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La gestion de l'eau au Bénin et ses impacts environnementaux. Cas de l'arrondissement de Houin dans la commune de Lokossa

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par Coovi Ledestin Juvénal HOUSSOU
Université d'Abomey- Calavi Bénin - Maà®trise professionnelle en gestion de l'environnement 2010
  

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3.1.3. Ressources en eau souterraine

Les ressources en eau souterraines sont les différentes aquifères qui sont exploitées par les techniques endogènes de captage (puits traditionnels) et les techniques modernes de captage (puits modernes et forages). La gestion des eaux souterraines sera vue sous deux angles : la gestion des nappes souterraines proprement dites qui incombe à l'état et celle des équipements hydrauliques de captage et d'exploitation de ces nappes qui revient à la mairie et la communauté.

3.1.3.1. Gestion des nappes d'eau souterraine

L'arrondissement de Houin, tout comme toute la commune de Lokossa se retrouve dans le bassin sédimentaire côtier, donc les nappes d'eau captées dans cet arrondissement sont des nappes continues qui s'étendent bien largement audelà des frontières de la commune. La gestion de cette eau revient donc au suivi de la quantité et de la qualité de cette ressource, ce suivi est fait par la direction générale de l'eau à travers les relevés périodiques des piézomètres installés et

l'analyse de l'eau des forages réalisés. Pour le suivi des nappes souterraines du département, la direction générale de l'eau a installé des piézomètres à Fongba (commune de Lokossa), Zouhouè (commune d'Athiémé), Gativé (commune de Comé) et à Badazouin (commune de Lokossa). Chaque fin de mois, le service de l'eau du Mono relevait le niveau statique, la température et la conductivité des différentes nappes suivies et envoie ces données à sa direction générale. Mais actuellement, ce sont des enregistreurs automatiques qui sont installés sur ces piézomètres pour ces relevés. Ces données permettent de suivre la quantité d'eau encore disponible pour les générations futures. Mais en ce qui concerne la qualité de l'eau disponible, la gestion qui est faite est très limitée puisque l'accès à ces nappes n'est pas encore contrôlé et la protection des périmètres de captages n'est pas encore une réalité. Ainsi toute contamination de ces nappes en amont, rendra toute l'eau disponible non potable voir dangereuse. Il faut noter que le vote du projet de loi portant gestion de l'eau et sa mise en application effective pourra apporter une solution à ce problème éventuel. Mais ce projet est encore en souffrance à l'assemblée nationale depuis juillet 2007.

3.1.3.2. La gestion des ouvrages hydrauliques

> Rappel de la situation avant décentralisation :

Les systèmes de gestion des ouvrages hydrauliques sont régis par le décret N° 96-317 du 2 août 1996, portant mode de constitution, d'organisation et de fonctionnement des Associations d'Usagers de l'Eau (AUE). Ce décret stipule que la DGH est le maître d'ouvrage. Elle élabore avec les Associations des Usagers de l'Eau une convention de cession et d'exploitation des équipements des systèmes d'eau potable. A l'exception de l'ouvrage de captage qui reste propriété de l'Etat, le reste de l'infrastructure devient, à la signature de la convention, propriété de l'AUE. Cette association élit un comité de cinq membres qui est la chargé de la gestion de l'ouvrage et qui doit rendre compte périodiquement à la population de sa gestion. Force est de constater que ces

comités n'ont pas pu, dans la plupart des cas assurer cette grande responsabilité à eux confiée par l'Etat, ce qui avait conduit à un taux de panne élevé sur les sur la plupart de l'ensemble des ouvrages du Bénin. Les responsables du secteur de l'eau ont décidé alors de passer à la gestion professionnalisée des ouvrages en lieu et place de la gestion communautaire.

> Situation après décentralisation :

La loi N° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin, en son article 93 stipule que la commune est responsable de la fourniture et la distribution de l'eau potable. C'est dans le souci de respecter ces dispositions légales en vigueur au Bénin que toutes les propositions ici présentées placent la commune au centre de la gestion des ouvrages communautaires. Ces propositions sont formulées à travers les quatre (04) options ci-après :

Option 1: Délégation par la commune de la gestion des Adductions d'Eau Villageoise à un fermier

Dans ce mode de gestion illustrée par la figure 7, les usagers sont constitués en association de consommateurs d'eau potable (ACEP). La Mairie devra signer un contrat d'affermage directement avec un opérateur privé (fermier). Dans ce système, la commune délègue toute la gestion au fermier. Celui-ci vend l'eau au prix fixé contractuellement. Le fermier est chargé du fonctionnement et de l'entretien du système de pompage. Il alimente un compte de renouvellement du système de pompage géré par la commune. En outre, il doit verser une redevance à la commune et une redevance au Service de l'eau dans le cadre de la loi sur l'eau.

Figure 7 : Option N°1 de la gestion des Adductions d'eau villageoises au Bénin Source : Cellule Initiative-Eau/DG-Eau

Option 2: Contrat tripartite commune, Association des Usagers de l'Eau (AUE) et fermier

Ce mode de gestion, illustrée par la figure 8, est proche du principe de la double délégation. Cependant, les responsabilités de la commune y sont plus importantes. La commune, l'AUE et l'opérateur privé (le fermier) sont tous les trois signataires du contrat. Le fermier vend l'eau au prix fixé contractuellement. Le fermier est chargé du fonctionnement et de l'entretien du système de pompage. Il alimente un compte de renouvellement du système de pompage cogéré par la commune et l'AUE. En outre, il doit verser une redevance à la commune, à l'AUE et une redevance au Service de l'eau dans le cadre de la loi sur l'eau.

Figure 8 : Option N°2 de la gestion des Adductions d'eau villageoises au Bénin Source : Cellule Initiative-Eau/DG-Eau

Option 3 : Délégation par la commune de la production à un fermier et de la distribution à une Association des Usagers de l'Eau (AUE)

Ce mode de gestion, illustrée par la figure 9, qui sépare clairement les responsabilités en termes de production et de distribution, permet à l'AUE de s'affranchir des contraintes techniques liées au fonctionnement et à la maintenance du système de pompage. Par ailleurs, ce système de gestion permet à l'opérateur privé de vendre l'eau en gros à l'AUE sans avoir à gérer les difficultés liées à la distribution en milieu rural (impayés, gestion des fontainiers, etc.).

contractuellement. Le fermier est chargé du fonctionnement et de l'entretien du système de pompage. Il alimente un compte de renouvellement du système de pompage géré par la commune. En outre, il doit verser une redevance à la commune et une redevance au Service de l'eau dans le cadre de la loi sur l'eau.

La distribution est déléguée par la commune à l'AUE. Ensemble, elles cogèrent un compte de renouvellement pour les travaux sur le réseau et les extensions.

Figure 9 : Option N°3 de la gestion des Adductions d'eau villageoises au Bénin Source : Cellule Initiative-Eau/DG-Eau

Option 4 : Délégation par la commune de la gestion des Adductions d'Eau Villageoise (AEV) à une Association des Usagers de l'Eau (AUE)

Ce mode de gestion, illustrée par la figure 10, correspond au système actuellement mis en oeuvre à la différence que, désormais, c'est la commune et non l'Etat qui délègue la gestion de l'AEV à une AUE.

Dans ce cas, l'AUE gère le fonctionnement, l'entretien, le renouvellement des infrastructures et les extensions de l'AEV. Comme dans l'option précédente d'une gestion directe par la commune, il semble préférable que l'AUE passe un contrat avec une société privée afin d'assurer les tâches spécialisées liées à la maintenance du système de pompage. Il est aussi envisagé que l'AUE verse une redevance ou une taxe à la commune et une redevance au Service de l'eau dans le cadre de la loi sur l'eau.

Figure 10 : Option N°4 de la gestion des Adductions d'eau villageoises au Bénin Source : Cellule Initiative-Eau/DG-Eau

- Cas des ouvrages de l'arrondissement de HOUIN :

L'arrondissement de Houin compte deux Adductions d'Eau Villageoise (AEV) : celle de Houin-Kessawe réalisée en 2006 et celle de Vèha-Déssa en 2009.Ces deux ouvrages couvre suffisamment cinq des six villages de l'arrondissement. Une bonne gestion de ces deux ouvrages et des autres forages de l'arrondissement assurera la pérennité de la disponibilité de l'eau potable pour toute la population jusqu'en 2015 (confère figure 6). L'AEV de Vèha-Déssa n'est pas encore mis en service parce que la procédure de sélection du fermier n'est pas encore achevée. Quant à celle de Houin, elle a été mise en service depuis le 07 juillet 2006 et continue encore à être gérée par la communauté. La mairie de Lokossa a commandité l'audit de cette AEV afin d'apprécier la gestion qui en est faite jusque là. Les conclusions de ce rapport ont démontré à la mairie que la façon dont est gérée l'AEV de Houin par le comité de gestion mis en place, ne garantit pas l'entretien lourd et le renouvellement des équipements. La commune de Lokossa a alors choisit l'option 1, délégation de la gestion à un fermier, pour la gestion future des adductions d'eau de l'arrondissement. Le rapport a révélé les constats suivants :

- les membres du comité ne sont plus unis pour la gestion de l'AEV

- près de 42% des recettes de l'AEV sont détournées, la situation comptable sur les 1272 jours (du 07 juillet 2006 au 31 décembre 2009) de gestion se présente comme suit :

Tableau IV : Bilan de gestion de l'AEV de Houin de 2006 à 2009

Années

 

Recettes

Dépenses

Montant détourné

Nombre de jours de gestion

Montant détourné/jour (F/j)

 

2006

2

398

155

 

758

560

 

639

595

 

177

3

614

 

2007

4

851

105

1

650

475

1

500

000

 

365

4

110

 

2008

4

257

975

2

674

930

1

610

000

 

365

4

411

 

2009

4

173

985

1

813

300

2

779

083

 

365

7

614

TOTAL

 

15

681

220

6

897

265

6

528

678

1

272

5

133

 

Source : Rapport de vérification de la gestion de l'AEV de Houin, Décembre 2009

Figure 11 : Evolution du montant détourné par le comité de gestion de l'AEV de Houin sur les recettes de 2006 à 2009.

Le tableau IV et la figure 11 présentent l'ampleur de la mauvaise gestion de cette adduction d'eau. Ceci prouve très bien qu'une communauté peut être bien équipée en points d'eau, sans être épargnée des problèmes d'approvisionnement en eau potable dans un futur proche. Les résultats de l'audit de la gestion de la seule adduction d'eau déjà en service dans l'arrondissement montre qu'une fois les dépenses de fonctionnement effectuées sur le réseau et le reste des fonds est distraire à d'autres fins au lieu d'être reversés dans le compte réservé pour l'entretien lourd , le renouvellement des équipements et la réalisation d'extension vers de nouvelles localités. Lorsqu'on ramène les montants détournés au nombre de jours de gestion, on

constate que ce montant a évolué de 3614F CFA/jour en 2006 à 7614FCFA/ jour en 2009. Ces valeurs sont d'autant plus inadmissibles lorsque ces faits se produisent dans un milieu où la quasi-totalité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté car le revenu mensuel par personne active s'établit à 14.766 F CFA (CIENI, 2007) soit 492.2 FCFA/jour. De plus, l'exploitant du réseau gaspille l'eau lors des pompages de l'eau dans le château ; puisqu'il ne suit pas le remplissage, il n'est souvent pas là pour arrêter le pompage dès que le château se remplit et alors le château commence par se déverser dans la nature pendant des heures avant qu'il ne soit alerté pour arrêter le pompage (Voir photo 3 et 4). Cet état de choses menace la disponibilité à long terme de l'eau potable pour la population.

Photo 3 et 4 : Gaspillage de l'eau du château d'eau de Houin, le trop plein inondant les alentours lors d'un pompage non suivi

Source : Cliché Juvénal HOUSSOU, 2009

En plus de ces AEV, l'arrondissement dispose aussi de trois forages artésiens et d'un forage équipé de pompe à motricité humaine. Jusqu'en 2009, ces ouvrages n'ont pas pu connaître une gestion digne du nom puisque les forages artésiens ne disposaient pas d'aménagement adéquat pouvant permettre une bonne gestion de cette ressource. Ainsi, pendant plus d'une décennie, l'eau de ces forages ont coulé en permanence en créant des marigots artificiels. Pour

arrêter ce gaspillage de la ressource, le service de l'eau a aménagé en 2009 deux de ces forages.

Avant aménagement, l'eau a coulé ainsi de Après aménagement

1996 à 2008

Photo 5 : Forage artésien de Houin-Centre

Source : Cliché Juvénal HOUSSOU, 2009

Le type d'aménagement réalisé a permis à la population de prendre l'eau suivant ses besoins et maintenir les alentours des forages dans un état de salubrité exemplaire. De plus la mise à disposition de compteur sur ces aménagements, permettra à la mairie de suivre de façon efficace la gestion des forages. Notons qu'actuellement ces ouvrages sont toujours gérés par la communauté sous le contrôle de la mairie mais dès que le processus d'affermage des AEV de Houin-Kessawe et Vèha-Déssa va aboutir, ces ouvrages seront confiés aux fermiers qui seront sélectionnés puisqu'ils se retrouvent dans le rayon des adductions d'eau villageoises.

On constate aisément que les différentes ressources en eau de l'arrondissement de Houin, ne connaissent pas toutes, des stratégies de gestion qui leur assurent leur rôle de bienfaiteur de la population. Il en ressort que ces manières de gérer actuellement l'eau, causent de serieuses nuisances à l'environnement.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon