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Essai sur les élites traditionnelles au Maroc

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par El Mostafa AAOURDOU
Université Moulay IsmaàŻl Meknes - Maroc - Master en science politique 2012
  

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Chapitre 2 : l'hérédité et la démocratisation du système, le grand paradoxe

Un régime démocratique est celui qui, dans son organisation, se conforme au principe selon lequel le pouvoir souverain n'appartient qu'au peuple. Par des votes librement exprimés, et non entachés de fraude, par la majorité des votants, directement ou par ses représentants élus, est la source de toutes les décisions publique liant l'ensemble de la communauté.165(*) Un régime pour être démocratique, doit d'abord abolir l'exploitation du peuple par la classe dominante, et mobiliser tous les moyens pour amorcer le développement de la société. La démocratie a été réclamée par une partie du mouvement national166(*) . Progressivement, sous l'effet des diverses péripéties de la vie politique marocaine, des grands évènements des années 1960, substitue une autre conception de la démocratie de référents et de contenus plus traditionnels.

Section 1: l'hérédité : un frein à l'institutionnalisation

Partant de leurs origines sociales, les élites marocaines sont similaires au makhzen dont la genèse est étrangère à la société. Le pouvoir central puisant sa source en dehors de la sphère rurale, était, de ce fait, vu comme un corps étranger, il établit une séparation entre pouvoir politique et société tribale, en conséquence, il est un système non représentatif de la société marocaine167(*), composée dans sa majorité par les tribus. Le pouvoir central et ses élites urbaines, usaient de la volonté de la puissance, plus que de l'élitisme pour s'imposer. Les héritiers du pouvoir économique ou politico-administratif, avaient longtemps concurrencé les organes de représentation politique au moment de leur période défensive. Dès qu'ils passaient à l'offensif notamment après la proclamation de l'état d'exception, ils tentaient d'écraser les acteurs sociaux et politiques notamment les syndicats et les partis politiques. Là aussi les élites au pouvoir n'inventent rien. Elles attendent que les conjonctures décident à leur place, leurs membres sont dépourvus de la force de l'initiative. Les événements extérieurs, les forcent à penser et à conceptualiser les problèmes. En plus, l'idée de « syndicat de maison » qui règle les problèmes en famille, est une vieille formule inspirée du paternalisme moralisateur et autoritaire, ils aspirent à ce que cette ancienne technique intervienne à leur place. Tous les héritiers et même les administrateurs l'adoptent au quotidien, sans avoir à passer par des rapports institutionnels entre différents acteurs politiques, syndicaux et sociaux. Les successeurs revendiquent moins le paternalisme que le droit à l'hégémonie. Leur appétit à la domination est si grande, qu'ils prétendent réduire les groupements médiateurs à l'état d'ectoplasme, ils veulent réduire au néant toute idée d'institutionnalisation pour écarter toute tentative d'ascension d'autres groupes inferieurs. La menace des technocrates et des confréries familiales est plus dangereuse. Elle risque, si ce n'est déjà fait, de porter atteinte à l'énergie du social et au dynamisme du politique168(*). Ces groupes au pouvoir, entravent l'institutionnalisation du travail de la société civile et politique.

Paragraphe I : classe politique et la problématique du changement

Le désir irrésistible des élites d'exercer le pouvoir politique, a engendré chez le pouvoir une volonté de régulation du champ politique. Celui-ci tente de diriger la classe politique et confisquer sa décision, pour prévenir tout risque éventuel du changement. Le contrôle de l'espace et son ajustage constituent la pierre angulaire de la stratégie des élites, pour contrecarrer tout changement. Le statuquo est maintenu par le découpage électoral qui, reproduit les mêmes élites, favorise les partis au pouvoir, engendre des institutions qui assurent la continuité et fluidifient l'action politique de l'opposition, la création de la chambre des conseillers fait partie de la stratégie du pouvoir(A). L'aboutissement de ces plans serait l'origine d'une crise des élites au Maroc (B).

A- les ambitions du pouvoir 

Après l'indépendance, on assiste à l'effondrement de l'ancien système d'élites locales chargées de l'administration du territoire. Une bureaucratie bourgeoise, urbaine et moderne lui substitue. Elle a tenté dès le début un plan réformateur, dont l'idée directrice est de détruire le cadre tribal et la cohésion des groupes, et devra s'établir sur la base de rapports de production assurant un contenu économique et social aux solidarités nouvelles169(*). Les hésitations de la monarchie couplées aux ambitions des notables ruraux de récupérer leur ancienne position, ont étouffé cette idée dans l'oeuf. Le découpage des communes intéresse principalement la mise en pratique d'une politique visant le rétablissement des élites rurales intermédiaires. L'adoption du scrutin uninominal majoritaire à un tour pour la désignation des conseillers communaux a été un élément déterminant dans la reconstitution d'un réseau d'élites locales.170(*) Cela en dépit de l'opposition farouche des élites urbaines, qui ont lutté pour le scrutin de liste, seul capable de faire des commune un moyen de reconstruction économique et social171(*). Le roi a réussi à construire une clientèle politique, personnellement attachée à lui dans un système de faveurs et d'obligations. Un régime où tous les biens convoités ne sont jamais mérités ou acquis mais alloués et rétrocédés. Les membres de l'élite vivaient sous la tension et l'inquiétude d'être dépossédée. Elle devenait par conséquent docile et facilement manipulable, et perdait l'initiative, par conséquent le plafond des revendications de la majorité des formations politiques, se rétrécissait et devenait inférieur à celui du pouvoir. Les élites étaient ses vassales et ses complices. Leurs membres ciblent bénéficier des privilèges de l'autorité. Et leur rôle est réduit au soutien des thèses officielles au détriment des intérêts des masses, le politique devient ainsi au service de l'autorité, au lieu de s'aligner du côté des dépossédés pour faire entendre leur revendications. Le Makhzen, après avoir assuré le contrôle du champ politique, passait à la mise en oeuvre de ses politiques, sans craindre l'affrontement de la moindre opinion inverse. Face à cette situation, où le pouvoir devient l'acteur principal, les partis politiques furent constitués sur mesure, ils adoptent des programmes similaires, leurs membres se recrutent sur la base de l'origine familiale et non sur des convictions idéologiques. Ils forment une version nouvelle de tribus politiques172(*). La classe dirigeante au Maroc, est segmentaire, son histoire est celui des divisions, d'alliances, des contre alliances et des luttes. A l'occasion d'une échéance électorale, un ou plusieurs partis, font jour sous l'impulsion du pouvoir. « La fragmentation assure au système sa continuité ainsi que le contrôle des acteurs. Elle est le résultat d'une longue expérience accumulée pendant des siècles. La division de la classe politique, n'est pas la conséquence de la divergence d'objectifs et des idéologies. Mais elle est conditionnée par la lutte autour des postes de leadership et des privilèges procurés par le champ politique. C'est une inspiration des modes de fonctionnement du système tribal et confrérique »173(*). La reproduction des élites, n'est possible que par les scissions à cause de l'absence de la démocratie au sein des partis politiques, les pressions des bases sur les dirigeants partisans, sont réglées par des divisions. Ce qui sèche l'appartenance idéologique de toute substance, la concurrence s'oriente pour recevoir l'aval du pouvoir174(*), au lieu de formuler des thèses incarnant les doléances des masses. La monarchie a réussi à devenir une puissance d'attraction. Sa capacité à attribuer des positions dans la politique, l'économie et l'administration, et à pratiquer un clientélisme tournant et manipulateur, met en concurrence les différents segments cherchant à être reconnus et à prendre part175(*) à la gestion des affaires publiques de l'Etat. La dégradation des ressources d'intégration à mis le pouvoir et ses élites dans la crise.

* 165 -Georges Lavau et Olivier Duhamel, « La démocratie », in traité de science politique, les régimes politiques contemporains, éditions PUF, 1985, p. 29.

* 166 -Belhassan Elouazani se démarque par la solution qu'il propose pour remédier aux maux marocains : cette issue réside dans l'adhésion du pays à la démocratie, il exige d'accoutumer les marocains aux méthodes démocratiques de gouvernement et d'administration.

* 167 - Faouzi. M. Houroro, op.cit .p. 35.

* 168 -Ali Benhaddou , op. cit. p .128

* 169 - Rémy Levau , op.cit, p. 26.

* 170 - Ibid p. 38.

* 171 -Mehdi ben Barka, « Option révolutionnaire au Maroc, Rapport au secrétariat de l'UNFP avant le 2° congrès, Rabat, Le 1° mai 1962 », in « journal Almounadhil-a », sit internet : http://www.almounadhil-a.info.

* 172 - ?EI C????? C?????- ??C?E C??IEE EC??U?E? ??O??CE I?CE? ???E ?U? C??II:9?? 80

* 173 - Alain Claisse, «le Makhzen d'aujourd'hui» in le Maroc actuel.

* 174- ?EI C????? C?????? ??C?E C??IEE EC??U?E? ???? ?CE??? 90 -

* 175 - Bernard Cubertafond , le système politique marocain, op.cit, p . 135.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus