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Essai sur les élites traditionnelles au Maroc

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par El Mostafa AAOURDOU
Université Moulay IsmaàŻl Meknes - Maroc - Master en science politique 2012
  

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Conclusion :

Les élites marocaines continuent à trop compter sur l'Etat, c'est l'origine de la situation critique actuelle. Le chaos, est global, il est économique, social et politique. Et provient de l'égoïsme poussant chaque segment à tenter de s'emparer seul du pouvoir, avec l'intention de ne laisser aux autres que les débris, tout en gardant à ce qu'aucune initiative radicale, menaçant cette situation, ne soit prise.

La monarchie a voulu garder sa situation privilégiée d'acteur principal face aux partis issus du mouvement national. La bourgeoisie urbaine a hérité l'administration, elle a tenté une politique de modernisation du pays aux frais des notables, grands propriétaires terriens, ceux-ci réfutèrent cette initiative. La monarchie soucieuse des résultats d'une telle démarche, soutenait les notables. Une alliance voit le jour au prix de geler toute politique de modernisation du pays et désamorcer les réformes agricoles. Ces élites se sont emparées des positions économiques, politiques et administratives les plus avantageuses sans ménager aucun effort, pour récupérer les déshérités, dans le circuit économique et politique du pays.

Le pouvoir était essentiellement urbain, au moment où 80% de la population se composait des ruraux. Les citadins n'ont jamais censé intégrer la majorité à participer à la vie publique. Au contraire, après le coup d'Etat manqué de 1970, les élites urbaines s'écriaient « ...non, non à la Siba... ». Ils pensaient qu'il s'agit d'une revanche rurale, du fait que les conspirateurs dans leur majorité étaient berbères, alors qu'en réalité il ne s'agit que d'un résultat du mode de recrutement du protectorat, où les berbères étaient orientés vers les carrières militaires198(*).

Le système politique tenait grâce aux relations de dépendance entre la monarchie et ses clients. Les événements sanglantes de juillet 1970, ont met fin à un régime de rapports où les élites d'opposition essentiellement étaient humiliées ou derrières les barreaux. Par la suite la monarchie tentait une ouverture basée sur une large participation au pouvoir en vue de contrecarrer toute aventure démesurée pouvant mettre tout le système en péril.

En dépit de cela, le malaise social persiste, il existe des exclus pourtant ils ne protestent jamais, bien qu'ils sont en légitimité morale de faire entendre leurs doléances. Les ruraux, les pauvres, les chômeurs, les jeunes, les femmes toutes ces catégories sont hors des calculs des acteurs du système. Le pouvoir manipule l'Etat pour entretenir sa clientèle, le favoritisme, le clientélisme et la corruption forment les soubassements du système. Les incertitudes et l'inquiétude planent en perspectives de l'avenir, la puissance du pouvoir n'est qu'artificielle. N'étant pas sûrs de l'avenir, les avidités pour l'enrichissement immédiat des élites, deviennent illimitées. Ainsi les propriétés foncières, immobilières et commerciales constituent leurs domaines privilégiés. L'investissement industriel à long terme éveille leur crainte199(*).

L'équilibre est rompu du moment où la seule entente, entre les différents niveaux des élites, devient inacceptable. L'ancien équilibre où le makhzen jouait le rôle d'arbitre, marchait dans un contexte socioéconomique marqué par des écarts minimes entre pauvres et riches, au sein de la tribu, la pauvreté n'était pas réellement sentie, l'Amghar n'était qu'un pasteur comme tous les membres du groupe, ce rôle ne lui est accordé que grâce à sa sagesse et non à sa fortune200(*).

Dans le contexte actuel des choses, l'instauration d'un nouvel équilibre s'impose, il est impartial que chaque groupe accède aux ressources de l'Etat et se faire place au sein du système. L'heure est désormais au changement, celle de trop compter sur l'Etat est révolue, pour aplanir le terrain de l'ouverture du système sur la démocratie économique et sociale. Elle est Le seul moyen d'ouvrir le système sur la base de la société, et permettre le partage des postes, comme elle prône le débat des idées, anime le processus de séparation des pouvoirs, pour que l'ascension sociale soit consentie à tous.

La démocratie est une éducation de toute la société, elle est le symbole de la liberté, d'autonomie de solidarité entre les hommes. Il n'y a pas des supérieurs des inférieurs et des égaux, il y'a des différences de classes201(*). Pour se faire, la réforme de l'institution législative s'avère obligatoire. Cette institution est décriée par une majorité des marocains voire par la classe politique elle-même, notamment à cause de certains maux qui la touchent et qui sont devenus désormais bien ancrés dans les représentations collectives des marocains, tels que la non représentation effectives des citoyens, l'incompétence, le vieillissement des députés, l'analphabétisme de leur majorité, la corruption de certains d'entre eux.

Sans ces démarches, il n'y aurait ni démocratie ni développement et le système est condamné à l'échec.

* 198 -John Waterbury, le commandeur des croyants, op. cit, p. 223.

* 199 - Ali Benhaddou, op.cit, p.218.

* 200 - Lahcen Brouksy, Makhzénité et modernité, op.cit, p.114.

* 201 - Ali Benhaddou, op.cit, p. 222.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote