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Les intérêts des grandes puissances et la souveraineté de la RDC

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par Ghislain NGURU MUYISA
Université officielle de Ruwenzori - Licence 2011
  

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III.1.2.L'opérationnalisation de la consolidation du territoire en RDC

Une forte intégration spatiale du Congo pourra s'observer à partir de la mise en place d'une interconnexion des réseaux de transport. C'est aussi par l'amélioration de l'appareil Etatique qui doit faire apparaître de nombreuses zones contrôlées par le pouvoir public. L'effet de cette forte intégration est la défaillance des groupes armés dans des zones faciles à contrôler.

En effet, la capacité d'intégration socio-culturelle de l'Etat congolais se mesurera essentiellement à sa forte solidarité mutuelle de la société congolaise et à la grande stabilité des institutions politiques. C'est la consolidation de l'Etat qui implique les avancées significatives par rapport aux évolutions technologiques et idéologiques. C'est la forte viabilité de l'Etat qui se décline en trois dimensions observables à travers les indicateurs bien sélectionnés. Celle-ci doit se mesurer par la capacité militaire, ses exploits du passé et ses moyens matériels ainsi que la régulation avérée de l'Etat en vue de bien maintenir l'ordre. C'est donc la capacité dissuasive de l'Etat. Cette capacité sera renforcée par d'autres capacités comme la capacité extractive et distributive. Le budget conséquent sera un moyen privilégié qui garantira un accès équitable aux ressources localisées sur le territoire national. Et dans le climat de confiance mutuelle et de sécurité, le développement est toujours possible. Il doit cependant être non seulement endogène mais aussi soutenu par des partenariats réfléchis. Il impose ainsi une viabilité extérieure qui doit se mesurer à la qualité des liens symbolisant les intérêts partagés entre l'Etat concerné comme la RDC et les acteurs extérieurs99(*).

Bref, l'opérationnalisation de la consolidation du territoire national congolais passe par plusieurs mécanismes dont l'intégration socio-culturelle des congolais, la capacité dissuasive de l'armée, les capacités extractives et distributives du pouvoir et un partenariat raisonné.

III.1.3. Les besoins d'un Etat à refonder

Les besoins d'un Etat à refonder sont multiples. Nous allons nous limiter aux principaux besoins.

Le premier besoin collectif qui aurait fait naître l'Etat, c'est le besoin de sécurité.Ainsi, le leviathan, théorisé par Thomas Hobbes, est chargé d'assurer la sécurité de tous ; en imposant l'ordre dans un état de nature où chacun éprouve le besoin de se débarrasser de la peur, de devoir recourir à l'usage de la force pour se protéger contre son voisin, considéré comme une menace permanente. C'est le Homo Homini lupus. En fait, le besoin de sécurité en appelle à la catégorie des missions dites régaliennes de l'Etat. Il s'agit des missions de souveraineté qui demeurent nécessaires même dans un contexte international transformé. Comme dans tous les constructions politiques, tout congolais a d'abord intérêt à ce que l'Etat le débarrasse de la peur de l'autre en assurant de manière souveraine l'ordre interne pour le bien de tous et en protégeant sa population entière contre les menaces extérieures.

Le deuxième besoin sollicitant tout Etat moderne depuis le début du XXe siècle confie à l'Etat des missions sociales, appelées d'ailleurs souvent « mission moderne » de l'Etat. En plus du maintien d'ordre, la construction politique est le pourvoyeur ultime du bien être social et matériel à sa population. En cette matière, deux méthodes s'offrent à l'Etat. soit, il intervient directement dans la vie socio-économique , s'il le peut ; soit , quand l'efficacité l'exige, il partage la construction de ce bonheur collectif avec des particuliers en gardant pour lui les activités dont l'improbable productivité désintéresse l'investissement privé et tout en se tenant prêt à intervenir en cas de nécessité dans les secteurs privatisés. L'essentiel dans les deux cas c'est de réduire au maximum les éventuelles frustrations de ses citoyens et de diminuer ainsi le risque de guerre civile qu'elles engendrent.

La troisième dimension de la viabilité de l'Etat est orientée vers l'environnement extérieur. A l'heure où les flux d'interdépendance transfrontalière se sont énormément développés ou accompagnés d'une prolifération d'enjeux dépassant la seule compétence étatique. Aucun Etat quelle que soit sa puissance, ne peut plus aujourd'hui s'enfermer sur lui-même. Les interactions avec les acteurs de l'environnement extérieur ont des répercussions positives ou négatives sur la paix, selon l'intérêt et la qualité du partenariat entre ces acteurs extérieurs et l'Etat congolais souverain du lieu. Des fenêtres sont déjà ouvertes sur le champ de la viabilité extérieure de l'Etat et continueront probablement de s'ouvrir100(*). Autrement dit, les besoins d'un Etat à refonder se traduisent aussi par des dimensions d'intégration et celles de viabilité de l'Etat. Nous concevons une triple intégration et aussi une triple viabilité.

Précisons que, le concept d'intégration spatiale utilisé dans le présent travail ne se confond pas avec l'intégration régionale supraétatique qu'André Marechal101(*) désignait à sa manière par le terme « intégration territoriale. »

Il s'agit plutôt de l'intégration de l'Etat dans l'espace géographique qui lui est réservé, qui est juridiquement le sien et fait d'ailleurs partie de lui, l'espace sur lequel le pouvoir d'Etat est censé exercer sa souveraineté.

En fait, la triple intégration a une triple dimension. Elle peut être appréciée par rapport à l'implantation adéquate des institutions sur le territoire national, par rapport à l'adaptabilité des institutions aux traditions locales et, par rapport à leur réceptivité aux changements charriées par la modernité mondialisée.

L'intégration spatiale de l'Etat, son adéquation avec le pays aurait un impact certes sur l'efficacité de l'administration et de manière indirecte sur la prévention de la guerre. Selon que l'architecture institutionnelle est déployée de manière plus où moins adéquate, le contrôle du territoire et de la population peut être plus ou moins rassurant. La capacité à assurer l'exécution des politiques publiques et à maintenir l'ordre en dépend. Par ailleurs, la faible insertion de l'Etat moderne dans les sociétés d'accueil revient fréquemment dans l'analyse des crises institutionnelles et des guerres auxquelles sont confrontées les jeunes Etats, par exemple en Afrique où le découpage colonial a donné lieu à des territoires superposés aux anciens territoires de chefferies, royaumes et empires. Le cas de la RDC est un exemple éloquent.

L'autre intégration vient de ce que l'on peut considérer comme les enjeux de la modernité. Aujourd'hui, le monde évolue si vite qu'une faible capacité d'adaptation aux changements rapides véhiculés par la mondialisation place de nombreux Etats dans une situation d'extrême vulnérabilité. Ces changements sont d'ordre technologique d'une part et de l'ordre des valeurs d'autre part. L'Etat qui n'a pas de technologie appropriée à la situation présente se laisse infiltrer par des espions mieux équipés, devient incapable de contrôler efficacement des particuliers plus outillés, devient moins crédible auprès de ses partenaires, se prive de l'information nécessaire à sa sécurité, se trouve désemparé face à une menace interne ou extérieure102(*).De même , l'Etat qui s'adapte peu aux nouvelles valeurs mondialisées, inculquées à son peuple par les medias et autres auteurs et flux transnationaux dont la fluidité échappe aux frontières étatiques se vulnérabilise. Il s'agit là des réalités qui ont déjà piégé notre pays. Il faudrait s'en franchir pour espérer à une bonne intégration.

La viabilité a aussi une triple dimension. Elle est appréciée par rapport à la capacité de l'Etat à assurer sa survie en tant qu'Etat, par rapport à son utilité sociale interne et par rapport à son utilité vis-à-vis de l'environnement extérieur.

La première dimension de la viabilité d'un Etat est celle liée à sa capacité à se défendre lui-même en tant qu'Etat, c'est-à-dire aptitude à exercer et à protéger sa souveraineté. Il est intéressant de l'appeler la viabilité intrinsèque de l'Etat c'est-à-dire l'utilité de l'Etat par rapport à lui-même. Il est évident qu'un Etat qui perd les attributs habituellement reconnus aux Etats qui se laissent ainsi découvrir au monde intérieur comme un colosse rongé d'intérieur attirera facilement les initiatives visant à l'abattre pour prévenir ou limiter les dégâts de sa chute incontrôlée.

Bien entendu, il existe des Etats qui se privent volontairement d'une partie de leurs attributs de souveraineté notamment dans le domaine militaire, et qui n'attirent pas pour autant une quelconque agression extérieure ou une rébellion interne103(*). Mais c'est le statut de neutralité internationale dont ils jouissent qui les protège contre les agressions extérieures. Et c'est l'efficacité des autres dimensions qui leur permettent d'écarter les risques de rébellion interne. Les Etats ont intérêt à renforcer les mécanismes inhibiteurs de la violence organisée sur le champ interne. C'est aussi pour la même raison appréciée par rapport aux acteurs extérieurs, que les réalistes lui réclament la quête permanente et souveraine de la puissance.

La deuxième dimension de la viabilité de l'Etat est celle découlant de son utilité sociale vis-à-vis de ses citoyens. C'est la viabilité  interne, l'aptitude de l'Etat à remplir ses missions socio-économique, son utilité en tant que responsable du bien-être de ses citoyens. Les guerres civiles sont dans la plupart des cas causées ou encouragés par les frustrations de ceux qui y participent volontairement. Les agressions extérieures trouvent dans la même frustration les enzymes qui préparent le terrain à une invasion moins coûteuse.

La troisième dimension, celle de la viabilité extérieure de l'Etat, contribue aussi à sa stabilité et à cultiver un climat de paix avec les autres acteurs de la scène internationale. L'aptitude de l'Etat en tant que partenaire important d'autres acteurs contribue à le protéger contre une guerre qui nuirait aux intérêts partagés avec les autres104(*).

En définitive, la viabilité de l'Etat par rapport à sa sécurité, à sa population et à ses partenaires extérieurs constitue un souffle pour son développement.

* 99 N. NZEREKA MUGHENDI, op cit , p 21

* 100 N. NZEREKA MUGHENDI , op cit 201

* 101 Idem, p. 202

* 102 N. NZEREKA MUGHENDI , opcit , p 225

* 103 N. NZEREKA MUGHENDI , op cit, p 228

* 104 N. NZEREKA MUGHENDI , op cit, p 229

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci