof, j'veux dire,» (n°7)

    « Former des équipes, former des équipes qui vont, non seulement s'occuper de la scolarité mais également du développement, de l'épanouissement du jeune » (n°9)

    « Et donc voir un peu déjà quelles sont les représentations chez les professionnels et les parents » (n°21)

    « c'est parfois le manque d'intérêt ou de prise en compte de ce sujet, de cette problématique, vis-à-vis du personnel ici, des équipes, qui sont pas formées, » (n°20)

    Réunions

    « Recr... recréons ne serait-ce que du lien dans le réseau » (n°1)

    « faire plus de formation ou plus d'actions en commun » (n°3)

    « ça ce serait un partenariat a créer avec Tremplin, où eux ils sont vraiment professionnels de ça, sur tout ce qui est conduites à risque, addictions » (n°3)

    « peut-être que les partenaires viennent se faire connaître à l'intérieur du foyer » (n°10)

    Avoir un relais humain

    « serait une aide immédiate, enfin une aide dont j'aurais besoin peut-être là oui, effectivement, pour que, passer le relais » (n°1) « ils nous manquent au final le spécialiste, je veux dire, de la prise en charge en fait. » (n°7)

    « le tout je crois c'est qu'il y ait un relais humain quoi, » (n°11)

    « c'est bien d'avoir euh, enfin dans mon cas quelqu'un avec qui en parler, euh d'avoir entre guillemet quelqu'un sous le coude avec qui en parler, enfin des professionnels » (n°18)

    Supervision

    « et quand on travaille avec des jeunes, on a toujours besoin de...de soutien d'une manière générale. Après on l'a ça, on a des supervisions » (n°22a)

    « être une supervision, des échanges avec d'autres professionnels qui font la même chose » (n°21)

    Attentes

    Auprès des parents

    Formation addictions

    « c'est les parents qui ne sont pas du tout formés, faudrait en même temps que la sensibilisation, à la rentrée. » (n°7)

    « un meilleur travail avec les parents pour pouvoir faire bouger un peu le ... leur casser un peu toutes leurs idées » (n°21) « Que les parents soient plus informés sur cette question » (n°13)

    Inclure les parents à la prise

    en charge

    « qu'on arrive à travailler au niveau d'un parent, au niveau des parents » (n°1)

    « tout le monde s'intéressait à son cas mais en fait y a pas eu de... comment dire... de travail d'équipe, pas de travail avec la famille » (n°9)

    Auprès des

    jeunes

    Principes

    Éduquer tôt à prendre décision

    « c'est pas mal de partir avec une bonne frontière et leur apprendre à devenir critique petit à petit mais d'abord savoir qu'il y a des choses qui sont bonnes pour soi et d'autres qui sont mauvaises pour soi. » (n°7)

    « de prévention oui chez les tous petits, le prendre très, très tôt » (n°11)

    « qu'il faut en discuter bien avant la préadolescence, tu vois, à l'âge de raison, vers 8, 8-10 ans il faut commencer ce genre de discussions » (n°23)

    « c'est-à-dire qu'est-ce qui fait qu'un enfant, à l'intérieur est suffisamment construit pour pouvoir dire non au groupe, pour pouvoir être clair avec sa réponse » (n°16)

    Rendre le jeune

    acteur

    « toi de la faire changer en positif ou pas. Par contre tu peux, si tu choisis la fuite tant pis, moi je te garantis pas que tu arrives quelque part, au contraire, tu peux complètement t'effondrer, c'est un choix. » (n°1)

    « nous on fait ça sous forme de projets, de romans photos » (n°5)

    « pour les rendre acteurs de, pour pas être simplement dans le fait que nous on a délivré un message mais qui est vraiment voilà » (n°20)

    Créer du lien avec les autres

    « et que tous ces jeunes retrouvent une communication à un moment donné. » (n°1)

    « faire venir des intervenants pour leur expliquer » (n°5)

    « En leur donnant la capacité à, à, à être inscrit dans quelque chose parce que bien souvent quand on est à la marge, ils ont du mal à s'inscrire dans , dans le monde des adultes » (n°8)

    « passer son permis, faire des sorties avec les pompiers, avec la police, sorties plongée » (n°22a)

    Former/
    informer sur les
    addictions

    « il faudrait un minimum d'info avec des piqûres de rappel quand même, pas juste les deux heures de SVT en je ne sais pas combien, en quatrième.» (n°7)

    « tant qu'on communique et que ça, et qu'il y a de l'information qui passe voilà » (n°11)

    Réduction Des

    Risques

    « Limiter les prises de risques dans leur addiction. Que tout ce qui est substitution ce soit travaillé avec eux dans de bonnes conditions » (n°8)

    Proposer un

    soutien

    « prendre soin de soin etc, peut-être que sur un autre biais, peut-être qui va être sous forme d'ateliers, ou sous forme d'animations euh...enfin hein, où on va...peut-être qui ne seront pas forcément ... enfin, où il peut y avoir des échanges peut-être avec d'autres personnes, sous forme de petits groupes » (n°16)

    « Un soutien, oui voilà, oui c'est ça, mais la base » (n°9)

    Attentes

    Auprès des

    jeunes

    Principes

    Ouvrir à autre chose

    « Après c'est, qu'est-ce qu'on propose ailleurs, ha ben c'est des trucs qui vont me détruire, mais en même temps, il y aurait d'autres propositions, je pense qu'ils iraient » (n°1)

    « Et comment arriver à en faire sortir, je pense que cela reste pareil, dans toutes les drogues euh, le problème de comment je peux arriver à ... à l'intéresser à autre chose que ça » (n°3)

    « En capacité de donnés des expériences à vivre » (n°8)

    « que les vieux leur donne envie de voir autre chose que les addictions, la société de consommation ... qu'il y a autre chose dans la vie» (n°22b)

    Encadrer la pratique

    des écrans

    «Je pense que vraiment quand on veut jouer aux jeux vidéo comme ça, il faut avoir un contrôle et expliquer les choses » (n°3) « avant d'aller sur facebook, en discuter, expliquer les choses » (n°3)

    « prévoir un système qui puisse garantir la sécurité des choses, que des petits de 6 ans, 7-8 ans, ne se retrouvent pas sur des sites pornographiques ou autre quoi, que ce soit bloqué » (n°5)

    Formes

    Aller vers

    collectif

    « Ouais les stands, je trouve ça bien » (n°7)

    « pour être en contact avec les jeunes, la forme du groupe c'est bien. enfin l'informel en fait » (n°21)

    « l'intervention de... d'associations de... hein voila hein, les forums santé les les les comment... les stands, les... dans les fêtes l'intervention de Tremplin dans les... au niveau des fêtes je trouve ça génial » (n°17)

    Éducation par les pairs

    « il y avait l'éducation par les pairs aussi. Je sais que ça marche » (n°21)

    « avec un système avec des pairs, d'actions un peu citoyennes, tutorat, un peu des ...sur de la prév, sur..., faire en sorte que... se saisir de choses comme ça » (n°20)

    Camion info

    « c'est une présence à l'extérieure, pas forcément dans les locaux mais type un camion, quelque chose qui soit à leur

    disponibilité, mais pas forcément dans l'enceinte, voilà dans la cour comme le camion du don du sang, voilà ponctuellement oui je pense que ça peut être bénéfique »

    Affichage

    « aussi de faire en sorte que cette thématique elle soit apparente, par le biais de brochures, par le biais d'affichage » (n°18)

    « Se sentir concerné directement, donc pour se sentir concerné je pense qui faut que ça joue directement sur l'affect, sinon, sinon on bouge pas vraiment hein. Et je pense que même, ouais, les médias peuvent jouer sur l'affect » (n°14)

    Lieux d'accueil, de réduction des risques

    « Qu'il y ait des lieux comme ça, où la mise à flot ça se passe dans de bonnes conditions » (n°8)

    « « peut-être développer les lieux d'accueil aussi c'est-à-dire comme Tremplin, peut-être les développer. Déjà y faudrait que les jeunes aient le temps de se rendre... » (n°9)

    Intégrer au programme scolaire

    « Il faudrait au lycée qu'ils aient un petit créneau quoi. » (n°7) « passer un diplôme de prévention » (n°9)

    Activités sociales et

    culturelles

    « du rafting, de l'escalade » (n°22b)

    « je pense à ces jeunes garçon qui ont besoin de bouger, faut que ce soit intéressant, faut que ça bouge un peu, c'est pour remplacer les manettes de l'ordinateur » (n°22a)

    « les adultes, sachant qu'ils sont en quête de sensations etc etc, peuvent se mobilier auprès des parents, faire un travail, si c'est légalisé on peut traiter la question autrement; ok en quête de sensation: parapente! »

    « pas plus d'accompagnement à l'emploi ou j'sais pas moi d'activités sociales et culturelles dans un quartier » (n°12)

    Attentes

    Auprès des

    jeunes

    Formes

    Adaptées

    « Des lieux qui sont adaptés à la réalité » (n°8)

    « qui corresponde à un public, celle là je la trouve sympa, un petit peu jeune, mais il y a des trucs qui font un peu flipper, ou des trucs qui fond peur » (n°18)

    « un moment sans rendez vous, euh...voilà, qui je pense pourra ...pourra répondre aussi à certains besoins euh voilà, de

    certaines personnes qui pour la première fois auraient du mal à ... à prendre un rendez vous, » (n°16)

    Artistique/ludique

    « là ça avait bien marché parce que c'était sous forme de jeu » (n°5)

    « c'est sous un autre aspect, c'est un peu ludique, c'est collectif, on peut se cacher derrière les autres.... voilà, je pense que ça a un gros intérêt aussi mais sur pas mal de sujet, pas que sur l'addiction, sur pas mal de trucs seraient intéressants. De petits débats comme ça!!! .... » (n°7)

    « Je sais pas moi, de création artistique, de, de pouvoir, ....voilà, penser autrement. » (n°8)

    Concret, sortir du

    virtuel

    « Du théâtre, des choses... autour de la relation à l'autre, pas derrière un écran » (n°1)

    « enfin, je sais pas, les emmener dans une prison, leur faire voir, demander à certains jeunes qui sont en prison, pourquoi ils sont là dedans, peut-être ça les ferait plus réfléchir, vraiment les mettre devant, devant du concret quoi, c'est ça, parce qu'ils se rendent pas compte. Pour eux, c'est cool, c'est comme à la télé quoi » (n°5)

    Outils

    Cours d'estime de

    soi

    « En prévention primaire, le principal, c'est l'estime de soi » (n°13)

    « On s'aperçoit que tous vont être confrontés à l'offre et la différence entre celui qui va y aller et pas y rester, c'est l'estime de soi.. c'est-à-dire qu'est-ce qui fait qu'un enfant, à l'intérieur est suffisamment construit pour pouvoir dire non au groupe, pour pouvoir être clair avec sa réponse » (n°13)

    Théatre forum/ psychodrame/ photolanguage

    « du photo langage et on y va, on écrit, on parle, on est vivant. » (n°1) « par exemple avec le psychodrame » (n°22a)

    « le théâtre forum » (n°17)

    Mixer les types de

    jeunes

    « Même, nous on a des jeunes qu'on a sauvés en les mettant en lien avec des plus petits parce que du coup, ils se sont placés, ils ont retrouvé une place » (n°1)

    « des jeunes qui sont déjà dans cette difficulté là. Pourquoi ne pas leur faire rencontrer des jeunes qui n'y sont pas » (n°1)

    « nous on avait fait se rencontrer des vieux et des jeunes, au CFA, des plus vieux qui expliquaient au jeunes en quoi ça les emmerdait d'être addicts, parce qu'ils avaient des trous de mémoire, qu'ils pouvaient pas dormir sans leur pétard... » (n°22b)

    « des jeunes comme ça, je me dis, des fois, ce serait bien aussi, de pouvoir naviguer, en fonction des activités, que ça les amène à rencontrer des jeunes qui fonctionnement peut-être un peu différemment. Qu'il y ait un peu une mixité » (n°22a)

    Vécu d'un addict

    « si on entend pas ce que dit quelqu'un qui est en plein dans l'addiction, ben on peut pas en parler et on sait pas » (n°1)

    « , je sais pas, quelqu'un qui a été alcoolique dans sa vie... ou qui s'en est sorti... mais bon trouver la bonne personne » (n°5)

    Besoins primaires

    Santé physique

    « Ça c'est le premier lieu, ... Manger, dormir, ça c'est la base quoi » (n°8)

    « le nombre de jeunes qui ont des problèmes de vue, d'audition, donc voilà je pense que y'a la santé au sens large du terme qui est pas suffisamment prise en compte » (n°20)

    Mise à l'abri

    « La demande de mise à l'abri, celle ci, elle doit être, on doit être en capacité d'y répondre d'une manière, ... Rapide » (n°8)

    Attentes

    Auprès des Politiques

    Donner la parole à ceux qui st

    dedans

    « il faut donner la parole à ceux qui sont dedans, » (n°1)

    « je pense que les gens qui sont un peu en haut y devraient, y devraient interroger un peu plus les gens de terrain, y devraient être, quand y font des groupes de travail y devraient inviter un peu des gens du terrain, pas que des gens qui ont des fonctions on va dire plus administratives. Et ça c'est pas demain [rire] je pense » (n°9)

    « faire des groupes d'échange avec les jeunes » ( n°22a)

    Moins d'hypocrisie

    « je vais pas faire le grand discours sur l'hypocrisie de la société, mais je trouve que l'on est tellement hypocrite par rapport, en tout cas, à l'alcool, la cigarette, voilà qui est légalisé. Je dis pas d'ailleurs, je n'ai pas tranché s'il faut légaliser ou pas le cannabis tout ça, je n'ai pas tranché » (n°7)

    « enfin l'addiction à la consommation clairement c'est pas culturel, c'est pas naturel, c'est un truc qui est créé, ouais c'est un mécanisme économique pour moi, si tu laisses un produit en vente, tu crées de l'addiction, voilà !» (n°12)

    « qu'il n'y ait plus d'hypocrisie et de doubles discours » (n°12)

    Moyens

    moyens

    « Et une confidentialité aussi, pour avoir un bureau tranquille.» (n°7)

    « si on débloque des moyens budgétaires pour développer ça, » (n°9)

    « des locaux, des locaux, j'me suis attraper une pneumopathie parce que j'ai pas de chauffage dans le bureau où je suis le lundi, donc que (rires) c'est ouais c'est des trucs tout bête mais voilà, des ordinateurs, un téléphone, le minimum pour travailler quoi, on en est là, voilà » (n°11)

    « c'est compliqué d'être jeune sur Aix, tout est très cher » (n°22a)

    Temps/ régularité

    « Manque de pots, des équipes ben il y en a de moins en moins, elles sont pas pérennes, elles sont pas stables » (n°1) « Tout le travail qui peut-être fait n'a rien à voir quand on est là depuis longtemps, sur la connaissance du terrain que l'on a, l'histoire du terrain qu'on connait, le lien avec les gens qui existent, la confiance qui a pu se mettre en place » (n°1)

    « on aimerait développer quelque chose mais c'est une organisation, on n'a pas trouvé encore comment s'organiser » (n°3)

    « du fait que les animateurs changent souvent aussi, enfin moi je vois ça fait plus longtemps et certains viennent me voir, pour parler » (n°5)

    « en parler mais régulièrement quoi, mais il ne suffit pas de dire une fois. » (n°7)

    « Donc ça veut dire qui y'a pas de temps pour communiquer, pour vraiment discuter avec les jeunes et y en a de moins en moins, y en a de moins en moins, parce que moi ça fait douze ans, treize ans bientôt que je suis ici et avant entre midi et deux y avait beaucoup plus de temps libre pour les jeunes, on a eu fait beaucoup de choses, beaucoup de choses » (n°9)

    Visibilité et
    accessibilité des
    informations

    « Donc de se faire connaître c'est aussi important ! » (n°11) « qu'ils sachent aussi où s'orienter et qui rencontrer. » (n°11) « un service mairie » (n°20)

    « Oui, faire un peu de lobbying auprès des établissements » (n°13)

    Attentes

    Auprès des

    Modifier l'organisation de

    « . Parce qu'on nous dit que l'élève normalement là faut qui devienne citoyen et compagnie mais je veux dire je me demande

    politique

    l'éducation nationale

    comment. Donc si y a pas la famille, c'est pour ça que je reviens à la famille, dans la mesure où à l'école on leur demande qu'une chose c'est d'avoir de bonnes notes, » (n°9)

     
     

    « Moins de pression scol, euh, sur leur scolarité oui. » (n°9)

     
     

    « par exemple là, avec les nouvelles réformes, ils vont supprimer les stages pour les jeunes de 14 ans. Et c'est ne pas prendre en
    compte les jeunes que d'imaginer que c'est pas bon pour eux de les envoyer en stage et qu'il faut qu'ils tiennent jusqu'à la 3e ».

     
     

    (n°22a)

     
     

    « De souplesse dans les dans les échanges, dans les entrées de partenaires,... dans les, dans les établissements scolaires, dans les... surtout dans les établissements scolaires hein. C'est bien beau de faire passer le, le code de la route... enfin donner des tas de diplômes mais bon un diplôme de prévention à certaines choses ce serait aussi intéressant j'trouve. » (n°17)

     
     

    « C'est au niveau du ministère de l'éducation nationale que ça se passe. C'est-à-dire la prévention c'est pas leur intérêt quoi, c'est pas leur priorité on va dire voilà. » (n°9)

    Auprès de

    Place des jeunes

    « Vraiment demander, oui plus sur la qualité, sur la qualité et essayer de comprendre ce que pensent les jeunes, ce que...

    la société

     

    voilà... » (n°9)

     
     

    « Moins stigmatisés, y se sentent moins dévalorisés et en échec, voilà » (n°9)

     
     

    « Oui parce que ça voudrait dire qu'on s'occupe vraiment des jeunes et je pense qui y'a beaucoup à faire hein. Je pense qu'on s'occupe pas des jeunes moi. Je pense qui sont un peu, on s'occupe pas trop d'eux. » (n°9)

     
     

    « faire confiance aux jeunes un peu », (n°22b)

     
     

    « que les jeunes soient pris en compte, pas seulement les addictions » (n°22a) « sortir de l'étiquette addiction, pour aller sur autre chose» (n°22b)

     
     

    « qu'on parle des jeunes, pas forcément les conduites addictives » (n°22a)

     
     

    « Leur donner une vision moins négative d'eux même » (n°22a)

     
     

    « Arrêter de vouloir faire rentrer tout le monde dans la norme » (n°21)

     
     

    « , où y'a cette notion d'interdit qui du coup est automatiquement liée, dans la tète des gens, à la punition quoi » (n°16)

     

    Législation à modifier

    « , ...ça ne devrait pas rentrer dans un cadre de répression dans la société. » (n°16)

     
     

    « je ne ...moi je ne pense pas qu'il doit être considéré comme un délinquant. Ce que fait la loi actuellement, enfin, avec la loi de

     
     

    70, ou ...tout usager ... de drogues illicites, est de fait,...euh... ben, considéré comme quelqu'un qui a transgressé la loi, donc, ...voilà. Donc y'a ce traitement du côté délinquance » (n°16)

     
     

    « donc vraiment si il y avait quelque chose qui arrêtait cette loi obsolète et qu'on réfléchissait sereinement de la même manière que je propose qu'on réfléchisse sereinement dans l'établissement, réfléchir sereinement au niveau société à qu'est ce qu'on peut faire de cette question » (n°13)

     
     

    « la question est plus de l'ordre du risque encouru par le fait que ce soit illégal, on s'inquiète d'abord de ce biais là, plutôt que finalement du côté de la santé globale » (n°13)

     
     

    « La loi, quand on est dans une consommation qui est aussi générale, euh quotidienne, visible, banalisée,... comme on allume un clope, les gamins allument des joints... c'est que la loi elle est obsolète, quand on la piétine comme ça » (n°13)

    Attentes : Accompagnement Insertion

    activités socio-

    culturelles

    pour jeunes

    Politique, économique, social

    Culture cité

    marginalisation

    Paix sociale

    Histoire de vie

    culture

    Problématiques sociales

    Usage

    Cadre de vie

    famille

    Manque

    Aix Festif Friqué Paraître

    Addiction à la
    consommation

    État de la

    personne (dépression)

    Usage festif Inséré

    socialement

    physiologie

    Addiction =

    Est plus mentale que physique (sauf pour héroïne)

    Pas « image de drogué »

    Nécessité d'accompagne ment, d'aide

    Dur de s'en sortir

    Hallucinatoire +++

    (héroïne)

    Folie

    Parler Orienter Faire venir

    Drogues= dures (le

    chimique : cocaïne, extasie, amphétamine ; l'hallucinatoire : MDMA , LSD, champignons,

    sauge mexicaine ? folie ) vs douces (alcool, haschisch, le tabac)

    Affectives= comportement de besoin

    Savoir qui fait quoi

    Annexe 8 : Exemples de schémas individuels d'organisation du lien représentation sociale/pratique.

    Schéma d'organisation de la représentation de l'addiction : lien entre RS et pratique (entretien 12)

    Pratique : Communiquer / écouter

    Temporalité : À un moment / on peut faire changer les choses

    Pratique : Rendre acteur

    Pratique : créer du lien avec adultes

    Contexte sociétal, École Parental (cadre+lien)

    Rupture

    Sentiment de fatalité

    Impuissance Frustration

    Adolescence (+) : Rite, Faire comme, braver interdit

    Regroupement entre pairs

    Rupture

    Sentiment de

    Souffrance , mal être

    Groupe de jeunes marginalisés

    Pratique :

    donner une place au jeune créer du lien avec famille, école, parents

    Adaptation logique : Compenser, s'évader, fuir

    Créer du lien Se tester

    Revendication Recherche de cadre

    Proximité produit Normes de la « cité » / Tentation

    Question des jeunes

    Usage positif

    Usage négatif

    violence

    Résultat négatif : dépendance

    Résultat positifs : liens sociaux

    Résultat positifs : place sociale

    Addiction = mécanisme d'adaptation raté

    Pratique : Communiquer / écouter Rappel du cadre

    Pratique :

    Prévention santé : Communiquer sur les risques : dépendance +++

    Pratique :

    Proposer des

    activités autres que fumer

    Schéma d'organisation de la représentation de l'addiction : lien entre RS et pratique (entretien 1)

    Schéma d'organisation de la représentation de l'addiction : lien entre RS et pratique (entretien 21)

    Prise de risque seul

    Adolescence

    RS parents/ ados

    Physique : corps, santé

    Prise de risque en groupe

    Psychologique : prise de conscience = angoisse

    Fuir S'évader

    un chagrin

    d'amour, en échec scolaire

    sait pas ce qu'il va faire de sa vie

    Produit/risque : risque santé immédiat vs plus tard

    Demande du jeune

    Renforcer liens Être créatif

    Faciliter liens

    Usage

    Usage
    risqué

    Addiction= Ça pose
    problème au jeune

    Fréquence

    Addiction

    Sociale = isolement

    Accompagne

    Festif/ seul fréquence

    Problème physique trop important

    (Rare)

    Oriente

    RS normative / RS psy

    Résumé

    Mots clés : Jeunes - Addictions - Comportements - Professionnels -- Atelier santé ville - Représentations Sociales -- Risque - Déviance - Normes -

    Résumé : À la demande de l'Atelier Santé Ville d'Aix en Provence, cette étude avait pour objectif de rendre compte des représentations attentes et besoins des acteurs de terrain par rapport aux conduites addictives des jeunes. Nous nous sommes demandés dans quelle mesure les représentations sociales nous permettent de saisir les logiques qui régulent l'accompagnement et l'orientation des jeunes. Nous avons donc réalisé des entretiens semi directifs auprès de 18 professionnels exerçant les secteurs : sanitaire/psychologique (CSAPA, CMP, PAEJ), social/insertion (mission locale, organismes d'insertion, centres sociaux, foyers jeunes travailleurs, BIJ) et éducation nationale (collèges, lycées, universités). Les résultats ont montré une représentation sociale de l'addiction dichotomique : l'usage « normal » (festif, plaisir, géré) et l'usage « addict » (solitaire, souffrance, impuissance, risqué). Nous avons mis en évidence un lien entre représentations et pratiques. Ainsi, le repérage d'un usage à risque entraîne une proposition d'accompagnement ou d'orientation tandis qu'un usage repéré comme normal entraîne de la prévention. De plus trois sous populations de professionnels ont émergé : les acteurs de prévention, les professionnels relais et les professionnels de l'accompagnement. Ces résultats ont permis d'apporter un éclairage à l'Atelier Santé Ville sur la question des conduites addicitves des jeunes sur la ville d'Aix en Provence ainsi que des préconisations.

    Summary : At the request of the City of Aix en Provence, this study aimed to realize representations needs and expectations of local actors in relation to addictive behavior of young people. We wondered how social representations allow us to grasp the logic that regulate coaching and guidance for young people. We have therefore conducted semi-structured interviews with 18 professionals working sectors: health / psychological (CSAPA, CMP, PAEJ), social / insertion (local mission integration organizations, community centers, youth workers homes, BIJ) and education national (schools, colleges, hight school). The results showed a social representation of addiction dichotomous normal use (festive, fun, controled) and use deviant (lonely, suffering, helplessness, risky). We have demonstrated a link between representations and practices. Thus, the identification of risk use causes a proposal or accompanying guidance while normal usage identified as causes of prevention. Over three subpopulations professionals have emerged: those involved in prevention, relay professionnals and professionals accompaniment. These results have shed light on the city of Ais en Provence on the issue of youth addicitves, as well as recommendations.

    Isolement

    social

    Risque social

    Psycho-

    actif

    Risques santé

    addictions

    Effets

    Social

    Physique

    Nécessité
    d'accompagnement/
    difficulté

    Visible

    Place de l'usage






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote