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Enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida (Burkina-Faso)

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par Steve Dimitri PARE
Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2013
  

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3.2. Problèmes inhérents à la FC de Dida

La FC de Dida revêt de nombreuses difficultés de gestion liées à de nombreuses ambigüités liées à son appartenance administrative et à ses limites.

3.2.1. Appartenance administrative

La forêt de Dida a été classée par décision n°1744/FOR du 13 juin 1955. Parmi les consignateurs de ce Procès Verbal (PV) de décision, figurent les chefs des villages de Noumoukiedougou, Diarakorosso, Mouroukoudougou, Farakorosso et de Tiebata, tous originaire de l'actuelle commune rurale de Mangodora. Quand on observe de près les Plans Communaux de Dévéloppement (PCD) des communes de Mangodara et de Ouo, cette forêt a été reprise pour le compte de la commune rurale de Ouo, sans tenir compte des faits historiques. Elle figure en bonne place dans les préoccupations de la commune avec en prévision l'élaboration d'un plan d'aménagement. Dans les faits, seulement deux (02) villages de la FC appartiennent à cette commune: Sassamba et Mado. Le village de Diaradougou et les hameaux de cultures de Pelgo, Wankoro, Komborgo, Dorpo et Lenguemouwoukou relèvent de Mangodara. Goté, Birré 1 et 2, Mossokantou, Kambelekodougou, Karwédougou, Ibibouré, Beredo et Karamogodjan relèvent de la commune de Djigouè. De façon schématique, Dida est une forêt concédée par les chefs de terre de la commune de Mangodara, qui relève aujourd'hui de la commune de Ouo et habitée par des populations majoritairement venues de la commune de Djigouè. Pour le maire de Mangodara, même si aujourd'hui dans les faits personne ne contexte à Mangodora l'appartenance de cette forêt, il reste nécessaire que la vérité soit rétablie pour éviter d'éventuels quiproquos futures.

A cette question d'appartenance administrative de la FC, se pose aussi celle de ses limites pour les populations.

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3.2.2. Limites de la forêt

Parler de remise en cause des limites de la forêt classée de Dida pour les autorités forestières ou aux personnes ressources relève d'une «fuite en avant» des populations acculées par la hantise du déguerpissement. D'ailleurs pour le chef de SDEDD, cette question est une préoccupation bien nouvelle parce que l'arrêté de classement donne toutes les précisions.

La FC de Dida, officiellement, a une superficie de soixante quinze mille ( 75 000) hectares. La délimitation faite par le projet cartographique financé par l'Agence Japonaise pour la Coopération Internationale (JICA) en 2000 lui donne une superficie de 79 906,72 hectares. Pour une meilleure compréhension des problèmes de limites, les points allant de A à K ont été placés sur la figure 13 ci-dessous :

Figure 13 : Limites de la FC de Dida, vues par les autorités et par les populations

Pour le chef de SDEDD, initialement la forêt était de quatre vingt mille (80 000) hectares et commençait au point A, à Noumoukiedougou. Les véritables contestations ont commencé avec la pause des plaques de matérialisation de la FC. A plusieurs endroits, notamment à l'ouest les limites sont remises en cause par les populations :

Aux points B et C: l'une des premières plaque de matérialisation de la FC est situé au point C et marquée «entrée de la forêt classée de Dida », sur la route de Sidéradougou. Elle a été

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installée depuis longtemps par le Ministère de l'Environnement et du Cadre de Vie (MECV), actuel MEDD. Avec le projet de l'Agence Japonaise pour la Coopération Internationale (JICA), une nouvelle plaque a été plantée au point B à trois (03) kilomètres de la première (voir photo des deux plaques ci dessous). Pour les populations de Lafia, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une modification (extension) des limites de la FC, de sorte qu'elle intègre dorénavant les superficies qu'elles exploitent entre les points B et C.

Photo 3 : Deux panneaux de matérialisation de l'entrée de FC Dida (la 1ère plantée au point C par le Ministère, la 2ème au point B grâce au projet JICA) (PARE, 2013)

Au point E : le village de Sassamba n'a jamais reconnu être dans la FC. Mais selon l'adjoint au maire de Ouo et le chef de SDEDD, ce village se serait d'abord installé de l'autre coté de la rivière Kéleworo qui constitue une limite naturelle de FC, avant de se déplacer dans la FC suite à un problème lié aux traditions qui a occasionné des décès. Après consultation des oracles, pour conjurer le mauvais sort, le village aurait quitté son ancien emplacement, pour se retrouver à son emplacement actuel.

Au point J : Pour le chef de terre de Diarakorosso, la matérialisation de la FC s'est faite sans participation des parties prenantes, de sorte que même le champ du chef de terre de Diarakorosso, co-signateur du PV de classement, se trouve aujourd'hui dans la FC. L'erreur pour lui est venue du repère au point J. Pour lui, « le repère comme indiqué dans le PV est la piste de Diarakorosso à Tiékéta. Or il existe deux pistes. La première qui existait bien avant 1980 au point K et la seconde créée après 1980 au point J ». Ces deux points sont distants de trois kilomètres. Pour le chef de terre de Diarakorosso, plutôt que le point J, le repère du PV est situé au point K, puisque c'est cette route qui existait au moment du classement de la forêt (photo 4).

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Aux points A et E : pour les populations de Mado et Wankoro, la route régionale Mangodara-Sidéradougou n'existait pas au moment du classement (cette version est remise en cause par le chef de Noumoukiedougou). La route partait alors de Noumoukiedougou au point A en passant par Mado et Wonkoro pour aller vers Sassamba au point E (encore appelée « Fanga sara » ou « route des travaux forcés », aujourd'hui abandonnée comme le montre la photo n°5. Par conséquent, pour les populations de ces deux villages, Mado et Wonkoro ne figuraient pas dans la FC au moment de son classement, comme le laissent penser les agents du MEDD.

Photo 4 : Limite selon les populations Photo 5 : Route des travaux forcés de A à E,

de Djarakorosso au point K plutôt que J limites selon les populations de Mado et

(PARE, 2013) Wankoro (PARE, 2013)

Toute la question se pose en terme de savoir quel crédit accorder aux dires de ces populations ? « Aucun » à en croire la DREDD. Pour un responsable ayant participé à la levée topographique des limites de la FC, « ce sont les éternelles remises en cause des limites des forêts classées par les populations ». La carte de la FC élaborée en 1955 aurait permis de situer les limites d'alors. Mais cette archive importante de la FC n'a pu être trouvée, ni au MEDD, ni à la DREDD, encore moins à la Direction des Forêts (DIFOR), ou à la Direction de l'Environnement, de l'Economie et des Statistiques (DEES). De toute évidence, il reste que les limites de la FC ne sont pas claires pour bon nombre d'acteurs. D'ailleurs, la matérialisation de ces limites, financée par la JICA laisse le « goût» d'un travail inachevé. Entre le point E et le point G, en passant par le point F, il n'existe aucune pancarte. Pourtant, la loi n° 006197/ADP du 31 janvier 1997 portant code forestier au Burkina-Faso en son article 27 est sans ambiguïté: « Tout acte de classement donne lieu à des opérations matérielles de délimitation et de signalisation sur le terrain, dans les conditions précisées par les textes d'application du présent Code ».

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault