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Le " retour forcé " des roumains en Roumanie, depuis 2007

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par Audrey Guitton
Université de Poitiers - Master migrations internationales 2011
  

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b) Réalisation d'entretiens semi-directifs

Dans le cadre de cette étude, il me fallait interroger les pratiques et les discours que les acteurs mettent en place. N'ayant pas encore eu l'occasion de rencontrer des acteurs de la migration que j'étudie, ma connaissance du phénomène n'était que théorique. Alain Blanchet et Anne Gotman écrivent que « l'entretien s'impose chaque fois que l'on ignore le monde de référence, ou que l'on ne veut pas décider à priori du système de cohérence. [...] Quant aux résultats visés, l'enquête par entretien ne peut prendre en charge que des questions causales, les « pourquoi », mais fait apparaître les processus et les « comment ». [...] L'entretien révèle la logique d'une action, son principe de fonctionnement. »44 Ne connaissant pas le monde de référence et cherchant à découvrir le « comment » du retour des roumains en Roumanie, l'entretien est la méthode de recherche que j'ai sollicitée.

La migration de retour implique trois types d'acteurs : les migrants roumains, les structures officielles (ou para-officielles) en charge de l'immigration et les associations indépendantes d'aide

43 http://www.adevarul.ro/actualitate/eveniment/Regina_tiganilor_a_gaurit_bugetul_Regatului_Unit_0_221378433.ht ml [Site consulté le 10/03/2010]

44 Blanchet A., Gotman A., L'enquête et ses méthodes. L'entretien, 2007, Armand Colin, Paris, p. 37.

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aux migrants. Ces différents acteurs interagissent tous selon des stratégies et des objectifs différents. Il est donc important d'essayer d'appréhender le point de vue de tous les acteurs. A. Blanchet et A. Gotman exposent le but des enquêtes sur les représentations et les pratiques. « Ces enquêtes, qui visent à la connaissance d'un système pratique (les pratiques elle-même et ce qui les relie : idéologies, symboles, etc...) nécessitent la production de discours modaux et référentiels, obtenue à partir d'entretiens centrés d'une part sur les conceptions des acteurs et d'autre part sur les descriptions pratiques. »45 J'ai effectué des entretiens semi-directifs. L'intérêt des entretiens semi-directifs est qu'ils permettent de n'aborder que des sujets qui nous sont utiles, sans diriger la parole des intervenants. M'intéressant aux conceptions et aux pratiques des acteurs, les axes de discussion se sont bornés à ces deux éléments, tout en laissant la parole libre, à l'interlocuteur. J'ai également questionné les acteurs, sur leurs opinions concernant la visite de Pierre Lellouche à Bucarest et le sommet de Cordoue.

L'OFII m'avait signifié ne pas être en mesure de me communiquer, ni l'identité des bénéficiaires d'ARH, ni les statistiques les plus récentes concernant ces programmes. C'est auprès des associations indépendantes que j'espérais pouvoir obtenir ces informations. Ces associations travaillent au coté des migrants, et peuvent être témoins des pratiques de reconduite à la frontière. Leurs discours concernant ces pratiques sont très certainement différents de ceux produits par les structures officielles. Je pensais que ces associations étaient en mesure de me communiquer les éléments qui me sont nécessaires pour élaborer un échantillon représentatif de la population roumaine bénéficiaire d'ARH46. Je n'ai obtenu aucune information susceptible de me permettre de réaliser un tel échantillon. Je n'ai pas, non plus, réussi à obtenir un entretien avec l'OFII ou avec des migrants.

Avant le départ sur le terrain, j'ai rencontré S.F., secrétaire de l'Association de Soutien aux Familles Roumaines de Palaiseau (ASFRP). Nous avons conversé pendant 20 minutes, dans un café parisien, le 20 février 2010. Nous avions convenu de nous revoir, à mon retour, pour que je puisse découvrir le campement Rom de Massy-Palaiseau.

Arrivée sur le terrain, j'ai tout d'abord tenté d'entrer en contact avec les ONG conventionnées par l'OFII pour prendre en charge la réinsertion des migrants. Leurs coordonnées sont disponibles sur le site internet de l'OFII. Par téléphone, la secrétaire de l'association Hatnutza, de Satu Mare m'a répondu n'avoir aucun contact avec des migrants rentrés de France et ne plus travailler avec l'OFII. Aucun membre de cette association n'a accepté de me rencontrer. Par contre, un des membres de la fondation Kelsen, de Baia Mare, a accepté de me rencontrer. Je me suis donc rendue à Baia Mare.

45 Blanchet A., Gotman A., L'enquête et ses méthodes. L'entretien, op. cit., p. 30.

46 Ces éléments sont, l'âge des personnes, leur sexe, leur ethnie, leur région d'origine, leur capital culturel et économique. Cette liste n'étant pas exhaustive, la recherche de terrain me permettra de la réajuster.

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Une fois sur place, les bureaux de la fondation étaient fermés. J'ai téléphoné au même numéro et une personne m'a expliqué que tous les membres de la fondation étaient en déplacements, ou malades, et que personne ne serait en mesure de s'entretenir avec moi. Il m'a bien été notifié qu'il n'était pas nécessaire d'insister. Après de rapides recherches, j'ai découvert dans un article de la presse locale de 200647, que la fondation Kelsen est soupçonnée de détournement de fonds publics. Il n'est donc pas étonnant que ses membres aient, finalement, refusé de m'accorder un entretien. De même, la fondation Crimm de Bucarest a tout de suite refusé de me rencontrer. Enfin, seule la présidente de l'association Generatie Tanara, de Timisoara, a accepté de s'entretenir avec moi. L'entretien s'est déroulé le 26 mars 2010, dans le bureau M.P., et a duré une heure. M.P. avait tenu a laisser la porte ouverte et nous n'avons pas cessé d'être interrompues.

Ensuite, j'ai recherché quelles étaient les ONG travaillant avec les migrants et/ou avec les Roms, dans les villes où se situent les ONG mandatées par l'OFII. À Satu Mare, je n'en ai trouvé aucune. À Baia Mare, j'ai pris contact avec Mh., présidente de Clubul Tinerilor Romi. J'ai rencontré Mh. le 5 mars, dans un café de Baia Mare. L'entretien a duré une heure et demi, en roumain. Mh. connaissait une famille rom qui revenait de France. Il m'était impossible d'être présente lorsque Mh. rencontrerait cette famille, deux semaines plus tard. J'ai donc communiqué à Mh., les thématiques que je souhaitais aborder avec ces migrants. Elle a pris en charge l'entretien et m'a envoyé un résumé des réponses de cette famille. À Bucarest, j'ai sollicité la fondation Parada, l'Agentia Nationala pentru Romi (ANR), Romani Criss, l'association Cultura si Pace, la fondation Soros et le collectif Migrants in Romania. Le président de la fondation Parada, I.J., a répondu, positivement, à ma requête. Je devais le rencontrer le 10 mars 2010, pour un entretien d'une heure, dans les locaux de la fondation. Lorsque je suis arrivée, I.J. s'était absenté et avait confié à S. et à A., la charge de répondre à mes questions. S. est une stagiaire française, A. est une assistance sociale de Parada. A. étant également francophone, l'entretien d'une heure s'est déroulé en français, dans la salle de réunion de la fondation. Lorsque I.J. est arrivé, il n'avait que dix minutes à me consacrer. Notre entrevue, en français, a eu lieu dans son bureau. Dan Oprescu Zenda, sociologue et membre de l'ANR a aussi accepté de me rencontrer. Nous nous sommes entretenus le 11 mars 2010, dans son bureau. Cet entretien en anglais a duré une heure et demi. De même, N., francophone de Romani Criss, a consenti à me recevoir le 12 mars 2010. Nous avons conversé une heure en français, dans les bureaux de son association. Les trois autres structures de Bucarest, que j'avais sollicitées, n'ont pas répondu à mes requêtes. À Timisoara, j'ai contacté l'association Parudimos, ainsi que certains de ces anciens membres ayant travaillé à l'étude de faisabilité de projet de réinsertion économique. J'ai également sollicité l'Institut Interculturel de Timisoara. Seuls les anciens membres de Parudimos ont

47 http://www.gazetademaramures.ro/fullnews.php?ID=5170 [Site consulté le 04/03/2010.]

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accepté de me rencontrer. E. est francophone. Notre entretien d'une heure, dans un café de Timisoara, s'est déroulé le 25 mars 2010, en français. J'ai rencontré D. le 27 mars 2010, dans un café. Notre entretien, en anglais, a duré une heure et demi.

À mon retour à Paris, je n'ai pas pu revoir S.F. qui était en déplacement. Elle m'a redirigée vers G., présidente de l'association. J'ai retrouvé G. le 13 avril 2010, à son domicile de Palaiseau. J.P., un membre de l'association qui était également témoin de l'incendie du campement, était présent. Cet entretien a duré une heure.

Au cours de cette étude, j'ai donc réalisé dix entretiens, auprès de douze personnes. J'ai réalisé leur retranscriptions complètes. Pour l'analyse de ces informations, j'ai repéré les thèmes et sous thèmes principaux, puis j'ai élaboré un code correspondant aux différents types de réponses que j'avais reçues. Cette codification m'a permis de mettre en évidence les réponses similaires de certains interviewés et ainsi, de réaliser trois groupes d'acteurs : les acteurs proches des théories de l'inclusion sociale, les acteurs proches des théories de la discrimination raciale, et les acteurs « modérés ».

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery