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Le " retour forcé " des roumains en Roumanie, depuis 2007

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par Audrey Guitton
Université de Poitiers - Master migrations internationales 2011
  

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2) La visite de Pierre Lellouche

Le secrétaire d'État aux affaires européennes, Pierre Lellouche, s'est rendu à Bucarest les 11 et 12 février 2010. Il s'est entretenu avec Emil Boc, Premier ministre, Marko Bela, vice-Premier ministre, Teodor Baconschi, ministre des Affaires étrangères, Bogdan Mazuru, son homologue ainsi qu'avec Viorel Hrebenciuc, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des députés.

Le Premier ministre roumain s'est engagé à désigner un secrétaire d'État chargé de la réinsertion des Roms. Le gouvernement roumain a également annoncé être prêt à renforcer la coopération entre les deux pays pour la lutte contre le trafic d'êtres humains. En effet, un lien est souvent opéré par les pouvoirs publics, ainsi que l'Opinion, entre criminalité et migrations roms. Le site du Ministère des affaires étrangères relate ces engagements. « Au cours de sa visite, Pierre Lellouche a notamment abordé avec ses interlocuteurs roumains les modalités d'un approfondissement de la coopération franco-roumaine en matière de lutte contre le trafic d'êtres humains ainsi que les perspectives de renforcement des politiques d'intégration des minorités en Roumanie, y compris dans un cadre européen. »158 Lors de la conférence de presse qui a suivi cette

158 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/roumanie_238/france-

roumanie_1213/visites_8988/deplacement-pierre-lellouche-roumanie-11-12.02.10_79849.html [Site consulté le

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rencontre, Pierre Lellouche a annoncé la création d'un groupe de travail juridique, entre les deux pays. Ce groupe de travail devra répondre aux besoins « de gens reconduits à la frontière ou expulsés »159 et qui reviennent pour « se livrer à différents trafics ».160 À cela, le secrétaire d'État ajoute qu' « il y a le principe sacré de la libre circulation mais il y a aussi un autre principe sacré qui est celui des droits de l'Homme, et donc il faut mettre fin au trafic (d'êtres humains) car c'est bien ce dont il s'agit. »161 Pierre Lellouche ne sous-entend pas l'existence d'un lien entre migration et Rom et larcins, il l'affirme. Les migrants Roms sont considérés comme des trafiquants présumés et c'est pour cela qu'il faut s'assurer de leur réinsertion en Roumanie. Leur migration est clairement présentée comme alimentant les trafics. Cette affirmation est, d'une part non fondée, d'autre part réductrice. Des délits ont lieu au sein des communautés Roms. Des délits ont lieu au sein de toutes les communautés. Définir la migration rom comme étant la source de trafics en tout genre, est une essentialisation dangereuse. Plus généralement, criminaliser les migrants d'Europe de l'Est est courant. « Certes le commerce de drogues, de substances radioactives, le trafic d'hommes et de femmes, le vol de voitures, sont des activités criminelles et comme telles doivent être réprimées. Mais elles ne sont le fait que d'une petite minorité des gens qui voyagent »162. Ainsi, cette essentialisation stigmatise toute une population et justifie le désir des autorités françaises de se décharger du « problème Rom ». De nombreuses associations et ONG163 se sont mobilisées pour condamner de tels propos. Romani Criss en fait partie.

N. - « On a protesté contre cette visite et contre la conférence de presse qui a eu lieu après cette visite, parce que le premier ministre roumain et aussi le ministre des affaires étrangères, ils ont souligné l'identité ethnique en connexion avec la criminalité. »164

Le groupe de travail est également chargé de « résoudre le problème des bidonvilles

14/04/2010]

159 Dépêche AFP : FRA - Roumanie-France-immigration-UE-24/07.

160Ibid.

161Ibid.

162Morokvasic M., « Entre l'est et l'ouest, des migrations pendulaires », op. cit., p. 148

163Active Watch-Press Monitoring Agency, Roma Civic Alliance of Romania (ACRR), Asociation ACCEPT, Center for Legal Resources, Euroregional Centre for Oublic Initiatives, The network of the Roma Civic Alliance (Romani CRISSS, Centrul Rromilor AMARE RROMENTZA, Asociaþia 'DIVANO-ROMANO', Asociaþia Agenþia de Dezvoltare Comunitarã INTER-ACTIVA, Association 'anse Egale', Asociaþia 'ROMII ROMACANI', Fundaþia Ruhama, Asociaþia Parudimos, Asociaþia Roma ACCESS TOMIS, Asociaþia anse Egale pentru Femei °i Copii, Centrul Tinerilor Romi 'Amare Suno', Asociaþia anse Egale pentru Romi °i Sinti ADOSER/S, Alianþa pentru Unitatea Romilor, Asociaþia 'O Del Amenca', Asociaþia Thumende, Asociaþia Romilor Ursari.), Asociaþia Comunitarã Împreunã, Asociaþia Generaþia 2008 Bra°ov, Asociaþia Ketaness 2005 Giurgiu, Asociaþia Pro Nobis, Asociaþia Romii in Europa, Centrul de Dezvoltare Comunitarã Neamþ, Organizaþia Amare Prhala Cluj-Napoca, Policy Center for Roma and Minorities, TRUST - Tinerii Romi pt Unitate Solidaritate si Transparenta, Uniunea Democraticã Culturalã Valea Jiului.

164Annexe 1 : extraits d'entretiens.

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démontables de Paris [qui posent des problèmes] de nuisance et autres aux Parisiens ».165 Pierre Lellouche présente ici la migration de retour, comme étant la solution au défaut d'intégration de ces populations. Ainsi, les Roms installés en France ne sont pas destinés à s'intégrer dans la société française. Pour ce représentant de l'État, la seule solution à leurs problèmes d'exclusion en France est le retour dans leur pays d'origine.

Ainsi, le gouvernement français prend en charge les retours en Roumanie et le gouvernement roumain doit s'assurer que les migrants restent en Roumanie. Lors des entretiens réalisé au cours de cette enquête, pas un des douze acteurs interrogés ne s'est monté confiant ou optimiste vis-à-vis d'un futur engagement de l'État roumain, dans la réinsertion des Roms.

I.J - « On a rencontré le secrétaire d'État Lellouche. Il devait venir ici à Parada, finalement on l'a rencontré lors d'un diner à l'ambassade, aussi

bien lui que sa délégation. [...]Moi je suis, enfin disons pas pessimiste mais

je ne suis pas extrêmement optimiste sur l'efficacité du gouvernement Roumain. »166

I.J. doute de l'efficacité du gouvernement. M.P. doute même de l'existence d'un réel engagement. M.P. - « Je peux avoir les accords ? Tu as les accords ? [...] Tu n'es pas habituée à la déclaration politique ? C'était un engagement de principe parce que le gouvernement roumain, il n'est pas capable de payer les pensions pour les retraités et il va payer la réinsertion ? [...] »167

Ainsi, M.P. se méfie de l'existence de ces engagements ainsi que de la capacité du gouvernement

roumain à mettre en oeuvre un tel projet. M.P. et D. ne croient pas que le gouvernement roumain est

en mesure de soutenir financièrement la réinsertion des migrants roms.

D. - «Dear, it's not going to change anything. For example, the Romanian government and the ANR have a program in which they give scholarships. The program started two years ago. I know people who are working on that project and they are not payed for six months, for the work they are doing. They don't get their salary, and they work ! Do you thing they are going to pay for Roma social reinsertion ??»168

Nous savons que sans réinsertion des migrants dans leur pays d'origine, les ARH favorisent

165Dépêche AFP : FRA - Roumanie-France-immigration-UE-24/07 166Annexe 1 : extraits d'entretiens.

167Ibid. 168Ibid.

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la circulation migratoire. C'est pourquoi Pierre Lellouche s'est rendu en Roumanie, pour obtenir l'engagement du gouvernement roumain de s'impliquer dans la réinsertion des Roms. En effet, l'investissement du gouvernement roumain dans de sérieux programmes de réinsertion favoriserait la réinstallation des migrants en Roumanie. Cependant, comme nous venons de le voir, les acteurs interrogés ne sont pas très confiants en la capacité du gouvernement roumain à tenir ses engagements.

Depuis les années 2000, l'État français s'est réengagé dans la gestion de l'immigration et l'intégration. La volonté d'une meilleure intégration des migrants « choisis » est affirmée. Parallèlement à cela, la lutte contre les migrations « subies » est renforcée. Deux parcours sont proposés au migrant : l'installation ou le départ. De mon point de vue, Pierre Lellouche préconise le départ, avec installation définitive en Roumanie, pour les migrants Roms. Jusqu'alors, aucun projet adapté à la circulation des migrants Roms n'a été évoqué.

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