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Enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida (Burkina-Faso)

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par Steve Dimitri PARE
Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2013
  

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3.4. Enjeux de pouvoir liés à la gestion des ressources de la forêt

L'usage des ressources de la FC de Dida par différents agents économiques engendre des rivalités entre eux. Ces enjeux de pouvoir sont perceptibles au regard des modes d'accès aux ressources, et surtout dans l'analyse des externalités liées à l'appropriation de ces ressources.

3.4.1. Modes d'accès à la terre

Les autochtones sont les propriétaires terriens qui disposent du «droit éminent» sur les terres et ses ressources. Ils accordent les espaces agricoles aux migrants qui acquièrent alors le «droit d'usufruit ». L'accès à la terre est conditionné par le payement du droit traditionnel qui, généralement, est composé d'un poulet et d'une chèvre. Ce droit est perçu par les chefs de terre des villages de Noumoukiedougou, Mouroukoudougou, ou Diarakorosso. Mais, à ces premiers détendeurs de droits traditionnels s'est substituée une deuxième catégorie de propriétaires terriens, issus des premiers occupants des espaces agricoles. Ces nouveaux

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propriétaires, composés d'autochtones et parfois de migrants, perçoivent en lieu et place des anciens propriétaires les droits traditionnels.

Il faut noter que la question foncière est de nos jours en mutation dans la zone d'étude. Même si les propriétaires terriens se refusent à admettre une monétarisation des droits traditionnels, on assiste de plus en plus à une vente des terres, à en croire les propos de certains enquêtés : « les propriétaires terriens vendent les terres (...) j'ai un ami qui a acquis ses terres au prix de quinze mille (15 000) francs CFA l'hectare dans la forêt classée ». Nous relate ce jeune de trente deux (32) ans.

Quant aux femmes, elles ont accès à la terre par le biais de leurs maris mais elles ne peuvent toutefois prétendre au statut de propriétaire terrien. Elles exploitent des lopins de terre qui leur sont accordés pour des cultures dites secondaires : légumes, arachide, voandzou, niébé, sésame. Ces lopins de terre sont généralement de superficies moyennes.

Les espaces forestiers sont aussi source de rivalité entre acteurs dans son usage. Ils opposent de plus en plus les agriculteurs et les éleveurs, dans la mesure où les zones de pâturage sont progressivement occupées par les champs et les espaces cultivés font l'objet de dégâts des animaux.

3.4.2. Conflits liés à l'appropriation des ressources

On distingue deux types de conflits dans l'appropriation des ressources de la FC de Dida. Le premier type oppose l'ensemble des exploitants aux services forestiers. Quant au deuxième type, il oppose exploitants entre eux, notamment les agriculteurs aux éleveurs.

En effet, l'appropriation des ressources est sources d'externalités positives et négatives pour les acteurs en compétition dans la mesure où la FC est un espace de « non-exclusion ». Dans le cas de la FC de Dida, les activités des agriculteurs présentent des externalités négatives et positives pour les éleveurs et vice-versa.

En effet, les éleveurs perçoivent la FC comme une zone de pâturage en régression qui se transforme de plus en plus en espaces agricoles et de plantation d'anacardiers. Comme externalité positives pour les éleveurs, les résidus agricoles des agriculteurs comme la paille, les feuilles (arachide, mil, sorgho et niébé) sont appétés par les animaux.

A l'opposé, les déchets des animaux contribuent à enrichir les champs des agriculteurs. A ce titre, certains propriétaires n'hésitent pas à retirer au bout d'une ou de deux années les aires de

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parcage des boeufs à des fins agricoles. Le reproche fait aux actions des troupeaux des éleveurs est la destruction des champs aussi biens de céréales que d'anacardes. De plus, l'encroûtement du sol dû au passage des animaux raréfie l'accès à l'Andropogon gayanus, herbe utilisée pour la toiture des habitations.

Tous les acteurs sont unanimes qu'il existe des conflits dans la gestion des ressources. Les points de vue n e divergent légèrement que quand il s'agit d'en déterminer l'ampleur. La figure 16 ci-dessous illustre bien cet état de fait.

48%

Fréquence de conflits

5%

47%

Rares Fréquents

Très fréquents

Figure 16 : Perception de la fréquence des conflits par les enquêtés

Ils représentent seulement 5% les ménages qui estiment que les cas de conflits entre agriculteurs et éleveurs sont rares, contre 47 % qui les estiment fréquents et 48 % très fréquents. Toute la problématique de la question des conflits réside dans leur mode de résolution. Les acteurs ne savent à quel «saint se vouer ». Quand les cas de conflits sont portés devant les préfectures, tribunaux départementaux, les acteurs se voient orientés vers les SDEDD. Là aussi, ils sont renvoyés dos à dos, les forestiers considérant agriculteurs et éleveurs en situation illégale, car s'adonnant à des activités illicites dans une FC. Et cette situation qui semble bénéficier aux éleveurs apparait aux yeux des agriculteurs comme une accointance entre éleveurs et forestiers, au détriment de leurs intérêts. A cela s'ajoutent les propos de certains éleveurs pour qui « ils ne peuvent payer la forêt et aussi payer les champs » , parce qu'ayant pris une autorisation de pâturage dans la FC, ils se disent alors être dans leurs droits. Par conséquent, à défaut de trouver une solution à l'amiable, à l'aide de machettes, les agriculteurs s'en prennent aux boeufs des éleveurs quand des cas de dégâts dans leurs champs sont constatés. Ces animaux blessés sont alors vendus le plus souvent au marché de Goté. Cette situation exacerbe les conflits entre éleveurs et agriculteurs et, les propos de

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certains agriculteurs ne présentent nullement de bons augures. «Ces éleveurs là, nous allons les chasser d'ici » a laissé entendre le chef du village de Mado.

On pourrait cependant se demander entre agriculteurs et éleveurs qui a le plus d'impacts négatifs sur la FC ?

Pour le SDEDD, il n'y a aucun doute que ce soit les espaces agricoles et notamment les

plantations d'anacardes et la culture d'igname

qui ont tendance à uniformiser le paysage de la FC. Pour le chef du SDEDD, « on a longtemps pris pour cible les éleveurs alors que ce sont les agriculteurs qui détruisent plus la forêt ». Quand le débat est porté devant les acteurs eux-mêmes, il donne les résultats suivants présentés par la figure 17:

2%

94%

Agriculteurs

4%

Agriculture Elevage Pareils

10%

Eleveurs

90%

Agriculture Elevage

Figure 17 : Activité ayant le plus d'impacts négatifs sur FC en fonction des acteurs

Pour 94 % des agriculteurs, c'est l'élevage qui a un impact négatif sur la forêt. Il en est de même pour 90 % des éleveurs qui estiment que ce sont les agriculteurs qui sont responsables de la destruction constatée. Il apparait clairement que les acteurs se rejettent mutuellement la responsabilité de la dégradation des ressources de la FC. Il n'est pas étonnant que comme solution à cette situation, la proposition de chaque catégorie d'acteurs aille dans le sens de la consolidation de ses acquis, tout en interdisant pour l'autre.

Dans cette situation de compétition, d'enjeux socio-économiques, quelles peuvent être les perspectives pour une gestion durable des ressources de la FC de Dida?

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