WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Gouvernance

( Télécharger le fichier original )
par Eugène TOUNDE
Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

V- REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Les ouvrages qui traitent de la gouvernance multi-niveaux n'abondent pas dans les centres de documentations que nous avons visités au cours de notre étude. La nouveauté du concept peut justifier cette rareté.

Toute fois, concernant le projet sur lequel notre recherche se penche, il existe environ deux rapports sur la gouvernance rédigés par un expert recruté à cet effet qui pourront nous servir d'éléments d'analyses.

Par ailleurs, grâce aux travaux de quelques auteurs dans le domaine des sciences sociales, nous avons pu nous rendre compte de ce que ceux-ci pensent de la gouvernance en général et de la gouvernance multi-niveaux en particulier :

1. S'exprimant sur le sujet dans son article : « Gouvernance, une mutation du pouvoir ? »,22 Philippes Moreau Defarges pense que, la dynamique de la gouvernance est d'abord celle d'une dévaluation du rôle de l'Etat face à l'accomplissement du bonheur individuel. Le point marquant de la pensée de Moreau que nous soulignons est celui qui fait constater que tous les discours sur le développement recherchent d'abord un développement personnel, même si on y parvient au détriment de l'Etat c'est-à-dire en réduisant sa capacité à agir entant que puissance publique.

2. Dans : « La politique internationale. théories et enjeux contemporain »,23

De Senarclens Pierre et Ariffin Yohann montrent que, la gouvernance occulte les conflits d'intérêt, les contradictions et l'hégémonie ; elle occulte de plus le fait que la politique soit d'abord une culture et une histoire. Elle met l'accent sur les modes efficients de « gestions » de la société. Ces auteurs se rangent du coté de ceux qui estiment que la gouvernance est venue reformer l'Etat, mais ils ont la faiblesse de voire dans la gouvernance un moyen parfait de gestion des affaires de la cité. Cette approche s'éloigne un peu de la conception que Marie-Claude Smouts a de la gouvernance.

3. Marie-Claude Smouts dans un article intitulé : « Du bon usage de la gouvernance en relations internationales »,24 affirme : « Le concept de gouvernance est lié à ce

22 Philipe Moreau Defarges : « Gouvernance, une mutation du pouvoir ? », Revue le Débat, nO 155, mai-août 2001, pp165-172.

23 Pierre De Senarclens et Yohann Ariffin : « La politique internationale. Théories et enjeux contemporains » 5è édition, Armand Colin, 2006, pp 184-188

14

que les grands organismes de financement en on fait ; un outil idéologique pour une politique de l'Etat au minimum ». L'inquiétude de cet auteur sur l'usage de la gouvernance est notre. Car comme le souligne l'auteur, d'autres analystes pensent que l'usage de la gouvernance au sein des IFI est porteur d'une philosophie idéologique très souvent dominante sur les Etats.

4. Tino Raphael Toupane (2009), dans un article signé : « La gouvernance : évolution, approche théorique et critique du concept », conclut en ces termes : « il n'est pas étonnant de constater que le concept de gouvernance est au centre de la réflexion théorique, sur les politiques économiques des pays de l'OCDE, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) ou de la Banque Africaine de développement (BAD), il est encore moins étonnant de relever que le contenu théorique qu'elles déclinent à la gouvernance traduit une vision du monde, leur vision du monde... », Cet analyste s'accorde avec Marie-Claude Smouts sur les enjeux idéologiques de la gouvernance.

5. Guy Hermet, Bertrand Badie, Pierre Birnbaum et Philippe Braud, pensent de leur coté que, la gouvernance multi-niveaux (multi-level governance) met l'accent sur le fait que les décisions dans les organisations ne se prennent pas seulement sur une base de logiques purement internes. Elles intègrent ce que les économistes appellent les « coûts de transaction », c'est - à- dire les règles et modes de comportement externes qui influencent les rapports de l'organisation avec son environnement. En d'autres termes, avec la gouvernance multi-niveaux on entend prendre en compte l'ensemble des régulations formelles et informelles qui contraignent la liberté de choix et le calcul rationnel du décideur25.

On peut noter une idée forte de la pensée des ces auteurs en ce qu'elle s'inscrit dans le décentrement du centre de décision et en même temps souligne l'influence externe que subit l'Etat.

6. David Alcaud, Laurent Bouvet, Jean-Gabriel Contamin, Xavier Crettiez, Stéphanie Morel et Muriel Rouyer, soutiennent pour leur part que, la gouvernance multi-niveaux se nourrit de plusieurs facteurs : le discours démocratique consistant à rapprocher le pouvoir du citoyen, processus que favorise la décentralisation ; la

24 Marie-Claude Smouts « Du bon usage de la gouvernance en relations internationales », Revue internationales des sciences sociales, n° 155, mars 1998.

25 Guy Hermet, Bertrand Badie, Pierre Birnbaum et Philippe Braud : « Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques » 6è éd. Armand Colin 2005, pp 139.

15

volonté d'associer étroitement les acteurs territoriaux à la définition et la mise en oeuvre des politiques publiques pertinentes.26

Nous pensons que ces auteurs ont le mérite de reconnaitre à la gouvernance multi-niveaux la dimension du co-pilotage des politiques publiques, mais ils ont la faiblesse de la concevoir plus sous l'angle des rapports entre autorités décentralisées et pouvoir central et de voire en elle un outil parfait de gestion publique.

7. Concernant le processus de l'intégration de la zone CEMAC, une étude de la Commission économique pour l'Afrique menée par le Bureau sous régional pour l'Afrique centrale en 2007, sous la supervision générale de son président Mamadou Hachim Koumaré, conclut en recommandant aux pays de la zone CEMAC de renforcer les infrastructures de transport et de communication et en même temps de prévoir des mesures de facilitation du commerce, y compris la sécurisation des routes et la réduction du nombre de postes de contrôle sur les voies de communication entre les différentes capitales. Le cadre de la coopération devant être exploité pour la mobilisation des ressources nécessaires aux investissements en infrastructures.27

8. Analysant l'efficacité de l'aide au développement Lavagnon A. IKA dans : « La gestion des projets d'aide au développement : historique, bilan et perspective », démontre que le développement international fait l'objet de recherche depuis une cinquantaine d'années. La plupart des auteurs s'accordent sur l'échec global des projets d'aide au développement, même si des résultats sont parfois encourageants. Le taux d'échec très élevé de ces projets force à la réflexion. Sans pour autant opposer à l'optimisme exagéré du passé, un pessimisme de circonstance, cet article propose de réconcilier l'avenir de la gestion des projets de développement avec le présent, en gardant à l'esprit les défis du 21ème siècle auxquels les peuples de l'opulence et ceux de la pauvreté devront faire face ensemble. Il appelle à une meilleure gestion des projets de développement à l'intérieur d'un cadre conceptuel qui permet d'en évaluer le succès.

26 David Alcaud, Laurent Bouvet, Jean-Gabriel Contamin, Xavier Crettiez, Stéphanie Morel et Muriel Rouyer, « Dictionnaire de science politique » Paris 2, SIREY, 2010, p 165.

27 Commission Economique pour l'Afrique Centrale : « Convergence économique en Afrique Centrale », octobre 2007, p 66.

16

9. René Dumont et Marie-France Mottin dans : « L'Afrique étranglée », se penchant

sur la problématique du développement de l'Afrique affirment sans ambages l'échec du modèle de la civilisation occidentale et regrette que ce soit ce dernier qui soit à nouveau proposer à l'Afrique , ils déclarent :« Nous avons bâti une civilisation du gaspillage totalement aberrante sur l'hypothèse-trop tardivement reconnue absurde - de ressources illimitées d'énergie, à des prix que l'on prévoyait sans cesse plus réduits. Ce drame devient absolument inacceptable à partir du moment où ce même modèle de développement, abusivement dénommé

`'civilisation», nous le propulsons dans les pays dominés par nous... ». Dans la

même lancé, ces auteurs s'inscrivent en faux vis-à-vis de l'universalité de la pensée occidentale de développement : « S'efforcer de répandre ce système est donc effroyable imposture ; et pourtant « nous » y sommes largement parvenus. Nous avons persuadé la grande majorité des dirigeants africains que notre progrès était le seul désirable pour eux, le seul valable pour l'Afrique, sans jamais demandé l'avis des principaux intéressés, les paysans ; sans prendre soin d'étudier le milieu économique, historique, sociologique, politique... » 28

Eu égard à ce qui précède et concernant le cadre conceptuel de la notion de

gouvernance multi-niveaux, la faiblesse des ouvrages consultés tient au fait que certains auteurs n'ont pas à l'époque29 de leur analyse, pris en compte la dimension multi-niveaux du concept de gouvernance dans la mise en oeuvre des stratégies publiques de développement. Cependant certains ont le mérite en abordant la question de la gestion de la chose publique de mettre en exergue les avantages de la bonne gouvernance lorsque cette dernière épouse un cadre de gouvernance dit multi-niveaux.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus