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Essai sur les élites traditionnelles au Maroc

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par El Mostafa AAOURDOU
Université Moulay IsmaàŻl Meknes - Maroc - Master en science politique 2012
  

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Paragraphe II : développement économique manqué

 La modernisation du Maroc, passe par le passage obligé de la territorialité du développement, la propagation du progrès sur l'ensemble du territoire national. La modernité se mesure en terme territorial par une répartition équitable des richesses, une implantation rationnelle des équipements, et un équilibre géoéconomique, faute de quoi le pays se fissure et apparaissent des fractures sociales et économiques189(*). L'idéal des jeunes marocains conçoit un Etat fonctionnaire fort, juste, sécurisant et rentable. Leurs critiques envers le pouvoir se rapportent toujours à l'injustice, à la corruption et à l'insécurité du travail. Ils ne proposent jamais de solution à leurs problèmes. Ils demandent à ce que l'Etat les résout. L'avenir des jeunes au Maroc présentent des signes de graves difficultés, c'est là où réside le terrain sociologique favorable à l'éclosion et à l'expansion de mouvements religieux de caractère fondamentalistes190(*).

Le retrait des masses, présente un signe de désenchantement, mais aussi de contestation absolue, il incarne une menace plus ou moins directe à l'ordre public et l'ordre économique. La dissuasion des masses, s'est révélée par des explosions brèves et barbares, souvent occasionnées par une décision gouvernementale : réduction du budget de l'éducation nationale et de la santé publique, gel des salaires, augmentation des prix des produits de première nécessité, opérations d'assainissement, chômage. Puis en temps normal, la défection s'enlise dans l'implosion, c'est-à-dire par l'effondrement par en dedans, qui est le révélateur du dissensus social. Des affrontements entre pauvres et moins pauvres se multiplient et les secteurs d'activités informels s'accroissent, tels les affrontements entre marchands ambulants et commerçants sédentaires191(*). Cette situation ne met pas en cause la légitimité des classes possédantes, mais elle crée une situation de vulnérabilité sociale. Les démunis sous pression de la nécessité créent un marché parallèle, qui fait vivre plusieurs milliers de chômeurs, cependant il ronge l'économie nationale.

Les entreprises nationales, se voient incapables de liquider leurs marchandises, même à bas prix. Les heures de travail sont réduites, il en résulte une baise de productivité, une dégradation des salaires, voire des licenciements massifs et des faillites en spirale. L'économie nationale souffre, beaucoup d'unités de production ont scellées leur activité du fait du recul de la demande locale à qui s'ajoute le fléau de la contrebande.

Le marché national est envahit par les produits d'importation illicite, à cause de la qualité défaillante des fabriqués marocains. Le consommateur en est conscient. C'est pour cette raison qu'il préfère acheter, même d'une manière illicite les produits en provenance de l'étranger192(*).

Une partie de ces problèmes touchant l'économie nationale, n'aurait pas existé si les élites au pouvoir avaient adopté une méthode favorisant le recrutement sur la base de la compétence et du savoir faire, au lieu des relations familiales, chose qui aboutirait à une conception rationnelle de l'organisation industrielle. De même, il faut que le pouvoir adopte une politique d'insertion professionnelle et sociale des jeunes qui accèdent chaque année au marché du travail, bref il faut lutter contre l'exclusion qui favorise l'avènement des trafiquants susceptible de manipuler des capitaux d'origines douteuses193(*).

L'enjeu du trafic de la contrebande est politique. Avec lui les pouvoirs publics entretiennent des rapports ambigus. Sous l'autorité des héritiers, les illégalités ne semblent épargner aucun groupe social ; chaque catégorie à sa zone de déploiement toléré. Du vendeur ambulant étalant ses produits sur la voie publique sans autorisation jusqu'au haut fonctionnaire détournant les fonds publics, ou au contrebandier, en passant par le patronat qui défigure le droit social, l'attitude est la même : se soustraire à la règle, transgresser les codes, utiliser les procédures parallèles, et trouver son compte dans l'illégalité194(*). L'illégalisme des pauvres qui est nécessaire pour leur survie, semble être la contrepartie de celui des grandes familles qui forment l'élite politico-économique, sur lequel, beaucoup d'entre elles, ont fondé leur enrichissement.

Dans un autre sens, « le cumul des fonctions qui, poussé à l'extrême, engendre des attitudes contraires à la morale traditionnelle. Beaucoup d'hommes occupant plusieurs fonctions à la fois, confondent les affaires publiques et les affaires privées, finissent par affranchir les limites imposées par la séparation de pouvoir »195(*). C'est à alors qu'intervient la corruption comme facteur de compensation du temps, des moyens et des énergies consacrés à la vie publique. Les pouvoirs publics s'abstiennent d'adopter une politique d'éradication, car la corruption et le trafic de contrebande procurent des situations et des ressources financières aux marginaux comme à ceux bien placés. Par l'illégalisme, les marginaux tentent de créer des fronts de contestation de l'ordre social établi, par les héritiers du pouvoir économique et politique.

B-L'économique face aux relations sociales 

Lorsque des individus, se sentent exclus et marginalisés, ils pensent se séparer de la société pour s'adonner à des pratiques illégales. Les liens qui les joignaient aux organisations du pouvoir sont brisés. La société qui constituait l'espoir de tous les individus cesse d'être intégratrice. Des groupes de la société se sentent éloigner les uns des autres, les écarts entre eux se creusent en permanence. Cependant les bureaucrates et les capitalistes, bref les détenteurs du pouvoir, se précipitent pour leur enrichissement personnel. Ils s'arrangent pour discréditer leurs concurrents, pour exclure le débat et consacrer la pensée unique. Ce n'est que lorsque la pression atteint les niveaux les plus extrêmes, qu'ils commencent à se diviser en groupes pour conserver les privilèges ou se doter d'autres moyens pour se maintenir au pouvoir. Leur statut d'héritiers et privilégiés, les placent en permanence hostilité à tout changement, mais ils arrivent parfois qu'ils acquiescent sous la contrainte des mutations internes et externes. Pour se maintenir au pouvoir, ils soutiennent l'idéologie libérale, et encouragent les actions volontaires de nature sociale ou humanitaire, elles sont orientées à empêcher la radicalisation politique des masses196(*). L'épuisement des forces d'attraction, pousse les élites à se servir de la pression sur les groupes organisés qui aspirent accéder au pouvoir. Au fur et à mesure, elles pilotent la répression sur la majorité mal organisée en vue d'étouffer dans l'oeuf toute ébauche de changement. La détermination de l'élite au pouvoir de préserver tous ses privilèges, a engendré une situation où le problème le plus insoluble est celui de l'intégration des jeunes diplômés, l'économie privée ne pouvant les absorber, alors que le secteur de la fonction publique s'avère saturé. Conséquence naturelle de la politique du maintien du statuquo, qui a empêché l'émergence d'une bourgeoisie capitaliste moderne indépendante du pouvoir pouvant contribuer à l'industrialisation du pays. Le même sort a été réservé à une bourgeoisie agraire moderne dont la promotion aurait engendré la modernisation de l'agriculture, ce qui facilitera l'insertion des paysans sans terre dans le circuit économique et éviter à l'Etat les périples d'un exode rural démesuré197(*).

* 189 - Lahcen Brouksy , Makhzanité et modernité, révolution tranquille d'un roi, éditions Elmaarif Eljadida, 2002, p . 111.

* 190 -Tozy Mohamed, monarchie et islam politique au Maroc, presses de science politique, 1999.

* 191 - voir Maroc hebdo, n° 116 - Décembre 1993.

* 192 -Le Plan de développement Economique et Social 2000-2004 volume 1, Ministère de la Prévision Economique et du Plan.

* 193 -le même rapport.

* 194 -Abdelghani Abouhani, Pouvoirs, villes et notabilités locales, op. cit, p.166.

* 195 - Pierre Vermeren, Le Maroc en transition, La découverte, collection cahiers libres, 2001, p. 223.

* 196 -Ignace Dalle, Hassan II, 1961-1999, L'espérance trahie, Maisonneuve Larose, 2001, p.320

* 197 -Najib Akesbi et Driss Guerraoui, enjeux agricole, Le Fennec, 1988, p.117.

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