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Enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida (Burkina-Faso)

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par Steve Dimitri PARE
Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2013
  

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3.3. Enjeux économiques liés à la gestion des ressources de la forêt

Si la FC présente un enjeu économique pour un acteur donné, cela sous-entend qu'il y tire les moyens de subsistance en y menant un certain nombre d'activités économiques. Cette partie sera essentiellement consacrée à ces activités, aux moyens de production dont disposent les populations, mais aussi aux revenus que peuvent générer l'exercice de ces activités.

3.3.1. Activités économiques réalisées dans la forêt

L'occupation principale des occupants de la FC de Dida est l'agriculture. Elle est pratiquée par 82% des ménages, contre 18% pour l'élevage qui, pour l'ensemble des agriculteurs constitue une activité secondaire, et vice-versa. En dehors de l'agriculture, la FC de Dida procure aux ménages l'essentiel des biens et services indispensables à leur existence. Les femmes y collectent le bois de chauffe, les Produits forestiers Non Ligneux (PFNL), les hommes y trouvent le bois d'oeuvre pour les besoins de construction ou prélèvent les plantes médicinales. Le SDEDD parle de pratiques de carbonisation et de chasse, même si les populations n'ont pas reconnu ces faits.

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Des focus groups, il ressort que la collecte de plantes médicinales, de bois d'oeuvre et du bois de chauffe se font toute l'année, selon les besoins du moment et, toutes les quantités prélevées sont autoconsommées. Rarement les quantités prélevées sont évaluées par les ménages. Mais pour le bois de chauffe, il est admis qu'un ménage d'une dizaine de personne consomme deux (02) à trois (03) charretées de bois de chauffe par mois pour la cuisson des aliments. Presque tous les ménages utilisent les foyers à trois pierres qui engendrent peu d'économie d'énergie. Le traitement des fleurs d'anacardiers débute le plus souvent dans le mois de janvier et s'achève avec la fin de la récolte des noix courant avril. Enfin, quant à l'agriculture, elle commence en mai par le défrichage pour se terminer en décembre avec les récoltes.

3.3.2. Moyens de production

Le premier moyen de production des ménages est la main d'oeuvre familiale composée des enfants et surtout des femmes. Pour la moitié des enquêtés, la main d'oeuvre des femmes représente la moitié de la force de production. En sus de cette force de production principale, les ménages utilisent la force bovine à l'aide des charrues pour le labour, le sarclage et le buttage. Cependant, environ 20,7 % des ménages ne possèdent pas de boeufs de trait. Cette catégorie fait recours à la location à raison de quinze mille (15 000) FCFA par hectare.

Le dynamisme de la production en milieu paysan est fonction du renforcement des capacités à travers les regroupements dans des mouvements associatifs. L'appartenance à un groupement de producteurs est peu développée dans la zone et, 79,3 % des ménages n'appartient à aucune association ou groupement. Il n'existe pratiquement pas de groupements de producteurs en dehors des groupements de riziculteurs, ou des Groupements de Producteurs de Coton (GPC) pour les quelques rares ménages qui pratiquent ces cultures. Il n'est pas étonnant que la plupart des ménages n'ait jamais reçu de formation dans un domaine quelconque. Les producteurs ont aussi peu accès au crédit. Ils sont 86,2 % à ne même pas posséder de compte. La Caisse Populaire de Mangodara est l'une des rares institutions de finance existante, mais éloignée des villages de la FC de Dida. A cela s'ajoute le fait que les rares chefs de ménages à posséder un compte ne prennent jamais de crédit, trouvant le taux d'intérêt de 20 % élevé.

Malgré la richesse relative des sols de la FC de Dida, comparativement à la majeure partie des sols au Burkina, on note une utilisation des engrais chimiques et des pesticides. Face à la pression foncière, le temps de jachère est une donne qui, au cours du temps, s'est beaucoup modifiée. Ils sont 77,6 % les ménages qui ne pratiquent plus de jachère. Même si on note une utilisation de la fumure organique (55,1 % des ménages), l'engrais reste un mode

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d'accroissement de la productivité qui prend de l'ampleur. Ces engrais, Le NPK et l'urée, acquis aux coûts variant de seize mille (16 000) francs CFA à dix huit mille (18 000) francs CFA le sac de 50 kg , sont surtout utilisés pour le maïs, le sésame, rarement pour les autres spéculations. Les marchés des communes voisines sont les lieux d'approvisionnement, les quantités livrées par les services départementaux de l'agriculture étant limitées.

Quant aux produits phytosanitaires, les principaux utilisés sont Adwuma wura, Roundup, Gramoxe, Topstoxin, Gramaquat, Glyphader, au prix d'environ quatre mille (4000) francs CFA la boîte de 4kg . Ces produits venus de la RCI ou du Ghana voisin sont souvent de qualité douteuse. Ils sont utilisés aussi bien pour les céréales que pour le traitement des anacardiers. La figure 14 ci-dessous montre le degré d'utilisation de ces produits chimiques.

33%

Engrais

40%

27%

beaucoup pas du tout un peu

24%

43%

Pesticides

33%

beaucoup pas du tout un peu

Figure 14 : Degré d'utilisation des engrais et pesticides par les ménages

Les engrais ou les pesticides sont jugés utilisés beaucoup quand le producteur utilise les quantités requises par hectare. Ce sont 27 % des ménages pour les engrais (deux sacs de NPK et un sac d'urée par hectare) et 33 % pour les pesticides (quatre boîtes par hectare) qui atteignent les quantités requises, contre respectivement 33 % et 24 % qui ne les atteignent pas. Tout de même, 60 % des ménages utilisent les engrais, et 57 % les pesticides, sans aucun contrôle, avec les conséquences en termes de pollution des eaux et des sols de la FC de Dida.

Qu'est c e que la production dans la forêt procure aux ménages interrogation nécessite une évaluation des revenus générés.

3.3.3. Production des ménages

? Répondre à cette

La FC de Dida ne présente pas sur le plan économique le même intérêt pour l'ensemble des exploitants. En termes de capacité de production, on rencontre des producteurs de moins d'un sac d'anacarde par an, à des producteurs de mille deux cents (1200) sacs par an. Pour le maïs, les productions vont de moins d'un sac à des productions de deux cent soixante quinze (275)

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sacs pour un ménage7. On peut classer les producteurs en trois (03) catégories. Les grands producteurs, les producteurs moyens et les petits producteurs. En considérant seulement les deux productions phares (anacarde et maïs), nous avons considéré comme un grand producteur d'anacardes, un ménage qui produit par an plus de cent (100) sacs d'anacardes, un producteur moyen entre vingt cinq (25) et cent (100) sacs et un petit producteur moins de vingt cinq (25) sacs. Est considéré comme un grand producteur de maïs, un ménage qui produit plus de cent (100) sacs de maïs par an, un producteur moyen un ménage qui récolte entre vingt cinq (25) et cent (100) sacs, un petit producteur moins de cinquante (50) sacs. La situation de production des ménages est présentée dans le tableau 6 :

Tableau 6 : Catégorie de producteur en fonction de la production d'anacarde et de maïs

Anacarde

Maïs

Grands producteurs

Producteurs moyens

Petits

producteurs

Total général

Grands producteurs

6

5

-

11

Producteurs moyens

2

10

3

15

Petits producteurs

1

11

20

32

Total général

9

26

23

58

Au regard des données du tableau 6, on peut dire que sur les 58 ménages, seulement 20 ménages sont de petits producteurs aussi bien d'anacardes que de maïs. Tous les dix (10) éleveurs de l'échantillon se retrouvent aussi dans cette catégorie, pour qui l'intérêt pour la FC s'évalue en termes de pâturage. C'est dire que de façon plus exacte, seulement 17,2 % des ménages (10 ménages) tire peu de profit de la FC, contre 51,7 % qui en tire un grand profit (cette catégorie regroupe l'ensemble des 10 éleveurs, des 11 grands producteurs de maïs et des 9 grands producteurs d'anacardes).

Un sac d'anacarde se négocie entre vingt cinq mille (25 000) et trente mille (30 000) francs CFA, celui du maïs autour de dix huit mille (18 000) francs CFA selon les producteurs. Au regard de ces prix, un grand producteur de maïs et d'anacardes, en vendant toute sa production, peut gagner au minimum quatre millions trois cent mille (4 300 000) francs CFA (équivalent de 100 sacs d'anacardes et 100 sacs de maïs), un producteur moyen entre un millions cinq cent vingt cinq (1 525 000) et quatre millions trois cent mille 4 300 000 francs CFA. C'est dire que les 51,7 % des ménages ont un revenu brut évaluable à plus de un millions cinq cent vingt cinq (1 525 000) francs CFA par an, ce qui montre l'intérêt

7 Un sac d'anacarde correspond à environ 85 kg de graines d'anacardes, tandis que le sac de maïs vaut 100 kg.

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économique que présente cette FC pour ces populations locales. D'ailleurs les occupants de la FC à leur marche du 14 mars 2012 au Gouvernorat des Cascades n'avaient-ils pas soutenu: « Comme nous arrivons à nous réaliser par nos travaux, à nous acheter de grosses motos et à nous marier à deux ou trois femmes, l'Etat, pris de jalousie, nous demande de quitter ».8

Cependant, cette analyse de la situation présente de nombreuses limites, n'ayant pas intégré bien d'aspects :

Premièrement, il est peu évident que les producteurs aient véritablement fourni l'information réelle sur leurs productions. Il est fort probable que la réalité soit au delà des estimations fournies, en ce sens que ces types d'informations relèvent souvent d'une « chasse gardée» que l'on ne saurait porter à la connaissance du premier venu.

Deuxièmement, en ne tenant compte que des deux principaux types de production, le modèle sous-estime les autres productions comme le sésame, l'arachide, le sorgho, les PFNL, qui engendrent pourtant des revenus supplémentaires considérables pour les ménages. Cela est d'autant plus vrai que le sac de 100 kg de sésame se négocie entre soixante mille (60 000) et cent mille (100 000) francs CFA, le sac d'arachide autour de vingt sept (27 000) francs CFA, de même que le sac de niébé, et le sac d'amande de karité entre cinq mille (5000) et sept (7000) francs CFA.

Troisièmement, les coûts de production non pris en compte en termes d'engrais ne sont pas marginaux comme on pourrait avoir tendance à le penser. Toutefois, il est évident que la réalité soit au delà des montants avancés.

Aussi, tenant compte de la taille variable des ménages, la capacité de production d'un ménage en elle-même n'a de sens que si elle intègre la part autoconsommée par ledit ménage. Toute la production n'est pas destinée à la consommation directe des ménages. La totalité de la production de l'anacarde, du coton, du sésame et de l'arachide est vendue sur place à des commerçants, tandis qu'une partie du maïs, du haricot, et du sorgho est consommée par le ménage.

Quelle peut donc être la part autoconsommée de ces trois produits? La question a été posée aux producteurs et les résultats sont présentés dans la figure 15 :

8 http://www.lepays.bf/?FORET-CLASSEE-DE-DIDA, consulté le 08 avril 2013

35%

Pourcentage autoconsommé

19%

14%

32%

100%

autoconsommé

25% autoconsommé

50% autoconsommé

75% autoconsommé

51

Figure 15 : Répartition des ménages à partir de la proportion de production autoconsommée

On constate que 35 % des ménages consomme la quasi-totalité des produits issus de la terre. Or, l'agriculture n'est pas l'activité principale de tous les exploitants. Les éleveurs représentent 18 % de la population enquêtée. Ces éleveurs consomment la totalité des produits vivriers. En proportions réelles, ce sont seulement 17 % des agriculteurs qui consomment la totalité de leurs productions, contre près de la moitié (46 %) qui consomme à peine la moitié de la production annuelle, le reste étant destiné à la vente. Cette situation dénote de la rentabilité de la production pour les ménages et corrobore le fait que 51,7 % ont des intérêts économiques certains dans l'exploitation des ressources de la FC de Dida.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote