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Enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida (Burkina-Faso)

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par Steve Dimitri PARE
Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2013
  

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3.5. Perspectives de gestion durable de la Forêt Classée de Dida

Aucune perspective viable de gestion de la FC de Dida n'est possible si elle n'intègre pas un certain nombre de considérations liées essentiellement à la perception des ressources de la

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forêt de la part des acteurs en présence, de leurs rôles et aussi du mode de gestion souhaité par la majorité des parties prenantes.

3.5.1. Perceptions liées aux ressources de la forêt

Pour la SDEDD, la FC de Dida est un écosystème en danger, menacé de disparition par des occupants illégaux qui y mènent des activités proscrites dans une forêt classée. Le titre de l'article paru dans le Journal le Pays N°5333 du lundi 08 Janvier 2012 illustre bien cette vision: « SOS pour la forêt classée de Dida ». Pour les autorités communales et régionales, Dida est une « forêt à problèmes » et surtout une question sensible tant sur le plan politique que social. Pour les héritiers des responsables coutumiers d'alors ayant signés l'acte de classement de la forêt, Dida reste la terre de leurs ancêtres sur laquelle ils ont perdu aujourd'hui tout contrôle. A l'image du chef du village de Mado, la FC de Dida représente pour les autochtones la terre qui les a vus naitre et sur laquelle ils souhaitent vivre et mourir. Quant aux allochtones, Dida est leur terre d'accueil, à laquelle ils doivent tout. Ces perceptions diffèrent aussi avec l'activité. Pour les agriculteurs, la FC de Dida est une terre exploitable et riche où la production est optimale. C'est pour les éleveurs un espace de pâturage idéal pour le bétail. Au delà de ces représentations par rapport à eux-mêmes, les acteurs ont des représentations différentes dès qu'il s'agit faire cette représentation par rapport à un autre acteur. Pour les occupants de la forêt, Dida est une manne financière pour les services forestiers. Ils n'hésitent pas à parler de « Banque Mondiale » pour les agents des eaux et forêts eût égard aux nombreuses verbalisations dont ils sont tout le temps victimes.

En effet, 78 % des enquêtés ont déjà eu affaire au moins une fois aux services des eaux et forêts (voire annexe 2) et ont été verbalisés. Même si selon les Plans Communaux de Développement (PCD) de Ouo et de Mangodara la FC de Dida relève de Ouo, ce sont les agents de Mangodara qui interviennent le plus dans la forêt. Cependant, une mise en relation de l'activité menée et le fait d'avoir été verbalisé nous donne les résultats suivants consignés dans le tableau 7 :

Tableau 7 : Situation de verbalisation des ménages en fonction de l'activité menée

Déjà été verbalisé ?

ActivitéAgriculteurs

Elevage

Total général

Non

13

-

13

Oui

35

10

45

Total général

48

10

58

56

On constate que tous les éleveurs (100 %) enquêtés ont été au moins une fois verbalisés par les services forestiers contre 72,9 % des agriculteurs. Cette catégorie d'acteurs affirme avoir eu le plus de démêlés avec les services de l'environnement. Les amendes payées ont varié entre cinquante mille (50 000) francs CFA et cinq cent mille (500 000) francs CFA. Le reproche qui leur est fait est le pâturage sans autorisation en forêt classée ou la coupe de certaines espèces végétales (Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, Afzelia africana) pour l'alimentation du bétail. La variation même du montant des infractions est jugée subjective par les populations. Pour le chef de poste du SDEDD, les amendes ont pourtant toujours été fixées en références au code forestier. En son article 259, ce code stipule: « sont punis d'une amende de cinquante mille francs à cinq cent mille francs (50.000F à 500.000F), et d'un emprisonnement de trois mois à deux ans ou de l'une de ces deux peines seulement, ceux qui procèdent à des défrichements non autorisés dans les forêts classées; ceux qui procèdent à la destruction d'essences forestières protégées ». L'article 260 du même code prévoit une amende de vingt mille francs à deux cent mille francs (20.000 F à 200.000 F) et d'un emprisonnement d'un mois à un an ou de l'une de ces deux peines seulement ceux qui laissent divaguer les animaux dans les forêts non ouvertes à leur pâturage. En ce qui concerne le pâturage, le SDEDD de Mangodara souligne qu'il est permis aux éleveurs sur une distance de 150 m à la périphérie des forêts classées sur autorisation.

Une corrélation semble établie entre le fait d'être autochtone ou allochtone et celui de se faire verbaliser par les forestiers, comme le montre le tableau 8 ci dessous.

Tableau 8 : Situation de verbalisation en fonction du statut de résidence

Déjà été verbalisé? Statut de résidence

Non

Oui

Total général

Allochtones

7

36

43

Autochtones

6

9

15

Total général

13

45

58

Il ressort du tableau 8 que 83,7 % (36 personnes sur 43) des allochtones ont déjà été verbalisé par les services forestiers contre 60 % des autochtones (9 personnes sur 13). En dehors du fait que les allochtones soient les plus nombreux dans la FC de Dida, il ya que ce sont eux qui disposent des grandes superficies exploitées.

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